L’édito de Bike Café
Photo de couverture Léon Van Bon
Après celui des hommes, c’était la semaine dernière le Tour de France des femmes. J’aurais pu être lassé par 3 semaines d’images de cyclisme et pourtant j’ai enchaîné, au point de risquer l’overdose. Depuis que ce Tour a été relancé en 2022, je regarde les exploits des femmes avec plaisir. L’association entre ASO et Zwift, qui apporte son influence communautaire, fonctionne. Les chiffres publiés par Zwift montrent que depuis 3 ans le nombre de licenciées a progressé de 20 % et que 69 % des spectatrices ont envie de faire du vélo, même si ce progrès n’est pas l’œuvre unique de ce Tour de France femmes.
Dans un contexte de progression de la féminisation du sport, comme l’explique chiffres à l’appui le Ministère des Sports : « En 2024, 68 % des femmes déclaraient pratiquer un sport au moins occasionnellement contre 73 % des hommes, un chiffre en constante augmentation », le vélo suit cette tendance générale. On constate que les médias, diffuseurs, sponsors, politiques… qui mesurent l’intérêt exprimé par les femmes, se mettent au travail pour favoriser le phénomène. Tous y voient déjà les avantages qu’ils peuvent en tirer.
Ça progresse, mais on pourrait mieux faire, notamment sur ce Tour des femmes ! Mélanger lors d’un même week-end, le départ des femmes en Bretagne avec la superbe victoire d’un Pogačar triomphant dans Paris, n’était pas forcément une bonne idée. Par ailleurs, et même si la galanterie est parfois un réflexe machiste, je regrette que cet événement sportif passe après celui des hommes. Bon OK, les hommes sont là depuis 1903, mais la préséance n’est pas une raison : on pourrait, une année sur deux, inverser l’ordre, pour offrir un 14 juillet de course aux femmes. Une sorte de révolution à l’aune de l’égalité, inscrite dans la devise de la République française. En matière d’égalité, il faut également savoir qu’une victoire chez les hommes qui vaut 500 000 €, ne représente que 50 000 chez les femmes (10%).
Soyons néanmoins positifs en voyant se transformer ce Tour des femmes qui a été rallongé par un week-end supplémentaire. Depuis 2015, l’UCI (Union Cycliste Internationale) a adopté un modèle World Tour pour le cyclisme féminin et en 2018, elle impose un salaire minimum pour les équipes féminines présentes sur ce circuit mondial. Je vois le cyclisme féminin suivre le même parcours que celui du foot féminin, qui connait actuellement un vrai succès populaire et pas seulement auprès des femmes. Pour développer une pratique sportive, il faut que ça marche dans les deux sens, celui des exploits médiatisés des championnes peut donner envie, mais il faut également favoriser les conditions permettant aux femmes de profiter de la popularisation du vélo. C’est peut-être ainsi qu’on pourra dénicher les “pépites” qui seront les championnes de demain. Comme dans d’autres disciplines sportives, la difficile acceptation masculine des talents des femmes reste présente.
Chez Bike Café, nous sommes heureux de compter parmi nous des auteures qui produisent des contenus et pas seulement des sujets sur la mode vestimentaire. Je suis personnellement pour les sorties en peloton non genrés. Pas sûr d’ailleurs que ce qui différencie les hommes et les femmes soit de nature biologique ou astrale. Les explications sont plutôt à chercher du côté du fonctionnement de la société ou des théories religieuses qui souvent s’additionnent. J’ai constaté que dans les quelques groupes cyclistes il reste une bonne marge de progrès à réaliser. Je suis résolument pour la mixité des pelotons comme celle que j’ai vécue il y a quelques années dans la course à pied. L’apport des femmes dans une sortie dominicale a un impact certain et remet en cause bon nombre de comportements. Les femmes cyclistes ne viennent pas de Vénus et nous les hommes, nous ne venons pas de Mars. Le vélo est aussi un moyen de faire évoluer la société. Imaginons de beaux p’tits tours à faire ensemble.
Merci à Maeva et à Pauline pour ces beaux moments de sport et bravo à toutes les concurrentes de ce Tour 2025.
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Bonjour
L’idée d’alterner chaque année les départs femmes/hommes au niveau du calendrier me parait excellent