Chaque semaine, un billet d’humeur par un de nos rédacteurs. Aujourd’hui : Patrick Van Den Bossche (photo de couv : Sylvain Lebrun)
Un vers célèbre d’un poème d’Edmond Haraucourt est devenu une citation : “Partir, c’est mourir un peu“. Cette formule est fréquemment utilisée pour évoquer le renoncement causé par un départ. Pour moi, qui ne suis pourtant pas un grand voyageur, c’est l’inverse. Partir, c’est la promesse de nouvelles découvertes et de rencontres. C’est un moment plutôt excitant, qui va briser une routine pour me plonger dans un nouvel environnement. Ce changement, qui me fait sortir de la facilité du quotidien, mobilise en moi de nouvelles énergies. Finalement, devant l’inconnu qui se présente, des émotions vont naître et ravivent mes capacités endormies.
Avant de partir définitivement, pour donner quand même raison au poète, ces instants sont pour moi essentiels. La naissance n’est pas le simple moment de la création d’une vie, mais plutôt une somme d’expériences, qui nous construit. On nait par étapes, un peu comme lors d’un voyage à vélo.
Je comprends ce que veut dire le poète, car parfois, au moment de partir, l’arrachement à ceux qu’on aime est difficile. Le plaisir du retour viendra compenser cette tristesse. C’est bien sûr en lisant l’ouvrage de l’équipe de 200 : “Partez !“, qui est une véritable injonction au voyage à vélo, que le contre-pied à ce vers poétique m’est venu.
Fervent lecteur des premiers numéros de 200, une photo d’Alain-Servan Puiseux, à vélo devant la porte de Brandebourg, m’avait transporté dans un départ forcé : celui de mon service militaire à Berlin en 1967. J’avais cru effectivement mourir un peu, prisonnier pour 16 mois d’un univers qui ne m’attirait pas. Finalement, ce départ à été ma première renaissance importante. À 19 ans, j’ai été plongé dans un monde qui m’a appris des choses qui m’ont servi toute la vie.
Partir, si ce n’est pas une fuite, c’est s’enrichir…
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Bonjour Patrick, et merci pour cette ouverture de semaine sur une note humaniste et poétique.
A propos du voyage, écrit un siècle plus tard, on ne peut pas ne pas citer Nicolas Bouvier dans L’Usage du monde : “Certains pensent qu’ils font un voyage, en fait, c’est le voyage qui vous fait ou vous défait.”
Oui Delgato … beaucoup ont écrit sur le sujet du voyage,qu’il soit à vélo ou autre. J’ai choisi de rebondir sur ce verbe partir, inspiré par ma lecture du bouquin de l’équipe de 200. Cette expression inspirée par le D+ des parcours présentés dans leurs périples m’a fait penser à ce vers : partir c’est mourir un peu (surtout en haut des cols) 😉 … J’ai réfléchi à “tous mes partir” qui ne m’ont pas fait mourir, au contraire. Après, l’échéance se rapproche, laissons lui le temps de venir.