TUFO est un nom que certains d’entre nous connaissent, notamment par la réputation de leurs boyaux pour la route et le cyclo-cross, segment dans lequel la marque s’est solidement implantée. Cette société tchèque a vu le jour en 1991, et elle fabrique toujours dans ses ateliers en Europe de l’Est, en conservant un grand nombre d’opérations manuelles, pour produire sa large gamme de pneumatiques cycles.
Dans le contexte sanitaire actuel, cette société a bénéficié d’une exposition plus grande, puisqu’elle réussi à fournir les vélocistes là où la plupart des marques produisant en Asie peinent à répondre à la demande actuelle. Ajouté au fait que TUFO est bien représentée en compétition à haut niveau, cette firme européenne est donc totalement en phase avec son époque. Pour l’aborder, nous allons nous concentrer sur la nouvelle gamme destinée au Gravel, qui ne compte pas moins de trois modèles, tous ont été testés au Bike Café.
Technologiquement, ces trois pneus, tous Tubeless Ready, sont faits d’une carcasse de 210 TPI pour les flancs et de 375 TPI pour la bande de roulement. La protection contre la crevaison est assurée par le label maison Puncture Proof Ply, les flancs par le Sidewall Protection, et la gomme par le Oil Silica. Des technologies expliquées ici pour les plus curieux.
À noter que les trois modèles sont disponibles en version noire ou tan, tous annoncés à un poids de 430 grammes et actuellement dans l’unique dimension de 700 x 40 mm, devenue un standard en gravel.
TUFO GRAVEL SWAMPERO
Commençons par le plus cramponné, le bien nommé SWAMPERO, probablement dérivé du mot swamper, littéralement traduit par le marais. Annoncé à 430 grammes, je l’ai pesé à 422 grammes. Pour un pneu Tubeless Ready de cette dimension, c’est une performance. Au montage, pas de problème particulier pour faire claquer ces pneus tchèques au design décidément flatteur.
J’ai pu tester cette paire de pneus sur environ 800 km sur le GIANT REVOLT testé cette année, avant d’y monter les SPEEDERO que j’évoquerai en dernier. Evalués de mi-mars à la mi-mai en Lorraine, j’ai roulé ces SWAMPERO dans des conditions météos très variées, avec notamment une participation à la Gravel’Aysanne#3 en Moselle et à la Verdun More Gravel.
Autant aller droit au but : ce SWAMPERO possède un grip phénoménal ! Que ce soit en motricité, pour son guidage en descente et dans les rapides single-tracks en sous-bois, il rassure son pilote, y compris en dévers. Finalement, les sensations sont proches d’un très bon pneu de cyclo-cross, avec un confort nettement supérieur (la largeur de 40 mm et la pression associée aidant…). Un ADN du CX qui colle parfaitement à ce modèle destiné à affronter les pires conditions. Confortable grâce à la souplesse de ses flancs, il brille sur tous les terrains, excepté le bitume où il vous fera bruyamment savoir qu’il n’aime pas çà, et où son rendement n’est légitimement pas à la hauteur. Dans les terrains les plus gras, il débourre bien grâce à de belles qualités auto-nettoyantes et reste très efficace, à condition bien sûr d’en adapter la pression d’utilisation.
Deux grosses crevaisons, où le préventif de la même marque aura bien du mal à combler, viendront ternir ce tableau : par deux fois c’est la zone entre les crampons qui a été perforée. Une zone qui peut donc se montrer fragile selon l’usage que l’on fera du pneu. Après 800 km, le SWAMPERO a encore une très bonne allure, proche de son état initial, laissant donc présager le meilleur pour l’amener bien plus loin en terme de kilométrage. Au final, un pneu au grip impressionnant, à tenir éloigné si possible du bitume…
TUFO GRAVEL THUNDERO
Concernant le Thundero, que je n’ai pu tester, je laisse la parole à Patrick, qui l’a évalué sur le terrain sec du Sud-Est, puis à Hugues, sur les terrains plus variés du Nord-Ouest.
Retour de Patrick :
« C’est en réalisant le test du Bertin C133 (déjà testé par Laurent) pour le magazine Hors Série Gravel de Cyclist France, que j’ai opportunément récupéré ce vélo chaussé de ces pneus tchèques. Laurent l’avais roulé avec des Vittoria Terreno. Le test s’est déroulé en mars 2021 qui a été une période assez sèche sur les DFCI autour de la Sainte-Victoire. Je connaissais la réputation des boyaux Tufo pour la route, mais j’ignorais totalement l’existence de leur gamme gravel.
Montés en tubeless sur les belles roues Zipp 303s le combo jantes hautes et pneus flancs tan, a plutôt fière allure. Le comportement routier de ces pneus est correct. Sans être performants, ces pneus n’ont pas dégradé exagérément mes performances sur l’asphalte. En gravel c’est toujours une histoire de compromis, et ce modèle Thundero est justement le produit intermédiaire entre le Speedero (plus rapide comme l’indique son nom) et le Swampero plus cranté, évoqué plus haut par Laurent.
C’est sur les pistes sèches et parfois rugueuses du sud que les qualités du Thundero se sont révélées. Confort grâce à la souplesse des flancs et surtout une bonne accroche. En montée, sur ma rampe test de 18% sur terrain instable, la motricité est très bonne, le pneu gonflé à 2,5 bars (pour mon poids de 64 kg) adhère bien. Dans les virages en dévers le pneu de décroche pas.
Pour l’anecdote, le photographe qui faisait le shooting pour le magazine, m’a demandé de déclencher des dérapages, que j’ai eu un mal fou à réaliser, tant le pneu arrière voulait rester dans sa trajectoire. Je n’ai pas disposé du vélo très longtemps et je ne pourrais pas donner un avis sur la durabilité, qui me semble bonne vu la conception du produit. Avec 430g (poids catalogue) et un rapport qualité / prix séduisant 34.99 € (actuellement chez Cycletyres) ce pneu est bien placé dans la bataille des 700 x 40 mm devenus le standard des pneus de gravel. »
Retour de Hugues :
“Premiers points avant même d’avoir roulé, les Thundero ont un bel aspect qualitatif avec leur flanc tan et leurs crampons réguliers. Tout comme leur emballage soigné.
Cet aspect est confirmé au montage tubeless puisqu’ils se positionnent parfaitement sur la jante, sont claqués facilement et font le rond d’emblée sans avoir à s’y reprendre plusieurs fois. L’étanchéité s’est faite de suite sur le pneu avant et au bout de quelques jours sur le pneu arrière. Leur poids mesuré est de 443 g (pour 430 g annoncé) ce qui est très honorable.
La largeur donnée à 40 mm est respectée, car mesurée à 39,7 mm sur une jante de 20 mm de largeur interne.
La bande de roulement est composée de multiples crampons centraux cubiques et des crampons en forme de diamant un peu plus prononcés sur les côtés. Le sens de rotation n’est pas indiqué. J’ai positionné le pneu avant crampons en V pointe vers l’avant et inversement à l’arrière comme je fais de coutume sur mes VTT. L’indice TPI est élevé (210 et 375) ce qui confère une souplesse au niveau de la structure, mais qui peut faire craindre une certaine fragilité. Pour contrecarrer cela, Tufo a ajouté un renfort anti-crevaison sur la bande de roulement, et une couche flexible durable sur les flancs du pneu.
Les pneus ont été testés sur environ 600 km sur différents types de pistes : gravier fin, gravier grossier et tranchant, bitume, single terreux. Par contre, très peu testé sur terrain gras ou boueux. Premier point positif, aucune crevaison à déplorer. Pourtant ils n’ont pas été ménagés puisque utilisés sur 360 km de bikepacking avec vélo chargé et quelques belles descentes sur pistes caillouteuses tranchantes à plus de 35 km/h. J’ai serré les dents parfois, mais aucune déchirure ni crevaison. La crevaison est certes aléatoire, mais c’est tout de même un bon point pour moi. Le rendement est très honorable sur route bitumée, mais aussi sur piste sèche et roulante. Merci à la gomme tendre et au poids mesuré. La traction est bonne également tout comme l’accroche en virage, même s’il ne faut pas trop jouer avec les limites. J’ai gonflé les Thundero à 2,3 bars pour mes 76 kg ce qui conférait un très bon compromis confort/rendement. Peu de retour d’expérience sur terrain boueux et gras mais ce ne sont pas leur cible de prédilection, même si sur terrain légèrement humide les Thundero peuvent sans sortir honorablement en étant prudent.
Pour conclure, ce fut une belle découverte ! ”
TUFO GRAVEL SPEEDERO :
Pour conclure cette gamme, voici le SPEEDERO, testé durant 300 km sur mon GIANT REVOLT après les SWAMPERO. Je vous confesse d’ailleurs que j’ai d’abord monté le SPEEDERO uniquement à l’arrière, laissant le cramponné SWAMPERO devant. Un montage qui s’est montré pertinent sur les pistes et sentiers devenus plus secs…
Tout comme ses deux collègues, et ce malgré son profil bien plus « routier », le SPEEDERO se montre plutôt bruyant sur bitume. Cependant, son rendement est bien supérieur sur le bitume que ses frères. Il se montre d’ailleurs très rassurant sur route mouillée, grâce là encore à sa gomme bien souple qui fait des merveilles en termes d’adhérence.
Sur les pistes, son profil très bas et dense en crampons le destine évidemment aux terrains les plus durs et compacts, où le SPEEDERO se montre d’un rendement impressionnant. Pas de crevaisons durant mon essai, qui s’est montré cependant moins engagé qu’avec les SWAMPERO. Néanmoins, sa large couverture de crampons bas devrait l’en préserver la plupart du temps. Pour un usage 60/40 % entre routes et pistes roulantes, c’est un pneu à envisager sérieusement, y compris pour un usage vélotaf, où son rendement et son adhérence en font une arme redoutable en ville et en périphérie !
En conclusion.
On ne peut que se réjouir de constater l’existence de marques à l’image de TUFO, qui continue à concevoir et fabriquer ses pneus en Europe. Une démarche qui se veut en parfaite adéquation avec la conjoncture économique actuelle. D’autant plus que TUFO a investi le secteur du Gravel avec pas moins de trois modèles, composant une gamme pragmatique et complémentaire : un SWAMPERO imparable dans les conditions difficiles, un SPEEDERO qui porte très bien son nom, et un THUNDERO qui brille par sa polyvalence et constituera probablement le gros des ventes dans l’hexagone.
Mon conseil est cependant de ne pas hésiter à mixer au sein de cette gamme, à l’instar de ce que l’on rencontre en VTT, en favorisant notamment un modèle plus cramponné à l’avant, et en favorisant une sculpture plus basse à l’arrière pour maximiser le rendement de votre pédalage. En cela, la gamme TUFO laisse entrevoir de belles perspectives. Quelque soit le modèle, son poids est en sa faveur, tout comme son rapport prix/longévité qui semble bien placé au regard de la concurrence, pas toujours bon marché. A noter que TUFO va prochainement décliner ces trois modèles dans la dimension plus étroite de 700x36mm.
MODELES TUFO : TAILLES POIDS Pression d’utilisation TPI
GRAVEL THUNDERO 40-622 (700x40C) 430g 2-5 bar (30-70 p.s.i.) 210 / 375
GRAVEL SPEEDERO 40-622 (700x40C) 430g 2-5 bar (30-70 p.s.i.) 210 / 375
GRAVEL SWAMPERO 40-622 (700x40C) 430g 2-5 bar (30-70 p.s.i.) 210 / 375
Prix constaté : de 34.99 à 39,90€ TTC l’unité
Site fabriquant : Gravel | TUFO – Bicycle Tyre Company
Site du distributeur français : Gravel (velox.fr)
Je suis passé à ces pneus en version Thundero après des Clément USH 35. Je voulais plus de grip sur les chemins de terre et réduire la pression.
Résultat optimal, même si les Tufo n’ont pas encore beaucoup de km. Ma première réaction a été “pourquoi ne pas avoir choisi du 40mm dès le début?”. Un régal.
Sur bitume, c’est vrai que ça roule moins que les Clément. Mais sur du gravier, ça accroche dans les virages mais on a l’impression de voler sur le caillou en ligne droite.
Je les conseille.
Merci à vous pour l’idée de mixer les modèles. Je vais peut-être me faire un mix avant/arrière Swampero/Thundero et Thundero/Speedero, chacun sur une paire de roue.
Toujours de bon articles ! L’hiver rime avec boue… Le swampero a l’air bien pour un bon pneu hiver pour affronter boue et feuilles mortes. Pourriez vous me donner un conseil. Je regarde un peu chez les concurrents, wtb nano, Hutchinson tundra ou g-one ultrabite. Je peux en théorie monter jusqu’à 50, mais avec la boue 45 sera le max. Lequel a vos préférences ?
Bonjour, pas évident de répondre. Je connais aussi ses concurrents : le Tufo est quasi imbattable en terme d’accroche et de poids. En revanche, côté résistance à la perforation, il sera en retrait comparé à un Hutchinson par exemple.
Bonne sorties hivernales 😉