Raoul Dufy, qui a peint une fresque intitulée “La fée électricité” en 1937, pourrait aujourd’hui s’inspirer de notre monde cycliste actuel pour donner une suite à son oeuvre. Nos vélos sont aussi touchés par la baguette magique de cette fée, attention quand même qu’ils ne se transforment pas en crapauds. Dans les activités sportives, où l’on parle souvent de watts mécaniques produits par nos muscles, le watt électrique est venu apporter son supplément de puissance. Les critères pénalisants d’autonomie, de poids et de décibels disparaissent progressivement grâce aux progrès technologiques. Les cyclistes, “dopés” à l’énergie électrique, sont désormais tolérés et la mixité des énergies est admise dans les groupes de cyclistes. llustration d’ouverture générée par Leonardo.
La sociologie du watt
Le temps où les cyclistes, qui avaient recours à l’assistance électrique, étaient systématiquement appelés “tricheurs” est révolu. Il est majoritairement acquis, dans le monde du vélo, que cette assistance est utile pour certains dans certaines circonstances. Si cela semblait relativement facile à comprendre dans le monde urbain, il a été plus difficile à admettre dans le domaine du vélo sportif.
Les mentalités ont évolué : le client/cycliste a dû décoder les arguments marketing de ce nouvel outil pour se l’approprier en faisant un choix judicieux. Paradoxalement, la profession a eu plus de mal à positionner son offre : marques, distributeurs, détaillants ont mis du temps à définir des produits, prévoir les volumes et mettre en place un réseau apportant un conseil avisé auprès de leur clientèle.
La commercialisation du watt
Nous allons atteindre en 2024 l’âge de raison du VAE en matière de commercialisation. Une offre VTT se détache clairement auprès des VTTistes, même chevronnés. Les chiffres des ventes du marché sont éloquents, voir notre sujet sur le marché du cycle en 2023. Pour le reste, c’était assez flou au niveau des “cibles” route et gravel. En effet, le gros problème de ce marché, dans les domaines sportifs et loisirs, a été de mettre trop souvent en avant le VTT électrique comme vélo à tout faire. Poids important, gros pneus crantés, gros moteurs pêchus… ces machines qui dépassent largement les 20 kilos n’étaient pas ce qu’attendait la majorité des cyclistes pour les sorties du dimanche en mode all-road. Le VAE “loisir” a été immédiatement victime des techniques de segmentation chères au marketing.
Il fallait écouler les stocks de VTT électriques et c’est ainsi que des candidats au VAE de loisir se sont fait refiler des “enclumes” motorisées pour rouler sur les petites routes ou les sentiers. D’autres se sont retrouvés au guidon de vélos urbains tout aussi atypiques dans un environnement nature. La commercialisation du watt s’est faite sans comprendre que le phénomène gravel et all-road avait parallèlement bouleversé un monde du vélo, tranquillement endormi sur 3 marchés bien segmentés : la route, le VTT et l’urbain.
E-Gravel ou E-All-road sont en route vers le watt ultime
Admettre qu’on peut, avec un seul et même vélo, couvrir la presque totalité des besoins d’un cycliste serait, remettre en cause le monde clivant du vélo. Comme dans ses versions sans moteur, le E-Gravel ainsi que son frère jumeau le E-All-Road, équipé d’un moteur léger et silencieux, chaussé de pneus tubeless aux dimensions raisonnables, équipé d’un guidon “tordu” ou plat… sera la machine la plus élégante et efficace pour accomplir des missions multiples. Ce E-All-road sera routier si vous l’avez décidé, avec des pneus de 32 ou 35 mm. En effet, comme nous vous l’avions expliqué dans notre sujet sur l’explosion de l’offre de vélos All-Road, la différence aujourd’hui entre un vélo de route endurance et un gravel est minime.
Récemment Matthieu, notre rédac chef, a testé dans les Alpilles les nouveaux Moustache “Dimanche” (route et gravel) équipés du moteur Bosch Performance Line SX. Ces vélos, qui ne sont pas uniquement fait pour rouler le dimanche ;-), correspondent parfaitement à ce besoin.
Moustache dévoile le Dimanche 28 Road et Dimanche 29 Gravel pour profiter davantage de la route et du gravel
La vision de Mondraker est tout aussi intéressante avec la déclinaison de son Dusty (testé ici sur Bike Café) en version “vélo universel” : parfait en milieu urbain, pour les trajets quotidiens ainsi que pour les longues balades du week-end. Avec ses 14 kg, ce vélo issu du e-gravel sera particulièrement agréable à rouler dans toutes les circonstances. Le nouveau Mondraker Dusty X est à découvrir ici.
Pour ma part, et pour me convaincre totalement que le E-Gravel est le VAE ultime pour la plupart des cyclistes, j’ai essayé le Help d’Origine ; un vélo de 13 kg qui m’a bluffé par sa polyvalence sur les pistes DFCI pas toujours faciles de ma région et sur la route.
Les marques s’acharnent pourtant à définir des versions “route” pour récupérer la large clientèle de ce segment, qui pourrait être tentée par l’électrique. C’est une stratégie commerciale d’une autre époque qui me semble aujourd’hui hors contexte. Si l’on observe l’orientation actuelle de la demande vers ces vélos polyvalents dans le monde non motorisé, je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même dans le domaine du VAE.
Très belle analyse Patrick. Je rentre juste d’un séjour gravel (GravelUp) où deux participants avaient loué le e-gravel Help d’Origine, et ils ont littéralement été conquis par ce all-road. Péchu, léger, confortable, avec une batterie “inépuisable” sur une journée bien vallonnée de 40-50 km. Voilà deux nouveaux convertis au e-gravel et sans aucun état d’âme. Le reste du groupe a en fait beaucoup apprécié de pouvoir rouler tous ensemble malgré les différences de conditions sportives.
E-gravel ou “muscu-gravel”, peut importe pourvu qu’on ait l’ivresse !
Merci Jean-Yves justement je suis ce soir à Sault en reportage nous sommes 3 : 2 Graxx muscu et un Help et tout va bien … article à paraître prochainement