AccueilDécouvertesParcoursBoue et vin chaud : une randonnée de Noël à vélo

Boue et vin chaud : une randonnée de Noël à vélo

Aux mille couleurs de l’automne se sont maintenant succédées dans l’Ardenne belge les tonalités monochromes de l’hiver. Alors que la nature bascule vers une douce torpeur, dans la petite cité de Malmedy, l’ambiance magique du marché de Noël ravive les cœurs. Un contraste que nous nous sommes empressés de vivre en partant la journée sur ces chemins isolés pour se retrouver le soir autour d’un vin chaud. (Texte et photos Pierre Pauquay)

Drôle de mois de décembre ! Si une semaine auparavant la neige avait saupoudré l’Ardenne, à la veille de Noël, les températures ont remonté, apportant un vent humide du sud : une météo qui ne prête pas à l’envie de sortir les machines. Qu’importe ! La pluie et l’humidité ne sont certainement pas un frein pour rouler aux alentours de Malmedy, cette petite cité située dans les Cantons de l’Est de la Belgique et proche de l’Allemagne. 

randonnée de Noël
Nos VTT sont mieux adaptés à ces conditions hivernales

La boue et la difficulté des chemins due aux récents débardages nous imposent de choisir nos VTT, mieux adaptés à ces conditions hivernales : nous sortirons plutôt nos gravel en été. Peu après avoir quitté l’auberge, très rapidement, la nature fait force de loi. Nous remontons la rivière de la Warche. Nous sommes sur le chemin qui nous mène vers le sommet du pays. Les kilomètres défilent. Plus nous remontons le cours de la rivière, plus le paysage devient sévère et sauvage, accentué par les coupes à blanc qui ont mis à nus les versants des collines. 

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Nid d’aigle

C’est au bout de la vallée, à l’endroit même où le chemin semble finir que commence l’enchantement. Le château de Reinhardstein éperonne le paysage, ouvrant les portes d’une époque qui fascine toujours les hommes d’aujourd’hui : le Moyen Âge. Suspendu entre ciel et terre sur son éperon rocheux, il se fond dans son paysage forestier, comme caché des regards. Son implantation est exceptionnelle, éminemment propice à la défense. Entouré d’une vallée encaissée, 60 mètres en contrebas des murailles, le site se présente sous l’aspect d’un éperon barré naturel quasi inaccessible. Ici, le Moyen Age se vit, se ressent encore en ses murs. Une immersion que vont nous offrir nos deux guides.

Le château fut à son époque redoutable et redouté. Sur ce site inexpugnable, la forteresse fut édifiée au XIVe siècle par le seigneur des lieux, Renaud de Waimes. Haut perché, le château surveillait la route le long de la vallée de la Warche et le transit du commerce. 

randonnée de Noël

De nos jours, la visite du château permet de se plonger dans la vie des seigneurs d’alors. Les salles renferment une grande collection d’armes et de tapisseries. Nous déambulons entre les armures et les tableaux de la salle des chevaliers. En fin de visite, dans le petit marché, nous dégustons les fromages et goûtons une bière locale afin de nous donner du courage pour la suite de la randonnée.

Retour au Bayehon

Du pont Benoît Servais, nous roulons à côté du Bayehon, un torrent qui remonte la vallée étroite. De mètre en mètre, la vallée se resserre, devient canyon. Le chemin continue vers le nord et grimpe allégrement. La montée s’accentue pour aboutir à Xhoffraix. Les quelques maisons s’emmitouflent de charmilles, de grandes haies de charmes et de hêtres qui les protègent du vent du nord. Situés à plus de 500 mètres d’altitude, les villages bordant les hauts plateaux subissent son climat. Les quelques centaines de mètres de route nous mènent à l’entrée des « Chôdires », une ancienne fagne recouverte d’une forêt d’épicéas : ici et là des substrats de neige rappellent que nous sommes en décembre. Quelle dérision en se souvenant des hivers rudes que connaissait alors la région, il y a quelques décennies.

Des landes réhabilitées

En pénétrant dans la vallée du Trôs-Maret, nous rejoignons la fagne que le projet LIFE a réhabilitée en zone clairsemée. Ce travail de sape a permis d’ouvrir ce milieu humide, apte à recevoir naturellement la régénération de feuillus, mieux adaptés à ce type de sol. En supprimant les plantations d’épicéas, plus de 3.000 hectares de tourbières ont été restaurés. Dans cette lande, naît le torrent du Trôs-Maret. L’eau bondit et forme des cascades. Plus bas, il dévale à nos côtés, bouillonnant d’écumes et révélant l’aspect sauvage de cette belle randonnée hivernale. 

Quittant le paysage fagnard, nous traversons une forêt sombre où subsistent encore des vieux arbres quand les bergers venaient s’y reposer en-dessous. Le haut plateau sera pâturé ainsi durant des siècles. Les brebis et les moutons y paissaient en toute liberté et empêchaient la forêt de recoloniser les lieux. Et puis ce monde immuable bascula au XIXe siècle. Les petits bergers, loi oblige, quittèrent les pâtures pour se rendre à l’école. Ces terres, devenues incultes, n’avaient guère de valeur pour les communes. Vendues aux plus offrants, elles tombèrent dans les mains des forestiers qui virent là l’opportunité d’exploiter la culture de l’épicéa, un bois en forte demande pour la révolution industrielle. 

Dans la zone humide des « Chôdires », le lieu est particulièrement sauvage, le chemin passant tour à tour entre broussailles et grandes flaques de boue. Après Bernister, la balade plonge abruptement vers Malmedy. 

Lumière sur la ville

randonnée de Noël
Malmedy se drape de lumières et d’ambiances de Noël

Enfin, à l’orée de la forêt, la petite cité apparaît. Alors que nous entendions, il y a à peine quelques kilomètres, le hululement de la chouette de Tengmalm, les musiques de Noël se répercutent dans la vallée. Le marché bat son plein : Malmedy se drape de lumières et d’ambiances féériques, kitch sans aucun doute mais qui ravivent nos souvenirs d’enfance. En rejoignant le centre-ville par un pont en pierre, la foule apparaît alors que nous étions seuls là-haut dans ces forêts sans lumière. Dans la cité de Noël, les échoppes s’embaument d’odeurs qui ouvrent nos appétits affamés. Flammekueche, schnitzel ou autres charcuteries s’accompagnent de vins chauds. Au retour de cette randonnée, les souvenirs échangés autour d’un brasero vont réchauffer les âmes et les cœurs. 

Carnet pratique

L’agence du tourisme des Cantons de l’Est a balisé de très beaux circuits VTT. Certains sont cependant accessibles aux gravel comme le tour de la carrière de la Warche (21,1 km) et le tour des lacs et châteaux (36,4 km) qui ont largement inspiré ce reportage. En hiver, au vu des conditions météorologiques, préférez cependant l’usage des VTT. Tous ces circuits sont balisés et leurs traces sont téléchargeables sur : https://www.ostbelgien.eu/fr/velo/vtt

Pour un itinéraire axé pour le vélo de route et le cyclotourisme, il existe le très chouette réseau de points-nœud. Depuis Malmedy, vous pourrez suivre les points suivants : 7, 8, 9, 10, 89, 55, 78, 77, 54, 53, 75, 74, 5, 4, 3, 7. Vous contournerez le massif forrestier en passant notamment par les voie vertes.

A voir sur le site, remarquablement réalisé : https://www.ostbelgien.eu/fr/velo/planificateur-ditineraires-a-velo

Où loger ?

Nul besoin de dépenser des sommes folles pour s’offrir une petite escapade dans cette région de l’est de la Belgique, l’auberge de jeunesse propose des prix tout doux : https://lesaubergesdejeunesse.be/les-auberges/malmedy

Pierre Pauquay
Pierre Pauquay
Pierre Pauquay est un passionné de nature et de vélo. Il travaille comme journaliste dans le milieu du cyclisme depuis plus de trente ans. Amateur de longues virées en autonomie et de raids solitaires sur plusieurs jours dans la montagne, il aime partager ses récits et contribue à plusieurs médias vélos et outdoor. Il est également l'auteur de Vélo Bière en Belgique (Helvetiq). Il vit en Belgique, dans les Ardennes.

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