L’édito de Bike Café
Il faut vivre du côté de Marseille pour entendre cette expression populaire entre Noël et le jour de l’An. Ça fait 11 ans que je suis installé à Aix-en-Provence et la première fois que quelqu’un m’a souhaité un bon bout d’an, je n’ai pas bien compris ce qu’il voulait dire. Voyant la mine joviale de celui qui m’a lâché cette phrase, je me suis dis alors qu’il ne m’adressait pas forcément une insulte. Avec mon statut d’émigré, fraîchement débarqué de la région parisienne, je dois vous avouer que j’étais un peu sur la défensive. Mon assureur m’avait, peu de temps avant, conseillé de changer l’identifiant régional de la plaque d’immatriculation de ma voiture et surtout prévenu de ne pas afficher un auto-collant à la gloire du PSG sur la vitre arrière du véhicule. Côté PSG, pas de risque, je ne suis pas fan de foot, mais pour la plaque j’ai suivi son conseil. C’est donc avec ce bon bout d’an que j’ai découvert qu’avant de se souhaiter une bonne année, il était de bon ton en Provence de se souhaiter un bon bout d’an, pour en finir avec l’année écoulée. (photo de couverture Patrick VDB – le Grand Panorama en 2019)
Les provençaux, que l’on considère généralement comme des gens fantasques, seraient-ils au fond nos compatriotes les plus logiques ? Vouloir marquer la fin de quelque chose avant de se lancer dans autre chose est louable. Mettre un point à une phrase avant d’en commencer une autre est somme toute une pratique naturelle. Elle est connue sous le nom de l’effet Zeigarnik qui souligne la nocivité de ne pas terminer une tâche avant d’en entamer une autre. Bluma Zeigarnik – une psychologue américaine d’origine russe – dans les années 1920 constate à la terrasse d’un café les incroyables facultés de mémorisation des serveurs qui enregistrent mentalement des commandes complexes, qui une fois servies s’effacent de leur mémoire, comme pour faire la place aux suivantes. Cette psychologue fera des expériences pour valider cette constatation. Sur deux échantillons différents, seulement 12% des personnes non interrompues au cours d’un travail se souviennent précisément des tâches terminées, contre 80% de celles qui ont été stoppées en cours de leur réalisation. L’effet Zeigarnik, est donc celui qui vous permet de vous souvenir de points importants en cours, mais c’est aussi celui qui alimente votre charge mentale lorsque vous pensez à tout ce qu’il vous reste à faire.

Alors ce bon bout d’an dans le vélo peut-il nous faire oublier facilement tout ce que nous avons réalisé en 2025 ? Non, je ne pense pas ! Sur les belles choses que j’ai vécues, l’effet Zeigarnik n’aura aucun effet. Elles resteront gravées dans ma mémoire qui commence a être encombrée de beaux souvenirs. Par contre, et c’est là que je rejoins mes amis marseillais, je crois à un effet Zeigarnik sélectif : il faut appuyer sur le bouton stop et faire table rase pour oublier le moins bien et repartir à nouveau en faisant de la place à un nouvel élan. C’est un peu l’histoire du Bike Café. La mémoire de nos articles stockés dans notre base de données est toujours régulièrement interrogée et dans le top 5 du hit parade des visites on trouve un sujet publié en 2019. Maintenant que ce bout d’année 2025 est arrivé, nous nous apprêtons à vous proposer de nouveaux sujets dans une forme re-visitée, mais avec toujours la même envie de vous surprendre et de vous informer.
Je vous souhaite donc un bon bout d’an à tous.
Retrouvez l’intégralité de notre rubrique “Comme un lundi” en cliquant >ICI<


