J’ai eu la possibilité de participer à la dernière édition du Bikingman Portugal qui a eu lieu du 2 au 6 mai à Faro, Portugal. Au gré de la course, j’ai rencontré des athlètes, participant comme moi à leur premier Bikingman ou des habitués du circuit ultra-distance créé par Axel Carion. De belles rencontres approfondies à chaque coup de pédale. Sur Bike Café, je publie une série de trois portraits. Aujourd’hui, troisième et dernier opus, Bérangère Staelens et Jean-Pierre Coinon. Photos : David Saintyves.
Bérangère Staelens et Jean-Pierre Coinon
83h38′ (42e et 43ème au général)
Je me rappelle encore mon premier échange avec Bérangère. C’était sur le roof-top de l’hôtel dans lequel nous étions logés à Faro. Une bière corse à la main, Bérangère m’expliquait qu’elle venait cette année pour profiter de l’édition 2022, après avoir déjà bouclé l’épreuve en septembre dernier mais dans des conditions difficiles. Bérangère avait en effet participé avec son compagnon, Jean-Pierre Coinon, à l’épreuve d’ultra portugaise mais en mode course. “Je n’avais pas vu le jour et j’ai roulé comme une folle jusqu’à Sagres, le deuxième check-point du parcours, situé au kilomètre 729. J’étais tellement azimutée que j’ai à peine profité des paysages“, explique Bérangère qui avait terminé 2ème féminine en 62h27′, un bel exploit, qui nous fait penser à l’incroyable performance de Laurianne Plaçais sur le Bikingman X.
Jean-Pierre, de son côté, était parti en septembre dernier un peu plus cool, mais avait tout de même roulé non-stop jusqu’à Villa Vicosa, le premier CP du parcours (KM 341). “J’avais dormi dehors, sous un froid de canard. Je suis reparti le lendemain et j’ai commis l’erreur de mal m’alimenter. Je suis arrivé à Santiago de Cacem (KM 550, NDLR) complètement fracassé, avec des douleurs aux genoux. Il avait alors décidé de passer une nuit dans un hôtel dans lequel il a dormi pendant 12 heures d’affilée ». Une troisième nuitée passée également à l’extérieur et Jean-Pierre avait également bouclé cette édition 2021, fourbu, avec un chrono de 90h20′.
Le couple avait donc décidé de revenir au Portugal pour profiter davantage, avec en bonus l’expérience de connaître l’exigeant parcours tracé dans l’Algarve, par Axel Carion.
Mais revenons un peu sur ce couple de cyclistes, eux aussi unis par leur amour de la petite reine, comme Véronique et Bruno Le Chaudellec.
Bérengère et Jean-Pierre (« JP ») viennent du Haut-Var, de Saint-Julien-Le-Montagnier plus précisément, une commune située à quelques encablures du lac d’Esparron. Jean-Pierre est retraité, tandis que Bérengère est ingénieur dans le nucléaire et travaille au CEA de Cadarache. Malgré leur différence d’âge (37 ans pour Bérangère et 67 pour JP), on sent une osmose parfaite dans ce couple, uni depuis 15 ans. Leur passion pour le vélo n’est pas récente et Bérangère et JP ont déjà avalé pas mal de kilomètres à eux deux.
Jean-Pierre a couru en vélo de route, niveau Ufolep et FFC, pendant plus de 30 ans en tant qu’amateur, jusqu’au moment où il n’a plus voulu mettre un dossard et souhaité faire “autre chose”. Bérengère a quant à elle failli passer professionnelle. « Un peu trop vieille, pas assez talentueuse, il me manquait le petit truc pour basculer » explique t-elle modestement, alors que la jeune femme a été sacrée 3 fois championne nationale en Ufolep et qu’elle a gagné le Trophée d’Or sur le challenge des épreuves cyclosportives. Une pratique cycliste qu’elle a toujours concilié avec une vie professionnelle à plein temps alors que bon nombre de ses concurrentes avaient dédié leur vie au vélo.
Quand ils ne roulent pas ensemble sur les routes varoises ou, plus récemment, en gravel, le couple sillonne la France dans leur van aménagé, et découvre une destination en roulant. C’est avec ce moyen de locomotion qu’ils sont venus au Portugal cette année… Le bonheur est dans le voyage, pas que lorsqu’on atteint sa destination, autre trait commun avec l’ultra-distance à vélo.
Leur pratique de l’ultra-cyclisme est toute récente, puisqu’elle a démarré l’an passé, suite au confinement. Le couple avait découvert le circuit Bikingman en participant à l’épreuve AURA (Auvergne Rhône-Alpes), un parcours exigeant, avec ses 19 500 m de D+, que Bérangère avait gagné chez les féminines (en terminant aussi 13ème au scratch) et donc au Bikingman Portugal. Le couple participe toujours en catégorie solo car Bérangère grimpe mieux les cols que Jean-Pierre et vise le classement général quand la forme est au rendez-vous.
“Sur le plat, je sais que je peux rester un moment avec elle, mais dès que la route s’élève, je lui souhaite bonne course et qu’on se verra à l’arrivée”, plaisante JP.
Lors de cette seconde édition portugaise, le couple a pour la première fois roulé ensemble de bout en bout et surtout a profité ! Bérangère s’est calé sur le rythme de JP et le couple avait aussi décidé de s’arrêter pour dormir à l’hôtel le soir. “Nous avons bouclé le parcours en mode confort mais au final, notre moyenne est plus élevée que l’an passé“, analyse Bérangère.
Comme lors de ma rencontre avec Denis Morino, je retrouverai Bérangère et JP à différents endroits : lors d’un dîner sympathique à Mourao ou encore au petit-déjeuner à Monchique. Le hasard fait souvent bien les choses et vous fait recroiser sur la route les personnes avec qui vous avez développé des affinités 😉
L’an passé sur Aura, JP a sympathisé avec d’autres concurrents comme Medhi, Aurélien et Thomas, rencontrés et recroisés au gré des kilomètres. “Nous sommes allés manger chez Medhi après la course. On noue beaucoup de liens sur ce type d’épreuve. », commente t-il en souriant.
« On avait vu qu’un paquet d’épreuves avait été annulé mais que le Bikingman Portugal (qui s’est tenu en octobre l’an passé) allait être maintenu. Nous avons donc coché l’épreuve en 2022″, explique Jean-Pierre.
Question matos, Bérangère et JP étaient logés à deux écoles différentes. La jeune femme avait porté son choix sur un modèle Trek Checkpoint (gravel) alors que Jean-Pierre avait préféré opter pour son « vieux » Tarmac route SL3. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, tu as raison, Jean-Pierre.
“Le côté aventure de l’ultra me plaît beaucoup. L’avantage de réaliser un Bikingman en mode plus cool, c’est aussi de pouvoir faire plus de rencontres car tu croises plus de participants.” Bérangère
J’espère avoir l’occasion de recroiser “JP” et Bérangère sur une autre épreuve longue distance ou alors dans notre belle région PACA. En attendant, je leur souhaite de bien beaux moments, sur le vélo et en dehors !