Chaque semaine, un billet d’humeur par un de nos rédacteurs. Aujourd’hui : Patrick
Jean-Paul Sartre a dit “Parler c’est agir : toute chose qu’on nomme n’est déjà plus tout à fait la même, elle a perdu son innocence.” Doit-on renoncer à cette innoncence ? Il y a des cas où il est urgent de parler. C’est pour cela que nous pédalons en ce moment, moustaches au vent, sur la route entre Paris et Aix-en-Provence. J’ai voulu inverser le sens de cette phrase du philosophe, comme on pourrait le faire pour les termes d’une formule mathématique. Agir pour faire parler : provoquer ou invoquer la parole… C’est pas mal non plus ! Qu’en pensez-vous ? Par l’action de cette aventure pas sérieuse, pour une cause sérieuse peut-être arrivera-t-on à libérer cette parole. Alors, si nos coups de pédale, forcément répétés du fait que nous roulons en pignon fixe, servent à délier des langues, on aura réussi.
Dans notre monde en réseau, où tout le monde se like, on raconte pourtant beaucoup de choses, mais pas vraiment tout. On affiche bien souvent ce qui est valorisant, anecdotique, amusant, agaçant, cruel, magnifique, étonnant, stigmatisant, violent… mais on garde pour soi la petite faille, le petit truc qu’il ne faudrait surtout pas avouer. C’est un peu pour ça que nous pédalons, de façon singulière, pendant ce mois de novembre dédié aux maladies masculines. Pour un homme, avouer qu’il a une maladie masculine, est souvent une torture. Cet aveu, qu’il devra déjà se faire à lui-même, doit le conduire immédiatement à en parler à un médecin. La prévention en matière de santé est essentielle.
Alors, comme Jean-Paul Sartre l’a dit, cette parole nous éloignera de l’innocence. Peut-être pourra-t-elle nous faire prendre conscience ? Si vous êtes sur notre route, déjà ce matin à Jargeau, et ensuite sur nos prochaines étapes, venez à notre rencontre.