AccueilDécouvertesParcoursThe Kaamos Road, une envie de vivre la nuit polaire à vélo

The Kaamos Road, une envie de vivre la nuit polaire à vélo

Joffrey Maluski nous avait livré le récit de sa traversée des Hautes Terres d’Islande à vélo durant l’hiver 2023. Son envie de retourner dans le Grand Nord l’a conduit cette fois à partir vivre la nuit polaire sur un parcours de 1400 km, traversant la Norvège, la Suède et la Finlande. Dans ces régions, les hivers sont longs et sombres, tandis qu’en Laponie le soleil ne se donne même pas la peine de se lever en décembre et janvier. Cette période pendant laquelle la lumière du jour s’éteint carrément s’appelle le « kaamos » en finnois. (photos Joffrey Maluski)

En introduction de son film Joffrey nous raconte : “Un an après ma traversée des Hautes Terres d’Islande, je me suis lancé dans la traversée à vélo des trois Laponies : norvégienne, finlandaise et suédoise, d’ouest en est, pendant la nuit polaire, lorsque le soleil ne passe jamais au-dessus de l’horizon. Durant 25 jours et 1 400 kilomètres, j’ai voyagé dans l’obscurité, guidé seulement par la lueur du crépuscule. Ce voyage a nécessité des mois de préparation : tracer l’itinéraire, tester le matériel face au grand froid et trouver les moyens de rester en sécurité et au chaud, malgré des températures descendant sous les -30 °C. Rouler seul à travers ces terres gelées, c’est plonger dans les longues nuits, le silence et la solitude de l’hiver arctique, mais aussi découvrir sa beauté rare et sa quiétude profonde. Avec The Kaamos Road, j’ai voulu capturer cet équilibre fragile entre effort et émerveillement, entre épuisement et sérénité : une ode au rythme lent de la nuit polaire et à la puissance brute du Nord.

nuit polaire
Rouler seul à travers ces terres gelées, c’est plonger dans les longues nuits, le silence et la solitude de l’hiver arctique
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Les préparatifs

Joffrey possède une solide expérience basée sur sa traversée des Hautes Terres d’Islande. Il a démarré ses préparatifs durant l’été, son départ étant prévu en décembre 2024. En fait, il ne se prépare pas physiquement, ses sorties vélos habituelles suffisent. Pas d’immersion dans une salle de cryothérapie pour se préparer aux basses températures. Il vit du côté de Nice qui ne se situe pas dans une région froide. Pour le tracé, il a utilisé Komoot et Google Maps pour élaborer son parcours. L’idée étant de partir du point le plus à l’ouest du cercle polaire pour rejoindre le point le plus à l’est. “J’aurais pu tracer une route entièrement par la Norvège, mais j’ai souhaité passer par la Suède et la Finlande. Ce n’est pas le même paysage : la Norvège ce sont plus les Fjords et la mer, mais je voulais aussi traverser des paysages de forêts“, me dit Joffrey.

Le départ

Le voyage commence en train, direction le Grand Nord au-delà du cercle arctique pour rejoindre, le pays où le soleil ne dépasse pas l’horizon. Parti du sud de la France avec tout son équipement, l’objectif est de rejoindre Bodo en Norvège. Ce voyage est long et fatiguant, mais Joffrey voulait vivre progressivement le passage du temps, observer par la vitre du wagon la lente transformation des paysages et laisser au corps le temps de s’adapter aux conditions climatiques. À chaque arrêt en gare, le climat se durcit, les températures chutent et les arbres sont couverts de neige. La nuit arrive de plus en plus tôt, Joffrey dit au revoir au soleil qu’il reverra dans 28 jours.

Arrivé au-delà du cercle polaire, il découvre cette ambiance particulière où la lumière s’efface pour laisser la place à une obscurité douce et mystérieuse. Il se retrouve dans le froid et devant l’inconnu qui le fait un peu flipper, mais qui le fascine tout autant. Il est venu pour ça : vivre cette aventure seul, dans le froid et dans ce paysage glacé, plongé dans cette pénombre fantasmagorique. Arrivé à Bodo, il descend du train, récupère ses bagages et se rend dans la gare locale pour sortir son vélo de la housse de transport et commencer le remontage. Il prend ensuite le bateau à minuit trente pour se rendre sur les iles Lofoten. C’est de l’extrémité de ces iles norvégiennes qu’il va partir pour atteindre Vardo, en passant par la Suède et la Finlande.

En attendant les basses températures que Joffrey s’attend à affronter lors de ce voyage, c’est la pluie qu’il doit subir par une température de + 3°C. Pas le choix, il faut y aller malgré les gerbes d’eau que lui envoient les voitures qui le doublent. Il faut avancer ainsi pour rester dans le timing du voyage. La nuit tombe à 13 h 45. Joffrey trouve un petit tunnel où il se mettra à l’abri un instant. Le temps s’éclaircit et c’est la frontière suédoise sous le soleil. Il fait plus froid, mais il n’y a plus de pluie. “Il fait -6°C, mais en vrai, je préfère…” C’est le début de la descente des températures qui va atteindre par moment -30°C. Les pneus neige du vélo crissent sur la route glacée. Le paysage tout blanc défile et quelques rennes observent le passage inhabituel de ce cycliste sur cette route où l’on voit peu de véhicules.

Joffrey avance régulièrement “Le ciel se métamorphose, m’offrant le spectacle que je suis venu chercher…” À l’aide de son drone, Joffrey capte des images de ce décor qu’il a voulu découvrir. Le froid est piquant et tous les gestes deviennent lents. Cela ne l’empêche pas d’avancer 110 km dans la journée. Le bivouac sous la tente, les repas à préparer avec son réchaud, toutes les opérations de maintenance de son équipement prennent du temps. Le matin, replier la tente, ranger tout sur le vélo, ça prend deux heures et le soir il faut refaire l’opération dans l’autre sens, après avoir trouvé le lieu idéal pour s’installer pour la nuit.

Rouler dans la nuit polaire et résister au froid

On ne s’aventure pas dans le cercle polaire en tongs et en bermuda. Fort de son expérience en Islande, Joffrey a fait ses choix de matériel et d’équipement en fonction de la rigueur du froid. Pour la navigation, il fait confiance à sa montre Suunto Vertical qu’il préfère utiliser plutôt qu’un compteur à cause de sa plus grande autonomie. Les pneus de 3.0 cloutés sont nécessaires pour éviter au vélo lourdement chargé (le sien pesait 60 kg à pleine charge au départ) de déraper sur la route glacée. Petits détails de choix cyclistes : Joffrey utilise une selle en cuir Brooks et des cales SPD avec ses chaussures spéciales grand froid 45nrth Wolfgar. Les conditions de circulations sont particulières, il faut rouler dans les traces de voitures, car les accotements sont peu cyclables. En Suède et en Finlande, les vélos ne sont pas appréciés pour ça. Par contre, en Norvège, les conducteurs sont très respectueux des cyclistes.

Équipements et matériel

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Il faut tout ça…

Vélo et équipements

  • Vélo : Genesis Longitude
  • Sangles : Fixplus 
  • Sacoches : Tailfin
  • Rack avant : Old Man Mountain Elkhorn
  • Dynamo & lumières : Son
  • Pneus : 45nrth studded 3.0
  • Selle : Brooks B17
  • Chaussures : 45nrth Wolfgar
  • Poggies : 45nrth
  • Duvet : Helsport Svalbard -29°C
  • Matelas : Sea to summit Ether light XT + matelas mousse
  • Tente : Helsport Lofoten X-trem 3 camp
  • Lunettes : Pocs Devour + Ora
  • Casque : Poc Octal Mips 
  • Frontale : Golum Piom2
  • Vêtements : Patagonia
  • Chaussettes et sac de couchage VBL : Exped
  • Chaussons et Pantalon doudoune : Cumulus Outdoor 
  • Gants : Black Diamond Guide finger

Alimentation et électronique / photos vidéo

  • Réchaud : Primus Omnilite Ti (3L d’essence C)
  • Popote : Primus 2.7L
  • Nourriture : 30 plats lyophilisés + bars Real Turmat, chocolat, soupes, électrolytes, 3 kg de muesli et huile d’olive.
  • Thermos : Kean Kanteen 2L + 2x 0.5L Primus
  • Caméra : Canon R6, RF 24-70 F2.8
  • GoPro Max & Hero 11
  • SD card : Pny
  • Trépied : Benro Rhino
  • Drone : Dji Mini 3 Pro
  • Batteries externes : Nitecore 20ah + 10ah + Zendure 2x 27ah
  • Téléphone satellite : Garmin Inreach mini 2
  • Montre : Suunto Vertical

Son site : https://www.joffreymaluski.com/
Instagram : https://www.instagram.com/joffreymaluski/

Le film

Je vous invite à suivre Joffrey sur ce film pour partager son aventure.

Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

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