Ceepo fête cette année ses 20 ans d’existence. Son fondateur Nobuyuki « Joe » Tanaka a créé la marque en 2003 à Aicha au Japon. Joe a commencé à pratiquer le triathlon en 1990. Insatisfait des vélos utilisés au cours de ses 2 premières années, Joe a décidé de construire sa propre monture. Avec l’aide de certains magasins japonais spécialisés, le premier modèle en aluminium voit le jour en 1993. À partir de ce moment, Joe n’a jamais cessé d’améliorer la géométrie spécifique à la discipline tout en essayant de tirer le meilleur du carbone. C’est toujours dans cette quête de performance que le Gravel voit le jour, sous le nom de Rindo.
Présentation du Ceepo Rindo
Le kit cadre
En premier lieu, je constate une peinture d’un vert militaire mat plutôt réussi. Le cadre est en carbone, mais non homologué UCI, et pourvu de quatorze inserts permettant de fixer éventuellement des sacoches, garde boue et autres porte bidons additionnels. Cependant, seulement deux inserts sur la fourche, qui est intégralement en carbone, ainsi qu’un point de fixation pour accueillir un garde boue.
Comme attendue, l’intégration a été une des priorités des concepteurs japonais. Dans leur quête d’aérodynamisme, rien ne dépasse ou presque. C’est réussi et cela colle parfaitement à la ligne de ce kit cadre qui respire la sportivité. Ainsi, le routage des câbles est logiquement interne, réalisé avec l’aide de FSA et de TOKEN :
La conception du profil aérodynamique en “goutte d’eau” a été appliquée aux tubes principaux du vélo (tube diagonal, douille de direction) dans le but d’optimiser le flux d’air et de réduire ainsi la traînée globale à haute vitesse. Etrangement, le système de serrage du tube de selle est classique. Tout comme la tige de selle, de section ronde. Je m’attendais à plus d’innovation sur ce point, mais Ceepo semble avoir privilégié la fiabilité et une large compatibilité. A contrario, la boite de pédalier est au format Press-Fit, pas forcément une bonne nouvelle pour la facilité d’entretien.
Géométrie
La géométrie de ce Ceepo Rindo est dans les codes sportifs actuels. Cependant, j’ai noté que la valeur du Stack était plutôt élevée comparativement à certains concurrents, tout comme la longueur de la douille de direction. Puis, j’ai remarqué que la valeur de l’angle de direction est classique (72,5°), comparable à un vélo de route. Le déport de 60 mm est lui bien plus élevé. De même, l’angle du tube de selle est assez élevé et promet de belles aptitudes de grimpeur, que les courtes bases en 425 mm ne viendront que renforcer.
Pour finir sur la géométrie, on peut noter l’emplacement bas des haubans sur le tube de selle. Censé amener un flex vertical, cette conception est désormais devenue très courante sur les cadres contemporains. Hormis cela, Ceepo communique sur une largeur de pneumatique maximale de 45 mm en roue de 700 et de 2,1″ en roues de 650. Le cadre est compatible pour un montage double ou mono-plateau. Pour finir la présentation de ce kit cadre, il faut tout souligner la finition de très bon niveau, comme l’illustre la sérigraphie sur le top-tube.
Équipements
Premièrement, c’est Shimano qui anime ce Ceepo Rindo. Ainsi, on retrouve un groupe complet GRX-810, autour d’un pédalier en 40 dents, et une cassette de 11-42 dents. Livré avec des roues provisoires, nous avons pu équiper le Rindo d’une paire de DT SWISS GRC 1400 SPLINE. D’une largeur interne de 24 mm et faites de carbone, elles sont bien adaptées à une pratique sportive du Gravel.
Je reviendrai plus bas sur mon ressenti. Quant aux pneus, ce sont d’excellents IRC en 700×40 mm et 42 mm qui habillent ces roues que nous avons roulées en tubeless. A ce sujet, vous pouvez toujours (re)lire mon test des IRC BOKEN.
Périphériques
Enfin, les périphériques sont un mix de FSA pour la potence spécifique, TOKEN pour la tige de selle en carbone, et de Ritchey pour le cintre (en alu). Ils participent au look sportif de ce Ceepo Rindo. La potence est massive et son imposant pivot de 1,5″ est une réussite technique.
Le test terrain du Ceepo Rindo
De façon à rester précis et factuel, j’articulerai mon propos sous deux thèmes. Autrement dit, deux thèmes qui ont finalement rythmé mon test de ce Ceepo Rindo que j’ai d’abord roulé durant quatre jours sur le mont Ventoux puis dans le Var. Avant moi, mon ami Denis a roulé 330 km à son guidon sur les pistes varoises. Au total, pas moins de 600 km au guidon du Ceepo Rindo.
Le « roulant »
Après avoir réglé les périphériques, je m’installe sur ce vélo japonais. En premier lieu, je constate que ce cadre L est un peu grand. Même si je suis bien dans la fourchette de taille, je pense que la taille en dessous aurait été plus adaptée. Une fois réglée, la position est plutôt polyvalente, conforme à la valeur du stack relevée précédemment. Quant au cintre Ritchey Comp ErgoMax en aluminium, celui-ci s’avère adapté à notre usage. Son flare reste contenu, ce qui permet des positions cohérentes en usage routier (et de préserver nos poignets). Le drop est bien pensé mais le flex de ce cintre reste très rigide, trop selon moi.
Les roues DT SWISS GRC 1400 SPLINE se prêtent parfaitement au jeu des relances et sont en harmonie avec ce cadre, qui semble résolument dédié à une pratique très sportive. D’ailleurs, je suis étonné de la polyvalence de ces roues, malgré une hauteur de 42 mm, tant je les ai trouvées agréables et performantes sur de multiples terrains. Pareillement, la zone de la boite de pédalier ne bronche pas et restitue fidèlement à la transmission les watts investis musculairement. De la même manière, cette rigueur se retrouve dans la rigidité latérale, impossible à mettre en défaut.
Sur ces revêtements routiers dégradés et sur les pistes les plus roulantes, le confort est ferme mais acceptable. Le triangle arrière se montre vif, d’une cinématique axée sur le rendement. Là-dessus, la partie avant ne démérite pas, bien au contraire. L’ensemble douille de direction et fourche est d’une précision chirurgicale, faisant preuve elle aussi d’une rigidité infaillible.
Le « technique »
En conformité avec sa rigueur, mais aussi sa rigidité globale évoquée ci-dessus, le Ceepo Rindo exige un sérieux savoir-faire si l’on souhaite l’emmener vite sur des pistes et sentiers chahutés. Dès lors que le sol se dégrade, je dois anticiper le comportement du Rindo, qui ne ménage pas son hôte. Quant à la motricité, ce n’est pas le point fort de ce virulent Rindo. Néanmoins, ce n’est pas rédhibitoire mais seulement à prendre en compte afin d’adopter une position propice au franchissement, ainsi que des pressions de gonflages cohérentes avec un montage tubeless.
Au même titre que sur route, la rigueur de l’ensemble douille de direction et fourche se fait ressentir dans le pilotage off-road. Là aussi, le Rindo ne pardonne pas grand chose. En cela, la fourche du Rindo me rappelle les premières fourches 3T LUTEUS : précises mais trop rigides pour un usage Gravel “varié”. Néanmoins, son angle de direction relativement fermé permet des changements rapides, propices à s’amuser dans les singles. Cependant, c’est au détriment de la stabilité car le déport de 60 mm ne compense pas tout…
Dans ces conditions de pratique, la filtration du triangle arrière est elle aussi limitée. En cela, le flex des haubans n’est pas des plus marquants, ni celui de la tige de selle. En somme, la filtration verticale du Ceepo Rindo est comme sa rigueur latérale : rigide comme la justice !
Pour conclure
Au fond, Ceepo a eu une démarche saine en ajoutant un Gravel à sa gamme. D’ailleurs, grâce à ses qualités dynamiques et aérodynamiques certaines, ce vélo peut s’aligner efficacement sur une course (pour peu que le parcours soit très roulant). Rigoureux dans sa fabrication et sa finition, le Ceepo Rindo n’est pas le plus confortable ni le plus polyvalent de sa catégorie, loin de là ! Ceepo a sûrement été trop conservateur dans la conception de ce Rindo. Une géométrie plus osée, plus moderne aussi, aurait permis d’accroitre le champ d’actions de ce beau vélo. En définitive, le Rindo est avant tout destiné à ceux qui ne veulent (presque) rien perdre sur la route, qui apprécient la vitesse en général, et qui fuient les chemins les plus escarpés. Finalement, le Ceepo Rindo conserve son ADN de triathlète : rapide, sérieux, mais pas vraiment ludique…
Caractéristiques du Ceepo Rindo
- Cadre : carbone (Japan Toray®)
- Fourche :carbone (Japan Toray®)
- Transmission : Shimano GRX RX810 (11 vitesses)
- Roues : DT SWISS GRC 1400 SPLINE
- Pneus : IRC BOKEN 700×40 (arrière) et IRC DoubleCross 700×42 (avant)
- Tige de selle : TOKEN en carbone Ø27.2 mm
- Collier de selle : TOKEN
- Selle : Prologo Nago Evo X8
- Cintre : Ritchey Comp Ergomax
- Potence : FSA SMR System
- Pivot de fourche : 1 1/2 – 1 1/2
- Axe de roue arrière : 12×142 mm
- Axe de roue avant : 12×100 mm
- Boite de pédalier : format Press-Fit 41×86.5 mm
- Pédalier : Shimano GRX FC-RX810 40 dents
- Dimensions de disque avant Max/Min :160/140 mm
- Dimensions de disque arrière Max/Min :160/140 mm
- Disques de freins : Shimano SM-RT70 CL
- Etriers de freins : Shimano BR-RX810
- Largeur de pneus max. conseillée par Ceepo : 45 mm
- Dérailleur arrière : Shimano GRX RD-RX810
- Dérailleur avant : compatible
- Cassette : Shimano M8000 11-42 (11v)
- Leviers : Shimano GRX ST-RX810
- Chaine : KMC
- Poids : environ 8,8 kg (vérifié en taille L pour cet exemplaire de test)
- Poids du kit cadre : 1020 g en taille M ; fourche 450 g
- Prix public du kit cadre : 1600€ TTC chez Aerobike France
- Tailles proposées : 43(XS)/ 46(S) / 49(M) / 52(L) / 56(XL)
- Info fabricant : CEEPO BIKE | RINDO
- Distributeur : Aerobike France
Je roules en lefty depuis longtemps
Très bon commentaires bravo