Chaque semaine, un billet d’humeur par un de nos rédacteurs. Aujourd’hui : Dan de Rosilles
Demain, mardi 5 novembre 2024, les États-Unis s’apprêtent à entamer leurs élections présidentielles.
Suite à cet écheveau électoral que nous, pauvres français, serions bien en peine de démêler, sortira comme par magie d’un chapeau haut-de-forme aux motif Stars and Stripes le ou la 47ème POTUS : “President Of The United States”.
Face au « Make America Great Again » (Rendons sa grandeur à l’Amérique ) de Donald Trump, Kamala Harris rétorque par un vigoureux « We Are Not Going Back » (Nous ne reviendrons pas en arrière). Mais si les deux candidats s’opposent sur bien des sujets, il en est un sur lequel ils n’ont jamais pris la parole, laissant planer le mystère : les politiques en faveur du vélo.
Pourrait-on enlever les petites roues du vélo de Donald J. Trump sans qu’il ne tombe ? Enfant, il n’eut pas de draisienne, et son imposante silhouette, toujours vacillante, indique que cet homme est un déséquilibré.
Comment Kamala grimperait-elle le Ventoux ? En danseuse sur gros braquet, à la Geminiani, ou sagement assise sur sa SMP, avec la fréquence d’un Lance Armstrong ? Elle paraît parfois hésitante, lorsqu’il s’agit de choisir la bonne stratégie.
Il faut dire qu’aux USA, comme partout, le vélo n’est ni de droite, ni de gauche. Il y a bien des chevelus pour manifester à bicyclette et créer des bouchons à l’occasion de protests (des sortes de vélorutions à contenu revendicatif), mais les forces de l’ordre savent aussi tirer parti des cadres en acier de leur VTT de fabrication américaine (ou chinoise) pour barrer la route des malotrus.
Les états les plus progressistes et leurs grandes villes – Portland (Oregon), Seattle (Washington), Los Angeles (California) – ont mis en place des politiques vélo audacieuses et ambitieuses, mais les états les plus réactionnaires ne sont pas en reste et ont aussi développé leur propre communication autour du vélo.
En Virginie par exemple, on diffuse volontiers des informations sur les “droits et devoirs” des cyclistes : “Toute personne circulant à vélo sur une route est soumise aux dispositions de la section du Code de Virginie sur les véhicules à moteur et a les droits et devoirs applicables au conducteur d’un véhicule”. J’imagine bien la scène : la voiture de la police locale, toutes sirènes hurlantes, qui vous rattrape dans cette longue ligne droite. Le flic local sort de sa voiture, la main posée sur son colt, et s’approche de vous lentement… Vous, tremblant, les deux pieds au sol, le vélo entre les jambes, les mains bien en évidence sur le cintre. Heureusement, vous êtes blanc. C’est déjà ça.
Au Texas, tout est fait pour aider les cyclistes un peu lents de la comprenette. Une page web résume le code de la route en huit commandements. Le cinquième, par exemple, un magnifique “un seul cycliste par selle” me comble d’aise. Et si on allait à Dallas faire des galipettes à bicyclette, façon cirque de Moscou ? Même si la règle n°3 : “au moins une main sur le cintre” n’est pas très rigolote, la n°8 “des freins capables de bloquer la roue” (making the braked wheel skid) n’interdit pas le pignon fixe breakless… Ouf !
Ceci expliquant cela, il est aisé de comprendre pourquoi le vélo est, pour beaucoup de minorités aux U.S.A., un moyen de se singulariser par rapport au reste de la population. C’est le cas par exemple des Black Foxes, un collectif international de huit cyclistes noirs, militants anti-racistes, qui se réapproprient par le vélo la culture outdoor, généralement racontée par des blancs.
Dans l’est de Los Angeles, The Ovarian Psycos Cycle Brigade, un groupe de latinas féministes, a trouvé dans le vélo le moyen de redéfinir son identité et de construire une communauté. Cette équipe cycliste bruyante, au nom provoquant, patrouille les soirs de pleine lune pour occuper l’espace public et revendiquer le droit des femmes à se balader en toute sécurité dans les rues la nuit.
Qu’on se le dise : aux États Unis d’Amérique, comme partout ailleurs, les président·e·s passent, mais le vélo reste, comme un formidable outil de liberté, de cohésion sociale et d’épanouissement personnel.
Article plaisant et pertinent, oui, il y a bien du Politique derrière la pratique du vélo.
“Le flic local sort de sa voiture, la main posée sur son colt, et s’approche de vous lentement… Vous, tremblant, les deux pieds au sol, le vélo entre les jambes, les mains bien en évidence sur le cintre. Heureusement, vous êtes blanc. C’est déjà ça.”
J ai été 1x aux US pour le taf ya 10ans, petite voiture de loc pour la semaine, je me ballade en fin de journée comme ca pour “découvrir” le coin, je m arrête sur un pont au dessus d une autoroute avec une belle vu sur les grands champs de l Illinois et un de ces fameux château d eau avec le nom du bled du coin comme on voit dans les séries TV, au milieu de nulle part……..littéralement 1min après, j avais pas pris encore la photo, 1 voiture de flic s arrête, le mec sort avec la main sur le colt et le ton bien autoritaire……ca fait bizarre…..je suis blanc….”heureusement”….ce pays est barjo.
Je serais curieux de savoir si les ricains ont développé leur pratique du vélo. Le gravel a l air en plein essor (il doit y avoir tellement de route incroyable dans tout le pays) mais en ville ?!?? est ce que les vélos électriques sont aussi chez eux a la mode ??
En effet, comment peut-on se prétendre “équilibré” quand comme Trump, on refuse le débat contradictoire au profit de contre-vérités assénées de manière péremptoire ?!