Les 12 h Gravel du Mans étaient attendues au tournant ! On connaît les courses de 24 h VTT assez répandues sur l’hexagone ou bien les célèbres 24 h du Mans Vélo sur le mythique circuit manceau Bugatti. Mais une course Gravel de ce format, c’était une première en France. Les interrogations étaient donc nombreuses. Et la curiosité d’assister et participer à cet évènement bien présente. Le gravel, vélo ou pratique, dépeint par certains comme instrument de liberté sans véritables « codes » est-il adapté à ce genre d’évènement chronométré sur un circuit à réaliser autant de fois que possible ? Pourquoi ne pas accepter les VTT à cintre plat et limiter la section des pneus ? Le circuit ne sera-t-il pas trop roulant ou inversement trop VTT ? Pas facile de répondre à ces questions dans cet univers du gravel quelque peu inclassable et surtout de contenter tout le monde. Eh bien, de mon point de vue, les organisateurs ont su parfaitement et habilement proposer un évènement pour toutes et tous, l’objectif premier étant de passer un bon moment de vélo et de partage quoiqu’il en soit.
Explications et retour de l’intérieur sur ces 12 h Gravel du Mans qui augurent tout de bon pour les 24 h Gravel l’an prochain. Une première qui aura réuni pas moins de 59 équipes et 142 participants dont 9 féminines.
L’installation et les paddocks
Engagés par équipe mixte de quatre dans l’équipe « Bike Café La Pince à Vélo », nous arrivons le samedi matin à 7 h pour nous installer et retirer les plaques. Certains sont arrivés d’assez loin la veille et ont déjà pu se poser et garer leur camping-car. Antoine et Jeffrey, les organisateurs, ont eu la bonne idée de mettre à disposition des équipes des paddocks où chacun trouvera sa place. Nous sommes au Mans et l’ambiance dans les paddocks est une institution sur le mythique circuit des 24 h ! Nous verrons si la tradition est respectée en ce qui concerne le Gravel. Des chaises sont également fournies. En un rien de temps le camion et la voiture sont déchargés et le « campement » est installé.
Nous rajoutons un barnum pour pouvoir exposer quelques vélos Gravel de La Pince à Vélo et notre mascotte / mannequin Bike Café, Malcom, qui nous suit sur les différents évènements pour nous encourager.
Petit café offert pour se réchauffer. Il faut dire que le thermomètre joue les timides : 5°C au petit matin. Il va falloir faire bien chauffer les pneus et surtout les organismes ! Mais la contrepartie est qu’il fera très beau toute la journée et que la température sera parfaite quelques heures plus tard, aux alentours de 20°C.
Les plaques de cadre, équipées d’une puce électronique pour chacun, sont retirées en un rien de temps et montées sur les gravels.
Chacun pourra checker ses temps de passage individuels et par équipe en temps réel grâce au chronométrage millimétré et efficace de la société Chronoplace, rompue à ce genre d’exercice.
En faisant un tour dans les paddocks, il est intéressant de voir la diversité des montures qui représente bien désormais l’univers du gravel fait de diversité de pratiques et de pratiquants. De l’acier, de l’alu, du carbone, du titane, des pneus de 34, 40 ou 47 mm, des couleurs sobres ou plus flashy, un très beau melting-pot vélocipédique.
Il est également intéressant de noter – comme tout évènement « long » de ce type – que chacun vient avec ses propres objectifs de performance mais que tout le monde a un objectif commun : se faire plaisir avant tout.
Et comme déjà remarqué sur les autres évènements gravels récents, toutes les générations sont présentes et on remarque tout de même une belle proportion de jeunes graveleux ! Comme dit plus haut, 9 féminines sont de la partie, c’est déjà bien, mais ce chiffre ne demande qu’à augmenter !
Et dire que le gravel en était à ses balbutiements il y a encore 3 ou 4 ans. Et que le choix des vélos, transmissions, accessoires, pneumatiques et évènements était vraiment très restreint. Quelle évolution ! Et ce n’est certainement que le début. Cette émulation n’est pas sans rappeler les débuts du VTT, que j’ai connus dans les années 80, qui s’est ensuite structuré et segmenté. Cet évènement rappelle également les évènements type 24 h VTT où c’est l’ambiance qui prime.
Le départ type 24 h
Les équipes arrivent au compte-goutte et l’heure fatidique du départ approche. Le speaker commence à donner les consignes de mise en place. Mais les riders sont occupés à papoter et à affiner leur stratégie. Combien de tours avant de passer le relais ? Les solos auront moins de questions existentielles à se poser ! Il reste quelques minutes pour mettre tout ce beau monde en place sur la ligne de départ et ne pas prendre de retard. L’émulation est bien présente. Le départ sera un départ type 24 h. Nous n’aurons pas le temps de reconnaître le circuit mais le connaissons déjà dans l’ensemble en tant que locaux de l’étape. Nous serons galants et laisserons Séverine prendre courageusement le départ ! De par notre numéro de plaque, elle sera en plus positionnée dans les toutes premières places, seconde exactement, ce qui rajoute une pression supplémentaire. Car ces départs sont souvent très mouvementés et impressionnants. Il va falloir assurer car la horde d’une cinquantaine de partants trépigne déjà d’impatience.
3,2,1 Go ! Chacune et chacun court vers son vélo, l’enfourche et c’est parti pour un demi-tour d’horloge. Le bout de ligne droite de 30 m pour s’élancer est très court et survient de suite une chicane droite / gauche qui ralentit tout le monde. Pas de gros accrochage à déplorer. Séverine perd quelques places à cause d’un enclenchement de pédale récalcitrant.
Le premier tour va permettre à tout ce beau monde de s’étirer sur le circuit de 8 km environ. D’autant qu’il y a de larges pistes pour doubler sereinement sans prendre de risques. Le circuit étant assez roulant, les premiers arrivent environ 14 minutes après le départ.
Et c’est l’heure du premier relais. Séverine prend la voie des stands qui est habilement tracée pour ralentir les ardeurs. Bien vu pour éviter les accrochages ! Nous devons faire un tour très serré d’un arbre avant de passer le relais. Certains le font à pied, pensant gagner du temps.
Le passage de relais est matérialisé par l’échange d’un bouchon de valve de couleur, différente selon chaque catégorie. Il fait froid et pas facile de dévisser le bouchon puis le revisser sur l’autre vélo.
Cela nous jouera un tour un peu plus tard. Olivier, après une cascade mémorable et artistique dans le dernier virage sablonneux avant l’entrée dans les paddocks, cascade digne d’une séance de drift (non contrôlée mais bien rattrapée) sur le circuit automobile attenant, dévisse le bouchon et… c’est le drame. Il lui file entre les doigts et disparaît dans le sable. S’en suivent quelques minutes de recherche effrénée et… oh miracle, le bouchon réapparaît ! Fou rire collectif, revissage de la valve et gaz pour mon premier tour qui en fait sera double car nous décidons alors de doubler les tours de chacun pour laisser plus de temps de récupération entre chaque relais soit environ 1h45 au lieu de 50 minutes environ.
Le circuit
Il était, comme annoncé, roulant et composé à 95% de chemins tantôt de graviers, tantôt de sable, avec quelques faux plats bien usants.
Des virages à 90° venaient couper régulièrement la vitesse et imposaient de solides relances. Ceux-ci portent un nom en rapport avec ceux du mythique circuit attenant.
Nous passons le long du célèbre virage d’Indianapolis.
Une belle zone plus technique a permis à chacun de s’amuser et de couper la vitesse dans des tournants virevoltants. Pour varier, quelques singles parsemés de belles racines entrecoupaient les larges chemins.
Le retour sur la base vie était attendu car le circuit passait à l’intérieur des paddocks ce qui permettait de voir et d’encourager tous les participants et de passer devant le car podium où les deux DJs de La Vilaine Band mettaient une belle ambiance musicale.
Au niveau restauration, saluons la buvette et ses bénévoles très sympathiques et efficaces qui ont œuvré toute la journée pour nous restaurer et étancher notre soif.
L’arrivée
L’arrivée est prévue à 21 h. Le soleil se couche tranquillement vers 20 h, les éclairages sont fixés et allumés par précaution à partir de 19h. La dernière heure se fera de nuit.
Les organismes commencent à être bien attaqués. Les premiers sont toujours au coude à coude même si les positions par catégorie commencent à se figer. Quelques crevaisons sont à déplorer. Dans ce cas, pas le choix, il faut finir le tour entamé… Autrement dit il vaut mieux ne pas crever dès le départ sous peine de perdre quelques minutes précieuses à réparer ou réaliser un tour au ralenti pour rentrer aux stands. Le record du tour est tombé dans l’après-midi avec un peu moins de 13 minutes pour les 7,5 km soit environ 32 km/h ! Le speaker commence à chauffer la salle avant l’arrivée ! Après 12 h de plaisir, les équipes gagnantes par catégorie passent la ligne d’arrivée à la lueur des phares et les autres concurrents finissent leur tour.
Dans la foulée, vient le temps des récompenses au car podium, de beaux trophées en bois réalisés localement par un menuisier.
Une ou deux bonnes bières pour fêter tout ça et tout le monde remballe.
Certains ont fait le déplacement de loin pour vivre cette première édition. C’est le cas de Yves, venu de Senlis dans l’Oise, qui nous donne ses impressions : “J’ai découvert le gravel assez récemment et j’étais curieux de voir ce que pouvait donner une épreuve gravel de 12 h. Je venais aussi dans le but d’échanger avec d’autres pratiquants puisque la discipline reste encore assez nouvelle et confidentielle. Je me suis donc inscrit sans coéquipier. Par l’entremise des réseaux sociaux et des organisateurs je me suis retrouvé dans une équipe de 3 avec des possesseurs d’Origine Cycles comme moi. L’ambiance était très bonne et les échanges passionnants et intéressants avec des pratiquants de tous niveaux et de tous âges. L’organisation était carrée et le fait de mettre à disposition des paddocks et de faire passer le circuit à travers était une excellente idée. J’ai été surpris de voir que l’organisme pouvait être mis à rude épreuve sur un parcours pratiquement sans dénivelé. Les virages, les relances et le terrain sablonneux font que j’étais tout le temps en prise. L’envie d’en découdre et de pousser la machine était tout le temps présente. Mention spéciale au passage ludique orienté VTT. Le dernier tour de nuit a été fabuleux et j’aurais bien re signé pour quelques kilomètres de plus à la lampe malgré la fatigue. Au final, 4h30 de roulage, 500 g de cacahuètes et 6 litres d’eau pour une très belle journée. Je reviendrais certainement l’an prochain pour vivre une nouvelle expérience sur 24 h cette fois-ci”. Merci à Yves pour son témoignage.
Une belle vidéo retrace cette édition 2022
Rendez-vous aux 24 h en 2023
Nous remercions les organisateurs et sommes heureux d’avoir passé une excellente journée de vélo.
Car oui, pour répondre aux questions soulevées en introduction, c’est avant tout une journée de vélo, de partage et de bonne humeur que chacun a vécu. Antoine et Jeffrey ont su trouver les bons ingrédients pour que tout le monde y trouve son compte. Le gravel était parfaitement adapté au circuit et inversement. C’est donc à mes yeux une première édition très réussie grâce aussi, ne les oublions pas, aux bénévoles et au club de Saint Michel de Chavaignes, déjà rompu à l’organisation de courses cyclistes, mais aussi grâce aux différents partenaires. Et pour finir, grâce aux participants qui venaient de tous horizons et étaient présents avant tout pour passer un bon moment. Merci également à Isa Photos qui, comme à son habitude, a réalisé les superbes clichés qui parsèment cet article. Il reste évidemment, et heureusement, des pistes d’amélioration à explorer pour l’an prochain, c’était l’objectif aussi pour ce galop d’essai. Rendez-vous donc en 2023, année du centenaire de la course automobile mais aussi et surtout année de l’édition 1 des 24 heures du Mans Gravel. Un beau clin d’œil.
Toutes les infos sur le site 24h gravel.
Bravo Hugo, un bel article sur cette première édition des 24H Gravel