Dans le monde du vélo il circule parfois des histoires savoureuses que l’on pense être issues du plus grand des hasards. En y regardant de plus près, ces histoires – à la limite anecdotiques – ont un vrai sens. Comment un vélo qui est resté stocké plusieurs années chez son fabricant peut tout à coup ressurgir et sortir d’un fond de stock pour faire le bonheur d’un passionné fan de Commencal ? L’histoire de Martin, qui a été chercher sa trouvaille incroyable en Andorre, est peu banale et mérite qu’on la partage au comptoir du Bike Café.
Le vélo est arrivé dans la vie de Martin vers l’âge de 10 ans en accompagnant son père dans ses joggings dominicaux avec son 24 pouces et par la suite avec son premier 26, une seconde main légère de marque inconnue puis un second un SUNN “Mon premier vrai vélo était un Sunn d’ocaze mais déjà il y avait les premiers Commencal qui sortaient en même temps. Je roulais sur mon Sunn déjà un peu vintage et je bavais devant les Commencal que mes potes un peu plus friqués avaient pu s’offrir … C’était en 2000. Il y avait des Supernormal Alu, des LOVE en Cromo, certains étaient en Co-factory avec la marque …“
Ces premières rencontres que Martin faisait avec les vélos conçus par Max Commencal allait orienter de façon définitive ses goûts vélo. Dans le Club de ses débuts, sur la vingtaine de copains de la section jeunes, 3 ou 4 d’entre-eux possédaient un Super-normal … L’esprit de ces vélos était sympa, ils marchaient bien, n’étaient pas trop cher et ils avaient un graphisme qui pouvait séduire Martin déjà attiré par le design.
Un parcours jalonné de vélos Commencal
“J’ai eu des errances car je ne pouvais pas me payer des Commencal, je ne faisais plus de cross j’étais interne, … Il y avait les premiers pasta …” Martin arrête le vélo pendant 10 ans pour se consacrer à ses études …”Pas de voiture, pas de rond, … donc un peu compliqué pour moi de faire du vélo. Je continuais à me tenir informé en lisant Vélo Vert …” Mais quand on a le virus la “folie” Commencal revient vite et Martin retourne à ses premières amours à force de regarder les journaux spécialisés. Amoureux du matos il fait l’acquisition d’un cadre Absolut en alu … Il met un an pour réunir les pièces pour le monter. “Toujours pour des raisons de budget mais aussi pour construire un vélo comme je le souhaitais. J’ai trouvé une tige de selle Thomson à 20 € une potence pareille, … au final j’avais un truc super chouette.” En fait Martin est avant tout passionné par le projet et le plaisir de monter des vélos … Architecte et amateur de design il aime les vélos racés. Il prend une grande partie de son plaisir à faire des “bons coups” sur des pièces qu’il achète en fonction des opportunités. Comme il le dit “Acheter chez Alltricks ou ailleurs ça ne me branche pas …”
Le projet avant tout …
Martin passe d’un projet à un autre et, la revente chaque fois à des copains du vélo qu’il a fini de monter, finance le projet suivant … Il est tout aussi motivé par le projet que par la pratique … “Ces temps-ci, avec la vie de famille, le boulot et la vie parisienne, je roule trop peu. Et moins je pratique plus j’y pense et plus j’imagine de nouveaux montages …“
Arrivé à Paris il se relance avec un Babylon qui était un commuter sur la base d’un Super-normal … Fourche carbone rigide roues de 700 …”Je n’aime pas les premières montes, j’achète les entrées de gamme et je les fais évoluer … J’ai customisé mon premier Commencal de l’ère moderne avec une potence Thomson …” …
Lassé par le blanc il en bâtit un autre en noir sur lequel il monte un mono plateau … “C’était déjà un Gravel. J’ai monté des 29 il y avait de la place pour le passage des pneus. Je n’avais pas encore rencontré encore les bonnes personnes … C’était mon engin de locomotion et je m’en servais pour faire la course aux feux rouges avec les scooters …” Et puis Martin rencontre les gens du collectif PCR (Paris Chill Racing) et commence à faire un peu de Cyclo Cross … Il roule également avec les Koyottes à Vincennes qui font principalement de l’Enduro …
En 2015, Martin a un coup de cœur pour le FCB de Commencal, un commuter sportif dont les nouvelles finitions, mettent un coup de vieux au Babylone…Le kit cadre est rapidement acheté et les composants transférés de l’un à l’autre. Un beau montage et un vélo à tout faire, ou presque. Dans sa configuration, il était plus habile à faire des “bunny hop” qu’à avaler les kilomètres…
Puis arrive l’oiseau rare …
“Le META HT SX m’avait permi de remettre le pied à l’étrier avec les Koyottes…. » Martin roule avec ses nouveaux amis enduristes qui font également des sorties route et le Meta n’est pas dans son élément sur les parcours mixtes, la configuration du FCB le rendait assez exclusif.
« Je me retrouvais à avoir deux vélos trop proches dans leurs usages… Un méta hardtail qui avait ses limites, et un FCB devenu gravel avec un flatbar qui n’en avait plus … Je me retrouvais à faire presque les mêmes parcours avec les deux vélos… J’ai donc choisi de changer cela pour aller vers deux montages qui se complèteraient mieux. Un cyclocross qui me permettrait de rouler de longues heures, du gravel à la route en passant par quelques CX hivernaux, et un enduro tout suspendu qui me permettrait de repousser mes limites. »
Martin, de part sa formation d’architecte designer, est sensible aux tendances. Tous les jeunes qui sont revenus au vélo sont passés par la “case” fixie et maintenant ils découvrent ces vélos hybrides cyclo cross ou gravel … Pour Martin le chemin a été différent car il a commencé en XC dans les catégories jeunes, avant d’aller dans des pratiques plus fun en hardtail (Dirt, DH, Street) à l’adolescence et de se mettre à l’enduro à son arrivée à Paris. Mais le vélo “cible” est le même pour lui aujourd’hui. Ce type de vélo correspond à un vrai courant esthétique avec des peintures de cadre originales, un look de vrai vélo aux antipodes des “avions de chasse” en carbone …
“C’est à la fois un commuter avec lequel tu peux faire un peu de cyclo-cross de temps en temps, j’aime le côté décalé et pouvoir doubler un VTT avec un tel vélo … Je me suis dit je vais faire comme d’habitude je vais chercher un cadre seul pour compléter ensuite le montage …” avoue Martin.
Le voilà parti en chasse de ce nouveau vélo pensant toujours à un cadre seul (VIP chez Commencal). “Je savais qu’il existait, je voulais des V-Brake et après avoir loupé quelques occasions sur le Bon Coin notamment le vélo du petit frère de Martinez qui était trop petit je tombe par le plus grand des hasards sur un site qui déstocke des cadres Commensal.” Ne connaissant pas ce revendeur Martin appelle chez Commencal pour vérifier la provenance du matériel proposé … C’est là que l’histoire devient savoureuse : “Mon interlocuteur que j’avais eu au téléphone chez Commencal et à qui j’avais expliqué ce que je recherchais m’envoie un mail et me dit qu’après avoir regardé dans notre base de données il a trouvé un cadre neuf de 2002 quelque part …“
“Je vous le fais à 60 € port compris …” déclare l’interlocuteur chez Commencal : bonne affaire ! Puis il rappelle Martin une demi-heure plus tard en lui disant c’est pas le cadre que j’ai trouvé mais c’est le vélo complet …Il est flambant neuf avec un groupe 105 et des composants de première monte… Un montage cohérent mais hors du temps ! L’affaire est conclue pour une somme correcte.
Un vélo Laurence Leboucher ?…
“Il y a des choses dans ce vélo que je n’ai pas éclaircies … eux non plus … Ils savent que c’est un vélo destiné à Laurence Leboucher mais il n’est pas équipé compet … Aucun vélo CX complet n’a jamais été au catalogue chez Commencal il existait en cadre nu et pas en blanc … Ils savent que ce vélo était fait à la base pour elle … et cette histoire s’est transmise oralement dans les bureaux de Commensal depuis 2001 … ” explique Martin. Il reste un mystère car Laurence est trop petite pour la taille de ce cadre et c’est peut-être pour cela que le vélo est resté oublié dans le stock … Est-ce un proto ? Laurence étant Championne du Monde de cyclo-cross en 2002 la marque aurait-elle envisagé une série commerciale cette année-là ? … Erreur de taille tout simplement … Le mystère restera entier d’autant que Max Commencal n’est pas un homme d’archives. il regarde toujours de l’avant et ne garde pas beaucoup de documentation sur ses vélos du passé.
Martin, très fier de sa trouvaille, est allé chercher son vélo en Andorre. “J’ai rencontré les personnes du staff et l’on m’a raconté que lorsque le vélo a été vérifié par l’atelier mécanique de chez Commencal, des gars de la R&D sont venus l’admirer et certains auraient bien voulu le garder ... Non … non les gars : il est à moi je l’emmène ! … Ce moment a été super chouette pour moi fan de la marque. J’ai fait la visite des locaux de fond en comble : un vrai Noël avant l’heure.“
Maintenant Martin qui est spécialiste des customisations doit affiner son projet … Entre les “Ayatollah” qui diraient : il ne faut rien changer … et qui auraient raison si le vélo récupéré serait le vrai vélo de compet de Laurence équipé Dura Ace … et l’envie créatrice de Martin le choix va devoir se faire.
Martin envisage plein de choses sur la base de ce vélo et on en reparlera sans doute … Il envisage de le repenser dans notre époque et jouer la carte de l’air du temps … Périphériques Thomson, pour la qualité et la valeur sûre … Quelques éléments plus lights… Et puis unifier la transmission qui était panachée, dans les groupes et les couleurs ….Trouver un dérailleur 105 9v noir ? Ça n’existe pas … Et que penser des cocottes, avec passages de gaines externes désormais révolues… Installer une transmission 10v avec un pédalier plus moderne en 4 branches emmènerait le vélo dans l’ère moderne… Et quid d’une fourche droite façon Enve repeinte à la couleur du vélo sans omettre de reproduire les stickers de la fourche d’origine …
Affaire à suivre …
Super article.
J’ai depuis acquis le Commencal FCB de Martin ! Est-il possible d’avoir ses coordonnées pour obtenir des infos/conseils sur son ancien velo ?
Héla non … essaie par facebook