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Comme un lundi : envie de glander 

L’édito de Bike Café

C’est l’hiver et les voilà nombreux sur nos routes. Je ne parle pas de mes amis cyclistes, qui d’ailleurs se font plus rares en ce moment, mais bien des fruits des chênes de ma région. Ce matin, sur mes petites routes de la campagne aixoise, j’ai écrasé quelques glands. La plainte qu’ils laissent échapper lorsque mes pneus leur roulent sur la tête ne me laisse pas indifférent. Je suis confus de m’inviter ainsi dans l’assiette des sangliers, mais je ne peux pas me risquer à un zigzag de glands, tant ils sont nombreux par endroit. Du haut de mon rouleau compresseur, je me demande d’où vient cette expression « comme un gland » qui généralement signifie qu’on se trouve stupide. Moi, je ne sens pas comme un gland en les écrasant avec mon vélo, mais parfois, j’admets que j’aime glander lors de ma petite sortie matinale.

Le porcher chargé d’accompagner les cochons en forêt était appelé autrefois le « glandeur ». Il était effectivement peu occupé et l’image de sa nonchalante occupation est restée. Elle a permis de faire figurer au dictionnaire ce verbe glander qui peut définir ma façon de rouler ce matin en écrasant ces glands. Sur mon vélo, j’adopte parfois cette manière d’être décontracté (sans allusion au film Les Valseuses). Sur un vélo, glander n’est pas facile : la règle, pour ne pas chuter, est quand même de pédaler, alors je glande à moitié. Parfois, je flotte dans un équilibre instinctif qui rend mon coup de pédale tellement insignifiant, que je pourrais m’imaginer, assis sur un nuage. Mais voilà, ces foutus glands sont là pour faire tressauter mes roues, pour troubler ma rêverie.

une envie de glander

Sans avoir le prétexte d’accompagner des cochons en forêt, j’ai besoin de ces moments de glandeuses méditations sur le vélo. Ces instants de solitude béate devant cette nature changeante, au gré des saisons, me sont précieux. Comme me dit mon ami Jean-Louis, relecteur fidèle de nos articles sur Bike Café : “C’est une chose qu’on fait de moins en moins dès qu’on a un smartphone à portée de main…
Bientôt les glands réduits en farine par les meules pneumatiques des véhicules, seront balayés par le vent et les averses finiront le nettoyage du bitume. J’ai conscience que ce qui se passe dans ma tête de glandeur est aussi une réaction face à un monde dans lequel on a tendance à fustiger le glandage. Contrairement à l’idée reçue et presque culpabilisante dans notre société qu’inspire le mot glander, je considère que cet état est plutôt un processus créatif. Il m’inspire par exemple ces éditos en m’éloignant de ma « to-do-list » qui s’allonge sans cesse. Le vélo est devenu le lieu où je m’isole pour glander un moment, loin du bruit, loin de l’agitation. Rouler sur ces glands a réveillé en moi ce matin cette sensation de bien-être que je ressens parfois sur mon vélo. Finalement, est-ce que glander ne serait pas une forme d’action ?

Patrick.

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

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