AccueilDécouvertesGRAAALPS, une épopée en ultra distance à travers les Alpes

GRAAALPS, une épopée en ultra distance à travers les Alpes

Si vous vous intéressez un peu à l’ultra endurance, vous avez déjà entendu parler des “Race Across Series” orientées ultra distance sur route. Les mêmes organisateurs inaugurent en 2024 une nouvelle épreuve, cette fois ci typée gravel, la GRAAALPS. “Gravel Across the Alps” ou Traverser les Alpes en vélo de gravel pour les non anglophones, tout ça avec la connotation positive induite par le célèbre Triple A de Wall Street ! De bon augure vous me direz ! Photo de couverture Edouard Hanotte.

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Le concept

En substance, vous choisissez votre monture (gravel ou VTT) en duo ou en solo, et vous vous laissez guider en semi autonomie (nous y reviendrons plus loin) entre Crans-Montana (Suisse) et Mandelieu-la-Napoule (Alpes Maritimes), en passant par les deux camps de base à Cuneo et Turin (Italie).
À noter que le sens de la course change d’une année à l’autre.

photo site officiel GRAAALPS
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Les parcours, camps de base et logistique

Trois distances au choix :

  • 800 km : 17000 m de dénivelé positif en 5 jours avec deux bases de vie
  • 500 km : 9000 m de D+ en trois jours et une base de vie
  • 300 km : 6500 m de D+ en deux jours sans possibilité de “drop bag“.

Sur la GRAAALPS, la possibilité est offerte aux participants de déposer un sac de maximum 20 litres appelé “drop bag“, pour que ce dernier soit acheminé sur les différentes base de vie ou “base camp“.
Celles-ci, situées à Turin et Cuneo, sont dotées d’installations sanitaires, douches, repas et zones de repos.
Pour ceux qui viennent de loin, la housse ou boîte à vélo est transportée gratuitement jusqu’à la ligne d’arrivée. Pour ma part, j’ai choisi l’option ferroviaire depuis Cannes avec le vélo non démonté.

Les trois parcours – photo site officiel GRAAALPS

Je vous emmène sur la GRAAALPS 500

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Se lancer sur un ultra

Même si nous vivons une époque où les réseaux sociaux nous font croire que tout est faisable, se lancer sur un ultra n’est pas anodin.
Il appartient à chacun de comprendre ses motivations, qu’elles soient liées au dépassement de soi, au goût de l’aventure ou à la recherche d’un exploit sportif… Puis vient le temps de choisir une première épreuve pour se jeter à l’eau : commencer par des petites distances semble être la bonne idée, ce qui permettra de tester les différents paramètres avant le grand bain.

Préparer son vélo

  • Privilégier un montage fiable et éprouvé (surtout révisé !)
  • Se familiariser avec les pneus tubeless et les réparations idoines
  • Savoir se servir de son compteur gps pour suivre une trace
  • Se constituer une trousse à outils minimale et connaître quelques rudiments de réparation
  • Avoir testé ses sacoches et bien répartir leur poids sur le vélo.
Matériel obligatoire – photo Yann Brasseur

Entrainement progressif et spécifique

  • Augmenter petit à petit le volume des “heures de selle”
  • Réaliser quelques sorties longues
  • Se mettre en situation : rouler de nuit, sous la pluie…
  • Optimiser les phases de repos et de sommeil et apprendre à se connaître.
Bagagerie Restrap (3.5 L + 5 L) – photo Yann Brasseur

Alimentation et hydratation

  • De manière personnelle, s’entrainer à manger et boire sur le vélo
  • Alterner des boissons hypo/iso/hypertoniques selon les durées et les conditions météo des épreuves
  • Éviter les fringales en s’alimentant souvent.
pneumatiques adaptés : tubeless, renforcés et roulants – photo Yann Brasseur

Mon “set-up

Chaque épreuve étant différente, le maître mot est l’adaptation.
L’atout de la GRAAALPS est la possibilité de laisser un sac de 20 L (drop bag) à la base vie de Cuneo, soit au kilomètre 225. C’est dans ces termes que la course se définit comme se déroulant en “semi autonomie”.
Ainsi, pas de superflu et je me contente du matériel obligatoire, tout en prévoyant une tenue de rechange et de l’alimentation que je retrouverai à Cuneo.

Concernant la monture qui va m’accompagner sur les 500 km de l’épreuve, il s’agit du dernier Canyon Grail CFR RIFT. En test sur cette épreuve, un article dédié arrivera très prochainement.
Concernant le reste de l’équipement, j’ai l’habitude d’avoir ma boite à outils sous le cadre, une pompe avec manomètre en accès rapide, 2 bidons isothermes, un éclairage puissant et durable ainsi que mes sacoches Restrap.
Sous la selle, le nécessaire pour le froid et la nuit, tandis que la sacoche de cadre accueille l’alimentation, batterie, câbles et trousse de soin.

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Dossard et contrôle du matériel

  • 6h40 : départ de la gare de Cannes, je rallie le vélodrome de Turin à 14h10 après avoir emprunté 3 trains différents.
  • 15h : derniers préparatifs avant le contrôle du matériel.
    L’organisation sur place est bien rodée et distribue à chacun des participants une enveloppe avec notamment les autocollants de casque, indiquant le numéro de dossard, une plaque de cadre à fixer sur le vélo et le drop bag de 20 L qui nous suivra à Cuneo.
    Pour ceux qui viennent de plus loin, le sac à vélo ou tout autre boîte partira dans un autre camion, direction la ligne d’arrivée.
Pack remis au départ pour l’identification le long du parcours – photo Edouard Hanotte

Chaque vélo engagé passe par le contrôle matériel : on vous demande de sortir ou montrer 3 points aléatoires de la liste du matériel obligatoire. Pas de surprise et pas de stress pour autant car tout était indiqué dans le règlement de la course.

16h, Briefing d’avant course par Arnaud Manzanini – photo Yann Brasseur
18h le départ est donné en mode contre la montre, toutes les 30 secondes – photo Edouard Hanotte
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Antipasti : le Piémont italien

À peine sortis de Turin, la campagne italienne se dévoile. La température avoisine encore les 25 degrés, mais il est aisé de trouver de l’eau dans chaque village traversé.

POI “Point d’eau” clairement identifié sur Garmin – photo Yann Brasseur
Les fontaines sont nombreuses en Italie – Photo Jacques Millet

Peu à peu les côteaux de Barolo, proches d’Alba, offrent leurs plus beaux paysages et l’on en oublierait presque que nous sommes en course ! Si la topographie semble “plate” comparée à la fin du parcours, il ne faut pas sous-estimer cette région très vallonnée. Ce n’est pas pour rien que les Italiens la surnomment la Toscane du Nord !

La prestigieuse région viticole de Barolo au lever du jour – photo Yann Brasseur

Camp de base de Cuneo

Les 225 premiers kilomètres prennent fin au camp de base de Cuneo au terme de presque 18 heures de course (dont une heure de repos en bivy au bord d’un chemin). Sur place, l’organisation met à disposition de vrais repas, des douches, un dortoir et de quoi charger nos appareils électroniques. Nous récupérons notre drop bag avec de quoi faire une toilette, dormir deux heures et nous changer pour la suite de l’aventure.

Primo Piatto : col de la Lombarde

À la sortie de Cuneo, nous longeons le fleuve Stura di Demonte qui nous laisse deviner les paysages alpins. Ces chemins roulants et reposants nous amènent à Vinadio où nous décidons d’un apport calorique local indispensable.

20h30, nous nous lançons dans la plus grande ascension de l’épreuve, le mythique col de la Lombarde. Les chiffres donnent le tournis car il faut avaler les 25 épingles sur 20 km avec une pente moyenne à 7%. Qui va piano, va sano e va lontano, vous l’aurez compris, tout à gauche sur la transmission, le temps de digérer la pizza sur les 1440 m de dénivelés positifs !
Si l’ascension est moins grandiose de nuit, nous avons eu la chance de croiser une centaine de cyclistes italiens qui, partis à la tombée du jour, nous gratifiaient d’encouragements – bienvenus – lors de leur descente en trombe.

Les lueurs des cyclistes italiens croisés dans la Lombarde – photo Edouard Hanotte

Plat principal : col de la Couillole

La Lombarde derrière nous, il est temps de descendre au plus vite sur Isola village, pour bénéficier de températures plus douces. Les 30 heures de courses se font sentir et un repos de quatre heures s’organise, sur l’aire de jeu, à même le sol, sur ces surfaces moelleuses destinées aux enfants. Apprendre à dormir autrement sur un ultra est indispensable.

Au lever du jour, et après s’être ravitaillé au Proxy de Saint Sauveur sur Tinée nous entamons la deuxième difficulté du parcours : le col de la Couillole.

S’il est moins difficile que la Lombarde, il faut néanmoins avoir de l’énergie pour aborder les 16 km d’ascension pour 1165 m de dénivelés… surtout avec déjà plus de 300 km au compteur.

La gestion est de mise encore une fois et il faut s’employer à rester dans une zone d’endurance tout en maintenant une bonne cadence. Pour cela, je peux compter sur mon double plateau Shimano Di2 et son amplitude de développement.
L’ascension jusque Roubion est étroite et les quelques voitures croisées s’imaginent seules et en course ! Il faut donc raison garder et rester lucide. Les deux derniers kilomètres d’ascension se font par une piste gravel douce et rapide.

Les routes sont étroites dans l’ascension du col – photo YB
Sommet du col à 1678 m – photo YB

Des Préalpes à Gréolières

Presque 380 km dèjà avalés, et il nous faut trouver de l’eau car la dernière difficulté s’annonce ardue. La chaleur est de mise dans les Préalpes et je suis heureux de pouvoir compter sur mon gilet d’hydratation et ses 2 L de contenance que je n’hésite pas à remplir au maximum en complément des bidons. La traversée jusque Roquestéron est magnifique et nous offre des panoramas incroyables.

Préalpes à l’approche de Sigal – photo YB

L’arrivée à Gréolières est finalement la partie la plus difficile de ce parcours car les 1000 m à gravir sont constitués d’une alternance de gravel technique et de hike a bike.

“Hike a Bike” dans la dernière partie du CHEIRON – photo Jacques Millet

Massif du Tanneron et arrivée

La fin du parcours se veut moins radicale comparée aux péripéties précédentes. Saint-Vallier-de-Thiey permet un dernier ravitaillement avant la descente par les pistes vers le lac de Saint-Cassien. Nous passons furtivement dans le Var pour terminer cette aventure par le massif du Tanneron. Célèbre pour son mimosa en février, ses pistes sonnent comme un retour au calme avant la ligne d’arrivée toute proche.

Massif du Tanneron entre mimosas et eucalyptus – photo Robin Issartel

Clap de fin

Au terme de 57 heures d’efforts, le staff nous accueille sous l’arche d’arrivée, pour nous remettre la médaille de finisher et nous offrir un bon repas. Les sentiments se mélangent : soulagement, fierté, fatigue… place au repos bien mérité.

Arche d’arrivée – photo Edouard Hanotte

Bilan

À l’arrivée, les douleurs s’estompent, les kilomètres s’effacent. Il ne reste que l’essentiel, à savoir cette sensation d’avoir traversé quelque chose de plus grand que soi. La GRAAALPS est une épreuve autant qu’un voyage intérieur. Ceux qui l’ont vécue savent qu’on ne revient jamais tout à fait le même. Au sommet d’un col ou au cœur d’une vallée, quand le silence remplace le bruit du monde, on comprend pourquoi on pédale. La GRAAALPS nous rappelle que l’aventure est là, à portée de jambes. Il suffit d’oser.
Merci aux organisateurs et longue vie à la GRAAALPS !

Arnaud Manzanini et son staff – photo Robin Issartel

Site internet : GRAAALPS

Yann Brasseur
Yann Brasseur
Yann, véritable « ch'ti », a toujours ressenti le besoin de s’évader au guidon de son vélo. Catapulté en 2016 en région PACA, il découvre les épreuves d’endurance à vélo en 2022 avec l’achat d’un premier gravel. Depuis, il n’a de cesse de vouloir améliorer son set-up pour que celui-ci soit le plus léger, efficace et confortable possible. Peu à peu, il allonge les distances pour aborder sereinement des aventures bikepacking de 500km. Son « credo » : éviter l’asphalte ! Toujours à l’affût des nouveautés, il se passionne pour les pneumatiques, les sacoches, les tenues techniques, l’alimentation et sa trousse à outils. Adepte du vélotaf, ses 200 km par semaine entre Cannes et Monaco développent son endurance et permettent de peaufiner ses réglages.

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