Maria Gudmundsdottir a grandi à Ísafjörður, sur les rives du fjord de Skutulsfjörður, à l’ouest de l’Islande. C’est sans doute en contemplant le fjord glacé et les montagnes aux sommets enneigés qu’elle s’est prise de passion pour la nature et les éléments.
Enfant, elle avait donc décidé de devenir météorologiste. Comme notre rendez-vous téléphonique a été pris en heure GMT, soit deux heures de décalage avec l’heure de Paris, elle s’inquiète de savoir si nous avons changé d’heure récemment, et s’amuse de cette particularité française. Elle en est au café, moi plus. Maria descend tout juste de l’avion. Cette globe-trotteuse court désormais pour la toute jeune équipe féminine de gravel racing de Café Du Cycliste, la CDC GT (Café Du Cycliste Gravel Team) et vient d’enchaîner The Traka en Catalogne et la plus célèbre course gravel des U.S.A., l’Unbound, au Kansas.
Pleine nature
Maria est cycliste depuis douze ans, mais avant ça, elle était skieuse et l’est toujours. La passion de la trace, la trajectoire, et celle des tempêtes, le respect de la nature, l’amour de l’outdoor fondent sa pratique sportive. En premier, vint le VTT Cross Country, où l’action et les virages sur les pistes résonnent naturellement avec le ski. Puis, vint le vélo de route et en 2018 son premier gravel, “parce qu’il vous faut toujours un nouveau vélo” rigole-t-elle ; et aussi parce que, même en Islande, dès qu’il fait beau, il y a trop de voitures sur la route. Comme en VTT, le gravel lui permet de rouler en pleine nature, sur les “unpaved roads”, c’est tout ce qu’elle aime, il ne lui en faut pas plus pour verser dans cette nouvelle discipline qui prend son essor partout en Europe à ce moment-là.
Madame l’ambassadrice
Plutôt que d’acheter un modèle de grande série, elle se tourne vers Lauf, un fabricant islandais et crée elle-même la décoration peinte sur le cadre. Manifestement, Maria est une esthète qui se délecte autant de la beauté de la nature que de motifs sur un vélo ou sur des vêtements. Attentive à ses tenues, elle repère le site de Café Du Cycliste. “Je suis hyper fan”, nous confie-t-elle. Enthousiaste, elle ajoute “et la marque colle si bien aux valeurs Islandaises”… Tout va alors très vite. Deux ans à peine après avoir acheté son premier jersey, elle est repérée pour son parcours de skieuse de haut niveau et son énergie débordante à l’occasion d’un shooting pour Café du Cycliste en Islande. Rémi Clermont, le fondateur du Café Du Cycliste, lui propose alors de continuer à poser pour la marque et d’en devenir ambassadrice.
“Maria, elle roule vraiment fort”
Dans le Bike Café Blabla que nous lui avons consacré, Rémi Clermont parle d’elle avec des étoiles dans la voix :
“Si tout le monde pouvait être aussi heureux que cette fille quand elle part faire du vélo, le monde irait beaucoup mieux. Sur un shooting, quand ça fait plusieurs jours qu’on se lève à cinq heures du matin pour aller faire des photos au lever du soleil, tout le monde tire un peu la tronche et elle, elle arrive au petit déjeuner avec son plus gros sourire, aussi heureuse que si elle venait d’avoir un enfant”.
Mais l’état d’esprit s’accompagne aussi d’un haut niveau de vélo et d’une détermination farouche. Rémi Clermont ne cache pas son admiration : “Maria, elle roule vraiment fort. On lui envoie nos tenues d’hiver en Islande pour savoir si c’est bien, elle nous les teste par moins cinq degrés pendant des heures”.
Bande de filles
C’est tout naturellement qu’elle devient le pivot central de l’équipe féminine de gravel créée cette année par Café Du Cycliste. Le recrutement international (Islande, USA, Suisse, Espagne) ne permet pas aux filles de se voir souvent ou de s’entraîner ensemble. À la création de l’équipe, elles ont eu longuement l’occasion de discuter en ligne et désormais, c’est uniquement à la veille des courses qu’elles se retrouvent, toujours dans la complicité et la bonne humeur. Mais les courses de gravel ne permettent guère de stratégie d’équipe, comme le permettrait une course sur route. Comme en VTT Cross Country, on court surtout de façon individuelle, même en faisant partie d’une équipe. D’abord parce que les aléas sont plus fréquents que sur la route et qu’il est difficile, voire impossible, de se protéger en roulant dans la roue. C’est plutôt l’avant et l’après-course qui permettent de créer et entretenir un vrai esprit d’équipe.
Mixité plus-plus
Une autre caractéristique notable des courses de gravel, c’est qu’elle sont mixtes “plus-plus”, puisque hommes, femmes, pros, amateurs et débutants se retrouvent sur la même ligne de départ. Nous en venons tout naturellement à causer cyclisme féminin. Lorsqu’elle était coach de cyclisme en Islande il y a quelques années, Maria ne voyait pas – ou très peu – de femmes rouler. Pourtant, lorsqu’elle organisait des évènements et des cours réservés uniquement aux femmes, beaucoup venaient… Elle a alors réalisé que les disciplines cyclistes, dominées par la présence masculine, ne permettaient pas à ces femmes de trouver leur place. Souvent moins puissantes ou moins techniques, elles s’effaçaient. “En groupe non mixtes, elles donnent plus” affirme-t-elle.
Mais comme toutes les femmes compétitrices dans l’âme et qui ont appris à rouler avec les hommes, Maria n’est pas faite du même bois. La mixité des épreuves de gravel lui convient parfaitement, au point qu’elle avoue même que les épreuves réservées aux femmes qu’elle a couru en Islande, comme en cyclisme sur route par exemple, alignent trop peu de participantes et sont un peu ennuyeuses.
Un motif unique pour un projet unique
Place donc à “l’éclate” au cœur de la mêlée. Pour cette première saison de gravel racing, Maria et ses consœurs portent fièrement la tenue de la Gravel Team conçue par Rémi Clermont, à base d’un motif à damier qui rappelle non sans humour les drapeaux de départ utilisés pendant les courses automobiles. Elle ne tarit pas d’éloge sur les tenues Café Du Cycliste. “Tous ceux qui suivent cette marque depuis longtemps”, dit-elle, “savent à quel point les modèles sont créatifs. Et ce motif en damier illustre aussi le fait de se demander qu’est-ce-que le gravel exactement. Nous participons à des courses gravel, nous sommes des femmes, les gens nous remarquent, c’est différent, ça questionne beaucoup autour de nous, au bon sens du terme. C’est un ensemble unique, pour un projet unique”.
“Si tu n’es pas fun avec toi-même, c’est trop dur”
Course ou pas, en équipe ou pas, l’heure GMT tourne et il va falloir que je laisse Maria en paix face à son café.
Pour terminer cet entretien, je lui pose une question plus personnelle pour qu’elle évoque sa pratique “intime” du vélo. Sans la moindre hésitation, Maria me confie : “Lorsque je part rouler, j’essaye avant tout d’être de bonne compagnie pour moi-même. Parce qu’en course ou pendant de longues heures à l’entrainement, il y a toujours un moment où on roule seul, on doit affronter seul l’effort, le froid ou les problèmes techniques. Si tu n’es pas fun avec toi-même, c’est trop dur. À chaque sortie, je me dois donc d’être la meilleure pom-pom girl que je puisse avoir”.
“Chapeau”, Maria Gudmundsdottir !
Retrouvez Maria Gudmundsdottir sur son Instagram.
Et le podcast de Rémi Clermont, fondateur et styliste du Café Du Cycliste sur notre Bike Café Bla-bla
Calendrier des courses 2022 pour la CDC GT :
01/05 La Traka, Gérone, Espagne
05/05 Unbound, Kansas, USA
23/07 Le Rift, Islande
03/09 La Monsterrato, Italie