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Comme un lundi : on vit une époque formidable

Chaque semaine, un billet d’humeur par un·e de nos rédacteur·rices. Aujourd’hui, Patrick.

Photo de couverture : lors du confinement qui nous faisait tourner en rond, j’avais tracé mon périmètre…

Nous venons de vivre une décennie de folie, perturbée par une crise sanitaire mondiale, des choix politiques extrêmes, des guerres, les atermoiements d’un plan vélo qui hésite à donner le premier coup de pédale… et au milieu de tout ça mon « petit vélo » a roulé vers le bonheur, comme pour échapper au bruit assourdissant de ces mauvaises nouvelles…

Époque formidable
Une époque formidable pour le vélo, lors de ces échappées pendant la crise sanitaire, dans un cercle réduit sur des routes désertes autour de chez moi – photo Patrick VDB

On pourrait dire que je me suis mis la tête dans le guidon, un peu comme une autruche à vélo. Pour garder le moral, il faut être toujours en mouvement. « C’est comme le vélo, si vous arrêtez de pédaler, vous tombez. » Dans ma bulle, j’ai été surpris d’apprendre en janvier qu’il s’était écoulé 10 ans depuis « Charlie ». M… déjà ! Il y a comme ça des anniversaires qui vous rappellent de façon brutale le temps qui passe. En avril 2021, au sortir du confinement, j’avais écrit un article intitulé « On vit une époque formidable… », qu’en est-il aujourd’hui ? J’ai bien sûr repensé à cette couverture intemporelle d’une BD satirique de Reiser. Son personnage souriant béatement, les pieds dans une mare polluée, symbolise le déni chronique de ceux qui veulent ignorer les dérives de notre époque où plus on est informé, moins on sait… On vit une époque formidable.

Époque formidable
Reiser observe son époque, et c’est pas joli !

Mon article était alors en total décalage avec le contexte sanitaire qui avait mis à mal l’économie du vélo, ainsi que d’autres. Aujourd’hui, cette même économie souffre toujours. Je parlais alors de beaux vélos, vendus autour de 2000 € et maintenant les vélos équivalents sont affichés à 3000 € ou plus. L’engouement pour le vélo a des limites même si on vit une époque formidable. Comme Maurice le poisson rouge, il ne faudrait pas dépasser les bornes des limites d’une inflation qui nous oblige à nous recentrer sur le nécessaire…

Dans l’écosystème vélo, on regrette l’abandon du plan vélo de 250 millions d’euros par an sur cinq ans, dédié aux mobilités actives. Mais il pourrait bien revenir : changement de 1er Ministre et hop : ça repart… La réponse politique à un problème de société prend souvent la forme d’une enveloppe budgétaire. Est-ce suffisant pour changer les choses ? L’argent doit accompagner les changements et ne pas être le simple objet d’une « curée », orchestrée par des lobbies lorgnant sur le magot. Va t-on avoir plus de pistes cyclables toujours aussi mal conçues que les précédentes ? L’argent ne fait pas le bonheur et surtout, il n’est pas la réponse à tous nos problèmes. On vit une époque formidable

Époque formidable
Et hop… en selle : ça repart – capture d’écran. « Le plan vélo doit être poursuivi avec les moyens qui lui sont nécessaires » déclare le nouveau premier ministre.

Au moment où nous parlons de gros sous, nous apprenons, grâce à une vaste enquête de L’Institut Paris Région, qu’à Paris en 2024 le vélo est plus utilisé que la voiture, non seulement pour les déplacements intra-muros (11,2 % à vélo contre 4,3 % en voiture), mais également pour les déplacements entre Paris et la petite couronne (14 % contre 11,8 % en voiture) Source Wikipédia. Il avait quasiment disparu de Paris dans les années 1980. Il est revenu en force dans la capitale, grâce ou à cause (selon qu’on est pour ou contre) des choix politiques. Dans cette guerre intra-muros parisienne on vit une époque formidable… 

Et pour Bike Café, premier média en France à avoir cru il y a 10 ans au phénomène gravel, nous vivons aujourd’hui le bonheur d’avoir accompagné le développement de ce vélo curieux. Décrié par les uns, snobé par les autres, ce vélo a décloisonné les pratiques, chamboulé le marché du cycle, réduit les clivages fédéraux, inventé un nouveau tourisme et créé de nouveaux événements… Pour nous, ça prouve que l’on vit vraiment une époque formidable. Alors pour garder le moral, sur mon « petit vélo », qui roule ainsi depuis 10 ans, je pédale toujours pour éviter de tomber… dans la morosité.

Retrouvez l’intégralité de notre rubrique “Comme un lundi” en cliquant >ICI<

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

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