L’histoire de la selle « Idéale » remonte à 1890 date à laquelle elle fut créée à Paris par Jean-François Tron. Par la suite Jean-François Tron installe son atelier en 1900, dans une ancienne filature située à Pont-Saint-Pierre, commune de haute normandie dans la vallée d’Andelle non loin de la célèbre « côte des deux amants ».
Après le décès de Jean-François Tron en 1931, l’entreprise sera dirigée par sa fille Jeanne Berthet et son fils Jean Tron aidés par le mari de Jeanne Marcel Berthet, bien connu dans le milieu cycliste. Marcel fut notamment le premier cycliste à friser les 50 kms dans l’heure, exploit réalisé à Monthléry le 13 novembre 1933, sur le premier vélo caréné. Il crée pour ses records sa propre pédale, la Berthet-Lyotard, en collaboration avec le fabricant Pierre Lyotard(c’est une autre histoire dont on vous parlera sur T&N). A trois reprises 1907 et deux fois en 1913) il fut recordman du monde de l’heure. Après le départ de Jean Tron dans les années 70, c’est son neveu Pierre Berthet qui a pris la suite à la tête de l’entreprise jusqu’à la fermeture.
A partir de 1933, Marcel Berthet participe à la commercialisation des selles Idéales. Plus tard, Daniel Rebour qui est très ami avec Marcel.Berthet, lui suggère de vendre des selles cuir déjà assouplies c’est-à-dire rôdées, d’où l’appellation « Rôdée main selon Daniel Rebour ». Le cuir de ces selles est estampillé du T et du B les initiales de Tron et Berthet. On retrouve également ces initiales le nez métallique du bec de selle qui cache la vis de tension. Positionnée dans le haut de gamme, l’entreprise n’a pas pu survivre face à la concurrence des produits vendus à bas prix, elle fut contrainte à la fermeture en 1980.
Ces selles Idéale se négocient à l’heure actuelle fort cher sur Ebay. Leur côte ne baisse pas et je les trouve plus originales que les célèbres Brooks qui sont toujours fabriquées et commercialisées dans les boutiques de vélos « bo bo » chic de nos grandes villes (ce n’est pas une critique … j’adore) …
La selle qui équipe désormais mon vélo La Gazelle est un modèle 90 « Rôdé main » selon Daniel Rebour dont j’ai fait l’acquisition sur « le bon coin ». Ce modèle a été créé en 1965 …
Alors la selle Idéale l’est-elle vraiment ?
Lorsque j’ai commencé le vélo dans les années 70 j’ai à peu près tout essayé en matière de selle … Les douleurs du cycliste débutant et parfois même du confirmé sont souvent localisées au niveau des cervicales et du cocsisse. Les douleurs de selle ont tendance à durer un moment et à nous gâcher les sorties un peu longues. Dans ma recherche successive de solutions confortables j’avais même investi à une certaine époque dans une super Brooks à monture titane que je regrette aujourd’hui de n’avoir pas gardée. Finalement la selle qui m’a le mieux convenu était une Concor : petit bout de plastique revêtu d’une mince couche de cuir collé … Comme quoi ! … Peut-être que la tolérance que l’on peut acquérir avec une selle vient avec son ancienneté en tant que cycliste et sans doute de l’ergonomie de l’objet qui sera le mieux adapté à sa morphologie …
Cette selle Idéale que je viens d’acquérir sur le bon coin est un choix esthétique et plus tourné vers la recherche pour remettre mon vieux vélo La Gazelle dans son « jus » … Alors je peux dire qu’elle est idéale à bien des égards. Tout d’abord par rapport à la valeur historique de ce bel objet conçu à une époque où nous avions en France une belle avance dans le domaine de l’industrie du vélo. Elle est aussi Idéale par son confort … Je la trouve agréable et pour l’usage de mes balades en fixie elle est tout à fait adaptée. Idéale aussi pour son aspect esthétique car je trouve cette selle intemporelle et très « collector » … Dans plusieurs années on parlera encore des selles « Idéales » alors que les bouts de plastique aux formes fuselées resteront parfaitement anonymes.
Patrick
Un panorama des selles Idéales : http://www.classicrendezvous.com/France/Ideale_main.htm
La production des selles Idéale a repris en région Toulousaine : https://www.sellesideale.fr/
Publié en 2018 https://bike-cafe.fr/2018/01/ideale-se-remet-en-selle/