L’Eurobike ne déroge pas à sa réputation de grande messe européenne qui fait sans doute écho au fait qu’il se déroule au Messe de Friedrichshafen, sur 100 000 m2 d’exposition. Cette année les organisateurs avaient tenté un changement de date en avançant le rendez-vous début juillet. Il semblerait que cette nouvelle date ne convienne pas et, en 2019, Eurobike reprendra place en septembre comme l’a annoncé Stefan Reisinger le directeur du salon.
De nombreux professionnels viennent ici découvrir les produits tendance qu’ils pourront proposer à leurs clients. C’est le cas de Sébastien Morin, le jeune dirigeant de la société Boost Cycles, dont nous avions présenté l’activité sur Bike Café. Sébastien nous raconte ce qu’il a retenu de ce salon “kolossal” …
Lors de cet événement international, qui se veut relativement mass market avec 3 jours dédiés aux professionnels suivi d’une journée ouverte au grand public, on perçoit bien les influences du lieu qui l’accueille. Cet Eurobike n’aurait pas ce visage s’il était organisé au Royaume-Uni, en Italie ou en France. Ce qui en fait aussi un événement allemand en quelque sorte avec la présence en masse de marques non distribuées dans l’Hexagone.
Même si l’Eurobike est avant tout un événement où sont présentes les marques les plus puissantes, qu’il s’agissent de vélos, de composants ou d’équipements cyclistes, certaines petites marques font aussi l’effort d’y être représentées, soit directement, soit par le biais du distributeur local (allemand en l’occurrence). Cela rend à mon goût, cet événement encore plus intéressant. En parallèle, quelques marques mondiales font l’impasse comme Specialized ou Cannondale, entre autres…
Mais c’est bien l’industrie du cycle qui y figure et non l’artisanat.
Les nouveautés Gravel qui m’ont le plus séduit :
La gamme Moots, très fournie et innovante pour une marque si confidentielle et élitiste.
Les 2 modèles Chiru, Vagus et Vagus + qui offrent beaucoup de liberté dans les choix techniques tant la pratique du gravel en France est différentes selon sont terrain de jeu ou ses affinités techniques. Le Vagus avait été présenté sur Bike Café.
Les nouveaux coloris Rondo qui mise beaucoup sur l’esthétique des vélos et surtout le nouveau Ruut Ti
Le come-back de Voodoo, mais sans Joe Murray. Ça n’a absolument pas le prestige des années 90’s, mais la gamme gravel est complète au niveau des matériaux utilisés pour les cadres (Ti, Carbone, acier) et les cosmétiques sont inspirées.
L’acier reste très présent au niveau des cadres de gravel, mais la plupart des nouveautés présentées lors de l’Eurobike, notamment au niveau des marques généralistes ou issues du vélo de route, proposait une offre de cadres en carbone afin de ne pas perturber leur propre clientèle.
Petit paradoxe qui n’en est peut-être pas un finalement… Côté transmission, on est plutôt sur du double côté US et sur du 1x en Europe. Étonnant quand on sait que Sram est à l’origine du 1x… Mais finalement, pas tant que ça si on se penche sur la pratique et que l’on compare les terrains de jeu gravel des 2 côtés de l’Atlantique.
Des accessoires Gravel :
Si les composants E-bike sont déclinés à toutes les sauces, même les plus improbables (cintres, selles, …), on commence également à voir fleurir quelques composants conçus ou « marketés » Gravel. Je mets de côté les cintres spécifiques, avec un flare +/- important, présents depuis quelques années.
Voici deux illustrations de produits “siglés” gravel :
Une selle gravel chez Selle Italia, avec un évidement central prononcé et un coloris brun marquant une différence « offroad ».
La cassette 13V gravel 10-46 du groupe hydraulique Rotor.
Et les pneus dans tout ça ?
Il y avait pas mal de nouveautés à l’Eurobike, notamment chez les petits constructeurs :
IRC arrive avec le Boken et le Boken Plus. Les profils ne sont pas révolutionnaires mais si les gommes sont de qualité, comme c’est souvent le cas chez ce fabricant, cela peut donner des produits très intéressants.
Arisun avec le Dual Action Plus tubeless ready.
Chez Panaracer, pas de nouveau profil, mais de la couleur sur les historiques Gravelking et Gravelking SK. On oscille entre l’ « olive green » et le « vintage Michelin ».
Challenge qui gonfle son Gravel Grinder et le rend tubeless ready
3 géants pas au niveau côté offre Gravel : Continental, Maxxis (seulement 2 véritables profils gravel) et Michelin
À noter que l’immense majorité de l’offre est désormais tubeless ready et que les sections augmentent un peu en 700c pour s’établir à 700x40c pour suivre la tendance des clearances des derniers cadres qui sortent sur le marché.
Je pensais voir une tendance se dessiner plus fortement au niveau des diamètres de roues, que ce soit au niveau des pneus ou bien des fabricants de vélos. Et bien non … On pourra encore hésiter longtemps entre 700c ou 650b, même si contrairement au VTT – où les profils sont dupliqués dans les 2 formats – côté gravel, on a soit du slick gros volume en 650b et du cramponné en 700c.
Le Bikepacking
Bien évidemment toujours en vogue. Le gravel joue un rôle de booster dans la dynamique autour des gammes de bikepacking. Ces 2 éléments sont liés et l’offre ne cesse de s’accroître.
Il y a les marques dont c’est le cœur du métier, comme Revelate Designs ou Restrap, qui y présentait 2 nouveautés : des modèles de sacoches panier qui vont sortir à la rentrée. Ils sortent également un modèle de sac pour panier avec un ingénieux système de clip magnétique à installer sur le rack panier. Un des modèles a été élaboré en partenariat avec Pelago. Ce dernier se clipse directement sur le rack Pelago pour une manipulation et une installation aisée en plus d’un look épuré.
Il y a aussi les géants asiatiques comme Roswheel, visibles sur les sites marchands avec des modèles entrée de gamme, qui ont démontré toute leur puissance lors de ce show.
Et il y a des marques plus généralistes, d’origine diverses, comme groupe Shimano avec sa marque d’accessoires Pro ou encore Zefal ou Birzman, à l’origine centrés sur les accessoires et les outils d’ateliers.
Bref, une offre qui se développe signe qu’il y a un business à prendre, mais selon moi les marques les plus intéressantes restent celles dont c’est le cœur du métier. Elles conservent une longueur d’avance sur la qualité des produits et sur la capacité à innover malgré le fait que les structures soient souvent très petites. Peu avaient fait le déplacement.
Les nouveautés n’étaient donc pas uniquement orientées bikepacking « light » c’est-à-dire, sans installation préalable de matériel sur le vélo.
D’autres produits profite de la dynamique bikepacking : les éclairages avec pas mal de nouveautés chez Supernova (de la couleur) ou Lezyne également. On perçoit bien l’objectif longue distance de ces produits et de leur utilisation sur des vélos équipés de fixations.
Sébastien
Bonjour,
L’article est intéressant et permet d’avoir une bonne vision des tendances à venir dans le gravel et le bikepacking.
Vous écrivez “Petit paradoxe qui n’en est peut-être pas un finalement… Côté transmission, on est plutôt sur du double côté US et sur du 1x en Europe. […] Mais finalement, pas tant que ça si on se penche sur la pratique et que l’on compare les terrains de jeu gravel des 2 côtés de l’Atlantique.”
Je ne suis pas sûr de comprendre. Pouvez-vous m’éclairer ?
Bonjour,
Ou sont les limites du marketing.
Avec certaines montures on est en train de réinventer le VVT.
A quand un Gravel tout suspendu ?
Et pourquoi pas l’équiper d’un guidon plat !
Sans compter que les ingénieux dénature le Gravel, nous sommes en train de perdre tout nos repères et l’essence même de la discipline.
Le gravel est une famille assez large dans laquelle il existe je pense un esprit de tolérance plus important que dans d’autres disciplines du vélo. On a des vélos déclinés de l’urbain, d’autres de la route ou du VTT … Peu importe. Je ne pense pas que le marketing soit le grand méchant loup qui décide de tout pour nous. Personne ne met un pistolet sur la tempe d’un client pour qu’il achèTe tel ou tel produit. D’autant que ce n’est pas donné et que j’espère chacun réfléchit un peu avant de sortir la carte bleue. Alors j’ai tendance à penser que ceux qui achètent des vélos de gravel savent ce qu’ils font. Certains vont rouler 80% route et des cadres endurance avec des pneus de 32 seront parfaits … D’autres vont affronter des pistes rugueuses et pentues alors pourquoi pas du 650b avec des pneus de 47 … Tout cela c’est du gravel car on passe tous hors route et sur route. Le gravel est un vélo polyvalent, multiforme, … moyen partout et passe partout (ou presque). Il ne faut voir que “l’esprit” gravel et pas forcément le vélo.