Laurianne Plaçais devient la 1ère femme à gagner une épreuve du BikingMan Origine en s’imposant sur le BikingMan X avec 13 heures d’avance sur le 1er homme. On sait que les femmes sont douées pour les épreuves d’endurance et Lael Wilcox qui a remporté la Trans Am Bike Race en 2016, puis Fiona Kolbinger qui termine première de la Transcontinental Race en 2019, ont ouvert une voie, confirmée par la performance de Laurianne.
Elle a pulvérisé le temps de l’année précédente, établi par l’ancien coureur professionnel italien Cristian Auriemma, en pédalant 1000 km sur 26500 m de dénivelé en 64h31min. C’est la première fois, en 25 courses BikingMan, qu’une femme remporte une étape de ce championnat d’ultradistance. Le départ a eu lieu lundi 18 juillet à 5 h du matin. Laurianne est arrivée le mercredi 20 juillet après avoir dormi 2 fois 35 minutes au total. Lorsque que je dis à Laurianne que j’étais surpris de voir sa progression sur le suivi live, elle me répond “Moi aussi j’étais surprise … Je pensais que ça allait partir fort sur la course et je n’imaginais pas me retrouver toute seule devant. Jean Guerin était parti devant mais il s’est trompé en partant tout droit vers Ugine. Dans la Madeleine j’étais avec Bertrand Berger au tout début et ça s’est creusé progressivement ..“. Après Laurianne a géré sa course sans se soucier des autres et sans même demander les positions des autres concurrents.
Un parcours de costauds
Le BikingMan X est ouvert aux seuls finishers d’au moins une épreuve BikingMan passée et son parcours n’est dévoilé que seulement 15 h avant le départ. Son tracé traverse les Alpes françaises du Nord au Sud et comporte 50 cols, dont les hors-catégorie comme : Madeleine, Croix de Fer, Bonnette, Vars, Izoard, Galibier, Iseran, Cormet de Roselend… Au total, ce sont 26 500 mètres de dénivelé positif, soit le double du dénivelé du Tour de France Femmes 2022. Laurianne possède une très bonne aptitude en montagne “Mon corps est habitué à évoluer à 850 m, je m’adapte bien à l’altitude. En hiver je fais beaucoup de ski de rando et du ski de fond …“
Les concurrents doivent gérer l’épreuve en totale autonomie, sans véhicule suiveur. Ils doivent gérer leur progression avec leurs vélos dont le poids est doublé du fait des équipements embarqués (nourriture, tenues pour la nuit, matériel de réparation, éclairage, navigation…).
Laurianne, une cycliste normale
Laurianne est ce qu’on appelle dans le jargon cycliste un “gros moteur”. C’est une habituée des podiums sur des distances classiques. Elle a découvert l’ultradistance lors du BikingMan Corse en juin dernier où elle termine 5ème et 1ère femme, avec cette petite frustration de ne pas avoir totalement géré sa course. Elle a tiré les enseignements de cette expérience pour optimiser toutes ses phases de courses sur ce BikingMan X. Laurianne a mené la course dès les premiers kilomètres en ne laissant aucune chance à ses poursuivants.
Elle a rapidement creusé l’écart, 10 km dans la Croix de Fer, 20 km dans le col suivant, 50 km au Checkpoint 1, puis 100 km au petit matin mercredi pour arriver avec plus de 140 km d’avance mercredi soir. Elle a réussi à monter le dernier col à la même vitesse que le premier. La clef en ultradistance étant la gestion de l’effort et de tous les paramètres extérieurs, ce qu’elle a parfaitement assimilé.
Laurianne m’en voudra peut-être pour le mot “Star” utilisé dans le titre de cet article. Sa brillante performance me l’a inspiré, mais en fait elle est justement une anti-star. Si, aujourd’hui, Laurianne signe une performance remarquable, elle n’en est pas moins une personne normale, qui aborde le vélo comme vous, avec comme seul but : prendre du plaisir en roulant. Laurianne travaille 40 heures par semaine au service E-commerce de Millet ; après son arrivée et après avoir accueilli ses poursuivants, elle était au boulot. Elle est également mère d’une petite fille de 3 ans et jamais le vélo ne passera devant sa famille ou son job.
Son entraînement se fait principalement en allant travailler sur son Graxx que les conditions météo soient bonnes ou mauvaises, 40 km le matin et autant le soir, en montagne.
Les femmes dans l’Ultra
Le vélo est souvent une affaire d’hommes et c’est encore un domaine où le machisme primaire domine dans les pelotons. On y supporte les femmes, mais – comme c’est le cas avec Laurianne – lorsqu’elles sont devant ça agace. On l’avait senti déjà avec Fiona en mesurant les réactions à l’arrivée de certains de ses poursuivants masculins, qui voyaient leur propre performance dévalorisée. Il va falloir s’y faire Messieurs !… Sur l’ultra les femmes montrent des qualités certaines et des performances récentes, comme celles de Nathalie Baillon (6ème) et Élise Sauvinet sur la difficile Desertus Bikus, montrent que la voie ouverte par Fiona, donne confiance à d’autres filles.
Allez les femmes 🙂
Incroyable performance ! Ca me parait surhumain (l’ultra-distance déjà). Comme la victoire sur le Tour Divide de Sofiane, ça me laisse admiratif et incrédule, dingue ce que notre (enfin le leur surtout) est capable de faire. Bravo Laurianne !