Notre famille gravel est large et accueillante. Nos vélos qui peuvent être différents et nos façon de rouler parfois très éloignées, font notre richesse, mais tout cela nous entraîne jusqu’où ? … Entre le gravel contemplatif (celui que j’aime bien), et le gravel “sportif” il existe de nombreuses variantes.
Aux US les gravel sportives ressemblent plus à des cyclosportives route qu’à des balades touristiques. Chez nous, les épreuves chrono en gravel sont moins nombreuses. Depuis 4 ans le Roc propose une vraie course gravel : la Mavic Gravel Roc, qui pourrait devenir un modèle du genre. Qui sait .. peut-être qu’un jour, il y aura la place dans l’hexagone pour des championnats de gravel, comme cela s’est passé pour le VTT et pour le trail running en course à pied.
En attendant une plus grande structuration de l’activité sportive gravel (les fédérations y pensent sans doute déjà …), des organisations de renom ajoutent à leurs épreuves des “gravel”. Cela a été le cas pour l’Héraultaise et la Jean Racine cette année avec le support de Caminade. Des épreuves spécifiques, bénéficiant d’aides de la part de grandes marques d’équipements et des régions se créent, comme le Gravel Trophy. Des organisateurs inventifs comme Chilkoot, proposent des gravel aventureuses. Ces quelques “arbres”, cachent difficilement une masse de petites organisations informelles, s’appuyant sur les clubs Strava ou les réseaux sociaux.
Dans l’improvisation totale d’une activité gravel foisonnante, quelques figures de “héros” des sentiers commencent à émerger. Steve Chainel, le sympathique et turbulent animateur des éditions de la gravel du Roc, et d’autres anciennes gloires du VTT ou de la route, viennent s’amuser en roulant plein pot sur les pistes du gravel. Cédrick Dubois, qui vient de remporter cette année la Mavic Gravel Roc 2019, en fait partie.
Bike Café vous propose de gagner une des 20 places disponibles pour le Cyclist Film Festival. Pour cela, rejoignez notre newsletter et tentez votre chance !
Vous êtes déjà inscrit à notre newsletter, pas d'inquiétude, inscrivez-vous quand même vous pourrez ainsi participer au tirage au sort !
À vous de jouer !
Rencontre avec Cédrick Dubois
Steve Chainel, héros des 2 précédentes éditions de la Mavic Gravel Roc, n’a pas pu réussir son “coup de 3” cette année. Victime d’une crevaison dans la dernière descente, il a dû laisser la place à Cédrick Dubois qui est plus connu sur la route : champion de France master en 2016 et vainqueur en 2019 l’Étape du tour.
Bonjour Cédrick peux-tu te présenter ?
« J’ai 44 ans, j’ai commencé le vélo à 17 ans par le VTT. Lorsque nous nous sommes installés, avec mes parents à Roquebrune-sur-Argens, je cherchais une activité sportive et il y avait ici du VTT. Il y avait beaucoup de sentiers pour ça là-bas, j’ai acheté un Sunn. J’ai ensuite roulé en club, et en 1998 j’ai commencé à courir en VTT sur les coupes de France et j’ai arrêté la compétition en 2004 à cause du travail, mais j’ai continué de rouler. Ayant emménagé à Nice, je suis passé sur la route. Parallèlement au vélo je me suis mis à la course à pied en 2009. De la course sur route, puis du trail running, mais en 2016 je me suis blessé et je suis revenu au vélo. Je suis allé faire les championnats de France masters de route … et j’ai gagné. Depuis 2017 je fais des épreuves cyclosportives sur la route, et cette année j’ai gagné l’étape du Tour. »
Comment es-tu venu au gravel ?
« Je suis VTTiste à la base … En m’installant à 20 km de Nice derrière Monaco je suis en pleine forêt et il y a de nombreux chemins praticables en gravel. Pour et aller au travail à vélo je me suis procuré un vélo de gravel qui pourrait être également un bon mulet pour l’entraînement. J’ai fais l’acquisition d’un Trek Checkpoint. Sur les beaux parcours près de chez moi j’ai retrouvé les joies du tout rigide de mes débuts à VTT, réappris à gérer les descentes. »
Comment gères-tu le grand écart entre la route et le gravel ?
« En fait ça ne change rien au niveau de mon entraînement. Sur la gravel Roc les 2h30 d’effort sont comparables à ce qu’on réalise sur la route, même si les efforts sur les pistes sont plus intenses. L’an dernier je me suis cassé la clavicule en septembre, j’ai repris le vélo avec le gravel pour éviter les chocs grâce aux gros pneus. Je n’avais plus de vélo de route et j’ai roulé sur mon gravel de novembre à avril. Je roulait 40 km sur route et je revenais par des chemins. »
Quel vélo utilises-tu ?
« J’avais choisi tout d’abord un Trek Checkpoint monté en roues de 700 et double plateau, car l’idée était surtout d’aller avec au boulot avec. Je l’ai revendu pour faire l’acquisition d’un Pinarello équipé cette fois en roues de 650 et en mono-plateau avec un 42 et une cassette 10-42. Je me suis rendu compte que les roues de 650 ça roule super bien, je peux monter des pneus de 47, car chez moi c’est cassant et avec le Checkpoint j’avais du mal dans certaines descentes. »
Comment s’est passé ta course sur le Roc ?
« Le départ a été un peu catastrophique. J’ai du mal généralement à me mettre en route, il me faut une 1/2 heure pour me sentir bien. Au début j’étais un peu en retrait : au camping et vers la bosse des Fournel j’étais peut-être dixième. Après j’ai commencé à remonter sur la tête mais j’ai eu du mal. J’étais un peu trop gonflé et dans les montées je perdais un peu d’accroche. Lorsqu’on a passé le Bougnon, on était 7 ou 8 et le groupe a fondu lorsqu’on a attaqué les chemins. Dans la descente du golf de Roquebrune, Steve est parti et nous a pris facilement 1 minute. J’étais avec Johnny Cattaneo, qui avait fait le Roc Marathon la veille. On a retrouvé Steve à Roquebrune qui avait crevé. Avec Johnny on a continué ensemble. Il me mets 30 secondes dans la descente où ça tabassait fort. Je l’ai rattrapé du côté de Sainte Maxime, lorsqu’on a repris les pistes plus roulantes et là Johnny, qui accusait le coup de sa course de veille, n’a pas pu accrocher et je termine avec 35 secondes d’avance. »
Qu’as tu pensé du parcours ?
« Les chemins du Roc se prêtent bien au gravel. C’est bien dosé entre les parties roulantes, les montées, il n’y a pas de portage, les descentes ne sont pas extrêmes, il y a un peu de sentiers techniques, un peu de route, … Pour le Roc il faut adopter la bonne pression de gonflage, j’étais un trop gonflé mais un moment j’ai talonné. Je roule avec des Vittoria Terrano dry très costauds car cette année il fallait éviter les crevaisons. L’arrivée était à la Gaillarde, après on rentrait tranquille pour éviter les parties techniques du final en bord de mer sur le sentier des douaniers où les courses se mélangent. »
Tu vas continuer à mixer route et gravel ?
« Oui, j’aime la route mais je fais aussi du trail et du VTT pour aller plus en nature. Le vélo sur route c’est parfois un peu lassant. L’ambiance est moins sympa sur le bitume, les gens se disent à peine bonjour. Aujourd’hui je roule quasiment qu’en gravel. C’est une communauté moins visible avec un grande partie bikepacking et il n’y a pas véritablement d’épreuves sportives comme sur la route. Je regarde un peu ce qui se passe aux Etats-Unis où on voit des vélos très haut de gamme cadre en acier avec des raccords, une sorte de retour aux sources alors que dans le VTT c’est un peu l’escalade technologique. Aujourd’hui dans notre société on a besoin de s’évader et sur la route on s’évade moins, il y a les voitures, parfois trop de monde, il y a les feux rouges, on peut facilement se prendre la tête avec les automobilistes, … »
Merci Cedrick d’avoir pris le temps d’échanger avec nous. Tu es un vrai mordu du gravel et on te retrouvera avec plaisir sur les pistes du sud ou ailleurs. Bonne route.
Bon article comme à d’accoutumée ! Les mots de la fin consacrés aux cyclistes de route qui se disent à peine bonjour fait écho en moi. Venant du VTT et maintenant en gravel, je m’étonne toujours quand mes bonjours tombent à plat quand je croise un routard sur le bitume… Dés que je pose un crampon sur un chemin par contre, il n’y a pas un cycliste qui oublie cette marque de convivialité. Peut-être qu’avec mes gros crampons, mon short non moulant et mon casque à visière, je ne dois pas répondre aux critères de la confrérie de la route.