Basée à La Rochelle, la jeune société Gonnel s’est lancée dans un projet incroyable : unir dans un cadre de vélo des matériaux naturels et du carbone. Le résultat est superbe à regarder et efficace sur la route. Inspirés des techniques de fabrication du nautisme, les vélos Gonnel sont prêts à vous emmener sur des routes ou des chemins, pour de longues croisières aventureuses.
Pour la fabrication des cadres de vélo, nous connaissons l’acier, l’aluminium, le titane, le carbone, le bambou et depuis quelques temps le bois vient jouer les trouble-fêtes dans ce concert de matières. Sur Bike Café, nous vous avons déjà présenté des entreprises artisanales qui produisent des cadres de vélo en noyer, en frêne, en chêne… L’atelier Gonnel a choisi une fabrication composite où le bois, le carbone et le lin sont associés pour apporter au vélo leurs qualités complémentaires.
Fusion des hommes et des matières
“L’idée de départ était de récupérer le savoir-faire que l’on maitrise depuis longtemps dans le nautisme, pour l’apporter au domaine du vélo“, m’explique Benjamin Boissier, initiateur du projet. Effectivement cette idée de départ est pleine de sens, quand on connaît le niveau de la recherche liée à la conception de ces bateaux de course qui nous font rêver. Au départ, le bateau c’était du bois… tiens, tiens : y aurait-il un lien avec les vélos fabriqués en bois ? L’industrie du nautisme est sans doute celle qui réunit le plus de connaissances en matériaux composites. Elle excelle dans la fusion des matériaux, qui doivent aboutir au meilleur compromis entre la performance et la résistance.
“Du bois et du lin pour absorber les vibrations et du carbone pour la rigidité et la réactivité…“, poursuit Benjamin. L’entreprise s’est bâtie sur ce principe et la fusion de talents multiples était logique pour constituer l’équipe. Benjamin a entraîné dans son sillage des copains qui avaient fait la même école d’ingénieurs que lui. “Nous sommes 3 anciens de l’ENSI dans l’équipe avec Bruno Merel, ancien responsable outillage chez Airbus à Rochefort, Guillaume Bolzec, qui s’occupe de la commercialisation et Marie, experte en fabrication composite qui nous a rejoints plus récemment”, précise Benjamin.
Écoutez le podcast Bla Bla #108 avec Benjamin Boissier.
L’idée de Benjamin était bien celle de cette fusion et lorsqu’il s’est senti bien entouré de toutes les compétences nécessaires, il s’est lancé dans l’aventure et a largué les amarres, lâchant un boulot rémunérateur, comme ses associés d’ailleurs… L’histoire est belle et elle démarre concrètement en octobre 2022, pour aboutir à une première participation au Paris-Brest-Paris en août 2023.
Au fait Benjamin : pourquoi ce nom Gonnel ? “C’est parce que j’ai grandi dans une maison des Alpes-Maritimes qui s’appelait les Jardins Gonnel. C’était la maison de ma grand-mère où je passais de merveilleuses vacances, souvent à vélo…“
Du bois chinois dans le sandwich
La recette de la fabrication de ces cadres est simple, même si la façon de la cuisiner fait appel à de multiples compétences : elle comporte 20% de fibre composite et 80% de bois. Dans la composition de ce sandwich – savamment défini par des calculs de structures des matériaux effectués par des architectes navals de la Rochelle – on y trouve des bois légers plutôt inertes et de la fibre de carbone. C’est là que je relève dans la liste des essences utilisées ce Paulownia, un bois originaire de Chine, qui est désormais cultivé dans la région des Charentes. Un arbre dont je découvre les autres vertus, car grâce à sa croissance rapide, il permet une plus grande absorption de dioxyde de carbone, participant ainsi à la lutte contre le changement climatique. Une compensation en quelque sorte à l’apport de la fibre de carbone dans les cadres Gonnel.
Sur-mesure ou prêt à porter ?
“On commence par travailler nos bois en épaisseur de 4 mm. Sous vide, on vient ensuite draper l’échantillonnage de fibres pour constituer un assemblage qui sera ensuite usiné en commande numérique à partir de nos modèles 3D. On en obtient plusieurs épaisseurs que l’on positionne dans un moule que l’on met sous presse pour en obtenir un cadre de vélo brut. Après, on attaque la finition manuelle qui constitue la moitié du temps de production pour shaper, poncer, et intégrer les parties métalliques”, m’explique Benjamin, précisant que leur travail est à mi-chemin entre l’industriel et l’artisanat pur.
À cause des moules, les cotes des vélos sont standards par taille, par contre la technologie utilisée permet de doser ce qui est mis dans les moules, en fonction du profil du cycliste (sa puissance et son poids). Sans parler de sur-mesure, on peut néanmoins adapter le vélo aux besoins de son utilisateur.
Gonnel : les modèles
Pour l’instant 2 modèles sont proposés sur le site de Gonnel :
Gonnel Alliage
Conçu pour des courses d’ultra-distance, l’Alliage est un vélo de route innovant de part sa structure interne, une composition qui allie légèreté, confort et réactivité. Construit en peuplier et en carbone : le premier matériau cité absorbe les vibrations en vertical et apporte du confort, le second soigneusement échantillonné et orienté, amène la rigidité en latéral et augmente le rendement énergétique. L’Alliage est un vélo léger, dynamique et performant. Son cadre en taille M pèse 1,5 kg.
Une posture efficace avec une géométrie dessinée pour maximiser le transfert de puissance. Un pari qui tient sur la distance grâce à la composition de l’Alliage qui préserve le confort du cycliste.
Trois montages sont proposés aux tarifs suivants : 6190 – 7990 – 10290 € (voir les équipements sur le site)
Gonnel L’Embrun
Voilà un compagnon robuste et nerveux, avec une structure de cadre à 80% d’origine végétale. L’Embrun est à l’origine du projet Gonnel, l’Alliage est venu par la suite, demandé par les amateurs d’ultra. Sur l’Embrun, on a une composition faite de frêne et de fibres de lin qui lui confère ses propriétés exceptionnelles d’absorption des vibrations et en fait un véritable Gravel de voyage confortable et performant sur tout type de terrain. Le cadre pèse 2,3 kg en taille M.
Les 3 montages sont proposés au prix de : 4490 – 5990 – 7590 € (voir les équipements sur le site)
Les vélos Gonnel aiment les parcours engagés, mais ils semblent également se plaire sur les podiums ✨.
Le mois dernier, ils ont reçu les distinctions suivantes :
- 🥇 “Start-up la plus prometteuse” lors de “Vélo in Paris”
- 🥇 1er prix :
- “Entreprise Innovante” – trophée Emergence
- “Coup de cœur du public” – trophée Emergence
Nouvelle campagne de vente !
Lors du salon Vélo in Paris, Gonnel a communiqué sur une nouvelle offre, à savoir l’ouverture d’une série limitée de 30 vélos (route ou gravel), dont les livraisons s’échelonneront entre octobre 2024 et avril 2025. Pour en profiter et réserver votre créneau, voici le QR code à scanner.
Ensuite, vous pourrez définir le type de cadre, la taille et le montage adapté au besoin. ➜ Ceux qui n’ont pas encore pu tester un vélo Gonnel sont les bienvenus à La Rochelle ou lors de prochaines rencontres sur des évènements !
Bonjour,
J’apprécie grandement vos articles et votre manière d’aborder tous les sujets qui tourne autour du vélo.
Pour faire suite à votre article des vélo en bois, connaissez vous cette marque là :
https://gastaboy.com/d-seg/
Car même si tous les goûts sont dans la nature… je trouve toujours l’esthétique des cadres en bois peu flatteur… et ce dernier (votre article) n’y échappe pas. Certes ce n’est que mon avis mais on est loin de ce qui peut se faire en acier ou carbone !
Je vous laisse donc apprécier la prouesse de ces vélos gastaboy qui, à mon sens, sont d’une beauté incroyable !
Bonjour Naga … Effectivement je connais les vélos Gastaboy qui sont sublimes. J’ai consacré un aricle à plusieurs artisans dont Gastaboy … écoutez le podcast de mon entretien avec Eddy Jeantet https://bike-cafe.fr/2023/01/les-velos-en-bois-branches-et-efficaces/