Nos vacances dans le Luberon tombent à pic pour un essai de Gravel mis à notre disposition par Giant. J’avais déjà apprécié ce massif lors d’un séjour précédent tant pour ses sentiers pédestres parfois assez aériens que pour le circuit cyclo qui en fait le tour. Les circuits vtt sont plus réduits et vraiment trop techniques.
Après quelques articles sur le sujet Gravel nous avions envi d’en démontrer l’un des usages .. Pourquoi un Gravel ? À quoi ça sert ? .. Vélo supplémentaire, vélo rando, mulet, … ? … Autant de questions dont vous ne trouverez par forcément les réponses dans cet article mais ce qui est sûr c’est que ce vélo de graviers nous ouvre des horizons nouveaux et notre rando dans le Luberon en est la parfaite illustration.
Le parcours
Le parcours a été concocté en s’appuyant sur les précédentes vacances. C’est un subtil mélange de terrains différents sur lesquels nous mesurerons aussi les limites du Gravel. Pour le mettre au point nous sommes partis du circuit cyclo classique du Luberon qui sera largement agrémenté de variantes ‘graviers’ et comme toujours c’est la TOP 25 IGN et Openrunner qui s’imposent pour préparer un premier parcours sur papier et sur écran.
Nous avons tout de même mouillé le maillot (Track & News) avec Patrick pour effectuer sa réalisation complète que nous vous invitons à suivre dans cet article. N’ayant pas à notre disposition 2 vélos de Gravel nous avons tourné avec le Anyroad que Giant a bien voulu nous prêter à nouveau et le VTT Lapierre de Patrick … Nous avons échangé en cours de route nos montures pour apprécier les différences entre ces deux types de vélos.
Voir le parcours sur Openrunner : http://www.openrunner.com/index.php?id=5093456
La boucle est de 57 km pour une grande part sur des chemins, single ou route fermée à la circulation, le dénivelé positif est de 1244 m. On pourra se repérer en grande partie en suivant le fléchage fort bien fait du circuit cyclo tour du Luberon complété par le balisage GR / PR en jaune parfois en orange et blanc/rouge.
Le point de départ que nous avons choisi se situe à Oppède village. Quelque soit le sens choisi pour effectuer la boucle à partir de ce lieu, ce départ aura l’avantage de ne pas nous faire attaquer immédiatement le gros dénivelé qui conduit sur la route des crêtes à quelques 700 m d’altitude (Oppède se situant à 200 m). Dans le sens Oppède vers Maubec, la route des Crêtes, fortement dégradée, sera prise en montée. Ce sens sera plus facile car la montée vous permettra de gérer tous les pièges que présente cette partie “défoncée” alors que la descente sera plus risquée.
Le circuit est “garantit avec vues”. Sur les crêtes et par temps clair on apercevra vers le nord le Mont Ventoux et tous les villages épars du plateau du Vaucluse : Gordes, Fontaine de Vaucluse. À l’ouest on découvrira les Alpilles, au sud la Méditerranée et le bassin de Fos, Aix-en-Provence, la Sainte-Victoire et la Sainte-Baume.
La partie basse, en léger balcon à travers vignes et massif, offre une belle vue sur les villages perchés de Bonnieux, Lacoste, Ménerbes … On traverse les villages d’Oppède, Maubec, Robion, les Taillades.
Les détails pratiques par tronçons
Oppède village (140 m) – Vidauque (111 m) 1h environ …
Le lieu de rendez-vous du départ est le bistro des Poulivets au centre du village d’Oppède. En saison on peut y prendre assez tôt un petit café (fermé le mercredi). On sort du village par le large rond point « des carrières » qui rappelle l’activité principale du lieu : l’extraction et la taille de pierres. À partir de ce rond point, on prend la direction d’Oppède le Vieux, dans la montée avant l’arrivée au village on entre dans le hameau du Souleyan et on bifurque à droite au calvaire sur le circuit fléché cyclo Cavaillon.
Petite route goudronnée puis on laisse le circuit cyclo qui descend sur la droite et on reste sur le chemin débouchant derrière l’église de Maubec. On contourne l’église par la gauche pour attaquer la montée au vieux village de Maubec. On redescend vers le camping des Royères du Prieuré. Tout à droite pour suivre le fléchage circuit cyclo jusqu’au théâtre de verdure de Robion. On prend tout à gauche après le parking et la fontaine. Grosse montée goudronnée qui passe devant la source du Boulon qui ne coule plus malheureusement depuis longtemps. Le goudron disparaît pour laisser place à la piste fléchée orange et jaune PR, qui se termine en angle droit pour reprendre le goudron du circuit cyclo en direction des Taillades. Un autre théâtre de verdure, une autre carrière, un beau point de vue avant de reprendre le circuit cyclo qui retombe au canal Saint-Julien.
À cet endroit vous avez l’option de revenir en arrière en suivant le canal pour profiter de la belle image d’un moulin à eau. Celui des Taillades était utilisé à l’origine pour obtenir à partir des racines de la Garance le fameux rouge des pantalons de nos troufions en 1914. Cette couleur n’était pas une grande trouvaille pour une tenue de combat car le rouge n’attire pas que les taureaux, il attirait aussi les balles des “teutons”. Retour en amont du canal. On ne traverse pas le canal St Julien pour suivre le circuit cyclo mais on longe sa berge, d’un côté à l’autre en traversant les ravissants petits ponts en pierre. Quelques passages techniques à ce niveau mais rien d’insurmontable pour un Gravel. Le canal conduit à un carrefour où l’on va trouver un panneau indiquant la direction de Vidauque.
Vidauque (111 m) – Station météo montée aux crêtes (556 m) 45 mn environ
Le panneau indiquant la direction Vidauque conduit à une aire de parking à l’usage des randonneurs. Sur la droite deux routes dont l’une en mauvais état est interdite à la circulation des véhicules à moteur. C’est la montée de la route des crêtes.
Un peu plus de 400 m de D+ et 7 km de goudron truffés de nids de poule ou plutôt de ceux des aigles de Bonelli qui habitent la réserve biologique que nous allons longer. On profite de quelques pauses dans la montée pour admirer le paysage et reprendre notre souffle. Arrivés presque au sommet on trouve une station météo et une fourche.
Station météo (556 m) – Forêt des Cèdres (708 m) 1h environ
On laisse la branche de droite vers “le trou du rat” pour prendre celle qui est barrée et qui monte vers la gauche. On est toujours sur la route des crêtes. Avant d’arriver aux aires de Bédouin on aura encore quelques belles vues côté sud.
Forêt de cèdres (709 m) – Bonnieux haut (320 m) 30 mn environ
La chaussée interdite à la circulation prend fin, on retrouve une route ouverte et une grande descente vers Bonnieux. Dans la descente nous allons marquer une petite pose à la table d’orientation orientée vers le nord qui nous indiquera tous les villages visibles à partir de ce point.
Bonnieux haut (320 m) – La Valmasque (330 m) 20 mn environ
On traverse Bonnieux par sa rue principale ce qui laisse l’occasion de marquer une pause « terrasse » avec une boisson fraîche. On reprend en descendant vers le bas de Bonnieux et presque un demi-tour pour s’engager sur la D3 en direction de Ménerbes. Cette D3 nous emmène jusqu’à un carrefour avec la D106 qui tourne vers Ménerbes.
A cet endroit on entre dans le massif pour retrouver le poteau du PR de La Valmasque et son marquage jaune qui conduit à Oppède le Vieux
La Valmasque (330 m) – Les Cassandrons (283 m) – La Reyne (256 m) – Poudarique (319 m)
On est sur le PR qui ondule sur un chemin à travers les vignes puis on se heurte à un gros “raidard” bétonné pour arriver au poteau PR Poudarigues.
Poudarigues (319 m) – Les carrières des Estaillades (220 m)
Un peu de vigilance sur cette partie. Techniquement on est dans la limite de l’exercice avec le Gravel . Peu après le début de cette partie, en raison d’une grosse descente on va devoir passer à pied.
Puis ensuite, malgré quelques marches et racines, la faible pente descendante est plus favorable à quelques essais de franchissements de marches et racines à petite allure pour tester les limites du Gravel. Le VTT s’en sortira mieux ici …
Côté orientation, au poteau Poudarigues à ne pas rater, le début, vers la partie gauche de la fourche avec marquage orange et marquage jaune. En fin de single on va abandonner le marquage PR jaune qui part vers la gauche et continuer sur le marquage orange. Cela devient un chemin qui nous amène sur l’entrée monumentale de la carrière.
Carrières des Estaillades (220 m) – Oppède le Vieux (233 m) 1h environ depuis Valmasque
De ces carrières, exploitées depuis le Moyen Âge, ont été extraites les pierres pour bâtir le Palais des Papes à Avignon. On dit même que la coupole du Capitole américain aurait été bâtie avec des pierres en provenance d’Oppède.
On passe devant l’exploitation des carrières sur une route poudrée du blanc de la carrière puis goudronnée que l’on quitte pour le premier chemin sur la gauche et un premier panneau “Mas de Courroussouve”.
Au deuxième panneau on poursuit tout droit pour arriver à l’entrée pédestre du village d’Oppède le Vieux mais l’accès en vélo est plus simple en continuant le chemin qui retrouve la route, tout à gauche, petit raidillon et arrivée sur la place du village. Belle vue d’ensemble sur le Vieil Oppède, la Collégiale et son château.
Une collation s’impose à l’un des cafés de la place.
Oppède le Vieux (233 m) – Oppède village (140 m) 10 mn
Pour finir on aura que de la descente dès que l’on quitte la place sur la droite pour retrouver le rond-point des Carrières et Oppède Village
La vidéo
L’histoire dOppède le vieux
Au Moyen Âge c’est tout d’abord un village qui se fortifie afin de résister à l’autorité du Pape.
Le village finit par rendre les armes.
La période de la Renaissance n’est pas plus calme pour ce lieu lors des campagnes contre les hérétiques. L’inquisiteur Jean Meynier qui s’illustra dans le massacre des Vaudois du Luberon en 1545 n’épargnera pas Oppède et les nombreux villages environnants qui subiront le même sort.
Le château qui surplombe le village devient maudit. Le village est abandonné vers la fin du XVIIème siècle après avoir été pillé par les habitants qui vont s’établir dans la plaine aux Poulivets.
Le vieux village perché renaîtra après l’armistice de 1940 grâce aux artistes qui viendront s’y réfugier, dont Consuelo la femme de l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry. Elle parle de cette période dans un livre édité en 1947 intitulé “Oppède”.
La pierre des carrières d’Oppède en calcaire coquillier est reconnue et largement utilisée pour les cheminées, la sculpture, la construction.
Mes impressions sur l’Anyroad Giant
Patrick avait déjà testé la bête mais pour préparer notre balade il me l’a confié une bonne semaine pour reconnaître différents tronçons.
Au premier coup d’œil une belle forme de cadre “slooping” en carbone très identifiant de la marque Giant. Un groupe Shimano 105, deux freins à disques mécaniques, un cintre course avec changement de vitesses aux leviers de frein mais un rappel de commande de freins en haut du cintre façon cyclo cross. Une couleur pas trop clinquante, deux roues qui respirent la santé on a pu le vérifier pendant l’essai.
Cela pourrait ressembler à un « course » classique typé endurance si quelques détails venaient attirer tout de suite l’œil. Les freins à disques, le rappel de leviers de freins de chaque côté de la potence, un boîtier de pédalier plus haut, des pneus plus larges avec un profil tout chemin.
A l’usage on apprécie l’avantage de ce vélo sur les quelques parties de goudron d’un tel circuit par rapport à un VTT. En “tout chemin” le vélo s’accommode parfaitement des parties empierrées ou en gravillons. La vitesse de franchissement sur obstacles est moins rapide qu’en VTT, les jantes de (24) ne pouvant évidemment pas supporter les mêmes contraintes. Le passage de marches s’en trouve contrarié et on comprend très vite la limite de l’exercice. Une chute par-dessus le guidon sur terrain accidenté n’est pas sans dommage même avec un casque.
Avec 2 plateaux 50 / 34 combinés à une cassette qui s’étage de 11 à 32 les rapports mériteraient une dent ou deux en moins sur le petit plateau, le risque de perte d’adhérence devenant important si l’on veut se mettre en danseuse sur du terrain en gravier. Mais il faut dire que les chemins empruntés étaient très pentus de l’ordre de 15 %.
Le freinage est super efficace et les leviers “cyclo cross” sont vraiment intéressants autorisant des positions de mains variées sur le guidon en fonction du profil. La position de pilotage est tout aussi adaptée en cyclo qu’en tout chemin.
La rigidité du cadre carbone sait se faire oublier, la géométrie du cadre est très polyvalente dans les deux usages.
Par rapport au VTT semi-rigide utilisé en alternance sur le parcours le Gravel est plus dynamique et offre un grand confort grâce aux diverses positions possibles. Sa légèreté et son rendement le rend plus agréable à rouler que le VTT lourd et mou dans les relances. Par contre comme nous l’avons constater c’est un Gravel par u Rock … Il aura ses limites sur les chemins encombrés de grosse racines ou sur les pierres.
Quel matos ?
Pour une sortie Gravel un peu longue vous pouvez opter pour un petit sac à dos dans lequel vous pourrez ranger tous vos “fourbis”. Un petit outillage, la pompe, de quoi se nourrir, la carte IGN si vous n’êtes pas techno branché, … La position “endurance” sur un Gravel rend le port du sac possible.
Nous avons opté :
- Pierre pour le sac de VTT Scott Airsticke 14 qu’il avait testé en 2013
- Patrick le super petit sac de Trail Hoka / Oxsitis bourré de poches astucieuses à fermetures aimantées.
Pour les chaussures rendez-vous sur l’article de Jean-Denis … Il nous a expliqué que le meilleur choix est celui des chaussures de VTT qui permettent de marcher si besoin … et d’utiliser les pédales qui vont avec.
Pour le reste vous avez sans doute dans votre équipement cuissard et maillot … Le dressing code du pratiquant de Gravel est proche de celui du cycliste sur route …
Si vous partez à l’aventure vous pouvez utiliser un GPS qui vous affichera le fond de carte comme un Anima TwoNav de CompGPS qui propose des dalles IGN qui vous permettront de vous localiser hors route.
En conclusion
Nouveau jouet ou vraie tendance, l’usage du Gravel s’impose comme le chaînon manquant entre vélo et trailrunning pour des découvertes de parcours où l’usage VTT est superflu. Pour les amateurs de multisports comme nous c’est un excellent outil pour arpenter les mêmes chemins.
Ce nouveau type de vélo par son prix entrée de gamme est vraiment tentant, on attend d’essayer une version plus évoluée pour pouvoir faire la différence.
Voir également
Un lien vers les balades en vélo proposées par le site luberon.fr : http://luberon.fr/tourisme/balades/balades-velo/