Ce dimanche 20 juin 2021 avait lieu le premier évènement post-confinement du club Strava Arles Gravel, une boucle “tranquille, en groupe” de 90 km autour de la ville d’Orange, dans les pas de Jean-Henri Fabre, le célèbre entomologiste français qui avait choisi ce territoire vauclusien pour observer et décrire la vie des insectes.
Non content de proposer un parcours original signé Fabien A. Simpe dans de magnifiques paysages de vignes et de coteaux, Arles Gravel organisait cet événement en collaboration avec La Rustine, le nouveau café-vélo installé dans les locaux de La Pédalerie . Bike Café se devait donc, à double titre, d’être présent sur place, pour goûter tout à la fois aux galets de l’Aigue et à l’IPA de la Rustine. Une multi-dégustation plus qu’agréable, dont compte-rendu dans les paragraphes suivants…
Bien sûr, il existera toujours des cyclistes frileux qui ne savent pas lire les prévisions météorologiques, et les faibles risques d’orage annoncés pour le début de soirée avaient convaincu la moitié des cinquante inscrits de ne pas se lever le matin ; bien sûr, les Orangeois réélisent sans cesse depuis 1995 un maire qui ne brille pas par ses qualités d’humanisme et d’ouverture aux autres (c’est le moins qu’on puisse dire)… Il n’empêche que la proposition “Orange is the new gravel” était pleine de promesses et plus de vingt cyclistes étaient bien présents au rendez-vous.
La météo a respecté ses promesses et nous offrit un temps chaud et lourd, sans la moindre goutte de pluie. Sous un ciel d’un magnifique gris titane, il fut laissé toute latitude au peloton de parcourir allègrement les chemins blancs, bords de vignes, petites routes et singletracks herbeux que proposait le parcours.
Il faut dire que Fabien A. Simpe n’avait pas fait les choses à moitié. Ce fringant cycliste, réputé pour sa vivacité et son farouche attachement aux libertés individuelles, nous avait pour l’occasion concocté un tracé gravel absolument parfait, où les continuels changements de rythme, de directions et de surfaces ont permis à tous d’avaler 90 km sans voir le temps passer et la fatigue peser.
Dans des paysages assez proches de ceux qu’on peut trouver en Toscane, la map a offert des traversées de villages tout en suavité (Sérignan-du-Comtat, Rochegude, Piolenc, Caderousse, Châteauneuf-du-Pape), des fulgurances techniques sur les galets de l’Aigue et le terrain sablonneux des vignes et des pinèdes, dans les sèches montées de collines et les cailloux de la garrigue. Nous avons ainsi traversé les paysages en toute fluidité, comme dans un rêve limpide et fascinant, sous un ciel digne d’un péplum en Technicolor.
La diversité du parcours n’avait d’équivalent que celle de la personnalités des cyclistes présents. Tandis qu’en tête, Hélène Bocquet faisait décoller à la moindre bosse un lourd Kona Rove en acier comme s’il s’était agi d’une lame de carbone et que Nicolas Vandeputte alternait sprints rageurs et raidards en danseuse à la façon d’un grimpeur Colombien, en queue de peloton, Marjolaine Charrière et Ulysse F représentaient allègrement les valeurs d’un cyclisme plus tranquille, touristique et bavard. Tout en nuances et fluides comme du vif argent, Gérard Giacobbe et Éric Segard circulaient d’un bout à l’autre de la file.
Pascal Colomb et François Boidin de La Pédalerie, qui nous ont si gentiment accueilli au magasin, veillaient au grain ; Laurent Biger de More Gravel ne ratait pas une occasion de prendre des photos… Adrien Moniquet et Alexis Collart, qui en Open U.P. qui en VAE, passaient du coq à l’âne. Partout ça souriait, ça pédalait, avec l’évidente joie de ceux qui savent qu’ils sont en train de partager un moment unique. Fidèle à sa fréquence de pédalage plus proche d’un tempo drum n’bass que de celui d’un paso doble, Fabien A. Simpe menait notre fier équipage d’un train régulier et protecteur, avec l’assurance d’un vieux briscard.
Les fleurs tardives de la garrigue, céphalanthères, aphyllanthes… étaient survolées par les hyménoptères pollinisateurs : mégachiles ou xylocopes, si chers à Jean-Henri Fabre. La poussière du chemin entouraient les cyclistes d’un halo scintillant. Tout donnait à penser que cette matinée serait une réussite, et elle le fut, de bout en bout.
Puisque le gravel est, par essence, une discipline métisse, le peloton proposait une belle diversité de vélos, une “United Colors of Gravel”. Tandis que la compagne d’Éric Segard pilotait brillamment un étonnant Vaast A1 australien en alliage de magnésium, Anne de Rosilles s’affichait au guidon de son gravel Caminade entièrement doré. Thibault Herrenschmidt, lui aussi un fidèle de la marque pyrénéenne, utilisait un Allroad manchonné-collé ; sans citer tous les vélos du peloton, on a pu remarquer l’étrange gravel MW testé pour l’occasion par Laurent Biger, un Genesis Croix de Fer 30 assez girly, un 3T Exploro un peu grinçant, deux Trail Road Origine très amoureux, un américain Salsa Fargo monté par une italienne, tandis que votre serviteur avait choisi de sortir avec son Cinelli Tutto équipé d’une transmission à pignon fixe 37 X 17.
En fin de matinée, les chanceux cyclistes d’Orange is the new gravel, de retour à La Rustine, ont pu se détendre et se sustenter dans l’ambiance conviviale et chaleureuse de ce bar à vin & bière inventé par Alexandre Di Cristofano et Emmanuel Besson, les créateurs de la Pédalerie. Suite au succès du magasin, les deux associés ont inventé un café-vélo où tout le monde est le bienvenu. Ils ont réussi leur pari. Il faut dire qu’on trouve à la Rustine une carte des vins et des bières soigneusement éditée, avec par exemple les productions de la Brasserie Artisanale du Luberon, sans doute une des toutes meilleures micro-brasseries du Vaucluse. Son IPA bien houblonnée et à faible taux de sucre résiduel est parfumée, sauvage et fière, à l’image de la silhouette de sanglier qui orne ses bouteilles.
Force saucisses grillées, cacahouètes et autres produits gras qui font le bonheur des gravelistes affamés ont largement contribué à l’ambiance post-ride. On a pu voir Thibault Herrenschmidt faire honneur aux grillades, Le couple de cyclistes lombards Dora Uliana et Luigi Annessa, tout spécialement venus de Milan pour l’occasion, disserter des vertus comparées de l’IPA Lagunitas et de celle de la BAL.
Moins lointains que les italiens mais tout autant impliqués, les Héraultais venus renforcer le peloton Arles Gravel affichaient eux aussi le sourire radieux de cyclistes contents de leur matinée. José Manuel Valverde ne tarissait pas d’éloge au sujet du flare de son cintre extra-large, Gilles Largeron et sa compagne ont éclairé l’assemblée de leur rayonnant sourire. Deux Isérois complétaient parfaitement cette diversité régionale : Michel Abrial et Pascale Soulard avaient fait le déplacement et profitaient pleinement de l’occasion pour se mêler aux délicieuses conversations qui jaillissaient de toutes parts.
Tandis que Anne de Rosilles discutait cyclisme féminin avec Hélène Bocquet, Fabien A. Simpe et notre confrère Laurent Biger re-déroulaient le scénario du parcours, sans y trouver la moindre faille. Pendant ce temps Adrien Moniquet, venu tout droit de ses Alpilles natales, admirait en aparté le splendide gravel Santa Cruz Stigmata pastel exposé fièrement à l’entrée de la boutique.
Mais l’heure tournait, il était temps d’aller voter… Hors du gravel, pratique engagée s’il en fut, les élections régionales rappelaient à chacun son devoir citoyen. Rendez-vous fut donc pris pour d’autres évènements, à Orange et ailleurs, pour toujours revendiquer la liberté de circuler, de découvrir de nouveaux paysages, d’aller vers l’autre, avec la curiosité et l’ouverture qui font la générosité et l’humanité de notre pratique cycliste.
Belle revue d’effectif ! Une chouette sortie gravel préparée avec amour et savoir-faire. Que demande le peuple ? Encore !
Bonjour. Est-il possible de trouver une trace de ce parcours ?
Bonjour,
Vous pouvez le télécharger ici :
https://www.openrunner.com/r/13260766