Cela faisait un bail que je voulais essayer un vélo de gravel Caminade … Pas moyen de disposer d’un vélo de test car la jeune société, qui produit une centaine de vélos par an, vend toute sa production et elle n’a pas de stock … Pour chevaucher un Caminade j’aurais dû me rendre à l’Ille-sur-Têt pour rouler sur un des vélos de l’équipe ou bien emprunter un vélo à l’un de leurs clients. L’occasion ne s’est jamais présentée et lorsque j’ai su que Sylvain Renouf et Brice Epailly, les deux associés de Caminade, seraient présents comme nous au Roc on a monté une opération “Test expresso” de leur modèle de Gravel Espresso.
Jeudi soir, autour d’une bière à la terrasse du Roc café de Probike je rencontre enfin les deux créateurs de Caminade. C’est quand même plus sympa que nos échanges sur facebook, même si la musique un peu forte rend la conversation difficile. On se cale un rendez-vous pour le lendemain matin pour récupérer le vélo qui n’est autre que celui du soudeur de Caminade que Brice doit utiliser sur la Gravel Roc de samedi.
La machine a un look plutôt discret et je dirais même austère. Chez Caminade on sait faire mieux comme celui qu’ils ont réalisés pour l’un de leurs clients et qui était exposé au Roc sur le stand Hutchinson. À l’oeil, ça change du tout au tout et cela démontre que sur un vélo d’artisan on peut “customiser” son décor de cadre et personnaliser totalement son vélo.
Sylvain me confie donc le vélo de son soudeur et nous partons en voiture vers le parcours que nous allons emprunter demain sur la course de Gravel. On ne peut pas rêver d’un meilleur test que d’aller rouler vers la Bergerie et le col de Roquebrune. Après une séance de shooting photos on s’élance Pierre et moi vers les pistes qui longent les vignes et on suit le marquage “Gravel Roc” sur les panneaux du circuit.
Il faut un moment d’adaptation pour prendre en main ce poste de pilotage très différent de ceux des vélos que je teste habituellement. D’abord cet Espresso est un mono plateau : un seul levier derrière le frein arrière pour monter et descendre la chaîne sur la généreuse cassette arrière.
Ensuite le guidon Salsa de 46 qui me semble énorme avec sa forme évasée en bas. Les cocottes de freins sont couchées presque à 45° et l’ensemble me paraît bizarre dans un premier temps. En fait on s’y habitue très bien : à peine un kilomètre et je trouve ma position sur les cocottes. Par contre j’ai du mal avec les mains en bas car la taille du guidon est trop importante pour moi. Le soudeur doit être sérieusement “baraqué” … J’ai les bras trop ouverts et la position est un peu fatigante. Pas très grave pour cet essai pendant lequel on a surtout grimpé les mains en haut.
Un vrai Gravel
Sous l’appellation Gravel nous allons trouver des vélos qui peuvent être des CX adaptés, des vélos de route typés endurance montés avec des disques et des gros pneus , … et il est vrai que pour rouler sur des chemins on trouvera également quelques vélos “bricolés” par leurs propriétaires qui pourront faire l’affaire mais qui auront leurs limites, surtout lorsque l’on devra passer sur des parties techniques.
Un cadre fabriqué en France …
Contrairement à beaucoup de machines que j’ai pu tester ce vélo de Caminade est un pur Gravel. Brice Epailly, qui a conçu son architecture nous l’explique. “Il est en acier et le cadre est entièrement fabriqué en France à l’Ille-sur-Têt dans nos nouveaux locaux qui ont été installés cet été. Avec sa forme caractéristique le vélo est un peu plus long qu’un vélo de route avec un peu plus d’angle devant et des bases arrières très courtes pour avoir un triangle arrière compact. La géométrie est du type slooping encore plus basse que sur certains vélos avec un renfort reliant le tube supérieur au tube de selle pour une plus grande rigidité. Le boîtier de pédalier est plus haut qu’un vélo de route pour faciliter les franchissements d’obstacles.”
Le vélo est équipé d’un mono plateau qui s’est imposé car il évite les sauts de chaîne et s’adapte de façon plus fluide à la succession des profils rencontrés sur les terrains de Gravel sans avoir à manipuler 2 leviers pour trouver le bon rapport. Ce mono-plateau est devenu comme une évidence et d’ailleurs nous avons constaté que toutes les marques proposaient désormais ce type de montage sur leurs modèles de gravel comme sur certains cyclocross.
De même pour les axes traversants qui sécurisent le maintien de la roue et apportent un peu de rigidité à l’ensemble roulant. Les axes de 12mm semblent s’imposer progressivement sur les montages et Caminade les a adoptés.
Un vélo à la carte
Sylvain Renouf nous explique les différentes options “Nous proposons à nos clients plusieurs solutions en partant du cadre nu, de montages standards : de base en Sram Rival il est à 2200 € … Ensuite on peut faire évoluer le vélo en fonction des désirs du client en restant à son écoute et en lui proposant les solutions que nous avons validées.”
L’avantage, avec nos deux compères, c’est que les vélos qu’ils fabriquent ils les utilisent sur le terrain. Que ce soit sur les épreuves qu’ils organisent comme la Gravel 66 ou la Gravel de Fer mais également sur des raids d’endurance comme la Born to Ride de Chilkoot entre Vézelay et Barcelone : plus de 900 km sur la route pour démontrer la polyvalence du vélo.
Revenons au test
Bienvenue sur l’acier … Je vais un moment oublier mon vélo en alu et les modèles en carbone en cours de test. Avec Pierre on va changer de vélo pendant le test et rouler alternativement sur ce Caminade. L’an denier nous avions apprécié le Bomtrack Hook cette fois avec ce Caminade on roule sur un Gravel sans concession et spécifiquement conçu pour cette pratique. Le vélo est souple et répond bien dans les montées.
Très bonne motricité : le vélo grimpe bien. Les nouveaux pneus Overide d’Hutchinson me font bonne impression. C’est dans les descentes que l’on va plus se faire plaisir. Le vélo se pilote super bien et il est beaucoup moins raide qu’un carbone et le guidon large en bas permet un bon maintien de trajectoire … Brice Epailly aurait-il raison en prétendant que le matériau idéal pour le Gravel serait l’acier ? … Après ce bref passage sur les sentiers du Roc je dois dire que je ne suis pas loin de penser comme lui. Heureusement pour les autres vélos il y a Gravel et Gravel et l’alu et le carbone ont des qualités à faire valoir sur d’autres terrains. Ici sur ces DFCI remplis de caillasses l’acier fonctionne plutôt bien.
Le mono-plateau m’a convaincu … Je fais d’ailleurs souvent du mono avec mon double dans le sens où je reste généralement sur le petit lorsqu’on enchaîne montées et descentes. Avec le SRAM tout se passe bien : quand on croise ça ne gratte pas sur la fourchette de dérailleur avant qui n’existe plus, et il y a moins de risque de saut de chaîne lors du changement de plateau sur une piste qui secoue.
Le test a été très rapide “Express” pour un Espresso … J’aurais bien gardé le vélo pour la course du lendemain mais malheureusement c’est Brice qui l’utilisait.
Le vélo testé :
- Cadre : acier soudé au TIG
- Boîte de pédalier standard à visser : BSC 68mm
- Douille de direction : 44mm pour fourche à pivot conique ou 1″1/8
- Axe de roue arrière 142x12mm Syntrace X12
- Serrage de tige de selle intégré pour diamètre 31,6mm
- Porte-bidons : 2 supports
- Options support pour dérailleur avant et double-plateau
- Passage Interne des câbles
- Insert pour porte-bagage
- Insert pour garde-boue
- Décoration Peinture Epoxy, couleur unie au choix
Prix : tout monté 2199 à 2999 € selon les options – cadre seul base à la carte 999 €