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Idéale … se remet en selle

Vous vous souvenez sans doute de l’histoire de la selle « Idéale » que nous vous avions racontée dans l’un de nos articles “vintage”. Elle nous ramène en 1890, date à laquelle cette selle fut créée à Paris par Jean-François Tron. Il installe son atelier en 1900, dans une ancienne filature située à Pont-Saint-Pierre, commune de haute normandie dans la vallée d’Andelle non loin de la célèbre « côte des deux amants ». Par la suite, son fils Jean, sa fille Jeanne Berthet et son gendre vont développer l’entreprise “Tron et Berthet” : les fameuses initiales “T & B” qui figurent sur le cache métallique du tenseur de la selle. 

L’entreprise a fermé dans les années 1980, victime comme beaucoup d’autres du désintérêt pour le vélo et de l’émergence de l’industrie mondialisée. La marque n’est pourtant pas tombée dans les oubliettes de l’histoire du vélo, car les amateurs de belles pièces vintage recherchent, sur e-bay ou sur le Bon coin, ces superbes selles intemporelles ; surtout le modèle 90 “Rôdée main selon Daniel Rebour” …

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Un travail d’archéologie industrielle

Frédéric Ducès n’avait pas prémédité de devenir le repreneur d’une marque historique du vélo français. En effet, cet informaticien, lassé par son travail dans le virtuel, avait l’idée de créer un jour une activité plus concrète. Attiré par le “Made-in-France” et le vélo qu’il pratique régulièrement, la rencontre avec la marque Idéale s’est faite par hasard. Il y a parfois de belles rencontres et celle que Frédéric a fait avec cette selle est devenue au fil des mois un petit conte de fée.

Bike Café
Photo Dylan Piaser

Quand on a une passion on a toujours besoin d’équipements. On essaie de trouver du beau matériel, et quand en plus ce matériel est fabriqué chez nous, c’est encore mieux. Quand j’ai recherché une selle Idéale, pour laquelle je n’avais qu’un vague souvenir étant né en 1972, j’ai vu que la messe était dite et que l’activité de l’entreprise Berthet Tron était arrêtée … Je me suis dit que ce serait bien d’arriver à refaire des selles comme celles-ci …“, explique Fred. La petite graine de la curiosité venait d’être semée, et l’incroyable machine à remonter le temps allait se mettre en marche.

AVIS DE RECHERCHE …

Pour reconstituer l’histoire, il a été nécessaire de lancer « Un avis de recherche à l’ancienne …”, comme l’explique Fred qui a dû utiliser des techniques de recherche dignes d’un généalogiste. “J’ai fait des recherches sur le net pour localiser l’entreprise, j’ai ensuite contacté la Mairie, qui bien sûr ne pouvait pas me donner le contact direct des anciens salariés de l’usine. Elle m’a proposé d’afficher dans ses locaux un avis de recherche pour retrouver des ouvriers qui auraient gardé le souvenir et des éléments me permettant de savoir comment étaient fabriquées ces selles …”, précise Fred. Heureusement la commune de Pont-Saint-Pierre en haute normandie est petite, l’affichette de Fred attire l’oeil d’une personne qui a été proche de la famille Berthet et qui connaît plein de monde là-bas.

Bike Café
Photo Dylan Piaser

La nouvelle que quelqu’un s’intéresse à la marque Idéale va se répandre très vite, et le bouche à oreille va fonctionner. “Dans les villages les gens se connaissent tous. Ils se sont mis à parler de moi au marché … la nouvelle s’est vite propagée”, précise Fred qui, à partir de là, a pris sa petite valise pour commencer une série d’allers et retours entre Toulouse et la Normandie. Il est entré en contact avec la famille Berthet sur place. Les échanges sur la renaissance de la marque, qui était tombée dans le domaine public, ont duré plus d’un an. Fred tenait à avoir un accord moral avec la famille avant de démarrer.  Il a retrouvé également les anciens de l’atelier lors de ses visites à Pont-Saint-Pierre. Il a su établir avec eux un climat de confiance en montrant sa détermination dans son projet de relance de la fabrication de cette selle.

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La selle Idéale est de retour

Ce projet lancé en 2010 voit aujourd’hui son aboutissement. Il n’existait plus l’outillage et c’est en partant des témoignages des anciens ouvriers que Fred a pu reconstituer le procédé de fabrication. Il fallait tout refaire explique Fred “Le contremaitre qui m’a aidé savait beaucoup de choses, mais il ne connaissait pas tout non plus. Il a fallu réinventer les parties manquantes. Ça a été beaucoup de travail avec les anciens et il a été nécessaire de repartir du produit fini pour comprendre certaines choses.” Les tours de main et les outils nécessaires pour réaliser les différentes tâches de fabrication ont été reconstitués sur la base de la mémoire des anciens ouvriers.

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Photo Dylan Piaser

Ils ont fait revivre leur selle …

Les anciens n’ont pas fait qu’apporter leur témoignage, ils ont bel et bien mis la main à la pâte. Ils ont formé Fred, qui ne connaissait absolument rien au milieu industriel. Cet apprentissage s’est fait dans un local en Normandie où ils ont pu travailler ensemble et installer les machines et l’outillage que Fred et Katia achetaient au fur et à mesure des trouvailles et de leurs possibilités financières. Ce local, trouvé par un deuxième avis de recherche, a été prêté par Guy Meslin, patron des établissements Vergez-Blanchard basés dans un village à côté. Le conte de fée a donc continué car, par un hasard incroyable, Vergez-Blanchard fabrique des outils pour le cuir mondialement connus. Touché par le projet ce chef d’entreprise, qui avait lui-même fait un pari fou de reprise autrefois, a prêté gracieusement pendant 4 ans à Fred un bout de local, sans rien demander. Il a même autorisé Fred à utiliser ses machines, permi à son tourneur-fraiseur de donner un coup de main pour la mise au point de l’outillage …

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Photo Dylan Piaser

Pendant les semaines où Fred était en Normandie, c’étaient de vraies journées de travail pour les anciens. Il fallait fabriquer les différentes pièces du châssis, les assembler, les tester, rectifier l’outillage après ces tests, jusqu’à obtenir une complète satisfaction. Ajuster les différentes versions du moule de mise en forme – travail très long, minutieux et un peu pénible – le tester, rectifier, mémoriser les gestes techniques … Les anciens qui ont tout validé, étaient très pointilleux et ils ont travaillé dur, sans rien demander en échange que le fait qu’on réussisse à faire revivre “leur selle” avec le même niveau de qualité qu’à l’époque.

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Photo Dylan Piaser

Fred partage aujourd’hui un atelier à Toulouse avec un artisan modeleur qui lui a fait le moule servant à mettre en forme le cuir de la selle. La selle conçue, au début des années 60, utilisait des matériaux qui sont aujourd’hui difficiles à retrouver. La selle est 100% “Made in France” et 80% de sa fabrication est assurée directement par Fred. Le châssis  est réalisé avec du fil d’acier acheté en France, décolleté, cambré à la main en 7 passes par un prestataire de Saint-Galmier dans la Loire, … Pour le cuir, qui sera formé grâce au moule que Fred a fait renaître, on restera authentique avec les couleurs de l’époque. Ce cuir très épais (5 mm) est tanné dans un établissement historique. “On a la chance d’avoir encore en France un savoir-faire historique en matière de maroquinerie et une entreprise du travail du cuir, qui possède encore des fosses classées monuments historiques, a bien voulu m’accompagner dans mon projet …“, explique Fred. Le procédé “Rodée main selon Daniel Rebour” restera un secret dont Fred est devenu dépositaire via les témoignages des anciens.

Bike Café
Photo Dylan Piaser

Fred a réussi à financer ce long travail d’archéologie industrielle sur la base d’investissements s’appuyant sur des fonds personnels. Les selles sont désormais en production. Fred et Katia sa compagne, assurent la commercialisation qui se fait directement via un contact mail par le site ou encore par les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

Fred est déjà sollicité pour faire revivre d’autres modèles comme par exemple la selle équipée d’une structure et d’un rail en duralumin. Pour les demandes des adeptes de la modernisation de cette selle, qui seraient inspirés par ce que Brooks a réalisé avec sa série C,  “On verra dans 5 ou 10 ans …“, me dit Fred pour l’instant il est bien occupé avec Katia par la mise en place d’une production qu’il évalue de 400 à 500 unités pour l’année.

Le site bientôt en ligne

La page facebook : https://www.facebook.com/sellesideale/

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

3 COMMENTAIRES

  1. bonjour
    merci à bike café de nous aider (les cyclistes) à renouer avec le “”vrai””
    mais merci de donner les coordonnées auxquelles je peux commander une selle idéale.
    guy ardon

    • C’est un peu notre vocation : faire connaître les entrepreneurs français de préférence qui prennent le risque de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale dans le monde du vélo.

  2. Deux selles Ideal était montées sur des machines du concours de cette année. Singer et Grandbois je crois. J’avais signalé dans mon article que c’était sur les plus luxueuses. Ils avaient un stand à Rambouillet. Etant sur le même créneau que les berthout ils visent l’ultra haut de gamme à ce que j’ai compris. On peut rappeler que Gilles Berthoud avait créé son activité de sellerie justement pour conserver la selle en cuir de qualité ( idéale)et la belle sacoche ( sologne ).

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