Crankbrothers est une marque américaine bien connue pour ses pédales. Après s’être rendue célèbre auprès des cyclistes du monde entier grâce à ses cultissimes pédales Eggbeater, et après m’avoir conquis, au point que j’ai équipé tous mes vélos de route endurance et gravel avec les polyvalentes Candy, voilà que Crankbrothers sort un nouveau modèle, les Mallet Trail…
Prévues pour un usage mixte tout-terrain/gravel/voyage, elles m’ont semblé tout à fait convenir à mes pérégrinations au guidon de ma Salamandre… Voici donc mon retour sur ces toutes nouvelles Mallet Trail !
Au début étaient les Eggbeater et les Candy
Jusqu’alors, j’avais utilisé deux modèles de chez Crankbrothers :
Les Eggbeater, qui ont été conçues à l’origine pour le cyclocross, et qui sont des pédales aux nombreuses qualités : elles ne retiennent pas la boue, sont hyper facile à clipser et déclipser, et en plus, leur design est absolument délicieux.
Le problème, c’est qu’en absence totale de plateforme, elles sont peu adaptées aux très longues distances. À force d’appuyer on peut avoir mal sous les pieds, et elles ne permettent pas le meilleur transfert de puissance, surtout avec des chaussures de gravel, a priori adaptées à la marche, donc équipées de semelles semi-rigides.
L’autre modèle que j’utilise beaucoup sont les Candy. Elles ont l’avantage d’être légères, faciles à clipser et leur plateforme me convient tout à fait pour l’endurance sur route et en gravel. Je les ai par exemple utilisées lors de la première édition de la Desertus Bikus en 2022. Elles équipent deux de mes pignons fixes, mon Chiru Kunlun et mes vélos de gravel et de cyclocross.
Mais lorsque j’ai eu vent de la sortie des Mallet Trail, j’ai tout de suite pensé en équiper ma “Bombera” Salamandre, qui est mon “Monster Gravel”, avec des pneus XXL, un vélo adapté aux pistes caillouteuses de montagne et aux parcours longue distance.
La Mallet E, la pédale Enduro de chez Crankbrothers
Je dois avouer que j’avais déjà pensé tester la Mallet E (E = Enduro) sur ma Salamandre, mais après réflexion, j’avais trouvé sa plateforme et sa longueur d’axe (57 mm contre 52 mm pour la Eggbeater ou la Candy) un peu trop surdimensionnées pour un usage gravel/montagne. Mais j’aimais l’idée de rouler avec des pédales à “grande” plateforme, quitte à tester les pédales et les chaussures plates, particulièrement lors des sessions de “vacances de gravier” que je m’accorde aux beaux jours, des voyages gravel de plusieurs centaines de kilomètres, sur les Causses, autour de l’Aigoual… Dans ce contexte, l’objectif est la détente, pas la performance.
Il se trouve que je n’aime pas démonter et remonter des pédales trop souvent, ce qui risque de fatiguer à terme le pas de vis des manivelles. Et lorsque la Salamandre me sert pour un événement plus intense, j’avoue que j’aurais du mal à me passer de pédales auto quand il s’agit d’envoyer.
Voilà pourquoi j’ai vu arriver les Mallet Trail comme une magnifique opportunité, une sorte de mix entre pédales plates et auto. Les Mallet Trail pèsent 344 grammes la paire. même si elles sont un peu plus lourdes que les Eggbeater (285 gr la paire), elles sont moins lourdes que les Mallet E (419 g) et même que les Candy 2 (355 g).
La Mallet Trail, entre trail et gravel
Il faut comprendre le mot anglais “trail” (que ce soit à moto, à pied ou à vélo) comme une pratique longue distance sur terrains accidentés. Ces Mallet Trail seront donc adaptées au gravel longue distance et/ou sur terrain accidenté et au voyage à vélo. Esthétiquement, on notera la référence aux codes “cool” des pédales plates, avec les picots amovibles sur l’avant de la plateforme et une gamme de couleurs bien 90’s (même s’il existe aussi une version grise, plus passe-partout).
Pour ce qui est du système auto, on retrouve comme sur toutes les pédales Crankbrothers le ressort autour de l’axe de la pédale et les quatre possibilités d’enclenchement ; la Mallet Trail sera donc compatible avec tous les modèles de cales Crankbrothers.
Il faut préciser aux habitués des Shimano SPD que sur les Crankbrothers, il n’y a pas de réglage de tension du ressort. Ce sont les différents modèles de cales qui déterminent la liberté angulaire et la tension de relâchement.
Les Mallet Trail sont livrées avec des cales “Standard Release” dorées (15° pour le relâchement, 6° de liberté angulaire), mais on pourra utiliser aussi des “Standard Release” 15°/0° (couleur argent) ou des “Easy Release” 10°/6° (roses) ou 10°/0° (bronze). Personnellement, ma préférence va aux “Standard” argent 15/0°, que je monte avec des sous-cales en inox, les “Shoe Shields“, vendues en option. Cela évite d’abîmer les semelles suite aux enclenchements répétés et donne plus de précision pour le clipsage/déclipsage.
Des maillets sur le terrain
Une fois les Mallet en place (ne pas oublier la noisette de graisse sur les filets lors du montage), il s’agit de vérifier si le transfert de puissance est au rendez-vous (“mallet” veut dire maillet en anglais). Me voici donc parti dans les Alpilles tester les pédales sur des pistes DFCI caillouteuses et des monotraces bien pentus.
Je dois dire que sur les premiers kilomètres, je n’ai pas constaté de différence saisissante avec les Candy, sauf peut être un peu plus de difficulté à clipser mes chaussures qui ont une semelle assez crantée. C’est normal avec des pédales neuves et qu’on ne connait pas bien ; c’est normal aussi lorsque la plateforme est plus grande (avec les Eggbeater par exemple, comme il n’y a aucune plateforme ça clipse tout seul).
Mais c’est après l’enchaînement de plusieurs passages techniques et deux heures de vélo que j’ai mieux ressenti l’intérêt des grandres plateformes, qui répartissent mieux les chocs répétés sous la semelle et donnent une impression de meilleur contrôle dans les descentes un peu trop rapides à mon goût. Pour ce qui est du transfert de puissance, il me paraît excellent, mais je n’ai pas d’appareil de mesure et je manque de données objectives pour déterminer s’il est vraiment meilleur que celui des Candy.
La vie en mauve
Il faudra sans doute que j’enchaîne plusieurs journées de vélo sur des distances importantes pour profiter pleinement des avantages des plateformes des Mallet E, ce qui ne tardera pas d’arriver, au printemps, lorsque des journées plus longues et des températures plus clémentes me pousseront sur les chemins de France et de Navarre (ou, tout du moins, de Catalogne !) pour des aventures au long cours…
En attendant, j’apprécie déjà les Mallet Trail, pour la qualité de leur fabrication et leur efficacité indiscutable, leur look décontracté et fun, qui se marie à merveille avec ma Salamandre.
Avec les Mallet Trail, Crankbrother signe un coup de maître et rajoute à sa gamme culte une pédale qui devrait rapidement trouver son public auprès des adeptes de l’aventure tout-terrain, du bikepacking et des courses longue distance.