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Le bambou se met à pousser sur les pavés de la Malteni Bootleggers

Phénomène étrange et qui, semble-t-il, n’est pas lié au réchauffement climatique : le bambou se met à pousser sur les pavés du nord. Le bambou c’est celui du cadre du vélo fabriqué par Andréa et les pavés sont ceux sur lesquels les concurrents de la Malteni Bootleggers #2 ont sauté, la veille du Paris – Roubaix.

Laissons Andréa évoquer sa course sur son vélo qu’il a baptisé “Écume” …

C’est début décembre que “Écume”, le dernier Bamboo Bike que j’ai conçu avec ma compagne Annie, a vu le jour dans l’atelier Rustine & Burette de Strasbourg où j’ai finalisé le montage des composants (consultez l’article précédent concernant ce montage). L’objectif était de réaliser un vélo de gravel pour rouler en bikepacking en 2018, avec notamment au programme des courses comme la Malteni Bootleggers et l’Hamster Classic en Alsace. Mon vélo vient de prendre ses marques sur ses terres belges d’adoption composées de pavés, de boue, de feuilles d’automne et de pluie.

Petite définition :

Écume (nom féminin) : mousse blanchâtre qui se forme à la surface du corps d’un sportif, qui s’agite au sein du peloton pour boucler les étapes les unes après les autres. Ce dépôt se cristallise sous l’effet de la chaleur pour couvrir le corps de l’athlète d’un blanc pur …

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À vous de jouer !


La Malteni Bootleggers #2

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Photo Mathieu Poussou

Située dans le calendrier un jour avant Paris-Roubaix, le second acte de la Gravel Malteni Bootleggers, s’est déroulé sur le terrain de jeux préféré de William, Alexandre et Clément, qui en sont les organisateurs. Les nombreuses demandes de dossards et les 170 pré-inscrits cette année, montrent l’engouement pour cette nouvelle pratique qu’est le gravel.

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Parcours de la Malteni Bootleggers #2

Finalement nous n’étions que 150 partants au départ de ce tracé de 250 km pour 2200 de D+. Ce parcours emmène les roues des gravelleux sur des terrains de terre, de boue, de graviers et bien sûr de pavés. Nous ne sommes pas dans le nord pour rien … Les paysages parcourus sont variés entre singles forestiers, terrains lunaires et secteurs pavés mythiques du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix.

Matériel

J’ai décidé de partir avec un montage mixte au niveau pneumatique un pneu Schwalbe X-One pour l’arrière en 28 X 1,30 et un Schwalbe Rocket Ron pour l’avant en 28 X 1,30, qui avait déjà fait la Malteni Bootleggers l’an passé. Le règlement de l’épreuve autorisait des pneumatiques de section de maximum 38 mm.

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Photo Mathieu Poussou

Une poche à eau de 1,5 L que je place dans la sacoche de cadre car, lors de la conception du vélo, j’ai fait le choix de ne pas mettre de porte-bidon pour des questions esthétiques et pour garantir la solidité du cadre.

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Photo Mathieu Poussou

Le retrait des brassards, avec le numéro du cycliste, ainsi que la carte de contrôle des CP a eu lieu à la brasserie de Brunehaut qui brasse la fameuse bière cycliste Malteni. On rentre dans le vif du sujet de la course à 19 h lors d’un briefing de départ pendant lequel William et Alex expliquent les consignes de sécurité et détaillent le parcours du lendemain.

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Photo Mathieu Poussou

Samedi matin, dans l’obscurité les lampes et les cliquetis des roues libres qui agitent le silence nocturne, le départ est donné par vagues de cinq bikers à la fois toutes les 2 minutes.

Start …

Je prends le départ à 6 h 25 avec trois cyclistes aguerris : Aurélien créateur des vélos Stiff Bicycles Factory, Max Toulemonde qui a bouclé la Born to Ride de Chillkoot et Simon Kirscher ambassadeur Chilkoot qui est un des protagonistes du film « Les Pédaleurs ».

Nous démarrons à la lueur des frontales sur une partie de route qui nous mène rapidement à un secteur de pavés bien ordonnés, puis à des chemins de terre. Simon décide d’attendre un de ses amis qui part dans la vague qui suit. Ce sera une alternance de sections de macadam et de sentiers pendant quelques kilomètres. Je perds rapidement Aurélien et Max qui ne suivent pas mon rythme. La trace nous mène au Mont Saint-Aubert, là où l’année dernière j’ai crevé à cause du grillage qui stabilise le sol. Cette année je veille à regarder où je pose mes roues. Une fois au sommet on plonge dans une descente sur un single agréable avant de rejoindre la route et pouvoir envoyer du braquet comme il faut pour grappiller des minutes sur les poursuivants et essayer de rattraper un maximum de gruppettos.

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Levé de soleil – photo Rémi Quinquin

Les rapports que j’ai choisis (34 x 11- 46) en mono plateau 11 vitesses me permettent de gommer toutes les difficultés sans avoir à poser le pied au sol lorsque le terrain est sec. Nous arrivons rapidement au Mont de l’Enclus (Kluisberg) où les chemins sont plus forestiers. Nous roulons sur les traces du Tour des Flandres et nous nous approchons du fameux Koppenberg 11,6% de pente de moyenne avec un passage à 22%. Une fois le sommet atteint nous apercevons le CP 1 où William nous accueille avec deux bénévoles, arrêt express pour faire tamponner la carte de contrôle, prendre quelques pâtes de fruits puis je continue ma route. Je ressens une petite douleur à la paume de la main gauche, je me dis ce n’est pas grave cela va passer. Erreur d’avoir choisi des gants sans gel ! J’ai une ampoule qui va grossir avec les kilomètres.

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Photo Mathieu Poussou

C’est une alternance de single dans les bois, les champs, on visite la campagne belge.

Écume se comporte à merveille sur toutes les surfaces, malgré quelques bourrages au niveau des bases du cadre dûs à une boue bien collante. En écoutant et observant les autres vélos c’est la même chose, je suis rassuré et fait entière confiance à mon bamboo bike.

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Samule Becuwe – Photo Mathieu Poussou

Les kilomètres font tourner le compteur, je continue en cavalier solitaire à écumer les chemins pour arriver au CP2 où j’aperçois Samuel Becuwe (double finisher de la Transcontinentale et co-organisateur de la French Divide). Il est parti quelques vagues avant moi, Alexandre Voisine et Mat Poussou me demandent si tout va bien. Je leur dis : « Tout est ok pour le bike et pour moi … ». J’effectue un arrêt un peu plus long que celui du CP1 pour mettre de l’huile sur la chaîne, manger un bout et faire le plein d’eau : 1,5 l dans une poche à eau et 500 ml dans un bidon dans lequel je mets de la poudre Nutrisens goût Poulet-Curry que j’avais emportée pour en faire de la boisson énergétique. Sans oublier de poinçonner la carte de route justifiant que je suis bien passé au CP.

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Alexandre Voisine – Photo Mathieu Poussou

Et hop c’est reparti : on retrouve rapidement d’anciennes voies de chemin de fer transformées en “Ravel”. Ça roule, ça roule … il faut envoyer du braquet ! …

Arrivé à Raismes j’entame en compagnie de trois coureurs l’ascension du terril sur un terrain lunaire, puis une descente sur des singles où il faut constamment relancer.

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Photo Mathieu Poussou

Dans la descente, je perds mes compagnons de route car je décide d’avancer un maximum sur les chemins forestiers et les routes jusqu’à la trouée d’Arenberg où ce sera l’ultime test pour Écume. Je sais que si mon vélo passe ce secteur pavé long de 2,4 km à la cotation de difficulté de 5/5, je pourrai rouler les yeux fermés jusqu’à l’arrivée et lui faire entière confiance. On arrive par la route à cette fameuse trouée, j’entends le GPS d’un spectateur annoncer vous êtes arrivé à la trouée d’Arenberg dans 500 mètres. À peine le temps de réaliser que j’y suis, virage sur la droite et feu ! L’Enfer du Nord commence à partir de ce point, et le travail accomplit sur ce cadre avec ma compagne va être validé.

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Photo Mathieu Poussou

La paume de ma main me fait souffrir, mais je serre les dents et pense à autre chose notamment à garder le cap avec Écume sur les pavés qui ne cessent de te rappeler que le sol malmène la machine et le pilote.

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Photo Rémi Quinquin

Il s’ensuit une alternance de parties en macadam et de secteurs pavés avec notamment un passage au pont Gibus. J’ai en visuel un groupe de quatre cyclistes. J’essaie de les rattraper mais la douleur à la main est intense, la peau est à vif. C’est alors que tant bien que mal je mets un gros braquet et arrive à quasiment les retrouver avant le CP3.

Je rejoins Sylvain Blairon (finisher de la Transcontinentale 2016) qui n’a plus d’eau ! … Je ne peux pas lui en proposer : je suis également à sec. Heureusement le CP3 approche, nous sommes à Orchies.

Nous y retrouvons William, Samuel et des bénévoles en admiration devant Écume. Arrêt express pour faire le plein d’eau 2 l dans les sacoches, quelques pâtes de fruits et c’est parti, il ne faut pas laisser le vélo refroidir. Je repars et me fait rattraper après un secteur pavé par Samuel qui s’était un peu attardé au CP3, nous roulons un peu ensemble jusqu’au Moulin de Vertain.

Au CP4 nous sommes à 60 km de la brasserie où sera jugé l’arrivée. Il reste à prendre le haut du pavé du Carrefour de l’Arbre et la boucle sera bouclée.

Je roule à un rythme soutenu, je sais que la fin est proche et que la bière nous attend. Une bière chaude ce n’est pas bon, alors je pousse fort sur les pédales faisant entièrement confiance à ma machine.

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Arrivée à la brasserie pile pour l’apéro – photo Annie Zielinski

Je roule aux côtés de Sylvain qui ne va pas trop bien, j’essaie de le motiver pour qu’on finisse ensemble mais dans le tout dernier secteur pavé qui mène à la brasserie je le perds. Nous finirons à quelques minutes l’un de l’autre. Pour ma part je fais mieux que l’an passé alors que le terrain et le parcours étaient beaucoup plus coriaces !

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Andréa – Photo Mathieu Poussou

En chiffres cela donne : 250 km 2200 de D + en 12 h 26

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L’écume est moins blanche le lendemain d’un bain de boue et de pavés – photo Andréa Braga

Un buffet sucré et salé attend les finishers ainsi qu’une bière pression qui permet à chacun d’échanger sur l’aventure qu’elle soit bouclée ou non. La remise des prix se fait dans l’ambiance Gravel sur des caisses de bières.

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Photo Mathieu Poussou

Cette course ouverte à 170 participants en aura fait plier plus d’un que ce soit les machines ou les hommes. Écume, le bamboo bike, a affronté cette Malteni Bootleggers #2 avec courage et a su montrer aux autres cyclistes que le bambou plie sans se rompre !

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Mud forever – photo Andréa Braga

Andréa Braga

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Rédaction Bike Café
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