Le bikepacking est au vélo ce que le sac à dos (backpacking) est à la rando. Cette façon d’accrocher son bagage directement sur son vélo n’est pas nouvelle, puisqu’elle est née en 2000 aux USA. Le bikepacking arrive chez nous, porté par le développement de la randonnée légère de longue durée à vélo. On peut comparer cette tendance au “fast hiking” en randonnée à pied (je vais me faire tuer par certains lecteurs avec tous ces anglicismes), qui consiste à emporter un faible volume (35 – 40 litres maxi) sur le dos.
Un minimalisme, proche d’une certaine philosophie du voyage, parfaitement assumé par ses pratiquants, pour aller plus vite et plus loin, tout en offrant une certaine autonomie. Ce nouveau “randonneur” sur deux roues, appréciera ces bagages modulaires et adaptables qui respectent l’aspect visuel et la manoeuvrabilité de sa monture.
Les lourdes sacoches accrochées aux porte-bagages, qui peuvent être nécessaires pour du voyage au “long court”, sont sur-dimensionnées pour des petits raids de quelques jours. Elles rendent le pilotage du vélo délicat et surtout elles alourdissent son poids avec la nécessité d’installer des porte-bagages qui le “défigurent”. Avec ces bagages d’un nouveau genre, votre vélo d’endurance restera “intègre” et c’est son cadre et ses accessoires (selle, guidon, potence,…) qui serviront de points pour l’accroche. L’ensemble sera plus léger et votre balade gagnera en agrément.
Cette façon de transformer son cadre en “porte-bagages” nous vient principalement des US mais en Europe ce principe s’est déjà fortement développé notamment en Italie, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Les marques les plus répandues sont Apidura, Restrap, Salsa, Surly, … et depuis peu l’allemand Ortlieb qui vient de sortir un sac de selle.
Je les mets où ces sacoches ? …
L’implantation est relativement classique et elle peut convenir à tous les vélos de route ou de VTT :
- (1) Les sacoches de selle, d’un volume compris entre 10 et 18 litres. Vous pourrez y caser tout ce qui ne sera pas nécessaire en roulant : votre change vestimentaire, la popote, … Attention les grands modèles peuvent balloter en montagne. Demandez conseil en fonction de votre usage.
- (2) Les sacoches de cadre, plus ou moins profondes, qui prendront place dans le triangle du cadre. On y mettra ce qui est plutôt lourd et qui ne doit pas bouger : outillage, matériel divers, … Là encore différents modèles existe prenez bien vos mesures de cadre avant de commander.
- (3) Les sacoches de guidon pour ce que vous voudrez avoir sous la main : veste de pluie, appareil photos, cartes, …
- (4) Les sacoches accessoires peuvent apporter un plus pour un appareil photos, lunettes, clés, porte-monnaie, … tout ce que l’on souhaite avoir à portée de main rapidement.
- Le bikepacker pourra compléter son équipement si nécessaire par des sacoches de porte-bagages si vraiment il souhaite dépasser les 40 litres. La mixité de l’équipement est tout à fait possible.
Une approche minimaliste
Certains vont encore râler sur l’usage d’un terme US : bikepacking. Que faire face à ces tendances qui naissent outre-atlantique et nous arrivent déjà baptisées ? … Le vélo se réinvente en permanence avec de nouvelles façons de rouler, et même si la “fée marketing” est venue habiller la mariée pour la rendre plus belle, ne gâchons pas notre plaisir de découvrir ces nouveaux concepts.
“Le coeur léger et le bagage mince”
Le bikepacking correspond à une approche minimaliste de la randonnée ou du raid. Comme le “Fast Hiking” en montagne. L’idée est d’être léger de façon à se mouvoir plus facilement afin d’être plus proche de la nature que l’on découvre. Plus qu’un type de bagage il s’agit d’une autre philosophie du voyage. Nous avons souvent fait le constat en voyageant que l’on emmenait souvent trop de choses … Si vos contenants le permettent, à coup sûr vous allez les remplir de petits trucs en plus … À l’inverse, il convient de ne pas oublier l’essentiel. Cette façon de voyager léger rend le voyage plus facile et sans aller forcément découvrir Paris, comme le chante Charles Aznavour, on partira : “Bien décidé à empoigner la vie. Le coeur léger et le bagage mince.” C’est l’inverse de l’image du cyclo lourdement chargé par un chapelet de sacoches : avant-arrière avec les piquets de tente qui dépassent …
Votre vélo vous dira merci car vous renoncerez à lui fixer de “vilains” porte-bagages, fixés comme des échafaudages, sur son élégante silhouette. Si vous possédez un vélo type “Endurance” ou un “Gravel” vous n’aurez plus à envisager l’achat d’un “percheron de la route” spécifique pour voyager … qui viendra s’ajouter à votre écurie de vélos stockés dans votre garage.
Sur ce créneau de l’évasion en vélo, qui connaît actuellement un certain essor, des sociétés naissent pour vous équiper et vous conseiller. Nous avons découvert l’une d’elles la société “Velocoop” qui a pignon sur web.
Questions à Vincent Verges gérant fondateur de VELOCOOP
Bonjour Vincent … Alors, c’est quoi Vélocoop ? Quelle a été la genèse de l’entreprise et comment êtes-vous arrivés sur le “bikepacking” ?
Bonjour Patrick,
J’ai créé Velocoop en avril 2015 et lancé le site de vente en ligne en mai 2015. J’ai passé 10 ans dans le monde du vélo en travaillant auparavant dans des magasins de vélos franchisés. Au bout de ces 10 années j’avais fait le tour de ce qu’il y avait à faire dans ce domaine et je l’ai quitté pour prendre un boulot “alimentaire”. Je pratiquais pas mal le vélo de descente et progressivement la passion du voyage a gagné du terrain suite au premier périple réalisé sur la Via Rhona. Avec un ami, aujourd’hui associé et consultant dans le domaine du développement durable, nous avons eu l’idée de monter notre entreprise dans le secteur du voyage à vélo. Nous avons démarré en SARL et nous allons bientôt transformer la société en coopérative de consommateurs. Chaque consommateur pourra devenir actionnaire et participer au développement coopératif : une personne étant une voix.
Pour l’instant je suis le seul à plein temps. Notre idée fondatrice est de proposer des produits différents répondant à une charte environnementale et sociale. La découverte que j’ai faite pour mon propre usage des produits Apidura m’a permis d’imaginer de multiples façons de voyager grâce aux nouveaux systèmes de sacoches de bikepacking. Aujourd’hui je les utilise avec mon Fat ou mon “gros gravel” et j’aime faire de longues balades comme le Tour de Bauges ce qui me permet d’évaluer le matériel que je vends.
Le bikepacking ne se résume pas à du bagage, c’est également une philosophie et une vision différente du voyage à vélo. Peux-tu nous donner la tienne ?
Effectivement c’est une nouvelle approche du voyage. Il faut savoir qu’avec un litrage identique les bagages de “bikepacking” sont 60% plus légers que les sacoches classiques. Ces produits sont nés en 2000 aux US auprès des VTTistes et en Europe les adeptes se trouvent principalement en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne. En France ça arrive, mais plutôt par la route. La majorité de nos clients sont des “routards” qui veulent utiliser leur vélo de route sur de l’itinérant. Le monde du VTT commence à s’y intéresser pour les randonnées longues sur sentiers. Le marché va se développer, à en juger avec la croissance de popularité des épreuves d’endurance.
Le gros avantage de ces “contenants” est de pouvoir les passer d’un vélo à l’autre sans avoir à fixer des porte-bagages. Par ailleurs, ils permettent de transformer en un tour de main un bon vélo d’endurance en coursier voyageur. Le vélo reste esthétique, manoeuvrable et il perd peu de ses qualités d’origine. La limite de volume se situe entre 30 et 40 litres de contenance répartie principalement sur 3 emplacements : sac de selle, sac de cadre et sac de guidon.
Alors nouvelle philosophie je dirais oui car avec ces équipements il faut considérer le voyage de façon différente : on perd du volume de bagage mais on gagne en agilité et nous n’avons plus de limite dans le choix du vélo. Finalement cette recherche d’un certain minimalisme nous rapproche plus de la nature et de la découverte.
Quelle est ta vision de l’avenir du bikepacking ?
Commercialement l’avenir s’annonce bien car les grandes marques s’y intéressent de plus en plus, Ortlieb, face à la demande US proposera d’ici mi-mai des sacoches de bikepacking. La presse plus généraliste dans le vélo en parle : Vélo vert publie ce mois-ci un article sur le sujet. À notre niveau et à chaque création d’épreuve de longue haleine, nous voyons notre carnet de commandes grossir, alors nous sommes confiants, les indicateurs sont plutôt favorables au développement de ce marché.
Pour Velocoop, nous avons des idées de développement prometteuses dont nous parlerons à vos lecteurs plus tard. Le sujet n’est pas prêt de s’épuiser face aux envies de découverte de plus en plus grandes qu’expriment les cyclistes.
Quand à l’avenir de la pratique du bikepacking, je pense que peu à peu elle va se démocratiser, il y a une “évangélisation” à faire auprès des pratiquants, mais petit à petit les cyclistes vont découvrir qu’il peuvent partir à leur gré avec le vélo qu’ils ont dans le garage. C’est l’avenir du voyage à vélo …