Le phénomène « e-road » (traduction : vélo de route électrique) est parti, et bien parti. Terminé les protubérances disgracieuses des premiers VAE, fini les autonomies limitées au tour du pâté de maisons, oubliés les préjugés basés sur les vieux relents de triche, … le vélo de route électrique a trouvé sa place dans les pelotons : c’est un vélo « sportif » et pas une mobylette.
Le VTTAE avait pris une longueur d’avance. Aujourd’hui, lorsqu’on se balade sur les sentiers surtout en région montagneuse, on voit bientôt plus de montures électriques que de VTT musculaires. La route a avancé plus lentement sur la voie de l’électrique, car il fallait attendre que les produits soient plus esthétiques et plus endurants : c’est fait. Désormais les balades de 100 km ou plus deviennent possibles pour ceux qui, pour diverses raisons, ont besoin d’une assistance. Mais attention, l’assistance n’est pas synonyme d’absence d’implication physique : il faut pédaler, et la modulation de la puissance délivrée par le moteur deviendra un jeu dans lequel vos capacités musculaires auront leur mot à dire. Rien n’empêche de couper l’assistance sur le plat et en descente car avec des vélos de moins de 14 kg, ça file très bien grâce aux lois de l’inertie.
Je ne vais pas rentrer dans le débat sans fin qui va, un bon moment encore, opposer les “contre” aux “pour”. Nous sommes libres de ce choix : on peut le suivre ou le refuser. Certains coureurs de haut niveau, comme d’autres cyclos sportifs performants, utilisent des “e-road” pour préparer leur saison “musculaire” ou pour récupérer de leurs épreuves les plus exigeantes. Des épreuves sportives “e-road” vont naitre, comme il en existe déjà en VTT électrique. Le sujet de l’arrivée du e-road dans notre panorama cycliste devient incontournable, il n’en fallait pas moins pour que Bike Café s’y intéresse.
Et le e-gravel dans tout ça ?
Le gravel est plus proche, dans sa forme et sa géométrie, d’un vélo de route d’endurance et tout naturellement les modèles de e-gravel commencent à sortir. D’ailleurs, je vous avoue franchement que, si je devais aujourd’hui investir dans un vélo électrique, ce serait un e-gravel sans hésiter. La polyvalence du gravel, associée à l’électrique, ouvre un champ d’utilisations très large. C’est d’ailleurs ce que m’a confirmé Frédéric Caron, chef de produit chez Look Cycles, « Je roule depuis 10 mois sur le modèle RS … et je l’ai essayé sur tous les terrains en montant différents types de y compris des 650b avec des WTB ByWay de 47. C’est un vrai plaisir d’aller partout. Le vélo est à l’aise sur tous les terrains ».
Découverte du Look e-765 gravel
Le modèle testé est le gris mat. Il existe 2 versions dans la gamme e-765 RS vert mat, équipé en Sram Force, et le gris mat équipé en Sram Rival. Les prix et les poids ne sont pas les mêmes : 5 799 € et 13,8 kg pour le modèle gris et 6 599 € et 13,6 kg pour le vert.
L’intégration totale et discrète de ce bloc unique, qui comprend le moteur et la batterie, dans le cadre en carbone permet à ce vélo d’afficher une belle légèreté. Ce bloc moteur est amovible : en le retirant on obtient un vélo 100% mécanique affichant un poids honorable pour un vélo de gravel. Le e-765 Gravel est véritable vélo hybride avec lequel on peut gérer les 2 sources d’énergie, l’électrique et le musculaire. Cela devient un véritable jeu en terme d’utilisation pour optimiser la consommation électrique et prolonger vos sorties.
Roues et pneus
Le vélo est équipé en série de roues type gravel, pouvant recevoir des pneus de larges sections 700 x 33 à 40 mm. Ces pneus sont conçus pour la pratique du gravel : ils sont résistants et légèrement cramponnés pour offrir une grande polyvalence entre un comportement routier performant, et l’absorption des chocs sur les pistes ou les sentiers.
Le cadre du e-765 Gravel lui permet d’accueillir d’autres types de roues et de pneumatiques. On peu tout à fait imaginer l’équiper de roues type route : 700 x 28 ou 32 mm. Dans ce cas de figure il pourra se rapprocher du rendement d’un vélo taillé pour la route. On pourra également envisager d’avoir un autre train de roues en 650B avec une monte pneumatique pouvant aller jusqu’à 54 mm. Dans ce cas toutes les pistes vous seront ouvertes avec un confort accru.
Le test
J’ai testé ce vélo une quinzaine de jour dans le sud de la France … Pistes, routes, … fortes pentes le vélo est passé partout. Mon point de comparaison en matière de e-gravel, était le Cannondale Synapse Neo que j’avais testé fin 2018. Le Cannondale était équipé d’un moteur Bosch Active Plus, dont le comportement est plus “viril” que le moteur Fazua du Look.
En ce qui concerne le moteur Fazua qui équipe ce Look, j’avais déjà pu le tester sur le Lapierre e-xelius, et je n’étais donc pas en terre inconnue, sauf que cette fois j’allais pouvoir rouler sur mes pistes de gravel habituelles. « C’est ce moteur que nous avons choisi pour équiper nos e-road … », précise Frédéric Caron, avec 60 newtons le moteur délivre une poussée bien suffisante pour affronter les pistes pentues. Les haubans arrières du cadre ont été pensés confort, mais je pense que la filtration serait encore meilleure en version 650 équipée de pneus de 47, comme le Cannondale précédemment essayé. Ce ressenti est une question de terrain, car chez nous c’est plutôt de la caillasse.
Par contre, sur piste plus lisse, le vélo est super agréable à rouler avec ses Riddler de 37. Comme pour tous les VAE, il faut veiller à tourner les jambes et ne pas tirer un braquet trop gros. Le moteur apporte une meilleure assistance, si on le ménage. Autrement dit, c’est un vrai vélo et il faut changer de braquet en fonction de la pente.
Dans les single, le poids est un léger handicap, mais on s’y habitue très vite. Je sors de test de vélos de gravel à 8,5 kg il faut juste s’adapter. Le centre de gravité est bon, et le poids de moteur placé assez bas sur le cadre facilite le pilotage.
Le test route : ce vélo polyvalent se débrouille aussi bien sur la route que sur les chemins. J’ai effectué une sortie 100 % route avec mon club cyclo sport, et personne n’a remarqué la présence d’un électrique dans le peloton. Le moteur, hyper silencieux, se fait discret et moi aussi je reste discret : pas d’attaque dans les bosses, mais je suis facilement le groupe et je monte les cotes à un bon rythme. Dans les descentes, et sur le plat, je coupe le moteur et le vélo file un bon train : merci l’inertie. Il n’y a pas de rupture brutale entre le mode assisté et le mode musculaire. Lorsqu’on dépasse les 25 km/h, le moteur débraille dans un silence total et rien au niveau du pédalier ne laisse penser que ce sont vos jambes qui font avancer à 100% le vélo. En utilisation sur “off”, le vélo roule comme un vélo normal et le pédalier ne freine pas la rotation des jambes.
Un vrai jeu s’installe
L’appréhension, lorsque l’on part sur un long circuit en électrique, est la panne sèche … Plus de jus dans la batterie, comment faire pour rentrer. C’est là que le jeu s’installe. La télécommande unique, placée sur le guidon, vous permet de choisir le mode d’utilisation du moteur : on et off, et ses 3 niveaux d’assistance : vert, bleu, rouge. Elle indique également, par des leds qui s’éteignent au fur et à mesure, le niveau de la batterie. C’est là que le jeu s’installe, car qui veut voyager loin ménage sa monture. Dès que c’est possible, même sur piste, je passe sur “off” et le moteur se débraille en silence pour passer en 100% musculaire. Avec 13,8 kg le vélo avance bien et je garde en réserve de l’énergie électrique pour les montées. En jouant ainsi on arrive facilement à rouler une centaine de kilomètres et tout dépendra du dosage que l’on aura fait entre musculaire et électrique et du dénivelé que l’on devra affronter. Et si par malheur vous avez été trop gourmand, il restera vos jambes pour revenir au bercail, après tout moins de 14 kg ça peut rouler correctement.
Bilan
J’ai trouvé cet essai très intéressant. Comme je l’ai mentionné plus haut, si je devais opter pour un vélo à assistance électrique je choisirais ce type de vélo et ce moteur qui est un exemple d’intégration au chassis du vélo. Ce moteur n’a qu’un seul défaut : il faut ouvrir le bloc « batterie » pour l’allumer. Il se coupe automatiquement au bout de 8 heures pour des raisons d’économie. C’est l’un des points négatif du système Fazua, mais rassurez-vous ce démontage est super facile. On appuie sur un bouton et le bloc se détache très simplement. Il en sera de même pour la recharge, mais là ce sera un avantage si vous garez votre vélo dans un lieu dépourvu de prise de courant. Vous pourrez monter votre bloc batterie pour le mettre en charge chez vous ou au bureau.
En roulant sur e-765 j’ai eu le sentiment de rouler sur un vrai vélo et sa géométrie m’a permis d’être à l’aise dans toutes les conditions d’usage : route, sentiers parfois cassants et rugueux. C’est néanmoins un vélo plus ciblé pour les pistes lisses et roulantes. Il ne rechignera pas devant quelques singles mais ce n’est pas son truc. Il pourra vous emmener voyager en Bikepacking (à condition de ne pas oublier son chargeur un peu lourd quand même). La polyvalence et le look (sans jeu de mot) de ce e-765 m’ont séduit. Le concept de e-gravel a de l’avenir grâce à ce type de produit.
Caractéristiques
- FOURCHE ET CADRE : (23%HM, 25% IM, 37% HR et 15% de fibre spécifique)
- TIGE DE SELLE : LOOK LS2 carbon 27,2 mm X 350 mm
- POTENCE : LOOK LDS
- CINTRE : LOOK ALLOY LS2 COMPACT 12° FLARE
- PEDALIER : FSA 1 42T
- BOITIER DE PEDALIER : PF 386 EVO
- CASSETTE : SRAM PG 1130 11X36
- CHAINE : SRAM PC 1130
- MANETTES : SRAM FORCE CX1 ou SRAM RIVAL 1
- DERAILLEURS : SRAM FORCE 1 ou SRAM RIVAL 1
- FREINS : SRAM FORCE CX1 ou RIVAL HRD
- AXES TRAVERSANTS : Speed Release avant : 12X100 mm /arrière : 12×142 mm
- SELLE : FIZIK ANTARES R7 ou SAN MARCO MONZA FULL FIT
- ROUES : MAVIC ALL ROAD DISC ou SHIMANO RS 170
- PNEUS : WTB RIDDLER 700X37
- MOTEUR : FAZUA EVATION
- BATTERIE : 7Ah, 36V
- COUPLE MAXIMUM : 60 Nm
- PUISSANCE (MAXIMUM) : 250 W (400 W)
- TEMPS DE CHARGE : 3,5 HEURES
- Poids de l’ensemble moteur : 4,6 kg
- Poids des vélos en taille M : Green MAT : 13,6 kg – Grey Mat : 13,8 kg
- Tailles : XS – S – M – L – XL
- Garantie : Cadre et fourche à vie
Prix du modèle essayé : 5 799 €
Merci pour l article, très belle machine.
Look gravel electrique
Joli velo qui ne ressemble presque pas à un velo electrique
Pas trop lourd, confortable, sur et rassurant
Bon freinage
C’est un velo à mi chemin entre un electrique et un velo normal
On peut rouler sur le plat quasi comme un velo normal
Le premier degré d’assistance 100 watt est très voir trop faible
Le second degré d’assistance à 250 watt est parfait dans les montées de 3 à 10 %
Le troisième degré à 400 watt est un vrai turbo mais vide la batterie trop vite
Le seul défaut est une batterie de trop faible capacité
C’est bon pour trois petits cols ou deux grands cols mais pas plus si ce ne sont pas deux Galibier