Avec une météo des plus clémentes, le Raid des Alpilles a une nouvelle fois battu son record de participations avec pas moins de 1111 inscrits sur les différents parcours, répartis entre le samedi 19 octobre et le dimanche 20 octobre. Une belle réussite pour l’organisation (LVO) et la commune de Maussane-les-Alpilles. Ce village provençal jouit d’une situation idéale, niché au cœur de la Vallée des Baux, à quelques kilomètres des Baux-de-Provence. Bike Café a fait le déplacement le samedi, journée consacrée au gravel, avec Jean-Louis inscrit sur la randonnée de 68 km, et Laurent sur le même parcours en mode chrono. Photo de couverture Philippe DUROC.
Deux parcours gravel : en rando ou en chrono
Le Raid des Alpilles, bien connu des amateurs de cyclosportives, propose des épreuves gravel depuis 2022. Cette année, en plus de la course, l’organisation a décidé d’ouvrir aussi cet évènement aux randonneurs. Un petit succès, puisque ce sont 103 participants “randonneurs” qui ont répondu présents, aux côtés des 135 compétiteurs. Les deux parcours proposés étaient une boucle de 68 km avec environ 1000 m de dénivelé positif, et un autre de 34 km avec environ 500 m de dénivelé positif. Si le plus grand parcours était identique pour la randonnée et pour “le chrono” (appellation de l’organisation pour cette course), le petit parcours de 34 km était lui réservé aux randonneurs.
Le Raid des Alpilles en mode rando
Une balade de Jean-Louis
La météo était maussade les jours précédents et ce samedi, l’embellie est bien réelle : ciel bleu, belle lumière, température clémente, mais trop chaude, et absence de mistral, qui sait se montrer violent dans ces contrées ; au point de vous gâcher une journée en plein air.
Bref, ça s’annonce bien. Arrivé 30 min avant le départ de la course, l’animation est bien présente autour du point de départ, avec les familles et autres accompagnateurs qui déambulent, les compétiteurs qui continuent leur échauffement et quelques enfants agités sur leur draisienne, une joyeuse ambiance de kermesse.
On se prépare tranquillement en se plaçant dans le sas de départ derrière les participants au chrono. Je retrouve des têtes connues, et d’autres perdues de vue – pourtant issues de mon village – ainsi que « des amis Strava » que je rencontre en vrai pour la première fois. Clairement, cet événement gravel attire du monde.
Après un léger engorgement au départ, la suite se déroule majoritairement sur des pistes DFCI (larges, donc) ; avec quelques portions de single tracks bien agréables. Une trace qui procure de nombreux panoramas, notamment vers le Ventoux, ou la Camargue, superbe avec le déclin du soleil en fin de journée. Pas sûr que tous les compétiteurs aient eu le temps d’apprécier ces points de vue, mais personnellement, je marque de nombreux stops-photo. Obligatoire.
Cette rando s’effectue sans balisage, simplement par suivi de trace GPX. On rencontre néanmoins des bénévoles lors des traversées de route, sécurisées par l’interruption de la circulation, très appréciable ! De sympathiques membres de l’organisation qui sont aussi présents sur les ravitaillements : je note l’absence de gobelets sur les tables, ce qui est une très bonne idée au vu de la durée de vie de cet objet, sitôt utilisé, sitôt jeté. On a tous des bidons, que l’on remplit à cette occasion ou qu’on peut utiliser comme verre sur place.
Certains participants semblent peu habitués à l’exercice du guidage GPS et on peut en croiser quelques-uns en sens inverse ou débouchant d’un chemin de traverse. Mais l’entraide est clairement au programme ce samedi sur le terrain et il y a toujours une bonne âme pour les remettre sur le (presque) droit chemin. C’est d’ailleurs l’occasion d’échanger quelques mots. Ainsi, des cyclistes de la Savoie ou de Grenoble me permettent de discuter gravel, notamment sur la nature du terrain parcouru : « c’est gravel ou c’est pas gravel ? » Si certains des montagnards précités trouvent le terrain « plat » – soyons clairs, tout est relatif – ils subissent néanmoins la caillasse sudiste des Alpilles, qui, sur la durée, fatigue les organismes, notamment bras et poignets.
En effet, si les chemins sont en majorité bien roulants et permettent de belles moyennes, certains passages se révèlent cahoteux et recouverts de pierres saillantes, notamment en descente. Les dégâts sont clairement visibles, avec nombre de bidons jonchant le sol et des cyclistes occupés à réparer les crevaisons en bas de chaque descente.
Pas d’incident mécanique à signaler pour notre petit groupe qui s’est formé au fil des kilomètres. On a ainsi parcouru le massif des Alpilles pour en faire le tour complet. Avec des paysages de vignes et d’oliveraies, et la roche, omniprésente, bien sûr. On a traversé ou effleuré les villages de Fontvieille, des Baux de Provence, Saint Rémy, Eygalières, Aureille, Mouriès et retour à notre point de départ à Maussane-les-Alpilles.
Le Raid des Alpilles en mode chrono
Une course de Laurent
Arrivé autour de midi avec des amis du Var, Fabrice et Phillipe, nous allons retirer nos dossards, ou plutôt nos plaques de cadre. Pas de dossard à épingler sur le maillot, c’est déjà une bonne nouvelle. L’accueil de l’organisation est chaleureuse, tout comme les exposants locaux alignés dans l’espace Agora Alpilles. Plaque de cadre en mains, elle nous permet de retirer un pot de miel de l’apiculteur local Rémi Brun. Voilà une bonne idée que l’on aimerait rencontrer plus souvent sur les événements !
De retour à notre véhicule, il est de temps de s’équiper, de grignoter et de s’échauffer. À l’approche de l’heure du départ, je viens me placer dans la zone dédiée, derrière le sas “Elite”. Là-dessus, je vérifie ma trace GPS car cela sera mon seul guidage durant cette course. Aucun balisage n’est en place. Aussi bien pour la randonnée, que pour la course.
C’est un départ fictif, le véritable départ sera environ 800 m après, dans une zone finalement pas beaucoup plus large. L’ambiance est plutôt bonne dans les dernières minutes, la tension n’est pas vraiment présente, en tout cas bien moins de ce que j’ai pu connaitre sur d’autres épreuves chronométrées.
Cette fois, c’est parti pour de bon et une fois la route quittée, nous commençons par un enchainement de pistes au relief valloné, qui fait bien chauffer les guiboles.
Il faut dire que le rythme est soutenu et les relances, nombreuses. Mon ami Fabrice est également dans le coup, à quelques mètres devant moi. Son BMC URS 01 LT Two semble voler dans les descentes grâce à son cadre “suspendu”. En ce début de course, Fabrice est généreux dans son effort, un peu trop même. Il le paye quelques kilomètres plus tard, à l’entrée des premières côtes sérieuses. Le sol est parfois cassant, jonché de pierres inhospitalières pour nos pneus, si tubeless soient ils. D’ailleurs, il y a déjà des crevaisons. Victime moi aussi de deux crevaisons une semaine avant sur la course gravel du Roc d’Azur, je soigne d’autant plus mes trajectoires. Ce sol rocailleux me conforte dans mon choix de pneus en 700×45 mm.
Pour autant, au kilomètre 24, c’est mon tour de taper trop fort sur ces pierres. La sentence est sévère et immédiate : une ouverture d’environ 6 mm, sur le flanc, juste au dessus de la jante. Probablement par pincement. Une fois de plus, je ne pourrai donc pas jouer le classement de cette course. Le vélo reste un sport mécanique, où les facteurs externes à notre performance physique et technique sont nombreux. C’est ainsi, il faut l’accepter, même si mon moral en prend un sérieux coup. J’introduis à la hâte une bombe BAM de Muc-Off, dont je vous parlais dans une sélection Gravel Race. Je regagne de la pression et repart aussitôt, non sans avoir laissé passer une quinzaine de concurrents durant ces précieuses minutes. Malheureusement, l’espoir est de courte durée, je dois m’arrêter à nouveau. J’envisage un méchage, mais le positionnement de la déchirure est défavorable à une telle réparation. Mon ami Fabrice, me voyant en perdition sur le bord de la route, s’arrête à son tour. On évoque de mettre une chambre à air, mais il me propose sa propre bombe, du même modèle. J’accepte volontiers et tente cette deuxième “perfusion”. Cela semble plus concluant. Mais dans ce dépannage généreux, Fabrice a perdu son groupe qu’il suivait fidèlement car son compteur GPS est victime d’un bug. Bien qu’il insiste pour que je reprenne mon rythme initial, je lui propose de rouler ensemble, afin que je puisse le guider. De toute façon, j’avais perdu bien trop de temps pour espérer quoi que ce soit au classement général. Alors, autant rouler entres potes, non ?
Il m’a dépanné, je l’ai guidé
Au fil des kilomètres, le parcours prend de la hauteur, et la vue avec. C’est tout simplement magnifique. Les pistes en balcons offrent un panorama exceptionnel, que la météo du jour ne fait qu’accentuer.
Les deux principales ascensions étant derrière nous, nous entamons une descente rapide vers notre commune de départ, mêlant route, piste et single track.
La réparation tient bon, je propose à Fabrice de prendre ma roue afin de tenter de s’extraire d’un groupe pas très collaboratif, ni très intéressant. Un baroud d’honneur qui nous permet de rejoindre Maussane-les-Alpilles et de franchir la ligne d’arrivée ensemble.
Bien avant nous, et après 2h19 de course, ce sont Romain ARCANGELI et Alexandre DELETTRE qui ont franchi la ligne d’arrivée en premiers, main dans la main, après une belle bataille avec Emeric TURCAT, vainqueur de l’édition précédente. Chez les femmes, c’est Lucile BONNET-GONNET qui a remporté la victoire avec un temps de 3h01, soit 10 minutes d’avance sur sa concurrente Juliette CESSART.
Le Raid des Alpilles, finale du GRAVEL’TOUR CANNONDALE
Après sept manches réparties sur le territoire, l’épreuve Gravel du Raid des Alpilles était le support de la manche finale du Gravel’Tour Cannondale. Pour clôturer cette saison, ce sont donc Lionel GENTHON (5ème sur le Raid des Alpilles) et Camille GIRAUD qui s’imposent à la tête de ce challenge. Pour notre part, et hors considération de chrono, nous avons passé une excellente journée de gravel.
Certes, la déception de ne pas avoir pu s’exprimer pleinement à cause d’ennuis mécaniques est réelle, mais elle a été compensée par l’entraide, la camaraderie, mais aussi, après l’épreuve, par les excellents brasseurs locaux savamment placés autour de l’espace Agora Alpilles. L’occasion d’y revoir des amis locaux, ainsi que des Vauclusiens. Finalement, nous avons repris la route comblés par cette journée. D’ailleurs, nous reviendrons sûrement. L’organisation de l’évènement nous a globalement séduit, à la fois chaleureuse tout en étant professionnelle, le tout sur un tracé très agréable faisant la part belle aux chemins.
Informations et résultats disponibles sur raiddesalpilles.
Très beau reportage.
Merci à tous.
Merci de nous lire Christian !
Bonjour Christian,
C’était sympa de retrouver les VTTistes d’il y a… quelques années et désormais convertis au gravel.