Alan Jacopin est passé du BMX à l’ultra distance à vélo. Une sorte de grand écart cycliste incroyable pour ce jeune cycliste de 22 ans installé à Biarritz. Ce qui m’a intéressé, lorsque j’ai découvert sa conversion, c’est qu’il a choisi de se lancer dans ces longues distances sur un vélo en bois construit par les Ateliers Gonnel. En effet, Alan est ambassadeur de cette marque, qui conçoit et fabrique à La Rochelle de superbes machines en bois, carbone et lin. J’ai souhaité échanger avec Alan pour savoir ce qui l’a attiré dans l’Ultra distance et pour cela choisir un vélo en bois, inspiré de la construction maritime. Autrefois, on utilisait à l’envi cette expression imagée : “Il est raide comme un bout de bois...” : tout ça a bien changé, car ce n’est pas le cas avec son vélo Gonnel, comme nous l’explique Alan. Attention, il va y avoir du copeau !
Dans mon article de 2024 sur les Ateliers Gonnel, je soulignais la fabrication “marine” de ces vélos. Gonnel a choisi une fabrication composite où le bois, le carbone et le lin sont associés pour apporter au vélo leurs qualités complémentaires. Benjamin Boissier me disait alors “L’idée de départ était de récupérer le savoir-faire que l’on maitrise depuis longtemps dans le nautisme, pour l’apporter au domaine du vélo“. Alan Jacopin n’est pas un vieux Loup de mer, mais un jeune cycliste qui a longtemps pratiqué le BMX en compétition à un très bon niveau, lorsqu’il vivait à La Rochelle. Tiens, tiens… n’y aurait-il pas une sorte d’affinité locale qui aurait rapproché le jeune cycliste des ateliers installés dans cette ville de marins ? Sur Bike Café, nous nous étions déjà intéressés en 2023 aux vélos en bois en publiant un article qui faisait l’état des lieux en matière de bois dans le vélo en France et en Europe.
Le vélo Gonnel : un séducteur
Il suffit d’arriver dans un endroit avec un vélo Gonnel en bois pour que les regards se tournent immédiatement sur cette machine. Ce vélo est un séducteur. Sa fabrication en bois étonne, surprend, questionne. “J’ai été attiré par l’esthétique de ce vélo. C’est quelque chose qu’on a envie de toucher, de rouler et ensuite, il y a le côté confort qui nous offre un atout supplémentaire“, me dit Alan pour m’expliquer le coup de cœur qu’il a eu pour ce vélo.
Le film de présentation de Gonnel
Un Ambassadeur traverse l’Espagne
Alan s’est lancé résolument dans cette discipline de l’ultra distance à vélo. “L’ultra, ce sont des aventures qui nous font nous dépasser et qui nous amènent à chercher de l’énergie au plus profond de nous-mêmes. C’est ce que je n’avais pas dans le BMX où les courses durent 30 à 40 secondes“, me dit Alan. Après avoir fait l’an dernier la Race Across France sur 2500 kilomètres, la version Spain est sa deuxième grande expérience sur ce type de distance. Cette fois, il a mieux préparé sa course, fort de son expérience de l’an dernier. “Il n’y a pas de secret, pour se préparer, il faut rouler et trouver du temps pour ça entre le boulot et le perso. Cet hiver, j’ai fait pas mal de course à pied et deux fois par semaine des séances de RPM au Cycling Indoor à Biarritz, encadré par un coach, ancien cycliste pro“, précise Alan en m’expliquant que cet entraînement a été payant sur le profil difficile de la Race Across Spain.
Alan s’est aligné avec son vélo Gonnel sur la première édition de la Race Across Spain. “Départ à 12h, avec comme premier objectif d’atteindre la base de vie située au km 535 à Molina de Aragòn“, explique Alan. Cette première partie comporte quelques gros cols sur 7500 m de D+ et heureusement de bonnes parties roulantes ! Alan la rejoindra en 24h50 avec 1h30 d’arrêt. “Après quelques assiettes de riz, une douche et un semblant de sieste d’une heure, je repars avec Florian Scattolini, rencontré la veille…“
Alan et Florian feront route ensemble comme me le raconte Alan dans notre échange podcasté. Une deuxième partie de course les attend avec un nombre énorme de cols. De belles montées, des descentes de folie, une deuxième nuit où le sommeil se fait sentir, mais pas d’endroit abrité pour dormir.
Alan doit lutter contre le sommeil, une frayeur avec une barrière de sécurité. Il s’arrête toujours avec Florian pour dormir 15 min pour retrouver un peu de forme. Les cols passent un par un, les kilomètres défilent, les hallucinations sont là, il leur reste 50 km. “La fatigue prend le dessus et je « m’endors » dans un rond-point ; je fais deux tours et je reprends mon chemin, complètement perdu.”
Le dernier col est franchi avec un peu d’intensité, une descente de folie et un long faux-plat descendant, amènent les concurrents à la ligne d’arrivée. Alan termine en 55h10 pour 1025 km et 15800 D+. Il se classe à une 9ème place au général et second dans sa catégorie.
Cette course a été l’occasion de réaliser un nouveau test qui en dit long sur les performances de son vélo Alliage des Ateliers Gonnel. Autant d’informations à faire remonter aux concepteurs pour contribuer à l’évolution du vélo qui montre déjà de belles qualités de confort et d’endurance. “Mon but, en tant qu’Ambassadeur, est de tester et de rouler le vélo dans n’importe quelles conditions à vide ou chargé avec des sacoches, à différentes vitesses sur différents terrains pour ressentir ses réactions. Mon rôle est aussi de montrer le vélo sur différents événements pour faire connaître la marque et expliquer les avantages de ce vélo composite“.
Le podcast avec Alan
Et la suite
Après cette course espagnole, Alan s’était engagé sur la French Road 66. C’est aussi une course de 1000 km qui partait de la forêt de Compiègne pour relier Montpellier. Cette épreuve était un peu plus roulante avec quand même 10 000 m de D+, il l’a terminée en 46 heures et 43 minutes. “J’ai déjà envie de recommencer…“, déclare Alan. Il continue de tester de nouvelles choses pour améliorer ses performances. Le set-up idéal de son équipement sur le vélo se précise de plus en plus. Le modèle Alliage route endurance des ateliers Gonnel qu’il utilise va bénéficier de quelques améliorations. Pour l’année prochaine, il a déjà sa place réservée pour la Desertus Bikus, c’est sûr qu’on le verra dans le groupe de tête de cette épreuve qui est devenue un must dans le monde de l’ultra distance.
En dehors de son activité Race, Alan fédère autour de lui dans une communauté vélo qui s’appelle “les crampés” – @lescrampes_cc – et propose des rides sociaux accueillants. Le but est de partager avec d’autres cyclistes la passion du vélo et en même temps de montrer son beau vélo en bois qui suscite à chaque fois l’intérêt des nouveaux participants à ces rides.
Liens
- Les Ateliers Gonnel : https://lesateliers-gonnel.com/
- Instagram des Ateliers Gonnel : https://www.instagram.com/ateliersgonnel/
- Instagram d’Alan Jacopin : https://www.instagram.com/alan.jacopin/