AccueilL'atelierVélo, rétro, boyaux

Vélo, rétro, boyaux

Quelle idée j’ai eue d’aller monter des boyaux sur mon vélo single speed  ? … Coluche, m’aurait dit « T’as une maladie des boyaux de la tête … » 😉 C’est pour moi un sacré retour arrière. À la fin des années 70 et début 80, je roulais uniquement sur des boyaux, même en cyclo lors des brevets montagnards. J’ai voulu tester à nouveau ce que çà donne avec des boyaux « nouvelle génération », costauds et conçus pour la longue distance … Voici le bilan.

Quelle idée ?

Pourquoi ce retour arrière, alors que tout le monde vante aujourd’hui le confort et la résistance des pneus modernes, l’intérêt du tubeless, … ? En fait, et comme toujours c’est la curiosité et l’opportunité, qui m’ont guidé. Et puis, on est sur Bike Café, lieu médiatique où on peut se permettre des articles décalés, qui ne sont pas fabriqués sur la base d’une opération marketing … Alors, quand on se torture les fameux boyaux de la tête autour de l’usage de roues « mono speed », et que l’on dispose de vieilles roues piste montées sur de superbes moyeux Campa old school, on se lance.

Les roues

Attention c’est du pur rétro … J’ai ressorti la paire de roues piste montées à l’origine sur ce vélo Bernard Carré 80’s. Les boyaux encore présents dessus étaient en partie décollés de leurs tresses de fond de jante et ne pouvaient plus servir. J’ai commandé chez Cycle Tyres une paire de Continental Gatorskin en taille 25. Ce boyau renforcé est destiné à rouler l’hiver sur les routes pas très propres où on rencontre souvent de débris déposés par les intempéries.

Rouler vintage en boyaux Continental Gatorskin
Opération de grattage, pour retirer plusieurs générations de colle à boyaux durcies par le temps – photo Bike Café

Avant de passer au montage il faudra réaliser le grattage … Ce n’est pas comme sur un billet de loterie, et après avoir décollé les vieux boyaux, qui ne tenaient plus guère, je découvre des pâtés de colle durcis qui doivent dater de plusieurs dizaines d’années. Muni d’un grattoir et d’une brosse métallique, j’attaque les 2 circonférences.

Les roues, débarrassées de leurs croutes de colle sédimentées, retrouvent une belle allure. Je les fais tourner en maintenant l’axe à deux mains, elles filent comme au premiers jours. Les moyeux Campagnolo étaient à l’époque une référence, avant que leur suprématie soit contestée par les premiers moyeux  Mavic équipés de roulements à billes. Pas de voile, pas de saut, … on va pouvoir coller les Gatorskin. Pour cela je fais appel à mon ami Gabriel, de Dynamo Cycles Repairs. Il a sa méthode « à l’ancienne », me dit-il … Pour finir et pour ajouter un peu de sécurité à mes futures sorties sur nos petites routes pas toujours bien entretenues, j’ajoute dans chaque boyaux une dose de préventif.

Rouler vintage en boyaux Continental Gatorskin
Démontage de l’obus et utilisation d’une fiole de remplissage pour introduire du préventif – photo Bike Café

Démontage de l’obus, comme sur des pneus tubeless, et à l’aide d’une dosette avec un embout fin, j’introduis un peu de préventif pour parer les crevaisons.

Voilà le montage est fait allons rouler …

Néo Rétro boyaux …

Drôles de sensations pour mes premiers tours de roues. Mon ensemble roulant : roues + boyaux me fait gagner 700 g par rapport aux roues de « charrettes »  Gipiemme Pista qui étaient montées sur ce vélo. Elles pesaient 2,5 kg la paire sans les pneus. Je ressens cette légèreté immédiatement mais aussi je perçois aussi toutes les irrégularités du bitume.

Test des boyaux Continental Gatorskin
7 bars on le sent sur les pavés lors de ma première balade en ville – photo Bike Café

Mes boyaux sont gonflés à 7 bars, alors que mes pneus Maxxis sur les roues Gipiemme étaient gonflées à 5 bars. Par ailleurs, sur les Gipiemme j’avais une roue libre de 18 et sur les Campa j’ai laissé la 17 dents que j’avais montée dessus il y a 8 ans (la dernière fois que j’avais roulé avec ces roues).

Test des boyaux Continental Gatorskin
Direction une cote de référence au dessus du village de Coudoux – photo Bike Café

Cette modification du braquet 42 x 17 contre 42 x 18 faisait partie du challenge et de la motivation de cet essai. Est-ce que des roues plus légères me permettraient d’être plus performant et surtout de basculer les bosses qui sont nombreuses dans ma région ? … Direction une cote de référence au dessus du village de Coudoux. L’attaque en bas est raide, debout sur les pédales ça passe très bien et la montée s’avale parfaitement malgré un Mistral de face en haut de la bosse. J’ai l’impression de rouler sur des lames, tellement la prise au sol est faible par rapport à mes autres roues. Je en vous parle pas de mes roues de gravel en 650 chaussée de pneus de 47 … J’attaque prudemment les descentes.

Test des boyaux Continental Gatorskin
Dans les descentes : prudence – photo Bike Café

Des images d’autrefois, avec des boyaux qui se décollent dans les virages trop serrés, me traversent un moment l’esprit.  Je serre les fesses, mais je suis tranquille : avec la dose de colle que Gabriel a mis, je risque juste d’être ennuyé pour changer mon boyaux au bord de la route en cas de crevaison.

Conclusion

Boyaux ou pneus … Quels avantages et quels inconvénients. Je dirais qu’aujourd’hui les différences sont subtiles et que les deux types de pneus se sont rapprochés. Les boyaux sont devenus résistants aux crevaisons. Du temps où je les utilisais (70 – 80), on crevait souvent, on devait faire « sécher » nos boyaux neufs avant de pouvoir les utiliser. On avait des petits grattoirs en alu montés sur les axes de frein qui étaient censés retirer les petits silex plantés dans le boyau au premier tour de roue.

Test des boyaux Continental Gatorskin
Un petit passage genre cyclocross dans un chemin de vignes – photo Bike Café

Les boyaux avec leur chambre en butyl sont souples, mais nécessitent un gonflage plus important et c’est du côté confort que l’on sera perdant. Les amateurs de performance leur garderont une préférence, même si aujourd’hui les pneus notamment tubeless sont de plus en plus utilisés par les pros.

Rouler vintage en boyaux Continental Gatorskin
Sur une route rendue boueuse par les pluies matinales – photo Bike Café

Les Gatorskin, sont costauds, j’ai roulé sur des bouts de pistes empierrés, pour voir : ils n’ont pas bronché et le n’ai pas percé. Leur rendement n’est pas formidable mais ce sont des boyaux d’entraînement pour l’hiver. Il faudra que j’essaie un jour des modèles course pour voir la différence.

Côté roues c’est surprenant. Ces roues, qui ont une quarantaine d’années filent super bien. Elles n’ont connu que la piste et les billes n’ont pas été encrassées par la poussière et la boue des routes. Je n’ai rien fait dessus, il faudrait quand même les démonter et les regraisser, mais franchement ces moyeux valent certaines productions de série actuelles.

Test des boyaux Continental Gatorskin
Avec 20 cm de braquet en plus, à cause du 42 X 17 ça passe bien, – photo Bike Café

Dans les montées avec 20 cm de braquet en plus, à cause du 42 X 17 ça passe bien, par contre dans les descentes, l’inertie de mes roues lourdes me manque ainsi que le confort sécurisant des pneus Maxxis. Voilà un essai néo rétro qui permet de relativiser les progrès des éléments principaux sur une vélo que sont les roues et les pneumatiques. Sur ce même vélo minimaliste, c’est flagrant.

Je n’ai pas parlé du freinage, mais là aussi des jantes modernes avec une piste de freinage plus large seraient plus sécurisantes. À l’occasion de ce test boyaux je me suis rendu compte que finalement je freinais peu. Par contre je ne me serais pas amusé à rouler en peloton avec des cyclistes équipés de freins à disque … on n’a pas les mêmes valeurs en matière de distance de freinage.

Test des boyaux Continental Gatorskin
Les Gatorskin sont des valeurs sures – photo Bike Café

Je garde ces roues anciennes pour mes sorties « vintage ». J’adore leur style, même si ce rétro pédalage n’est pas la solution idéale que je pourrais conseiller à tous. Les Gatorskin sont des valeurs sures, j’ai déjà fait 500 km avec et même roulé sur route mouillée et boueuse. Ils sont parfaits pour l’usage que j’en fait en single speed sur ce vélo un peu daté. Ils conviendront aussi à vos roues modernes pour boyaux en vous apportant une sécurité anti-crevaison importante. Si vous avez de belles roues anciennes tentez le coup, ça marche toujours et vous ferrez un petit tour dans le passé au milieu du peloton de nos champions de l’époque. Je me souviens de la course épique de Bernard Hinault sur le Paris – Roubaix 1981 : 3 crevaisons (il n’avait pas des Gatorskin) et une chute, il revient néanmoins et gagne la course.

Maintenant il me reste à me mettre en quête de roues modernes avec des moyeux au look classique … J’ai repéré des produits et je pense me faire monter de nouvelles roues pour pneus, légères et performantes et sans doute avec des cercles carbone. Les moyeux mono vitesse de 120 sont rares sur le marché, mais ça se trouve : affaire à suivre.

Caractéristiques

Rouler vintage en boyaux Continental Gatorskin
Rouler rétro en boyaux Continental Gatorskin – photo Bike Café

La protection anti-crevaison Gatorskin combine un breaker en nylon sous la bande de roulement (SafetySystem) et des flancs renforcés par un tissu polyamide (Duraskin).

  • 700 x 25C (25-622)
  • Tramme carcasse 60 tpi x 3 nappes
  • Carcasse : Nylon
  • Chambre interne : Butyl
  • Longueur valve : 30 mm
  • 320g
  • Noir
  • Boyaux Longue Distance

Prix : 43,99 € sur CycleTyres

Infos sur le site

Monter un boyau dans les règles de l’art …

Annonce
Patrick
Patrick
Aix-en-Provence - Après la création de Running Café, la co-fondation de Track & News Patrick remonte sur le vélo en créant Bike Café. Il adore rouler sur route et sur les chemins du côté de la Sainte-Victoire. Il collabore en freelance à la revue Cyclist France. Affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties "off road" dans sa belle région de Provence.

4 COMMENTAIRES

  1. Superbe article, j’ai beaucoup aimé parce que j’ai 2 vélos dont vélo similaire au tien, cadre Reynolds, couleur rouge, de 1974, monté en roue fixe 42 x 18, des moyeux Campa super record et des boyaux ordinaires, je m’amuse tous les hivers à faire quelques sorties quand le soleil montre son nez. Mon regret c’est qu’on ne trouve plus la colle Pastali qui était extraordinaire.

  2. C’est expérimental !

    Plus sérieusement, j’ai toujours trouvé ça « riche » de rouler en boyaux hors compétition. Ok ça roule hyper bien, mais ça s’use vite, c’est long à monter et c’est beaucoup plus cher que des pneus.
    Personellement, je roule en boyaux en compétition uniquement et je m’entraine en pneus (ça vaut pour la route mais aussi en CX).

  3. Article sympathique et qui sort des sentiers battus…

    Je roule essentiellement en boyaux que je trouve plus confortables
    et plus sécurisants que les pneus à chambre (pas encore essayé le tubeless.)
    à condition d’utiliser la même section…

    J’utilise les boyaux de la marque Tufo (Tchèque) qui ne sont pas très onéreux,
    solides et performants. Il ont aussi la particularité d’utiliser une technologie sans
    chambre à air interne. Ils sont donc plus faciles à réparer.Ils fonctionnent depuis
    des années comme des pneus Tubeless…

    Bonne route à tous.

    • Merci Hercynien pour le qualificatif sympathique … Mes Gatorskin sont toujours opérationnels. Je vais regarder ces Tufo quand il faudra les remplacre.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Renseignez votre commentaire
Renseignez votre nom

Articles similaires

Du même auteur