La première version du pneu gravel de chez Schwalbe, le G-One “Allround”, a déjà séduit beaucoup de pratiquants de gravel, mais aussi des fabricants de vélo qui proposent ce pneu polyvalent et durable en première monte. Loin de se satisfaire d’un tel succès, Schwalbe a entièrement revu sa copie avec une deuxième version nommée “Bite” (prononcez “baïte”, qui veut dire “mordre” en anglais). Le jeu en valait-il la chandelle ? C’est ce que nous allons voir.
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Peinture de façade ou modification en profondeur ?
La marque allemande Schwalbe a déjà montré par le passé qu’elle n’hésitait pas à faire évoluer des produits pourtant tout à fait fiables et validés par les utilisateurs, dans l’objectif de proposer toujours mieux aux cyclistes exigeants. La famille G-One est aisément identifiable à ses petites tétines rondes et fendues qui recouvrent la surface du pneu. Sur le Bite leur agencement est assez complexe : Les plus grosses, fendues longitudinalement et plus espacées, sont situées sur la partie latérale, alors que les plus petites, fendues transversalement et plus serrées, occupent la bande de roulement proprement dite.
C’est la principale différence visuelle avec le modèle précédent, sur lequel les tétines sont toutes identiques et réparties de façon (quasi) uniforme sur la bande roulante du pneu. On peut supposer que cette évolution conceptuelle est destinée à optimiser le rendement et l’accroche du G-One. Et peut-être lui apporter d’autres améliorations aussi… En tout cas, en attendant l’essai de terrain, on ne peut douter que ce pneu, hérissé de ces hybrides entre crampons et ventouses, a été dessiné pour accrocher le terrain partout où il sera piloté.
C’est une carcasse haute densité à 127 tpi qui a été choisie ici, comme pour le modèle précédent. Pour les dimensions par contre, ce G-One Bite est proposé dans une seule largeur de 38mm, alors que le Allround existe aussi en 35mm. Il y a donc volonté de proposer un pneu plus large, et au design repensé. On retrouve ici la stratégie de la marque : Créer des variations autours de modèles de référence, qui ont fait leur preuve, en fonction des goûts et des pratiques, en leur faisant profiter de nouveautés techniques, tout en laissant les différentes versions coexister au catalogue. Dans la famille G-One, qui voit aussi apparaitre un modèle “speed” aux tétines plus basses, toute liberté est laissée au cycliste de choisir la version qui conviendra le mieux à sa pratique, son terrain de prédilection ou son style de pilotage.
Montage : un combo 100% Schwalbe avec Doc Blue
Les pneus nous ont été livrés avec du préventif de la marque, le Doc Blue, conditionné en deux flacons de 60ml (chaque flacon permet de monter une roue). Il faut désoperculer le flacon avant usage, ce qui n’a pas été pratique car il n’y a pas de languette pour ce faire. J’ai dû utiliser une lame de cutter… Ceci fait, le flacon se révèle très pratique et facile d’emploi. Avec son bouchon rouge fiable et étanche, on peut avantageusement réutiliser ce flacon pour récupérer le préventif dans un pneu lors d’un démontage, ou pour doser à l’unité si on achète du préventif en grand conditionnement.
Premier étonnement au sortir de la boîte : Bien qu’il soit livré plié (comme tous les pneus à tringle souple), le G-One Bite se déplie très bien et prend naturellement une forme quasiment prête au montage, galbé dans le bons sens, sans angles, sans mémoire de forme, ce qui laisse présager qu’il va s’ajuster à la jante sans rechigner et donc claquer facilement au premier gonflage à la pompe à pied.
Notre intuition était bonne : Le pneu claque sans problème sur les jantes Mavic allroad, une fois de plus le standard UST fait ses preuves, pas besoin de recourir à un compresseur. Le pneu tient la pression même sans liquide préventif, voilà une expérience positive de plus en matière de montage tubeless à noter dans mes tablettes…
Bien que le pneu semble symétrique, il faut quand même tenir compte d’un sens de montage différent entre la roue avant et la roue arrière, sans doute pour favoriser l’évacuation de l’eau sous le pneu et favoriser un débourrage “centrifuge” lorsqu’on roule dans la boue. Une fois de plus, cela montre que le design de ce pneu est bien plus complexe qu’il n’en a l’air.
Une fois montés, les pneus ont belle prestance, avec un look très agressif qui donne à mon Sunn Cycloss de 1996 un look de monster cross. Ça, j’aime bien !
Le pneu est annoncé à 38 mm mais une fois monté je mesure sa largeur à 40 mm. Ce n’est pas pour me déplaire, à mon avis 40mm doit être considéré comme le standard de montage moyen sur les roues de 700 en gravel. Tout ce qui est inférieur tend vers un usage plus cyclocross, ou dirt road, ou vélo de randonnée, ou “spécial boue”, tout ce qui est au dessus vers l’aventure, le tout-terrain caillouteux et le bike packing en hors-piste.
Normalement mon vélo est à sa limite avec des pneus de 40, mais je constate qu’ici la hauteur du pneu et ses crampons ne sont pas un obstacle au passage contre mon tube vertical, j’ai même assez de marge pour charger un peu en boue si besoin. Le pneu est un peu plus large que haut, ce qui n’est pas le cas d’autres références de pneus et cela mérite d’être signalé.
Sur le terrain
Après montage, passons aux choses sérieuses : C’est dans la région de Montpellier, au bord des salins de Frontignan, dans les chemins de vigne autour de Cournonterral, sur les pentes du massif de la Gardiole mais aussi en cœur de ville, sur les bords du Lez et dans le quartier d’Antigone, que nous avons trouvé la diversité de terrains nécessaires à la réalisation de ce test.
Dès le début, sur terrain résolument urbain – pas si incongru que ça pour tester un pneu gravel – révèle des surprises plus ou moins heureuses : sur les galets mouillés qui entourent la Fontaine des Trois Grâces, le pneu décroche assez facilement, sensation quelque peu désagréable qui se reproduira plus loin sur les dalles en bétons humides de la Place de l’Europe que les équipes de nettoyage municipales viennent de laver à haute pression. Manifestement, le pneu n’aime pas les surfaces dures lorsqu’elles sont humides ou mouillées.
Autre caractéristique particulière aux pneus cramponnées : un sifflement (pas désagréable par ailleurs) se fait nettement entendre lorsqu’on roule vite sur un sol très lisse. Là par contre, lorsque les dalles sont sèches, l’accroche est excellente. Dans ce quartier d’Antigone déserté le dimanche matin par les piétons, malgré des virages un peu forcés avec pas mal d’angle, impossible de prendre le pneu en défaut. Ce n’est donc pas l’absence de rugosité de la surface qui faisait décrocher le pneu tout à l’heure, mais le fait qu’elle soit mouillée.
Au cœur du quartier d’Antigone commence le parcours au bord du Lez, le fleuve qui traverse Montpellier. Ici, une belle piste gravillonnée permet de rejoindre Palavas et le bord de mer. C’est l’occasion de tester le pneu sur un terrain purement gravel, à pleine vitesse. Avec “tout à droite”, le vélo dépasse les 30 km/h dans la plus parfaite stabilité, avec un très bon rendement. Le pneu commence à montrer ce qu’il a dans le ventre… On se régale.
Plus l’Abbaye de Maguelone approche, plus le terrain se diversifie : portions de goudron très dégradé, avec nids-de-poule et gravillons, sable marin, flaques d’eau, boue… Le pneu reste imperturbable, ce qui est étonnant c’est qu’il fait preuve d’une grande régularité de comportement quelle que soit la nature du terrain ; c’est plutôt remarquable, j’ai rarement l’occasion de constater une telle constance. bien sûr, il existe bon nombre de pneus polyvalents, mais ils sont plus versatiles en fonction du terrain rencontré. Avec le G-One, en changeant de surface, on ne change pas de pilotage.
Dans le sable en bord de mer, le pneu ne se dérobe pas et affiche une belle traction. dans la boue piégeuse au bord du canal du Rhône à Sète, le pneu débourre admirablement et tient la ligne. Dès les premières montées sur les pistes de la Gardiole, je constate avec satisfaction que l’excellente traction et le mordant du pneu dans le gravier permet même des relances en danseuse dans des montées ou, normalement, lever le cul de la selle est immédiatement sanctionné par un patinage.
Graviers fin, moyens ou gros, cailloux plus ou moins anguleux, rien ici ne prend ce pneu en défaut. En montée, on perd très peu de puissance, le pneu rend parfaitement. En descente, les courbes se négocient sans le moindre décrochage latéral, ce pneu de gravel est très fiable.
Petit bémol néanmoins : même après avoir baissé la pression des pneus en cours de test, j’ai la nette sensation que, dès que le sol devient pierreux (comme sur des pavés ou des dalles rocheuses affleurantes), le Schwalbe G-One Bite est un peu moins confortable que des pneus concurrents sur les mêmes terrains. Mais cette sensation demanderait à être confirmée après un peu plus d’usure du pneu, et ce n’est pas non plus rédhibitoire, on est bien sur un pneu tubeless qui permet, en terme de confort, d’assurer une sortie de plusieurs heures sans se déboiter épaules et poignets : le pneu est ferme, sans être inconfortable.
Bilan
Ces Schwalbe G-One Bite se sont révélés très polyvalents sur les surfaces strictement typées gravel : sable, terre, graviers petits et gros, cailloux… avec une excellente accroche, une traction parfaite et un rendement très appréciable. Leur principale caractéristique réside dans leur constance lors des changements de terrains (changements très courants sur les parcours gravel), ce qui en fait un pneu fiable et très adapté à cette pratique. Ils faut noter cependant qu’ils sont moins confortables que d’autres modèles sur pavés et dalles de rocher affleurantes, qu’ils rendent assez mal sur bitume et qu’ils ont tendance à glisser en virage sur sols durs mouillés ou humides. Se sont des pneus de gravel typés VTT, très mordants (on peut même se mettre en danseuse sans décrocher sur les graviers en montée), parfaits par exemple sur des parcours montagneux et à fort dénivelé. J’aurais aimé aussi les tester sur une mince couche de neige….
Mais si l’on pratique un gravel très roulant et peu technique, avec beaucoup de pistes blanches, de petites routes et de chemins agricoles, ce pneu est un peu sur-dimensionné, trop dur, pas assez roulant, on lui préfèrera des pneus plus moelleux et/ou moins cramponnés, comme par exemple le G-One Speed, du même fabricant mais avec des crampons beaucoup moins hauts. Reste la résistance à l’usure : au vu des conditions météo déplorables de ces dernières semaines, je n’ai pas pu assez rouler pour mener à bien cette évaluation (seulement 400 km). L’article sera donc complété à ce sujet lorsque j’aurai pu rouler au moins 1200 km avec ce train de pneus.
Autre élément difficile à évaluer : la différence avec la version précédente, le G-One Allround, pneu que je n’ai pas assez roulé pour être sûr de mon fait. Je dirai quand même que le nouveau profil avec ses “crampons-tétines” plus complexes a sans doute été pensé pour mieux débourrer et évacuer l’eau (même si les pneus restent assez glissants sur terrains humides et mouillés) et assurer un meilleur rendement sur route (même si ce n’est pas leur terrain de prédilection). En tout cas, implanter des tétines plus ou moins grosses de façon moins uniforme sur le pneu et les strier dans des directions différentes pourrait être la traduction visuelle d’une volonté d’améliorer ces deux “défauts” du pneu. Seuls des pratiquants assidus de la “version 1” qui passeraient sur cette “version 2” pourraient avoir un avis tranché sur la question ; leurs commentaires seront les bienvenus à la fin de cet article. Enfin, pour ce qui est du (relatif) manque de confort, je ne suis pas sûr que cette version soit plus moelleuse que la précédente, que j’avais aussi trouvé assez rigide, les caractéristiques de la carcasse (127 tpi) et de la gomme (OneStar) n’ayant pas changé.
Caractéristiques fabriquant
Type : Tubeless Ready
Tringle : souple
Gomme/Shore : OneStar
Trame carcasse : 127 tpi
Terrain : Polyvalent
Conditions : Toutes
Dimensions/poids en 700 : 700X38C (40-622) / 460g
Dimensions/poids en 650B : 27.5X1.50 (40-584) / 420g
Pneus Schwalbe G-One Bite sur Cycletyres (Prix : 57,99 €)
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