Quelle belle journée pour aller pédaler dans Paris ! … En ce dimanche d’août, désertée pour cause de rituelle transhumance vacancière entre les juilletistes et les aoûtiens, la capitale est quasi déserte. Seuls les touristes en balade dans la plus belle ville du Monde (soyons un peu chauvins) sont là et encore ils ne sont pas très gênants pour nous cyclistes car ils sont surtout “agglutinés” autour des hauts lieux du tourisme parisien.
C’est donc sur le coup de 8 h 30, que nous nous retrouvons avec Pierre à Rueil-Malmaison juchés sur nos drôles de vélos. Ces vélos parlons-en un petit peu car, contrairement aux produits neufs vendus en boutique, ceux-là ont une histoire à raconter. C’est pas du “made in asia” messieurs dames c’est du bon vieux byclo des années 70 – 80. Ils ont du vécu nos petites bêtes de course, le mien a même fait de la poursuite sur piste et celui de Pierre a roulé sur pas mal de routes avant de se reconvertir en single speed.
Le casting …
Pierre : le patron du “garage moderne” il est capable de réparer toutes les mécaniques. Je veux parler des vrais mécaniques un peu anciennes ; il ne faut surtout pas lui demander de fourrer son nez sous le capot d’une voiture moderne. Spécialiste des vieilles allemandes Cox, Combi WV , Porsche 356, … des années 60, il ne regardera même pas votre voiture équipée de mécanique électronique. Depuis l’année dernière il a élargi sa palette de compétences en se lançant dans la conversion de nos “ancêtres” à deux roues pour en faire de beaux “fixie” ou “single speed”. Possédant une forte culture vélo des années 60 à 80, qui a inspiré des articles de “haute volée” sur ce site, il est capable de passer de l’idée à la réalisation. Le plateau technique du “Garage Moderne” permet toutes sortes de réalisations y compris celles consistant à souder des pattes piste à l’arrière d’un vélo initialement conçu pour la route … Le vélo est à priori un engin simple et pourtant les sujets ne manquent pas entres les fameux “standards” de filetage, les tubes d’acier utilisés pour les cadres, les accessoires, … Avec Pierre on est capable de parler de longues heures durant de Simplex, Huret, Stronglight, Idéale, Nervar, Philippe, … toutes nos chères marques disparues aujourd’hui écrasées par le rouleau compresseur de l’industrie japonaise à l’époque et chinoise maintenant …
Patrick : responsable éditorial de ce site qui, avant de dévorer le bitume en courant avait pratiqué la “petite reine” d’abord en mode rando sur les épreuves au long cours du cyclotourisme type BRA et par la suite du cyclosport dans les années 70 … Atteint comme Pierre par la passion du beau matériel ancien, la construction de beaux vélos vintage l’a rattrapé. Depuis il fouine sur le Bon Coin au moins une heure par jour pour dénicher un pédalier par ci, une vieille selle Idéale Rebour par là … Après un premier “piste” fabriqué autrefois par La Gazelle (Boulogne Billancourt) qui a été adapté à la route, Patrick inaugure pour cette balade un vélo de poursuite réalisé dans les années 80 par Bernard Carré.
Nos équipements …
Qui dit vintage dit également équipement adapté … Ce matin le dressing code était à l’avenant du matériel … Sauf que là nos maillots sont modernes mais dans l’esprit “vintage”. On porte des maillots H&M conçus avec la marque BLB (Brick Lane Bike) que j’ai ramenés de Londres au printemps dernier. Les chaussures viennent également de Londres … Les sacs dans lesquels on transporte ce matin nos outils (on ne sait jamais un boulon peut se desserrer), nos boyaux de rechange, la pompe et toutes nos bricoles sont aussi des produits que nous testons pour un prochain article : Sacoche B-Twin et Sac Dakine …
Les vélos …
D’un côté un ancien vélo de route construit de façon semi-artisanale. Le cadre est de taille 55 avec 3 tubes Reynolds 531 et des raccords et pattes Vitus. Le boîtier de pédalier et les manivelles Nervar sont à emmanchement carré. Jeu de direction Stronglight … Pour les roues : moyeux Shimano grandes flasques, jantes Mavic boyaux super sport avec axe arrière plein équipé de boulons et roue avant avec axe vissé (made in garage moderne) pour éviter leur vol si vous garer un peu longtemps votre vélo sur un trottoir. Les freins sont des CLB, potence Atax, cintre et poignées de frein alu Ergotech. Le vélo a été entièrement démonté, tous les composants y compris les moyeux ont été nettoyés, vérifiés avant un nouveau graissage et remontage. La peinture est “stock”, ce qui présente l’avantage de passer inaperçu surtout en fonction de l’endroit où il sera garé. Il pèse moins de 9 kg (8.6 kg précisément) ce qui n’est pas le cas de nombreux vélos de ce genre. Comme on peut le voir sur l’affiche il est à vendre … Il suffit de poster un commentaire sur cet article et on vous mettra en relation avec le vendeur …
De l’autre un cadre construit par le célèbre cadreur B. Carré. Ce cadre de poursuite a été détourné de sa vocation piste pour devenir un single speed agréable à rouler … Avec sa selle Brooks Professional, son petit frein Campa ; son pédalier Gipiemme pista et ses roues piste montées sur des moyeus piste grandes flasques Campa Record … le vélo est cohérent et tout est d’époque sauf le guidon “Bull Horn” acheté chez Urban Solutions à Paris.
Le périple …
Départ donc de Suresnes vers le Mont-Valérien et il faut descendre vers le Bois de Boulogne … Mon frein avant fraîchement monté grâce à une petite modif réalisée au Garage Moderne nécessite une descente en douceur … C’est donc par le Boulevard Henri Sellier et le Pont de Suresnes que l’on rejoint prudemment le Bois de Boulogne. On laisse l’hippodrome de Longchamp à notre droite pour rejoindre les lacs et ensuite l’avenue Henri-Martin pour une première pause photo au Trocadéro … Magnifique ce balcon parisien qui offre la découverte sur la Seine, la Tour Eiffel et le Champ de Mars … Séance photo … le vélo de Pierre avec la pancarte “à vendre …” inspire un vendeur de Tours Eiffel à la sauvette qui demande à Pierre “Combien tu le vends ton vélo ? …“. Pour plaisanter Pierre lui répond “5 euros ! …” L’affaire aurait pu se conclure rapidement à ce tarif … Mais on rigole de la farce faite au professionnel du marchandage qui écarquille de grands yeux lorsqu’il se rend compte de la plaisanterie …
On descend sur les berges côté quai Branly … magnifique on poursuit sur le quai d’Orsay où les nouveaux aménagements des berges de Seine prennent tournure … Cette ancienne voie sur berges qui était une sorte d’autoroute urbaine devient le dimanche un lieu de promenade pour les parisiens qui s’adonnent à la pratique de leur sport préféré dans le cadre d’un musée à ciel ouvert … On change de berge en empruntant le pont Royal, on passe devant Le Louvre où une nuée de touristes attend les visites guidées. Un petit tour sur le Pont des Arts devant l’Institut pour admirer le décor “cadenassé” des rambardes du pont … L’industrie du cadenas est sauvée … il y en a des milliers ici et Pierre toujours l’esprit technique en éveil se pose la question de l’alourdissement provoqué par ces objets sur cet ouvrage d’art qui à l’origine n’était pas prévu pour cela … Une petite photo et on reprend notre “pédalée” touristique vers “Paris Plage” …
Nous voilà à “Bobo ville” et quelques pratiquants de la bronzette urbaine sont déjà allongés face au soleil pour faire évoluer leurs futurs mélanomes … Je suis un peu critique sur ce concept tout en reconnaissant que c’est superbement fait. Je pense même que cette plage apporte un plus à la Capitale surtout cette année avec nos températures régulièrement au dessus de 30°C … On passe aisément en pédalant au bord de ce “fac similé” de plage car à cette heure matinale ce n’est pas encore bondé. On file par le tunnel et on débouche au Port de Paris … Après la plage nous voilà au port … Ici pas de poissons à la criée ni d’araignées de mer ou autres sardines vendues à quai … On est plutôt sur un parking de caravanes flottantes, on remarque quelques coques “vintage” au passage …
Direction place de la Bastille et on part sur Richard Lenoir avec son marché du dimanche relativement vide de clients … On rattrape la partie aérienne du canal Saint-Martin au quai de Jemmapes … On évite les pistes cyclables car la circulation est vraiment tranquille et ces pistes en zig-zag sont pleines de bouts de verres et autres objets que nos boyaux n’aiment pas trop … Arrivés au bassin de la Villette (km 26) nous décidons de rentrer … On va éviter cette fois la voie nord par le Stade de France et Gennevilliers … On va profiter de la désertification de Paris pour une rentrée par les boulevards … Chapelle avec tout l’exotisme de la “Goutte d’or”… Rochechouart, Clichy tout aussi coloré de ses salles de Music Hall et de ses “Sex Shops” … Enfin le quartier pus chic lorsque l’on franchit la ligne de voies ferrées menant à Saint-Lazare Batignolles, Courselles, avec ses petits pavés … Puis on arrive sur l’avenue des Ternes avec une pause pour une petite bière fraîche à la terrasse du café “Dada” l’ancien restaurant Poncelet devenu le rendez-vous du quartier animé des Ternes. Après une bonne petite mousse et la séance photos prises par notre gentille serveuse on reprend la route direction Porte Maillot … Le Rond Point habituellement sauvagement pris d’assaut par les automobilistes et les deux roues est presque désert … On le traverse vite fait pour nous mettre à l’ombre du feuillage du Bois de Boulogne que l’on va traverser en suivant le ruisseau qui mène à la grande cascade … On repasse le pont de Suresnes qui enjambe la Seine pour revenir dans notre banlieue … Dernière difficulté le “grand prix des grimpeurs” sur la montée de l’hôpital Foch bien connue par les coureurs qui participent à la course Paris – St. Germain … Je suis planté sur mon 50 x 18 et Pierre s’envole devant moi à la conquête du maillot à pois … Debout sur mes pédales je me sens aussi vieux que ces reliques de Lyothard Berthet qui me servent à mouvoir les manivelles piste de 165 mm un peu courtes comme bras de levier pour hisser ma petite forme au sommet de la bosse. Ouf … ça y est … Je repense au film du mec qui grimpe le Galibier en fixie 42 x 17 … Pas pour moi ce genre d’exploit …
Retour tranquille et je laisse Pierre à notre point de rendez-vous pour rentrer peinard à la maison à Garches plutôt content de ma machine qui n’a pas perdu un seul boulon … Il y aura une petite révision à faire : pédalier qui craque un peu au niveau de l’axe et patins de freins à changer car ceux que j’ai mis manquent d’efficacité … Il me faudra trouver des Campa plus fiables …
Bilan : belle balade qui en appelle d’autres qu’il convient de refaire pendant cette période estivale propice à la découverte d’un Paris tranquille …
Le film …
Bonjour
J’ai un vieux vélo Flandria des années 60 auriez vous de quoi le rénover ? j’habite dans les Yvelines à Maule donc pas très loin de Rueil.
J’ai aussi , mais c’est mon fils qui l’utilise, un peugeot de 1980, quel intére^t de le passer en fixe ? le pédalier est un peu voilé..même question ?
Je suis président du CTM club cyclotourisme, nous faisons généralement la balade à Paris le 15/8 à partir du bois de boulogne, vous avez raison c’est vraiment super de voir Paris avec peu d’autos.
Cordialement
Bonjour … merci de votre intérêt pour nos articles … En ce qui concerne vos vélos Flandria et Peugeot que souhaitez-vous exactement ? Quand j’évoque le “Garage Moderne” il s’agit d’un lieu non commercial. Nous ne faisons pas dans a restauration sur commande. On peut vous donner quelques conseils et échanger sur le sujet mais c’est tout pour l’instant pour les “retraités” débordés que nous sommes … Si vous avez des vieux vélos ou des pièces à vendre ça peut nous intéresser par contre … Pour l’intérêt de passer un vélo en fixie je vous renvoie à nos différents articles http://www.trackandnews.fr/tag/fixie/ … L’intérêt majeur du fixie qui nous animais autrefois c’était, en phase de préparation de la saison, l’obligation de mouliner et pédaler en permanence et faire du renforcement musculaire pour ralentir en descente et freiner … Aujourd’hui c’est un phénomène de mode et un retour au source pour des déplacement urbains sur une vélo “simplissime” …
A bientôt peut-être sur la route de Maule où l’on va traîner de temps en temps en venant par la forêt de Marly … mais cette fois sur nos vélos “modernes” avec dérailleurs …
C’est quand même plus bucolique que la petite ceinture.
On a vraiment une impression de vacances en regardant ce film.
Michel