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Comme un lundi : la polymultiplication des plaisirs

Chaque semaine, un billet d’humeur par un·e de nos rédacteur·rices. Aujourd’hui, Patrick.

Récemment, je relisais un texte dans lequel était évoquée la philosophie innovante de Paul de Vivie, alias Velocio. Ce Père fondateur du cyclotourisme, à la fin du 19ème siècle, évoque la sobriété heureuse. Pourtant, ce cycliste visionnaire n’a eu de cesse que de promouvoir le changement de vitesse, qu’on appelait à l’époque la “polymultiplication”. Il invente en 1908 le dérailleur, s’éloignant ainsi d’une certaine sobriété cycliste, mais son mérite aura été de rendre les cyclistes plus heureux. 

 “Polymultiplication, roue libre, freins puissants, alimentation végétarienne, y a-t-il là, oui ou non, de quoi permettre à un cycliste quelconque de doubler, sans fatigue anormale, ses étapes habituelles, de passer deux fois les Alpes entre le lever et le coucher du soleil, d’aller de Lyon à la mer le premier jour, et d’en revenir le lendemain ?. That is the question !”  

Paul de Vivie alias Vélocio

En fait, lorsque Velocio parle de sobriété heureuse en 1897, c’est qu’il devient végétarien. Son alimentation démontre que l’Homme peut pédaler sur de nombreux kilomètres et vivre vieux sans avoir besoin de viande : sobriété d’une certaine consommation et heureux de vivre vieux et en bonne santé. Il exprime une vision écologique prémonitoire dans une époque industrielle qui va voir arriver la déconstruction de cette sobriété, sous le prétexte de rendre les gens heureux.

Polymultiplication

En roulant sur mon single speed, je me demandais quelle serait sa réaction si, en revenant sur terre, Velocio découvrait aujourd’hui les 13 pignons du dernier SRAM RED XPLR et autre Classified Powershift ? Serait-il “polysatisfait” en constatant cette inflation de pignons et de technologie ? Il serait certainement heureux de constater que ses conseils ont fait école en matière de nutrition, mais serait-il heureux de voir la polymultiplication des technologies sensées nous rendre heureux. Je sens que le paradoxe est là… La polymultiplication est utile mais ne doit pas être une finalité technologique.

Dans notre monde du vélo où l’on oppose le mot sobriété à ses antonymes : délire, démesure, enthousiasme, exaltation… Il y a sans doute de quoi être heureux d’un côté comme de l’autre. L’ivresse de la vitesse, le délire des projets, la démesure de l’aventure, l’enthousiasme de partir rouler… peuvent nous satisfaire, comme le plaisir simple de rouler sobrement le nez au vent.

Polymultiplication

Le terme polymultiplication exprime une surenchère que l’on retrouve dans la célèbre course de vélo “La polymultipliée“.

Nous vous proposons sur Bike Café de ne pas opposer tous ces mots, pourtant tellement éloignés. Tantôt nous décortiquons des choix techniques innovants et nous testons de nouvelles machines, nous racontons des aventures lointaines et parfois nous vous emmenons en balade dans un « slow travel » ou encore nous poussons la porte d’un café vélo pour une pause curieuse. Nous sommes un peu comme Velocio : adeptes de la « polymultiplication », mais dans notre cas, c’est celle des plaisirs.

Retrouvez l’intégralité de notre rubrique “Comme un lundi” en cliquant >ICI<

Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

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