Faudra-t-il rebaptiser le BikingMan Origine, lorsque Laurianne Plaçais s’alignera au départ d’une des épreuves ? C’est une suggestion que j’adresse à Axel Carion, car en effet on pourrait l’appeler exceptionnellement BikingWoman, tant cette cycliste particulièrement douée a dominé le 3ème épisode de la saison 2023. En 2022, Laurianne Placais avait remporté largement le BikingMan X et terminé à 2 minutes derrière Clément Clisson sur l’Euskadi. Elle confirme cette année son titre de Biking Super Woman sur cette épreuve France.
Avec Matthieu, nous sommes allés à la rencontre de la championne sur le parcours qui passait chez nous à Aix-en-Provence. Nous l’avons attendue au bord de la route après le Tholonet, en surveillant sa progression sur le live tracking. Nous avons eu à peine le temps de sauter sur nos vélos pour suivre Laurianne, lancée à toute allure vers le centre d’Aix. Sur le compteur, nous étions à 32 km/h et elle était concentrée, bien posée sur ses prolongateurs. Son allure ne laissait pas paraître l’impact des 340 km déjà effectués sous la chaleur. Le trou était déjà fait avec ses 2 poursuivants que nous avons attendus et qui semblaient déjà bien plus fatigués que Laurianne.
Bikingman France
Le BikingMan France est la 3ème épreuve du championnat 2023 : 1000 km et 20 000 m de D+. Il comporte 7 étapes avec l’ouverture de saison sous la chaleur printanière du Portugal, suivie de l’exploration des régions les plus épiques de France et un final au Brésil au cœur de la redoutable forêt amazonienne.
La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur est célèbre pour la beauté de ses paysages, sa douceur de vivre et sa culture authentique. Bordée par la Méditerranée, elle dispose de 8 parcs naturels et d’une géologie très variée (clues, gorges, lacs…). Au départ de la légendaire Côte d’Azur, les participants ont découvert le parc des Préalpes d’Azur, les gorges du Verdon et grimpé le Mont Ventoux (1 909m). Après cette ascension mythique, ils ont traversé le parc national des Écrins pour rejoindre la route la plus haute d’Europe et le col de la Bonette (2 802m). Pour rejoindre la Méditerranée, ils sont passés par les gorges de Daluis, taillées dans le schiste rouge.
La région Sud et ses 6 départements est un paradis des grimpeurs avec les cols les plus hauts de France. Ses nombreux villages pittoresques ont un charme unique qui caractérise le Sud de la France. Les nombreuses boulangeries, fontaines et les commerces accessibles tout au long de la route, font partie du mode de vie à la française replongeant les participants dans les valeurs des premiers forçats de la route qui ont pédalé dans ces lieux.
Laurianne raconte sa course
Malgré une fin de course difficile, causée par une douleur à l’entre-jambes, Laurianne a survolé ce BikingMan France. “Je n’avais plus mes appuis habituels. Sur la selle, je suis au millimètre près sur mes vélos. Pour les 150 derniers kilomètres, j’ai serré les dents“, me dit Laurianne. Elle a utilisé pour l’épreuve un Fraxion d’Origine Cycles, qu’elle avait déjà utilisé sur le BikingMan Portugal. “Je n’avais pas le choix, mais je savais que ce vélo aéro grimpait bien. Je l’avais testé en montagne et je trouve qu’il grimpe assez bien. Je n’ai pas regretté ce choix, car la première partie du parcours d’environ 400 km, jusqu’au Ventoux, est assez roulante. J’ai passé pas mal de temps sur les prolongateurs“. Je laisse ce qualificatif de “roulante” à l’appréciation de ceux qui connaissent la région 😉 Je la questionne sur son cuissard cargo, dont les poches étaient bien remplies “C’était des yaourts…“, me dit-elle. En fait, au bout d’un moment elle a du mal avec la nourriture solide et elle se rabat sur des laitages et des comportes. Pour l’hydratation, son truc c’est la Saint-Yorre. Pas seulement pour le slogan de la marque “Ça va fort !“, même si dans son cas, la promesse publicitaire se vérifie. Pour le sommeil, Laurianne joue la prudence avec 2 arrêts de 30 minutes aux CP avec des micros siestes. “Je n’ai pas eu d’hallucination ou de somnolence, si c’est le cas, je m’arrête. Je ne suis pas partisane de ne pas dormir“.
Laurianne a utilisé un ratio de 1 au niveau de la transmission avec un 34 x 34. Elle avoue qu’un pignon de 36 dents derrière aurait été une sécurité en plus, avec le vélo chargé qui faisait quand même 14 kg, malgré un bikepacking minimal. L’autre particularité de son équipement, fourni par son partenaire Velosophe, était ce maillot blanc à manches longues et le casque Lazer au serrage efficace et confortable sur la durée. “Pour le maillot, j’ai pris exemple sur d’autres coureurs qui avaient déjà expérimenté la chose. On se mouille les avant-bras pour conserver de la fraîcheur grâce au textile mouillé. Après, les manches nous protègent aussi des coups de soleil. Le choix du blanc est également intéressant pour renvoyer les rayons solaires“.
Laurianne refuse de se tenir informée de sa position en consultant le live donnant la position des trackers. C’est pour cela que, malgré cette avance incroyable, 100 km sur le second à l’arrivée, elle n’a pas ralenti. “À cause de la douleur de selle que je ressentais, j’étais pressée d’arriver“.
Laurianne admet que sur une épreuve comme le BikingMan, les bénévoles ont plus de mérite que les cyclistes. Peut-être à cause du témoignage de son marin François-Xavier qui était sur le CP1 au Ventoux pour accueillir les participants. “Depuis le premier BikingMan que j’ai fait, je mesure le progrès et l’importance de ce soutien fourni par l’organisation. Les gens reviennent sur cette épreuve pour cette générosité et ce partage, il y a une expérience humaine réellement importante.” Pour la sécurité sur l’épreuve, Axel Carion a mis en place des moyens importants pour la préparation des parcours et pour les interventions éventuelles pendant l’épreuve. Laurianne souligne ce point vraiment important sur une épreuve d’ultra, sur laquelle les cyclistes font preuve d’un engagement total.
Le podcast : Laurianne raconte sa course
Un beau podium…
Classement Bikingman France 2023
Les équipements de Laurianne
Laurianne Plaçais fait partie du Team Origine Cycles et bien sûr elle roule sur les vélos de la marque nordiste. Elle disposait du modèle aéro Fraxion qu’elle avait déjà utilisé sur le Portugal. Il était équipé de roues Prymahl avec une roue avant dynamo disposant d’un moyeu Son.
Elle a choisi Shimano pour le groupe de son Fraxion, mais également pour ses chaussures et son casque Lazer.
Ses petits trucs en plus : ce maillot blanc de la marque suisse Deeps, manches longues (fourni par son partenaire Velosophe), pour lutter contre la chaleur et un cuissard cargo Faster avec des poches latérales (pour ses yaourts et ses compotes). Sacoche de selle petit format de Apidura.
Pour en savoir plus sur le vélo de Laurianne, nous vous conseillons la lecture de l’article de Guillaume sur Matos Vélo.