Sur Bike Café nous vous parlons régulièrement de nouveautés, et dans le domaine du vélo ce sujet est inépuisable tant la créativité est sans fin. Comment une bicyclette, qui semble à priori être un objet simple, constitué d’un cadre, monté sur deux roues, avec un guidon et des freins, peut encore inspirer les ingénieurs et les inventeurs ? …
En jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur de l’histoire du vélo, on peut s’étonner de nos jours des inventions des “anciens”. Suite à une visite chez notre ami collectionneur Lino Lazzerini, nous avons eu l’idée de partager avec vous la découverte de quelques “pépites” de sa collection, que nous avons regroupées dans ce “cabinet de curiosité”.
La bicyclettre “Rétro-directe”
Le système Rétro-directé a été imaginé par l’inventeur français Paul de Martin de Viviés (1833-1911). Une première version à deux chaînes a été brevetée en 1869 par Barberon et Meunier. Une version à une seule chaîne a été brevetée en 1903 par le fabricant de vélos Hirondelle.
Le système est basé sur 2 roues libres équipées de 2 pignons. Le deuxième pignon est plus important, ce qui donne au cycliste un braquet plus court pour gravir des pentes raides simplement en pédalant en arrière. Une seule chaîne s’enroule autour du plateau pour animer l’ensemble. Hirondelle et Magant-Debon ont exploité cette invention.
Nous l’avons essayé chez Lino, et franchement ce n’est pas naturel de grimper une bosse en pédalant en arrière. Notre ami Lino, farceur à ses heures, va parfois faire son marché avec cette curieuse bicyclette qui fonctionne parfaitement. Il a régulièrement un petit succès auprès des badauds, juché sur ce vélo étrange, qui avance lorsque l’on pédale en arrière.
A la même époque l’entreprise grenobloise Magnat-Debon, avait également mis au point un système de boîte de pédalier à engrenages à deux et trois vitesses, et encore un moyeu arrière à trois vitesses. Ce dernier système a été breveté en 1902 (no 26, 888) au Royaume-Uni en commun entre la manufacture Magnat & Debon et Henry Lake de la maison Lake & Company, agent Magnat & Debon à Halseltime. À l’époque on verra également apparaître un nouveau type de frein, qui est monté sur la roue arrière.
Peugeot et les freins sur pneus
Cette magnifique bicyclette Peugeot utilisait ce freinage à tringle. L’écusson de la tête de fourche est sublime, les poignées de guidon en bois sont lustrées par le temps.
Dans les années 1870, les bicyclettes à deux roues de taille égale apparaissent après l’époque des grand bis. Nos bicyclettes actuelles ressemblent à ces ancêtres. Elles étaient généralement équipées d’un frein à patin à l’avant, sans frein arrière. Ce frein unique combiné au pignon fixe permettait aux cyclistes de contrôler la vitesse. Les freins à patin n’étaient pas très puissants, et potentiellement dangereux par temps humide.
On est loin de nos freins à disque actuels …
Transmission par pignons coniques
On parle souvent abusivement de cardans, à propos de ces transmissions, qui en réalité utilisent des pignons coniques. Nous avons trouvé dans le musée de Lino, l’ancêtre de la transmission Céramic Speed que nous avons vu à l’Eurobike 2018 et qui a créé le buzz l’an dernier dans le monde du vélo. Finalement on n’avait rien inventé ! Ce système, sur un vélo, existe depuis la fin du 19ème siècle. La marque Acatène (sans chaîne) Métropole qui a été créée en 1895 par la société de E. Marié, maison de vélocipédie à gros tubes en faisait à l’époque largement la promotion.
Le vélo sans chaîne est un bonheur pour les vélos de dames et d’ecclésiastiques. Il n’y avait pas que des vélos en forme “col de cygne”, et la marque a été engagée en course à l’époque avec le champion Gaston Rivière qui a gagné Bordeaux-Paris à trois reprises, de 1896 à 1898 sur un Acatène Métropole équipé de ce dispositif.
Auto-Moto 1902
Quel drôle de nom pour une marque de cycles : Automoto. Elle a été déposée en 1898 et elle est consécutive à la réunion de 3 entreprises de Saint Etienne. Le logo en forme de trèfle à 3 feuilles, symbolise cette association. L’activité est la production de cycles et d’automobiles.
On connaît surtout cette marque dans le vélo au travers de ses équipes qui ont forgé (sans jeu de mot) la légende des forçats de la route avec notamment les frères Pélissier. L’équipe a couru de 1910 à 1952.
Des jantes Lyotard
L’entreprise Lyotard avait été fondée par Pierre Lyotard qui s’était installé à Surry-le-Comtal dans la région stéphanoise. Sa renommée a été acquise grâce à Marcel Berthet (1888-1953). Ce cycliste, amateur de technologie participait au développement des équipements de la marque. Il avait établi le record du monde de vitesse sur piste en 1907 à 41,52 km/h et en 1913 à 43,77 km/h.
Cette jante en acier peint avec le logo DTE est une jante piste (on le distingue mal sur la photo). Elle est montée sur une vélo que Lino utilise régulièrement pour participer à des sorties “vintage” en compagnie de ses copains de Cavaillon.
La burette de Speicher
Vainqueur du Tour de France, champion du monde, … rien que ça : Georges Speicher avait sur son vélo une arme secrète :”la burette d’huile embarquée”. C’est peut-être celui qui a inspiré Chris Froom en ne négligeant aucun des petits détails, qui une fois additionnés, consacrent les grands champions.
Ce petit dispositif fixé sur le tube de selle juste au-dessus de la chaîne lui permettait de la lubrifier en roulant. À l’époque, les routes en terre étaient nombreuses, et la poussière soulevée par les roues du peloton venait encrasser la transmission.
Une petite pression sur la burette et hop … ça fonctionnait mieux. Nous avons découvert ce vélo instact dans son jus dans la collection de Lino.
Remerciements
Merci à Lino Lazzerini qui nous a gentiment accueilli dans son “musée” personnel et qui nous a fait revivre de grands moments de l’histoire du vélo.
Bonjour,
Paul de vivies ou Vivie est plus connu sous le nom de velocio je crois. Une course porte son nom a Saint Etienne fin juin, une des 1eres cyclosportive de France.
Merci pour ce petit tour dans l histoire de la bicyclette ! Nombreux ont été les artisans et industriels du cycle dans la région stéphanoise. Aujourd’hui il n en reste malheureusement presque rien, malgré le renouveau des fabricants locaux depuis quelques années…
Oui de temps en temps ça fait du bien de se replonger dans cette époque. Les innovations étaient françaises et l’industrie du cycle donnait de l’emploi. Quelques artisans et industriels français reprennent le flambeau mais cet abandon de cette partie de notre savoir-faire a été dommageable. Nous n’avons pas lâché l’automobile et l’aviation, c’était donc possible et viable de le faire aussi pour la moto et le cycle.
Superbe !
Dans la lignée des expositions de Monsieur Bicycle en Belgique !
De superbes machines de courses exposée sur ce site, juste pour le plaisir des yeux
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