« Le gras c’est la vie … » a-t-on coutume d’entendre, dans la valeureuse communauté des cyclistes habitués des efforts au long cours. Ils se délectent, lors des longues baroudes ou des fins de rides, d’aliments bien gras, comme un cornet de frites délicieuses (clin d’œil à nos amis du Nord), un sandwich aux rillettes, un saucisson ou un bout de Saint-Nectaire AOP pour ceux qui font la Grande Traversée du Massif Central. Cette maxime est-elle juste une boutade pour se donner bonne conscience, ou y-a-t-il une part de vérité ?
Difficile d’y voir clair entre tous les conseils entendus de-ci et de-là, les différents régimes prônés, et surtout l’offre pléthorique des fabricants et fournisseurs d’alimentation pour sportifs, qui ne savent plus quoi inventer pour mettre en avant leurs produits à coup de campagne marketing et de démonstrations par A+B. Ces produits seraient les meilleurs et ils vous feraient grimper aux arbres, sans coup de fatigue, en améliorant vos performances. Je force volontairement le trait, mais est-on si loin de la vérité ?
Bref, vous l’aurez compris, je ne suis pas fan des barres d’efforts, gels ou boissons composés d’une multitude d’aliments souvent transformés, d’additifs, de sucre raffinés et emballés bien souvent dans des contenants plastiques que l’on retrouve parfois au fin fond des bois et constitueront des vestiges du passé (merci Raider pour les plus anciens comme moi!).
Depuis quelques années, de nouvelles propositions plus naturelles et moins transformées voient le jour. Mais une constante demeure : le sucre ou du moins le goût sucré. N’y aurait-il que le sucre pour nous tenir à flot sur nos efforts au long cours ou même plus court ?
N’étant pas un diététicien, ni un exemple à suivre en matière d’alimentation, j’avoue que lors de mes baroudes au long cours, je prends ce que je trouve sur mon trajet (boulangeries, supérettes etc…) comme beaucoup de cyclistes. J’emporte juste de l’eau et des graines (noix de cajou, noisettes, raisins etc…) et je m’abstiendrais de donner des leçons aux autres. Le crédo est : faites-vous plaisir ! Chaque cycliste est différent et ce qui marche pour un, ne fonctionnera pas systématiquement pour un autre.
Ce qui est sûr, c’est qu’au bout d’un moment, on en peut plus avaler des barres sucrées ! On ne peut plus les voir ! Un peu de variétés gourmandes non sucrées, seraient les bienvenues. Si en plus, cela apporte un réel plus à la pratique sportive et à la santé, ce n’est que bénéfice.
C’est pour une bonne partie de ces raisons que la proposition d’Holyfat m’a intrigué : des mélanges originaux de noix, d’amandes, d’huile MCT (huile issue de noix de coco), de sel et d’épices (caco, piment, vanille, etc…).
Rendez-vous est pris avec Alvaro le créateur, au MIN (Marché d’Intérêt National) de Lille où les bureaux et l’atelier de production d’Holyfat viennent de s’installer.
Présentation
Derrière tout projet et produit nouveau, il y a des femmes et des hommes souvent passionnés et convaincus. Et c’est à mes yeux toujours intéressant et enrichissant de connaître l’histoire et le cheminement des créateurs et leur équipe, de leurs motivations et leur démarche.
Le parcours d’Alvaro Madrazo, le créateur, et son équipe, ne peut être dissocié de la jeune histoire d’Holyfat et permet de comprendre pourquoi et comment la société est née.
Alvaro est originaire du Mexique. Vu son âge avancé (44 ans !), il a connu les débuts du VTT au Mexique à la fin des années 80 / début des années 90. Pas très sportif et un peu « rond », il découvre le VTT à 13 ans et c’est une révélation. Il s’investit à fond dans ce nouveau sport qui débarque au Mexique mais qui est déjà plus implanté et populaire chez ses voisins US.
À l’époque, les pratiques VTT n’étaient pas si segmentées qu’aujourd’hui et les coureurs de XC (Crosscountry) faisaient également de la DH (Down Hill, descente) et les courses s’enchainaient ainsi pendant tout le week-end souvent avec le même vélo.
Alvaro se tourne cependant plus vers la DH. Il intègre l’équipe nationale mexicaine junior de descente et participe au championnat du monde Senior de DH à Vail au Colorado en 1994.
Humblement, Alvaro précise que le niveau au Mexique n’était pas celui des USA et des européens (la légende Nicolas Vouilloz était déjà en route avec un professionnalisme déjà très présent et une structure imposante). Et que les coureurs se débrouillaient avec les moyens du bord. Il va rouler aux USA et se fait faire un Mountain Bike par Brent FOES qui soude à ses débuts les cadres à la demande dans son garage (étonnant toutes les histoires qui ont commencé dans un garage !).
En 1997, il intègre l’équipe nationale panaméricaine et doit participer aux championnats du Monde en Suède en 1998 mais il se rompt les ligaments croisés d’un genou ce qui mettra fin à sa carrière à haut niveau.
Parallèlement, n’étant pas dans une équipe vélo professionnelle, il obtient une licence en nutrition et technologie des aliments puis bifurque vers un diplôme d’ingénieur en design et produits avec pour objectif de travailler dans le vélo et pourquoi pas en fabriquer.
Pour compléter ce cursus technique, il a l’opportunité d’intégrer une Ecole de Commerce Française et choisit celle de Grenoble, ville de vélo entourée de montagnes, propices aux baroudes VTT.
Il intègre l’enseigne Décathlon, gravit les échelons, travaille pour Décathlon Mexique, USA et Portugal à différents postes du secteur cycles et travaille ensuite dans la grande distribution (achats et design).
Il habite alors Lille et c’est tout naturellement qu’il participe en 2018 à l’évènement créé localement, la French Divide, et pour laquelle il se prépare en appliquant un régime cétogène.
En deux mots, le régime cétogène est une alimentation basée sur les lipides qui seront utilisés comme source d’énergie, au détriment des glucides. Les principes sont une alimentation pauvre en glucides mais riche en graisses et protéines. Les réserves de graisses sont très importantes dans le corps humain par rapport aux réserves de sucre. L’idée est donc de les utiliser et d’aller piocher dans ces réserves. Cependant l’organisme a besoin de glucose pour fonctionner. Il peut le produire par transformation de graisses et protéines grâce aux corps cétoniques, c’est pour cela que l’on parle de régime cétogène qui demande donc une « céto-adaptation » afin de « basculer » cette transformation en partant des lipides plutôt que des glucides.
Pour plus d’informations sur ce mode d’alimentation, voici un lien intéressant d’un sportif adepte de cette alimentation qui sera source d’informations et de conseils. Certaines équipes de haut niveau utilisent également le régime cétogène (Equipes du Tour de France, Allblacks par exemple).
Alvaro engrange également de l’expérience sur l’alimentation lors de ses périples au long cours. Lui qui a voyagé et goûté à des cultures différentes, il s’aperçoit également que l’offre sur le marché français de l’alimentation du sportif est plutôt uniforme et très axée sur les barres sucrées.
Alors que dans d’autres pays, et en particulier aux USA et Amérique du Nord, l’offre est plus étendue. Aux barres sucrées viennent s’ajouter une proposition de barres salées, grasses et gourmandes. Avec par exemple des barres à base de poulet, de porc, de sanglier… ! que j’ai pu déguster et qui sont effectivement très goutues et originales !
Forts de ces constats et ayant testé lui-même les bienfaits du régime cétogène, Alvaro décide, après sa French Divide, d’étudier une proposition gourmande à base de gras et de purée de graines (noix, amandes, noisettes…).
Fin 2018 il intègre l’incubateur d’entreprises Lillois et commence alors l’étude du projet.
Il teste différentes noix (macadamia, cajou, pécan, noix, amandes, …). Il échange et valide son process avec le CTCPA (Centre Technique de Conservation des Produits Agricoles).
Alvaro mûrit son projet et décide de le baser sur ses valeurs de vie et ce en quoi il croit.
A savoir des produits :
- Bons pour la santé et le moins transformés possible.
- Bons pour la performance pour tout type de sportifs, du compétiteur au sportif occasionnel.
- Gourmands et goutus pour le plaisir des papilles.
- Les plus locaux possible : à quoi bon faire venir des noix de l’autre bout de la planète ? Il va privilégier les matières premières brutes les plus locales possibles et les fournisseurs de proximité pour les produits plus lointains.
- Au plus faible impact environnemental possible au niveau des emballages.
Après 6 mois de recherche, de développement et de tests, il fonde la société Holyfat, « Le Saint Gras » dans la langue de Shakespeare, en octobre 2019 avec l’aide des acteurs économiques locaux.
Pour tester ses produits et avoir le retour des premiers utilisateurs et ainsi affiner si besoin et enrichir ses recettes, une campagne Ulule est lancée. Quoi de mieux que le retour client pour savoir si les produits plaisent et comment les améliorer ? Il a rapidement 200 précommandes de tout type de sportifs. Les retours sont très positifs et les échanges fournis. Alvaro est rassuré et lance le process à plus grande échelle puisqu’il avait commencé avec les moyens du bord.
En mai l’équipe s’étoffe. Oriane rejoint l’entreprise en tant que responsable de la communication et de la nutrition puisqu’elle a plusieurs cordes à son arc, un master en communication et un diplôme de diététicienne, profession qu’elle exerce en clinique et à son compte. Agathe, ingénieure agroalimentaire, est responsable de la production.
Le trio est complémentaire et polyvalent ce qui fait le charme de ces structures naissantes. Tout le monde met la main à la pâte, à la production par exemple. Chacun pratique le sport assez intensément.
Holyfat investit alors dans des machines de production pour chaque étape de la fabrication. Covid oblige, elles arriveront avec quelques semaines de retard mais fin juin elles sont enfin là et la production peut commencer.
Le processus de fabrication
Comme dit auparavant les matières premières de base sont : la noix du Périgord, l’’amande d’Italie, l’huile MCT. C’est une huile issue de l’huile de noix de coco. Pour résumer, elle contient 2 acides gras à chaîne courte libérés à la sortie de l’estomac et servent de carburant pour le cerveau et le cœur. Ces acides gras sont utilisés également tel quel par les muscles. Ils ne sont pas stockés, le corps les utilisant directement comme énergie. Elle est facilement digérable et métabolisable car ne nécessite pas l’action du pancréas et de la vésicule biliaire.
Sont ajoutés en fonction des parfums du sel de Guérande, du piment d’Espelette, du cacao pur, de la vanille etc…
Tout d’abord les noix et amandes sont torréfiées selon un processus et une courbe de torréfaction bien précise.
La torréfaction est nécessaire. Transformées crues en purée, les noix sont trop astringentes. Elles ne seraient pas agréables au palais et dessècheraient la bouche.
Une fois torréfiée les noix et amandes sont broyées selon un calibrage bien précis afin d’obtenir une poudre de noix.
Ensuite tous les ingrédients sont mélangés selon des quantités bien précises selon les recettes afin d’obtenir la purée ou plutôt le beurre de noix avant emballage.
Reste la phase de conditionnement et d’emballage. Plusieurs machines de conditionnement sont disponibles en fonction des formats commercialisés.
Holyfat propose différents conditionnements.
Une dosette de 28 g qui est très pratique et se glisse facilement dans une poche.
Il faut au préalable le malaxer quelques instants. Son ouverture en coin est bien conçue et aisée. On ne force pas comme un damné même les doigts mouillés ou équipés de gants. Elles sont vendues par boîtes de 12.
Dans sa démarche éco-responsable, Holyfat a cherché à limiter les déchets. Des pochons de 450 g et des gourdes souples réutilisables et rechargeables sont également proposés. Elles se glissent facilement dans une poche de maillot ou de cuissard.
Pour aller plus loin dans la démarche, Holyfat continue de plancher sur les emballages afin qu’ils soient bio-dégradables. Affaire à suivre…
La composition se répartit ainsi :
- Noix (de 40 à 48% selon les « parfums »)
- Amande (40% environ),
- Huile MCT (11%)
- Autres ingrédients (de 1 à 6%) :
- Cacao
- Sel
- Vanille
- Piment
- Cannelle Cardamome
D’autres propositions vont venir enrichir et compléter cette gamme déjà variée.
L’analyse nutritionnelle fait ressortir : 68% de matières grasses, 19% de protéines, 7% de fibres, 3% de glucides.
Holyfat contient des omégas 3, 6 et 9 apportés par les oléagineux.
Holyfat conviendra à un grand nombre de personnes et régime alimentaire puisqu’Holyfat est : sans gluten, sans OGM, vegan, keto friendly, paleo friendly, sans sucres ajoutés.
Verdict
Le produit est excellent et novateur. Il offre une vraie alternative intéressante et originale à l’offre majoritairement sucrée à l’heure actuelle. Les différents parfums sont très gourmands, digestes et la texture est très agréable.
Il ne faut surtout pas oublier de malaxer le sachet comme préconisé.
La composition est naturelle, pas d’additifs, de conservateurs, de sucre ajouté, d’édulcorants ou autres arômes artificiels. L’apport en calories est important (711 Kcal pour 100 g) pour un poids et encombrement réduit. Et grâce à la consistance et aux ingrédients, l’assimilation est aisée pendant l’effort.
Naturellement, d’autres apports nutritionnels seront nécessaires en fonction des besoins de chacun, de sa pratique sportive et de ses habitudes alimentaires.
Au niveau déchets et emballages l’utilisation des pochons et gourdes rechargeables limite ceux-ci. Holyfat planche sur des dosettes recyclables et biodégradables pour aller plus loin dans cette démarche.
Arnaud Manzanini et Jean-Lin Spriet, ultrariders, ont utilisé Holyfat lors de leur Tour de France Randonneur à vélo cet été (4800 kms, 50.000 de dénivelé environ).
Ils ont vraiment apprécié les produits. Voici le retour de Jean-Lin : « Le rapport Kcal/encombrement est excellent. C’est une très bonne idée d’amener un peu d’épices et de piment par exemple dans les plats d’endurance, ça change du sucre. La digestion et l’assimilation ne m’ont posé aucun problème. Pour ma part, des apports protéinés doivent cependant venir en complément pour favoriser la reconstruction musculaire ». Arnaud Manzanini : « Le produit apporte un max de calories qui sont utilisées directement par l’organisme sans pour autant jouer avec la glycémie qui est l’ennemie du cycliste au long cours ».
Les premiers retours sont positifs. Pour conclure l’adage « Le gras c’est la vie » se transforme plutôt alors en « Le bon gras c’est la vie !».
Vous trouverez toutes les informations sur le site https://holy-fat.com/
Pack de 12 dosettes de 28 g : 24 €
Pochons de 450 g : 24 €
Flacons réutilisables : 4 € le petit de 37 ml et 6 € le grand de 60 ml
Ah zut dommage, y’a des amendes et de la noix de coco, c’est pas pour moi 🙁
Merci pour cet article très documenté.
J’ai utilisé HolyFat lors de la dernière RAF 1100, en diminuant fortement les autres apports sucrés, et je ne le regrette pas.
Chaque dosette a été consommée avec grand plaisir, sans aucune sensation de saturation gustative, comme cela arrive avec les produits sucrés.
Mention spéciale au cacao Sel !
Bravo à cet entrepreneur qui innove, dans un produit de niche qui manquait pour les activités au long cours où le poids transporté a de l’importance.
Merci de ton retour sur utilisation sur une longue distance. Cordialement.
Brillant ! Vous avez gagné un client !
Hallo. Je pense que pour profiter du produit Holy Fat il faut etre deja habitué au regime catogéne. Si on n’est pas habititué il y a des fortes chances d’une mauvaise digestion. Quant a moi, habitué a un regime peuvre en gras et riche en carboidrates, je ne suis pas arrivé du tout digerer les barres et j’etais assez peu performante, dommage car le gout est delicieux.