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AccueilSur le zincBrèves de comptoirLe gravel, est-il un phénomène de mode ?

Le gravel, est-il un phénomène de mode ?

Sous ses airs de vélo décontracté et débonnaire, le gravel bike devient un phénomène de mode. Tout le monde en parle, même les magazines généralistes. Un peu comme les tendances en matière de longueur des cheveux, de prénoms des bébés, du type de bière que l’on boit, …  le gravel nous entraîne vers quelque chose de nouveau, qui est dans l’air du temps.

Comme, il y a quelques années la mode des véhicules 4×4 monstrueux, qui ne servaient qu’à monter sur les trottoirs des villes, va-t-on voir des “urbains” rouler en pneus de 47 ou plus, cramponnés comme sur des VTT, pour aller faire leurs courses en ville ? Notre gravel ne serait-il pas le vélo de trop, qui ne servira à rien car : moins bon qu’un routier sylphide sur le bitume, et moins bon qu’un VTT sur les pentes caillouteuses ? … Certains se torturent encore l’esprit pour trouver la réponse, et dans le doute ils achètent ce 3ème vélo.

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La segmentation créée le marché

Ce mot segmentation m’a toujours inquiété car pour moi il exprime la division et le ciblage marketing. Je préfère les frontières “poreuses” et mêmes absentes. Il est bon d’aller voir ce qui se passe ailleurs. C’est d’ailleurs ce que fait notre vélo polyvalent de gravel en piochant, dans le monde du VTT et celui de la route, les éléments de sa construction empirique. Dans le monde du gravel, des tentatives allant dans ce sens commencent à poindre le bout du nez. C’est que le gâteau a grossi, et que du coup les parts ciblées deviennent plus nourrissantes. On essaie de mettre de l’ordre au sein de la famille recomposée du gravel, qui s’est développée de bric et de broc avec ce qui existait. En voulant la segmenter, on risque d’en perdre un peu le charme.

Vous vous souvenez sans doute d’un petit couplet qui revenait en boucle, dans les posts publiés sur une page facebook dédiée au Gravel : “Et ça, est-ce que c’est gravel ?” … Les petits malins qui les postaient, cherchaient les exemples les plus décalés pour chantonner ce refrain : ils se sont lassés. Ce questionnement ironique était déjà un signe  ! … Peut-être qu’il n’y avait pas de réponse, et que tout est gravel, ou que rien ne l’est ! … Doit-on définir les « canons » de la race gravel, comme dans un concours canin ?

Le
La première ligne de départ du Roc d’Azur …Guidons plats, guidons dropbar, … on est loin de l’idée d’une segmentation.

La segmentation sert à ouvrir des marchés et augmenter le business, nous avons pu le voir dans le domaine du mountain bike. La multiplication des usages a fait le bonheur des marques, qui ont épaissi les catalogues et créé de nouveaux besoins. Tout est devenu compliqué, et le plaisir de rouler en nature s’est transformé en une escalade matérielle. On est loin du fun de la photo de départ du premier Roc d’Azur.

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Et si mon gravel était tout simplement mon vélo unique ?

Pour ma part, j’ai aussi été tenté de segmenter, en me disant que pour la route il faudrait un vélo comme ci, et pour le gravel un vélo comme ça. J’en suis un peu revenu et je souhaite désormais revenir à un vélo anti-segment ou un vélo unique. Ceux qui ont un peu d’âge, et encore de la mémoire, se souviennent des cyclotouristes roulant sur des randonneuses équipées de pneus ballons sur le sentier du Parpaillon.

Le gravel serait-il un effet de mode
Sur le sentier du Parpaillon avec Maurice Maître l’un des “pères” du cyclotourisme en France

Les éditions Isola ont l’an dernier publié les carnets de route alpins d’un cycliste britannique roulant également sur une simple randonneuse. Tout cela pour dire que le gravel n’est pas une question de mode, c’est tout simplement une envie d’ailleurs et de découverte : alors faisons simple. Ce n’est pas la sophistication et la multiplication des matériels qui vous offriront le plaisir d’un beau paysage, de la découverte d’un sentier abandonné, d’une rencontre sur le bord d’un chemin, …

Attention, les cyclistes qui recherchent la performance sur route, ne pourront se passer d’un destrier fendant l’air. Mais, qui possède les watts pour propulser un vélo ultra light à la vitesse qu’il mérite ?  Certains seront quand même tentés d’acheter l’équivalent d’un véhicule 4×4, pour rouler en ville ou faire leur marché et conserveront un vélo de 7 kg max pour faire de la route, … Ils pensent qu’il faut ça pour être dans le coup et ressembler à leurs idoles qui font le Tour de France : pourquoi pas.

Récemment j’ai essayé de beaux vélos qui correspondent au concept du vélo unique créé par Open et quelques artisans visionnaires. Deux paires de roues pour un seul vélo … imaginez les mètres carrés gagnés dans votre garage. Faut-il appeler ce vélo un gravel ou une randonneuse ? … Appelez-le simplement « mon vélo ».

Est-ce que finalement la mode serait, de ne pas être à la mode ? Est-ce que prendre son vélo pour aller rouler où on veut, moyennant des pneus adaptés, ne serait pas plutôt un virage sociologique et culturel, plutôt qu’une mode ? Le vélo est une aventure, qu’il ne faut pas étalonner par le niveau de ses difficultés. Cette formule, qui est la notre, nous amène à prendre du recul avec la multiplication du matériel et les tentations de la mode. Cela ne veut pas dire que nous arrêterons de vous informer des nouveautés car le vélo avance : il innove et il faut informer … Au final le choix vous appartient.

Les modes passent, mais le vélo restera éternel.

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

18 COMMENTAIRES

  1. C’est vrai que “le gravel” commence à devenir “tendance” et que l’on peut s’en inquiéter, mais aussi s’en réjouir. Je pense personnellement qu’il y a assez de potentiel, pour toutes les disciplines et pour tous les pratiquants, sur nos magnifiques territoires en France pour que les choses finissent par “anarchiquement s’organiser” . Je suis descendu en Avignon depuis Mâcon sur la Via Rhôna, la semaine dernière en mode Bikepacking, arrivé sur place j’ai fait une magnifique sortie “typée VTT” avec mon fils autour de l’abbaye de Frigolet et je me suis fait doubler “full gas” au retour par un Suisse qui avait fait Genève-les Saintes avec un gravel chargé comme une randonneuse…Le tout cohabitant dans la bonne humeur et surtout permis par des engins (le Gravel) bien plus polyvalents que ne le seront jamais aucun “Vtt” ou “Routier” exclusifs et c’est bien cela qui est vraiment “Fun”, de mon modeste point de vue.

  2. Le gravel une mode qui restera, pas comme la tektonik ou le fidget spinner. Avec probablement une assise de pratiquants plus importante que celle du fatbike.

    La chance du gravel est aussi d’arriver sur le marché une fois que la valse des “standards” des dix dernières années soit enfin stabilisée. Pour moi, le gravel aurai été mort né si en même temps que son émergence il aurai du subir tous les changements/innovations des standards : axe de roue, taille de roue, boitier de pédalier pressfit, pivot conique, K7 qui grossit d’une galette tous les deux ans.

    Les constructeurs de vélo et équipements mettent le paquet. Les fédérations et club sont plus timides, vous pouvez vérifier en tapant “gravel” sur les sites de la FFC ou de la FFvélo (FFCT) ou des recherches plus larges gravel + FFC et gravel + FFCT.
    J’ai trouvé deux pistes d’explication à ce retard des club et fédérations :
    1) Les réseaux sociaux : Strava, groupes FB … Les pratiquants gravel ne passent pas par les clubs pour se retrouver, ils utilisent les réseaux sociaux. Cela n’exsitait pas lors de l’émergence du VTT.
    2) Le cul entre deux chaises : peu de sections gravel dans les clubs , les personnes en club sont déjà dans la section route ou la section VTT, pas assez de personnes pour avoir une section gravel.

    Conclusion : Pratiquants gravel, rejoignez les clubs pour y créer des sections gravel ou y proposer des sorties gravel (bottom-up) et ainsi enrichir le calendrier gravel.

  3. Le Gravel n est pas une mode, le vttae oui.
    Votre phrase résume ce que je pense : ” le Gravel peut être mon seul vélo “.

    Tant que ça reste du vrai vélo ( j entends “pas électrique”), moi tout me va, tout me passionne 🙂

    • Je ne serais pas aussi radical … Pourquoi ? … D’abord parce que j’ai essayé des E-Gravel et que j’ai trouvé ces vélos “sportifs” et ensuite car j’en ai perçu le besoin au travers de personnes qui, grâce à ces outils, ont pu poursuivre une activité cycliste motivante et essentielle pour eux. Celle qui m’a le plus marqué le plus est celle de mon ami Jean-Denis Gely, journaliste au magazine Le Cycle, qui malgré la chimio thérapie continuait à pratiquer sa passion. Ce petit bonheur lui a permis d’avoir une fin de vie plus agréable car jusqu’au bout il a pu rouler. Mercredi je publierai l’essai du LOOK e-Gravel que j’ai testé … Je vous assure que ce vélo peut être sportif. Il ne faut pas rejeter aussi radicalement des solutions qui peuvent rendre nos vies plus agréables. Tout excès étant bien sûr à éviter, surtout lorsqu’on possède des muscles en état de marche.

      • Voilà,j entends “le vae c’est pour les gens qui n ont plus tout à fait leur capacité physique au mieux”, moi ça me démoralise quand je vois des jeunes en pleine forme, d à peine 20 ans.
        La fainéantise n a plus aucune limite

  4. Je possède un gravel et un VTTAE et je suis passionné de vélo depuis toujours.
    J’ alterne mes sorties avec ces deux vélos. J’ ai 50 ans, je suis ancien rugbymen et je pense que mes capacité physiques sont encore assez bonnes.
    Avez vous essayé un VTTAE pour être aussi catégorique ? Je vous assure qu’ après une sortie de 50 km en VTTAE, je suis aussi trempé qu’ avec une sortie gravel de 100 kms que j’ utilise plus sur la route que sur les chemins de travers. Je reste toujours en mode éco et souvent je coupe l’ assistance sur le plat et je vous assure que c’ est du sport.
    La grimpette ce n’ a jamais été mon fort avec mes 110 kg (épaules et cuisses, rugby oblige :-))
    donc le mode eco m’ aide quand même un peu, mais il faut quand même pédaler pour avancer… sur le plat je me débrouille très bien sans l’ assistance, essayez de pousser un VTTAE de 22 kg à 30 km/h et vous me direz si c’ est du sport…
    Je parle des VTTAE, les vrais et pas des Vttae trafiqués, débrités ou autre Speedbike, là je suis contre.

    Sportivement.

  5. Je précise aussi que j’ habite en Alsace et je fait du vélo toute l’ année (environ 6000 km/an VTTAE compris) été comme hiver par – 10, pas rare dans nos contrées…
    Dois je me considérer comme un fainéant ? , je ne pense pas.

  6. Je partage la quasi totalité de ce qui est dit dans cet article sauf… « le Gravel devient un phénomène de mode » « tout le monde en parle »…
    Cela est peut-être vrai dans un monde d’initiés… mais certainement pas dans le monde du commun des mortels !! Je possède un Gravel depuis 2 ans, et l’on me regarde toujours avec cet air de « j’avais jamais vu ça avant ».
    Tout au long de l’année, sur les Randos Route ou VTT de ma région, je suis un OVNI…
    Cet été encore, sur les voies vertes V6 et V7 (un lieu pourtant propice aux longues randonnées en Bike packing) je n’ai vu aucun autre Gravel, et personne qui savait ce que c’était !
    Bref, le Gravel, la TCR, la French Divide, le Bike Packing, le magazine 200 et même le Bike Café… ca reste une affaire d’initiés… mais… après tout, c’est peut-être aussi pour ça que j’aime ça !!

  7. La mode n’existe pas… À Paris je fais mes courses avec des pneus en 38 sur mon gravel et c’est très agréable.

    Je charges mes sacoches et vais voir mon Papi en Mayenne qui me dit qu’il avait le même vélo il y a 50 ans ! Car les routes n’étaient pas bonnes et les sorties alliées chemin et route. Rien de tout ça n’est nouveau.

    C’est un retour au origine, quand ni le vtt, ni le vélo de course n’existait encore, voilà pourquoi le gravel n’est pas un effet de mode.

    J’ai fais un portrait de mon papi sur cette page
    https://www.instagram.com/p/B08ORv2IvP4/

  8. Merci pour cette article, que chacun trouve le plaisir dans la pratique qui lui plaît. Le principal est là , gravel, VAE ou VTT ou autres c’est un choix personnel qui ne mérite pas d être juger par autrui parce que des critères de sensibilité personnelle rentrent en compte. Je confirme que le Vtt en version VAE est physique, cependant c est ce qui permet de prolonger une activité physique à des âges qui ferment le champ des possibles. Donc peu importe le flacon pourvu que l ivresse dure.

  9. J’ai depuis un an un VTTAE suite à un pb de coronaires ,ça me permet de refaire avec plaisir des balades que je faisais il y a 15 ans (j’en ai 75). Pour la route j’ai un fitness Lapierre depuis 10 ans et j’en suis très content j’adapte simplement mes distances et D+ a mon niveau (je ne fais plus La Bonette…). Je précise que j’habite dans les Alpes du Sud côté 05/04. Tous les 5 ans ma femme m’offre un nouveau vélo,le prochain,grâce a vos articles sera probablement un gravel sera-t-il électrique ? On verra….en tout cas d’accord avec Pierre,au diable les ayattolah du vélo !!!!

  10. J’ai 72 ans, fais du vélo depuis ma tendre enfance, en Mayenne, magnifique département vert, plein de bosses.
    Puis comme d’autres, francilien par obligation, mais pas du tout de cœur, j’ai un peu sillonné la banlieue ouest, la montagne en vacances autour de Serre-Ponçon avec mon fils sur le porte enfant en fil de fer chromé-coussin( à l’époque!).
    Maintenant, j’ai 2 vélos carbone en triple dont un transformé en pneus crampons de 28 réels 30, pour les chemins, qui ne me servent plus beaucoup et je viens d’acquérir un VAE Giant typé balade qui verra certainement des 38 typés gravel. Je n’aime pas ces anglicisations omniprésentes aujourd’hui, je dirais “typé graviers” !!!

    • Bravo pour cette conversion progressive au gravel … Le mot gravel est bien français. Il nous est revenu par les US mais son origine est bien fraçaise. Étymologie : de l’ancien français gravel (« petit gravier, sable, petit caillou rond ») de genre masculin ou gravele de genre féminin. Simple diminutif de l’ancien français grave, de grava, latin populaire, probablement du gaulois grava.

      • Eh bien, j’en apprends encore, je ne connaissais vraiment pas cette étymologie, alors , c’est très bien ! Merci Patrick
        Salut à Théodore du 53. Très beau portrait de Papy !

  11. Le gravel sera durable pour des raisons pratiques et économiques, un seul vélo pour tout faire et surtout se faire plaisir sur des petites routes, chemins de toutes sortes et sentiers ; sans la complexité mécanique d’un vtt tout suspendu ni le danger du vélo sur routes bien asphaltées gazé aux particules fines… effet mode par contre sur les prix qui deviennent fous pour ce que c’est !
    Par contre le bikepacking est une pure mode pour vendre une fortune de sacoches et autres matériel de camping rendant le vélo obèse et inroulable dans les chemins. Après quelques nuits dans le froid et la pluie, en panne de batterie avec une nourriture en sachets sans réserve d’eau potable et j’en passe on va vite voir les gogos revenir dans les gîtes douillets et autres auberges de campagne …

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