Depuis l’invention de la bicyclette son l’histoire a été ponctuée par une succession d’innovations. Au fil du temps, nous sommes passés des premières roues en bois à des roues carbone, chaussées de pneus tubeless. Le vélo a évolué avec la société et l’apparition de nouvelles pratiques. Il a bénéficié des retombées de nombreuses découvertes industrielles et technologiques venant de différents domaines. Dans le vélo on pensait avoir tout vu et tout connu ! Inventions géniales, utopies d’inventeurs un peu fous, stratégies marketing audacieuses, … le vélo s’invente et se réinvente sans cesse et grâce à la CAO le phénomène s’accélère. Un vélo avec 2 roues, un cadre, une transmission et quelques accessoires semble à priori simple mais finalement : pas tant que ça.
Photo de couverture de Serge Barnel : allégorie du combat contre les idées reçues …Un vélo électrique Moustache qui plus est équipé de disque essaie de convaincre un dinosaure que ces innovations sont pertinentes.
Bon nombre de ces innovations ont déclenché des “Ho !” admiratifs et ouvert bien souvent des débats passionnés. Ces derniers temps, deux sujets enflamment les réseaux sociaux, et animent les discussions dans les allées des grandes foires professionnelles dédiées au vélo. Les freins à disques, qui font une entrée timide dans le cyclisme professionnel, et les vélos avec assistance électrique. On remarquera au passage que ces 2 grandes innovations sont stratégiques pour le marché du vélo. Elles ont un impact direct sur le renouvellement des machines et dynamisent l’industrie du vélo. Fini le vélo évolutif sur lequel on peut adapter un nouveau groupe en bricolant. Vous ne pourrez pas monter des freins à disque sur votre vélo né avec des freins sur jante. On peut le faire, mais vous ne pourrez pas facilement “motoriser” un vélo classique pour lui apporter un “dopage” électrique.
Réservons à toutes ces avalanches de nouveautés nos “Ho !” admiratifs, et évitons les “Ho !” de désapprobation en entrant dans le jeu des débats stériles …
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5 raisons pour rester dans le “Ho …”,
sans regarder en “bas” …
1 – Garder votre fraîcheur : elle va avec l’étonnement
Je mettrais en premier cette raison qui me fait souvent rester dans le “Ho ! …”. Parler de fraîcheur pour un type comme moi qui vient de basculer dans un âge qui commence par 7 est parfois une gageure. Il faut surtout éviter de penser “vieux con”, en se disant que tout était mieux avant … J’adore les vieux vélos, j’en ai deux au garage et je prends plaisir de temps en temps à leur faire prendre l’air. Il ne me viendrait pas à l’idée de me lancer dans la descente du Ventoux, sur mon vélo de route, sans mes freins à disque. Pareil pour le gravel où la progressivité et l’efficacité de mes Sram Force hydro me sécurisent. Je reste comme un gamin éveillé aux nouveautés … Il n’y a que les bidules électroniques de guidage qui me rebutent, pourtant ils sont indispensables.
La fraîcheur consiste à regarder les nouveautés sans à priori avec même, si on le peut, un œil candide … Candide ne veut pas dire niais, et le regard critique viendra ensuite naturellement. Laissons-lui le temps d’arriver, après avoir savouré ce frais plaisir de l’étonnement.
2 – Éviter les débats stériles sur les réseaux sociaux
Les forums sur Internet et maintenant les réseaux sociaux sont devenus autant de “places publiques” sur lesquelles les débats deviennent de plus en plus virulents, voire même injurieux. On y trouve des cyclistes ayatollesques qui prêchent des guerres de religions absurdes. Des “Trolls” qui se font une joie de polluer les groupes de discussions. Lancez un sujet sur le vélo électrique, comme j’ai pu le suivre dernièrement sur facebook, et tout s’emballe avec une violence inimaginable.
Certains s’en prennent même à une “Fée du vélo”, c’est dire à quel point on ne respecte plus rien. Un dialogue avec une Fée devrait se faire dans une ambiance “magique” qui devrait déclencher des “Ho ! …” admiratifs. Le “Ho !”, qui sort alors de ma bouche lorsque je tombe sur un tel pugilat électronique, est un “Ho ! … les c …”. Surtout ne pas répondre, surtout éviter d’y mettre son grain de sel. Pourtant les forums et les réseaux sociaux sont bien utiles et chacun saura y trouver quelques intervenants censés qui pourront les aider à comprendre les sujets nouveaux lors d’un débat apaisé et constructif.
3 – Ne pas tomber dans la théorie du complot marketing
J’entends souvent des réactions évoquant d’éventuelles manipulations marketing qui nous feraient acheter des technologies dont on n’a pas besoin. Elles sont souvent diabolisées, surtout lorsqu’elles viennent des USA. Pensez-vous qu’un client soit assez bête pour aller acheter très cher un produit dont il n’a pas besoin ? Il est certain que la séduction basée sur de belles images fonctionne. Les beaux plans marketing savent s’y prendre pour convaincre les clients avides de nouveautés. Mais quand on achète un beau vélo (2 à 3000 € en moyenne) on réfléchit un peu. Le marketing ne vous met pas un pistolet dans le creux des reins pour vous conduire dans le magasin le plus proche afin d’acheter un vélo qui restera ensuite dans votre garage. Il n’y a pas de Hold up (Ho les mains) sur le marché du vélo.
Pour les freins à disques, si votre vélo actuel équipé de freins sur jante vous va bien pourquoi en changer ? Et si vous devez acheter un nouveau vélo et que vous n’êtes pas convaincu pas les disques ou que vous voulez garder vos superbes roues avec freinage sur jante, ne suivez pas la piste du message commercial : écoutez votre besoin. Pour le VAE c’est pareil … Si vous avez un coeur et des jambes en état de marche : le vélo musculaire reste un bon moyen moins coûteux pour se mettre ou se remettre au sport. Sa maintenance sera plus légère et sa disponibilité plus grande. Il faut savoir répondre “Ho” besoin …
4 – Évitez le mimétisme et le côté suiveur
Il est toujours préférable, quand on veut monter, de regarder en “Ho” plutôt que de regarder en bas. Il sera temps une fois arrivé au sommet du col de regarder la vallée en poussant un “Ho !” admiratif. Si vous utilisez l’énergie électrique pour obtenir ce “Ho !”, que vous n’auriez pu vivre autrement, c’est tant mieux. Vouloir copier les “costauds” est naturel mais cela a des limites. Nous sommes tous différents, mais nous pouvons avoir les mêmes envies au même moment. Actuellement l’aventure bikepacking nous attire et nous en met plein les sacoches. Entre les French dividers et les amateurs de balades du week-end il y a un fossé. Les vélos ne sont pas les mêmes et certains, pourquoi pas, auront recours au moteur électrique pour vivre une même aventure.
N’allez pas non plus acheter le même vélo que Peter Sagan, surtout si vous roulez à 20 km/h de moyenne. C’est à cause de cette tendance consistant à vouloir ressembler aux champions que le marché du disque ne décolle pas suffisamment vite. Le peloton pro, malgré la pression de leurs sponsors, est encore réservé.
N’achetez pas le même vélo que votre voisin sans avoir compris quel en est son usage et sans avoir mesuré l’écart physique qu’il existe entre vous. Ne suivez pas les tendances, si elles ne sont pas en harmonie avec ce que vous ressentez au fond de vous-même. Par contre suivez les conseils avisés de professionnels sérieux que vous trouverez souvent chez des artisans ou de petites structures si vous voulez un vélo conforme à votre besoin et votre niveau de pratique.
5 – Prendre de la “Ho teur”
Le débat sur le recyclage de votre batterie ne pèsera pas lourd dans la balance si grâce à ces watts vous pouvez encore réaliser vos rêves. Le recyclage est effectivement une préoccupation écologique et bien souvent on met la charrue avant les bœufs en lançant sur le marché des produits sans l’avoir anticipé. La réalité est parfois étonnante comme par exemple le recyclage du verre, que l’on perçoit comme étant parfaitement écologique. Pourtant : 1 Kg de verre demande beaucoup d’énergie et produit entre 300 g à 500 g de co2. Nos voisins belges l’ont compris et appliquent intelligemment le retour des consignes des nombreuses bouteilles de bière qu’ils consomment. La bouteille repart lavée pour l’usage suivant. Il y a de nombreux exemples comme celui-ci … Ceux qui critiquent le marketing du vélo se font parfois avoir par le marketing vert qui lui ressemble beaucoup. Il faut savoir relativiser et donner de la “Ho teur” à nos raisonnements.
J’ai deux exemples concrets concernant l’électrique. Celui de mon ami Jean-Denis, qui collaborait à la revue Le Cycle et qui est malheureusement décédé d’un cancer. Il a jusqu’au dernier instant de sa vie pu rouler sur vélo de route électrique et monter ses cols pyrénéens préférés malgré la chimio. L’autre cas est celui d’un cycliste avec qui j’ai roulé et qui a pu emmener sa femme équipée en électrique en haut des cols qu’il avait l’habitude de grimper seul. Arrivée en haut elle lui a dit “Je comprends maintenant pourquoi tu me laissais pour partir faire du vélo …“.
Pour conclure ne mettez pas un frein (à disque) à votre curiosité et restez tolérants … Ne rejetez pas l’innovation elle est le moteur (pas électrique) de notre civilisation. Elle apporte le bien, parfois le mal, mais elle est le ressort indispensable d’une société en mouvement.
Très bel article bravo ! L’ouverture d’esprit ! C’est ce qui fait avancer les choses dans le bon sens, mais pas uniquement dans le vélo.
Oh my god ! Ou #OMG en langage réseau social. Aurais-tu tout résumé en quelques lignes ? Probablement pas mais tu amènes une vraie analyse qui pourrait se décliner dans bien d’autres domaines que le vélo.