L’édito de Bike Café
Dans le jargon cycliste, nous avions autrefois coutume de dire, en voyant un cycliste se détacher facilement d’un groupe : « Il a la socquette légère… » Aujourd’hui, plus personne ne dit ça. La première raison est que la socquette a disparu des pelotons. Nous ne portons plus ce type de chaussettes qui s’arrêtent à la cheville. Ce mot désuet n’existe plus dans le vocabulaire cycliste. Il correspond à une époque où l’élégance avant-gardiste d’un Jacques Anquetil, couché sur sa machine, alimentait les commentaires portant sur l’aérodynamique. Personne n’évoquait alors les gains aéro qu’aurait pu apporter cette socquette blanche. Elle ne devait surtout pas masquer les mollets musclés et bien huilés, qui étaient alors les canons de beauté du cyclisme des 30 glorieuses. (En couverture : image produite par l’IA Leonardo)
Autre époque, autre tendance. La chaussette de vélo a pris de la hauteur. De tout temps, la chaussette a été révolutionnaire, au 18ᵉ siècle, elle devient même un accessoire de lutte sociale. Dans le vélo, la révolution est quand même encadrée, car sa hauteur est limitée par l’UCI (Union cycliste internationale). Cette fédération a établi une règle selon laquelle les chaussettes ne peuvent pas dépasser la moitié de la hauteur entre la cheville et le genou, soit environ 18 cm. La chaussette de vélo reste au cœur du débat sur les gains marginaux de la performance. Elle revient au-devant de la scène : elle était légère et basse, elle devient haute et aéro. Oui, oui ! Vous avez bien entendu : nos chaussettes de vélo sont devenues aéro.
Vous avez compris que cette ironie matinale et un peu légère (comme la socquette d’autrefois), n’était pas là pour contester le gain de quelques watts obtenus à partir de 45 km/h par les coureurs cyclistes. Je voulais, en prenant l’exemple de nos chaussettes, évoquer tous les autres gains non marginaux auxquels il faudrait s’intéresser : notre position sur le vélo, notre condition physique exempte de quelques bourrelets ventraux, ainsi qu’à tous les paramètres de réglage de notre machine. Sans être nostalgique de l’époque d’Anquetil, qui fendait l’air avec classe lors du Grand Prix des Nations, j’avoue ne pas être fan des tenues de cosmonautes actuelles des coureurs de chrono. Normalement, du fait de la performance moyenne des pratiquants de la bicyclette, le marché de la chaussette aéro ne devrait pas concerner la plupart d’entre nous. J’en ai quand même aperçu dans les pelotons du dimanche matin : l’histoire fumeuse de nos « fumantes » n’a pas fini de m’intriguer.
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Laurent Jalabert utilise toujours cette expression dans ces commentaires 😀