Chaque semaine, un billet d’humeur par un de nos rédacteurs. Aujourd’hui : Dan de Rosilles
Je sais pas vous, mais moi, depuis quelques jours, je suis connecté en permanence sur le site du Vendée Globe 2024. Le défi fou que s’imposent les 40 intrépides marins de l’édition 2024 est la chose la plus dingue que des êtres humains puissent tenter. Mais, me direz-vous, pourquoi en parler dans les colonnes de Bike Café ? Quoi de plus différent d’un bateau qu’un vélo, d’un océan qu’une route de campagne ?
Différent ? Pas tant que ça… Car il y a quand même beaucoup de points communs entre ce tour du monde à la voile et les épreuves cyclistes d’ultra-distance, qu’elles se déroulent sur route ou sur gravier.
Tout d’abord, il s’agit dans les deux cas de sports mécaniques, qui font la part belle à des matériaux de dernière génération, à l’instar du carbone, qui compose autant les coques des IMOCA que les cadres des plus beaux et légers vélos du marché.
Sans compter de nombreuses autres fibres au nom high-tech, Kevlar, Dyneema, Gore-Tex, Polartec… que les industriels mettent au service des équipes de recherche et de développement dans les deux disciplines.
Il y a aussi la notion de non-assistance, qui prévaut dans les deux cas. Cela donne à ces événements un parfum d’aventure (“l’aventure, c’est quand on ne sait pas ce qui va se passer” a l’habitude de dire Jean Le Cam) et, au-delà des aléas de et du degré de chance des uns et des autres, cela met en valeur beaucoup de qualités humaines et de savoirs-faire. Les concurrents, lorsqu’ils font face à des situations critiques, doivent piocher dans leurs ressources : prudence, expérience, inventivité, créativité, anticipation… la gestion des situations difficiles fait souvent la différence chez des participants par ailleurs de valeur athlétique ou sportive à peu près égale.
Il ne faut pas oublier bien sûr que les deux sports se pratiquent en plein-air, avec des aléas météorologiques qui rajoutent une couche d’incertitude et qui, là encore, obligent les concurrents à donner le meilleur d’eux même. Tous ces imprévus et la façon de les gérer est le carburant même du story-telling qui nous fait tant vibrer.
Et la navigation ? Si le terme est très facilement associé à la voile, il ne faut pas oublier qu’il est utilisé aussi en vélo longue distance, car beaucoup d’épreuves obligent les cyclistes à valider des points de contrôle, tout en les laissant libres de tracer leur propre route, en fonction de leurs préférences (plus ou moins de dénivelé, plus ou moins de distance) et de la météo (un vent violent ou qui change de direction peut les obliger à changer leur routage).
Qui dit navigation, dit GPS… S’ils ne sont pas les mêmes sur un bateau et sur un vélo, les appareils font, dans les deux cas, appel aux mêmes satellites. D’ailleurs, les technologies embarqués (GPS, téléphone mobile) et les technologies de l’information ont radicalement boosté les deux disciplines. Car, en plus d’améliorer la sécurité, la navigation et la communication des participants, l’internet permet aux fans comme vous et moi de suivre ces courses qui se déroulent dans des contrées lointaines, avec des concurrents étalés parfois sur plusieurs centaines de kilomètres (vélo) ou de miles (voile). On peut suivre les fameux petits points sur la carte du site web du Vendée Globe, ou, pour la plupart des courses de vélo, sur le site de l’organisateur ou sur le fameux site américain “dotwatchers“. On peut entendre nos aventuriers favoris raconter en direct les anecdotes de la journée et leurs états d’âme. On peut voir ce que leurs yeux ont vu grâce aux photos et vidéos qu’ils ne manquent pas de partager sur les réseaux sociaux.
Dernier point : ces deux sports sont mixtes et font la part belle aux femmes.
On se souvient de navigatrices célèbres, plus ou moins chanceuses mais toujours héroïques et plébiscitées par le public, comme l’anglaise Ellen MacArthur ou les françaises Florence Arthaud et Isabelle Autissier.
À vélo, on connait les exploits de Laurianne Plaçais et le succès de Fiona Kolbinger, qui a remporté haut la main en 2019 la plus dure des épreuves d’ultra sur route, la Transcontinental Race. Nos deux sports d’ultra-distance font clairement appel à des qualités physiques et stratégiques mieux réparties entre les sexes que celles qui sont nécessaires à des pratiques plus courtes et intensives.
Alors, que cette année le Vendée Globe se gagne en plus ou moins de 80 jours, ou que la prochaine Transcontinental Race soit remportée par un homme ou une femme, peu importe, après tout. Ce qui fait le succès de ces épreuves, et leur énième point commun, c’est qu’elles nous font rêver, tous autant que nous sommes, aventuriers de canapé, nous qui vivons ces épreuves par procuration.
S’il vous plaît messieurs-dames cyclistes, navigateurs·rices, appuyez moins sur les pédales, choquez plus les écoutes.
Pour que l’aventure dure un peu plus longtemps.
Chouette analogie. Par ailleurs, un cycliste a réalisé le tour du monde en 80j il y a quelques années. En traversant l’Europe, l’Asie (Russie, Mongolie et Chine), l’Australie et les USA. Il me semble qu’il est aussi passé par la Nouvelle-Zélande et le Canada, mais pas sûr. En revanche, il n’a pas traversé les océans en pédalo donc bof bof