AccueilDécouvertesCyfac cultive le Paradox... et change de braquet

Cyfac cultive le Paradox… et change de braquet

Cyfac quitte ses ateliers historiques de La Fuye, situés à Hommes au Nord-Ouest de la Touraine, pour s’installer à Tours. Simultanément, Aymeric Le Brun – le patron de l’entreprise – nous présente un nouveau vélo carbone 100% fabriqué en France. Double paradoxe, pour cette société, installée depuis 40 ans “à la campagne” qui va s’installer dans une grande ville et pour ce spécialiste de l’acier, qui élargit sa production de cadres en carbone. Il faut voir dans ces paradoxes un raisonnement logique, et un axe de progrès pour cette entreprise qui a survécu à la période “noire” du beau vélo français. Les valeurs, les équipes et l’ensemble des savoir-faire de Cyfac, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2012, continueront à être le moteur des fabrications de vélos d’excellence.

Symbole de cette stratégie de développement, le vélo présenté le 25 novembre lors d’une conférence de presse à Tours s’appelle “Paradox”. “Le 25 novembre 2002, je commençais mon aventure chez CYFAC, aux côtés de son fondateur Francis Quillon. Le 25 novembre 2022, à l’occasion de 2 journées mémorables, je fête mes 20 ans dans les ateliers de La Fuye, mais surtout les 40 ans de ce Fabricant Artisanal de Cadres de Cycles“, rappelle Aymeric Le Brun. “C’est sans doute le vélo le plus moderne que l’on ait jamais fait en 40 ans. Malgré notre âge avancé on est de plus en plus jeune à l’image de notre équipe“.

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Un beau cadeau d’anniversaire

40 ans, ça se fête ! Et il est vrai que beaucoup d’entreprises artisanales n’ont pas eu ce plaisir. CYFAC est une des rares entreprises à avoir survécu à la période de désintérêt pour le beau vélo artisanal qui a marqué le monde du vélo dans les années 1990-2000. Aujourd’hui c’est reparti, mais il a fallu tenir, pour ne pas disparaître. Lors de la conférence de presse annonçant l’arrivée de Cyfac à Tours, Aymeric Le Brun a annoncé la signature d’une convention et s’est vu remettre les clefs du nouveau bâtiment par Emmanuel Denis, le maire de la ville. Les activités de distribution et de production de CYFAC seront transférées progressivement au cours de l’année 2023.

Cyfac déménage à Tours et lance son modèle carbone Paradox
Aymeric Le Brun – photo Cyfac

L’arrivée de notre nouveau modèle carbone Paradox : 100% Moderne, 100% artisanal, 100% sur Mesure, 100% personnalisable et 100% Made in France, jusqu’au bout des tubes, grâce au savoir-faire de l’Atelier des Composites, marquera cette installation à Tours“, précise Aymeric Le Brun.

Objectif : 2 millions de vélos assemblés en France en 2030.

Cette arrivée est liée à une ambition commune entre la Ville de Tours et CYFAC pour développer un véritable pôle vélo d’excellence, porté par l’expertise des artisans de Cyfac et réunissant le maximum d’entreprises autour du vélo qui partagent les valeurs de productions locales, durables et éco-responsables. Elle apportera sa pierre locale à l’édifice national de relocalisation industrielle du maximum de fabrications de vélos et composants sur le territoire. La Filière Régionale Cycle Grand Ouest, s’inscrit également dans cette ambition en mutualisant toutes les énergies, passions et talents des acteurs du cycle du Grand Ouest. Les États Généraux de la filière vélo qui se sont tenus au Ministère de l’Économie et des Finances le 15 Novembre 2022 ont fixé comme objectif que 2 millions de vélos soient assemblés en France en 2030. Souhaitant apporter sa pierre locale à cet édifice national, l’ambition commune entre la ville de Tours et Cyfac sera de développer un véritable pôle vélo d’excellence, porté par l’expertise des artisans de Cyfac et réunissant le maximum d’entreprises autour du vélo partageant les valeurs de productions locales, durables et éco-responsables.

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Un changement de braquet

Cyfac déménage à Tours et lance son modèle carbone Paradox
Aymeric Le Brun reçoit les clés de ses nouveaux locaux de la main du Maire de Tours, Emmanuel Denis – photo Matos Vélo

La Ville de Tours et la Société d’Équipement de Touraine (SET), avaient annoncé à l’occasion du Congrès de la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB) – qui s’est déroulé au Palais des Congrès, à Tours, en février 2022 – son ambition de créer un pôle d’entreprises et porteurs de projets autour de la filière vélo dans le quartier du Menneton sur les bords du Cher. Dans le cadre de son développement et de sa course en tête du peloton du vélo artisanal made in France, Cyfac avait confirmé son souhait de s’inscrire dans ce futur écosystème autour du vélo. De nombreux échanges, rencontres et discussions passionnés ont eu lieu avec le Maire de Tours ces derniers mois, sur la structuration de la filière vélo à Tours et sur les belles perspectives et évolutions futures du Vélo Made in Tour(s)aine !

Une entreprise spécialiste de l’insertion par l’activité économique partagera les locaux pour re-conditionner des vélos à assistance électrique. Le déménagement se fera donc en plusieurs phases. L’objectif sera de transférer sur le premier trimestre 2023 l’activité ORTLIEB, marque allemande et leader sur le marché de la bagagerie de vélo étanche, dont CYFAC est le distributeur depuis plus de 10 ans. C’est sur le second semestre 2023 que les activités de fabrication, peinture et montage rejoindront le quartier du Menneton. La volonté de l’entreprise sera d’être 100% tourangelle en 2024.

Les anciens locaux de la société MELTIS vont accueillir CYFAC
Les anciens locaux de la société MELTIS vont accueillir CYFAC en 2023

C’est donc dans les anciens locaux de la société MELTIS et facilité par le travail de la SET que Cyfac occupera ici une surface de 2000 m2.

Un déménagement programmé à Tours

Je ne vais pas vous retracer l’histoire de Cyfac, un article entier n’y suffirait pas, tant les anecdotes sont nombreuses et parfois croustillantes. J’ai eu l’occasion de visiter en voisin les locaux de la Fuye à plusieurs reprises. C’est toujours un plaisir de fouler ces locaux historiques, situés en pleine campagne tourangelle. Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire de cette entreprise artisanale mythique, classée Entreprise du Patrimoine Vivant, je vous invite à relire notre test des Gravel Hansel et Gretel qui annonçait le renouveau de la marque emblématique Meral, elle-même à l’origine de la naissance de Cyfac.

Une nouveau venu dans l’atelier de la Fuye… Le Paradox prépare ses valises pour Tours en 2023, photo Peter Skelton

Ces dernières années, et depuis ma dernière visite en 2018, j’ai vu l’entreprise grandir. D’abord en doublant presque ses effectifs, passant de 12 salariés à 21 grâce au développement de ses activités : cadres acier, cadres et tandem carbone sur mesure, service “Paint by Cyfac”, petite série avec Meral, distribution de la marque Ortlieb en France… Mais également la réalisation de cadres pour le lancement de marques de qualité et désormais établies dans le paysage vélo français : Wish-One et Dilecta en particulier. Plus récemment, Cyfac remportait le Concours de Machines à Roubaix avec son vélo Paradox utilisant des solutions techniques originales et novatrices.

Cyfac va s'installer à Tours
L’équipe est passée de 12 salariés à 21 grâce au développement de ses activités – photo Cyfac

Pas de crise de la quarantaine chez Cyfac donc, mais de nombreux changements et évolutions annoncés, déjà entamés depuis quelques années et qui vont se poursuivre. Le truculent quadragénaire (lui aussi !) Aymeric Le Brun, chef d’orchestre de Cyfac depuis 2002, a donc fêté ses 20 ans à la tête de l’entreprise. Patrick a eu l’occasion de l’interviewer lors de cet événement sur les évolutions à venir. À écouter dans ce Bla Bla #55 :

Certes les ateliers de la Fuye font partie de l’histoire de la marque. Mais il devenait nécessaire d’envisager un déménagement dans des locaux plus adaptés à la croissance de l’entreprise. Difficile de pousser les murs, l’espace était déjà contraint ! Les nouveaux locaux permettront d’optimiser les flux, l’organisation et les postes de travail. Les conditions de travail en seront améliorées. De plus, pour attirer et garder les jeunes talents, la ville de Tours, distante de 35 km de la Fuye, sera plus attractive en termes de localisation géographique.

Le Paradox, le carbone français sur-mesure by Cyfac

Seconde bonne nouvelle, la conception et la fabrication d’un cadre carbone 100% français réalisé avec des tubes carbone produits à moins de 250 km de Cyfac par l’Atelier des Composites. Avec ce nouveau modèle, Cyfac présente un cadre résolument moderne intégrant de nouvelles caractéristiques, tout en s’appuyant sur un savoir-faire artisanal d’excellence.

Une nouveau venu dans l'atelier de la Fuye
La réalisation de ce cadre aura nécessité plus de 18 mois d’études et de développement – photo Cyfac

Le Made in France et le sur-mesure n’auront jamais été aussi poussés pour un cadre 100% carbone. D’un point de vue fonctionnel, le Paradox sera compatible avec la totalité des systèmes de transmissions du marché, quels que soient les dentures, les plateaux, le type de freinage ou la technologie du changement de vitesse. La réalisation de ce cadre aura nécessité plus de 18 mois d’études et de développement. Un partenariat étroit pour la fabrication des tubes avec un expert français dans l’industrie du cycle et du carbone et un choix spécifique des fibres ont ainsi permis de concevoir un cadre d’une grande robustesse, tout en optimisant son poids, réduit de 19% par rapport à un Absolu V3.

Fidèle à son attachement au sur-mesure, Cyfac proposera au client une géométrie et un cahier des charges totalement personnalisable permettant de maximiser le confort ou d’accroître la rigidité. Le Paradox garantit donc une compatibilité maximale avec les standards du marché pour offrir aux clients la plus grande liberté possible.

Le process de fabrication du Paradox

La technique utilisée par Cyfac, s’appuie sur un montage par stratification de différents tressages de carbone. Patrick avait testé le Méral Louison conçu de la même manière mais avec des tubes et éléments qui n’étaient pas français. Les tubes pour ce modèle Paradox sont fabriqués par l’Atelier des composites. Le “kit” de tubes fabriqués selon les critères définit par Cyfac en fonction de l’usage du vélo arrive à l’atelier de montage. Ils sont positionnés (pontés) sur une table de montage, sur laquelle les angles sont définis par rapport aux côtes du futur propriétaire de ce vélo. Après un collage de positionnement, un nappage des éléments réalisé par 3 couches la première en Kevlar et les 2 autres en carbone qui viennent stratifier les raccords.

Une nouveau venu dans l'atelier de la Fuye
Les parties carbone du Paradox sont pointées sur la table de montage – photos Cyfac
Une nouveau venu dans l'atelier de la Fuye
Le cadre en cours de finition – photo Cyfac

Le Paradox en détail

Une nouveau venu dans l'atelier de la Fuye
Le serrage du tube de selle est noyé, les bases arrières légèrement arrondies, les tubes de différentes formes et dimensions s’harmonisent pour créer un ensemble cohérent – photos Cyfac

Le résultat visuel de ce Paradox est plutôt réussi. L’aspect final laisse penser qu’il s’agit d’un cadre moulé. La finition élimine les raccords. Cette technique permet la réalisation d’un vélo totalement sur-mesure : positionnement des haubans, angles, taille, équipements… ce qui serait impossible avec des moules.

Cyfac déménage à Tours et lance son modèle carbone Paradox
Le Paradox – photo Cyfac

Cyfac a confié le premier test de ce « vélo mystère » à Matos Vélo qui a eu la primeur d’essayer ce nouveau vélo d’exception. D’autres suivront et on vous dévoilera les caractéristiques techniques de ce nouveau cadre dès que nous les aurons.

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Hugo
Hugo
Habitant la Sarthe mais chtimi d’origine, Hugues devient passionné de VTT dès l’apparition de ces machines à plaisir dans les années 80. Son bonheur est de rider dans la nature en forêt en partant du pas de sa porte de préférence. Hugues est un pratiquant VTT, fatbike, gravel, cyclo, bikepacking…Sa devise : peu importe la monture et le niveau pourvu qu’on ait l’ivresse. Passionné par les vélos en acier, il a une attirance pour les artisans du cycle, les cafés vélos et l’univers du vélo en général.

2 COMMENTAIRES

  1. Tant mieux pour Cyfac s’ils se développent, recrutent et concourent à incarner le retour à une fabrication française. Toutes choses positives.
    Mais à 7500€ pour un kit cadre, on voit quand même bien que le vélo est devenu non seulement un sport de riches, mais un sport de snobs qui ont besoin de tout le flonflon, d’articles comme celui-ci, de marketing, etc. pour arriver à faire en sorte qu’on trouve normal d’acheter un cadre de vélo aussi cher qu’une moto et qui met le vélo complet au même prix que des voitures.
    Pour moi il n’est pas normal de devoir facturer un tel prix pour pouvoir s’en sortir (les coûts de production élevés en France ont bon dos). Cela veut surtout dire qu’on vise une production de très faibles volumes et qu’il faille amortir des centaines de milliers d’euros de charges fixes (en R&D, marketing, etc.) sur des ventes en faibles quantités. C’est une niche dans la niche. Spectaculaire mais anecdotique à l’échelle du pays. Ce n’est pas un vélo comme le Paradox qui sera exporté (la marque Cyfac est un peu connue en France mais à l’étranger?). Certes quelques clients le choisiront à la place de concurrents étrangers et amélioreront de quelques dizaines de milliers d’euros la balance commerciale de la France, mais c’est une microgoutte d’eau comparé à l’océan du déficit abyssal que nous connaissons (l’Italie fait beaucoup mieux). On compare de plus en plus souvent les vélos haut de gamme à l’industrie du luxe, avec une certaine logique : produits à fort impact d’image, vendus à des prix élevés qui sont essentiels pour convaincre les clients qu’ils ont à faire à un produit de qualité (alors qu’en réalité ces marges incroyables servent à rémunérer tout le marketing nécessaire à “positionner” la marque et à grassement rémunérer les dirigeants et actionnaires). Mais la GROSSE différence avec les marques de luxe françaises ce sont les volumes de ventes à l’échelle mondiale. Donc “l’industrie du luxe” (parfumerie, maroquinerie, mode) contribue effectivement à l’économie du pays. A contrario, la stratégie de Cyfac, probablement bonne pour les parties prenantes (salariés, actionnaires, ville de Tours, clients ravis de posséder un vélo que personne du club ne peut se payer) est totalement insignifiante à l’échelle du pays. Pour sortir de l’anecdote et du “rêve”, il faudrait qu’un fabricant français de vélo haut de gamme puisse prendre une ampleur internationale. Je ne vais pas me lancer dans une liste mais il en existe des italiens, allemands, suisses (les coûts de production en Suisse sont plus bas qu’en France???), américains, etc. Je m’interroge. Pourquoi pas de français alors que notre pays bénéficie d’une image de marque incroyable dans le vélo ?
    Non, l’artisanat ne va pas nous sauver. On a besoin d’INDUSTRIE pour changer d’échelle.
    Bonne chance tout de même à Cyfac avec ce vélo. Ils ont l’air sympa les gars qui bossent là-bas.

    PS : vous voyez beaucoup de vélos Méral, vous ?
    Quand ils ont ressorti cette marque, ils ambitionnaient de faire la qualité du sur-mesure à la portée du plus grand nombre. Je vois encore beaucoup plus de Méral des années 80 sur les routes et en ville que de nouveaux vélos Méral.
    Cela prouve le manque d’ambition pour faire des vélos de qualité réellement compétitifs en dehors d’un micromarché de nostalgiques de l’époque où les prédécesseurs avaient réussi à faire un vélo haut de gamme, assez cher mais vendu en volume (pas à l’étranger, on est d’accord).

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