L’édito de Bike Café
Les virages sont les friandises du cycliste. Ils viennent rompre la monotonie des lignes droites en s’enroulant dans le paysage qu’ils dessinent à leur manière. Comme les barreaux d’une échelle, ils nous aident, dans leurs lacets, à grimper les cols les plus durs. C’est ce que j’ai ressenti en juin en montant le Ventoux par Bédouin. Chaque virage, un peu rapproché de l’autre, rendait la route plus courte vers le sommet. La montée du Géant de Provence par Malaucène est plus dure, avec ses lignes droites : merci chers virages de m’avoir aidé à grimper. En matière de vélos, nous avons désormais des virages célèbres. Ils sont devenus des monuments du cyclisme : le virage 7 de l’Alpe d’Huez avec ses turbulents supporters néerlandais, le virage de Thibaut Pinot… Faute de maillot jaune, nos super coureurs français se voient offrir des virages, pour sanctifier leur courage.
Attention à ne pas confondre courbe et virage : rien à voir ! Dans une courbe, on voit ce qu’il y a derrière. Les courbes sont jolies, mais pas surprenantes. Même si leur suavité donne du charme au paysage, il leur manque le côté mystérieux et brutal du virage. Pour reprendre mon image de friandises, le virage est une pochette surprise. Elle peut être agréable, lorsqu’elle m’apporte à son détour une vue exceptionnelle sur un nouveau panorama, elle peut aussi être désagréable, car la découverte peut tout aussi bien être moche. Le virage peut masquer un obstacle, un éblouissement, un nid de poule. Le virage, c’est la vie, enfin celle qui me plait, celle qui, à l’inverse de la ligne droite monotone, me rend plus vivant et plus apte à connaitre des émotions. C’est dans les descentes, qu’on s’appliquera à ciseler des trajectoires que nos roues feront chanter. Le coeur battant, lancés comme sur le rail d’un grand 8, ce sera presque frustrant de devoir freiner…
Les virages sont nombreux sur nos petites routes françaises. Le monde entier nous envie ce réseau routier où chaque sortie de virage devient la nouvelle image d’un fabuleux diaporama. Vous avez été nombreux cette année à parcourir notre territoire. Certains ont découvert le bikepacking, qui d’une certaine façon est, lui aussi, un virage important dans notre pratique cycliste. Le guidage par satellite – encore un virage technologique pour le vélo – nous entraine vers ces petits endroits que nul autre moyen que le vélo ne permet d’apprécier sans déranger la nature. Bike Café enchaîne depuis 10 ans des virages et cet été, nous en avons encore découvert d’autres, l’esprit curieux et avide de découvertes, nous ne tarderons pas à vous les faire découvrir. Et si vous ne voulez pas louper un de nos virages, abonnez-vous à notre newsletter.
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Excellent ! Merci Patrick pour ce billet du lundi très réussi.
Les virages, certains les maîtrisent, d’autres les subissent.
En paraphrasant une expression idiomatique anglaise, ce n’est pas la queue qui remue le chien mais bien le chien qui remue la queue. C’est au cycliste de piloter : agir, pas réagir. Maîtriser la technique de virage commence par savoir rentrer dedans : où ? comment ? (trajectoire) quand ? (bonne vitesse, bon freinage).
Enchaîner les virages dans le bon tempo, pour ceux qui maîtrisent, c’est vraiment jouissif ; avec ce surcroit d’adrénaline qu’apportent l’erreur ou l’impondérable, toujours possibles, Ou l’incident mécanique. Comme l’année dernière dans les Alpes, lorsqu’une rupture de fond de jante a incisé sur 1 cm ma chambre à air en plein milieu d’un virage, provoquant une quasi chute par dérapage de ma roue avant aplatie en 1 seconde, dont je me demande encore comment j’ai réussi à me rétablir, m’évitant in extremis de m’éclater à 40 km/h sur le mur de béton qui soutenait le flanc de la montagne que je dévalais.
Merci de ta fidèle lecture Vince … je fais partie de la catégorie qui les subissent. Ma vue m’impose d’être extrêmement prudent, d’où une certaine frustration lorsque je vois tous les cyclistes me dépasser dans les descentes, flirtant avec les murets bordant les routes. En fait je préfère les virages dans les montées. J’aime les relances dans les lacets et la nouvelle vue en perspective du morceau qui vient d’être franchi.
J’imagine facilement qu’une vision altérée t’empêche de t’engager avec sérénité dans des descentes rapides et apporte cette frustration.
Je pense que les skieurs et particulièrement ceux qui ont fait du slalom géant jeunes, ont développé un sens particulier de la trajectoire qui aide à vélo. A moins que ce soit l’inverse : des capacités particulières visuelles et cérébrales communes aux 2 disciplines (et d’autres, sans aucun doute) font qu’on aime autant se lancer dans un slalom que dans une descente à vélo.