Ceux-là, ils sont vraiment nés pour rouler … c’est ce que j’ai pensé en regardant sur facebook les photos des “Gueules de pionniers” publiées par Julien Boulanger. De belles gueules, fatiguées mais rayonnantes, à l’arrivée de cette longue trace qui vient de s’achever entre le Mont Sainte Odile dans les Vosges et le Mont Aigoual à la frontière du Gard et la Lozère …
Luc Royer, le créateur de Chilkoot est un amoureux des cartes routières qu’il aime consulter pour alimenter ses rêves. Il imagine ainsi ce genre d’aventure, permettant de relier deux “POI” sur un tracé qu’il prépare, savourant ses moindres détails. Ces points de départ et d’arrivée ne sont pas choisis par hasard, ils illustrent une thématique. En 2016, c’étaient les cathédrales reliant l’art roman à Vézelay et l’imagination folle d’Antoni Gaudi avec sa Sagrada Família à Barcelone. Cette année, ce sont les Monts. Ces points sont certes intéressants, mais c’est l’aventure que chaque participant va vivre pour les relier, qui va rendre le voyage sublime en roulant “tête haute, et non pas tête basse“, selon la formule de Luc. Elle démarre cette fois au Mont Sainte Odile et passe par “Monts et par Vaux …” car le programme emmène les participants en Allemagne avec le mont Blauen, en Suisse avec le Grimsel et le Simplon à plus de 2000 m et en Italie avec le Mottarone. Le retour en France sera également pentu avec le col de Montgenèvre, le Ventoux et, pour conclure, le mont Aigoual.
Un fichier gps, un brassard avec un numéro, un carnet à faire tamponner à chaque CP … et l’aventure peut commencer.
Born to Ride … déjà une histoire
Born to Ride est né en 2012 “Nous étions partis à 7 entre Marseille et La Rochelle sur une thématique portuaire. C’était entre les deux tours de l’élection présidentielle et j’avais déjà mis en place les fondamentaux de Chilkoot : les valeurs, le partage, le voyage, la cohésion, ...” explique Luc Royer. La création de Chilkoot et la mise en place d’autres événements ont mis en sommeil la BTR qui est revenue en 2016 avec cette fois 34 engagés sur l’aventure entre Vézelay et Barcelone. “Cette thématique a beaucoup plu aux 29 finishers qui l’ont superbement vécue en prenant le temps de faire des photos sur le parcours, profitant d’une météo très agréable …” précise Luc. Cette édition 2106, relayée avec enthousiasme par ce petit groupe de pionniers a sans doute donné envie à d’autres cyclistes aventuriers de se lancer eux-aussi dans la nouvelle thématique proposée en 2017. “À ma plus grande surprise, à ma proposition d’un parcours plus exigeant sur 1200 km à faire en 120 heures, j’ai reçu très rapidement entre 140 et 150 pré-inscriptions qui se sont transformées en 107 participants au départ. Avec un peu d’appréhension pour moi car 37 ça allait, mais un groupe de plus de 100 cyclistes éparpillés sur cette longue route, ce n’est pas rien …” déclare Luc Royer.
Luc qui tamponne les derniers carnets de route au sommet du Mont Aigoual est maintenant rassuré, tous les participants sont arrivés. Si l’on en juge par les retours concernant cette édition, pourtant rendue exigeante par son profil et les conditions de chaleur, cela a été unanimement un succès.
Le film de Jeanne Lepoix
Ils racontent …
Lorsque l’on entre dans l’univers Chilkoot imaginé par Luc Royer, on découvre un monde du vélo différent des organisations habituelles. L’aventure y est présente en permanence sans les prises de risques inutiles, l’autonomie est nécessaire sans pour autant ressentir la solitude, la performance est respectable sans devoir subir l’aliénante compet, le rêve enfin est permanent sans l’utopie, … Luc a inventé un paradigme différent des “classiques” du vélo avec son modèle à la fois intimiste, esthétique et aventureux.
Paul Galéa est arrivé premier en compagnie de Thomas Dupin en haut du Mont Aigoual s’offrant ainsi une belle sortie de préparation pour la TCR à laquelle il va participer cette année. “J’avais déjà participé à l’édition 2016 de la BTR et cette année j’avais fait la Chilkoot Safari organisée par Luc également. J’apprécie le côté aventure des épreuves que propose Luc. Il n’y a pas de prise de tête, pas de compet, … J’apprécie particulièrement l’ambiance et l’autonomie qui caractérisent ses organisations. Et puis j’ai eu le plaisir de rouler un moment aux côtés de l’immense Bruno Lebras, qui a fait rêver toute une génération de VTTistes dans les années 90, et dont j’étais fan.” précise Paul.
Jeanne Lepoix est graphiste, c’est une des rares femmes sur la BTR qui n’affiche pas encore la parité … Jeanne est une grande habituée des voyages à vélo “Je suis très organisée, une partie de mon plaisir a été de préparer et d’organiser mon trip sur cette BTR, chaque soir j’avais réservé un hébergement avec Airbnb. J’avais même repéré les magasins où je pouvais m’arrêter pour m’approvisionner. J’ai adoré le passage au Grimsel avec ce point de vue sur les lacets interminables dans ce décor de neige. J’adore les descentes et je me suis fait plaisir dans ces longues parties sinueuses. J’ai vraiment apprécié l’esprit de cette BTR et je regarde déjà la liste des organisations Chilkoot pour en faire une autre … peut-être plus courte sur un week-end.” explique Jeanne.
François Paoletti, journaliste et auteur du livre Eddy, a vécu différemment cette édition de Born to Ride puisque, contrairement à Paul qui l’a fait en 3 jours, il l’a “savourée” en 5 jours. “Je suis proche de Luc, nous sommes d’une génération qui n’est pas passée par la “case compet” pour découvrir le vélo longue distance. Nous avons des valeurs très semblables même si les événements que nous organisons restent très différents. Je suis venu en vacances sur cette BTR car je suis en plein chantier de construction de maison et côté boulot le lancement de Classics Challenge m’a beaucoup pris de temps. Cette édition de la Born to Ride m’a offert une belle parenthèse dont j’ai vraiment profité …” me confie François déjà au travail avec Julien pour peaufiner le scénario du film de la BTR 2017 produit par Chilkoot.
Matthieu Brunet est Directeur Général de Zéfal … “Difficile de trouver les mots pour décrire ce que j’ai vécu … Je suis parti avec une préparation plutôt légère avec un seul brevet de 300 km comme référence de sortie longue. Je m’étais promis de ne jamais faire un Paris-Brest-Paris à cause de la distance et je ne sais pas pourquoi j’ai dit oui à Luc Royer.” explique Matthieu. Quand on pousse un peu l’échange avec Matthieu, les mots viennent quand même vite pour raconter la galère vécue après la descente de Montgenèvre. “Je me retrouve à Chorges face au lac de Serre-Ponçon à me dire que je vais arrêter à cause d’une pénible douleur au pied gauche. Mais je me dis en décidant de repartir “ça passe ou ça casse …” poursuit Matthieu … Et là le ton du récit change lorsqu’il me raconte ce superbe final qu’il a vécu en montant de nuit le Ventoux et en finissant en apothéose la montée du Mont Aigoual. Heureux de cette conclusion il a réveillé Luc à 4 h du matin pour obtenir son coup de tampon final. Les mots semblent banals à celui qui vient de vivre une telle aventure, pourtant ces même mots ne le sont pas pour celui qui les écoute.
Matthieu Lifschitz est graphiste et directeur artistique du magazine 200 … C’est un “rouleur d’expérience qui se prépare lui-aussi à la TCR 2018. “Dès le départ nous nous sommes constitués en groupe avec mes copains François Paoletti, Denis Morino et Christopher Hung. Nous avions décidé de nous la jouer tranquille : on arrêtait de pédaler à minuit pour nous glisser dans nos sacs de couchage. Sur la route on s’arrêtait parfois à une boulangerie si une petite faim nous y invitait …” explique Matthieu. Il connaît bien les événements Chilkoot qu’il définit comme des “randonnées sportives”. “Luc nous offre le “méga prétexte” de vivre et partager une aventure. Chacun la vit à sa manière sur le dernier Confluences j’avais décidé d’appuyer et je me suis fait plaisir, sur cette BTR ça s’est passé autrement, et de la même manière le plaisir était au rendez-vous …” complète Matthieu.
Retrouvez toutes les infos sur la Born to Ride sur le site de Chilkoot.