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La Gravel Malteni Bootleggers


Bien avant que le mot Gravel ait été inventé, les “Malteni boys” : Alex et William, roulaient depuis 6 ans sur des parcours mixtes faits de sentiers, de passages pavés et de petites routes dans la région du nord de la France et dans les Flandres belges. Il y a 8 mois, voyant que cette pratique du vélo prenait corps un peu partout en France, ils ont proposé à quelques 75 cyclistes, inscrits à cette première “Gravel Malteni Bootleggers”, de venir partager leur terrain de jeux nordiste.

Il a fallu mettre au point le tracé de cette épreuve et la reconnaissance d’un tel itinéraire demande du temps “On l’a fait à 3, avec William et Clément, soit ensemble ou isolément, quand chacun pouvait rouler. On a découpé cette reco en segments de 50 à 60 km. On est passé plusieurs fois car certains chemins avaient disparu et il fallait trouver la bonne trace.” déclare Alex.

Le résultat de ce tracé est impressionnant : 245 km d’un parcours éprouvant avec 1700 m de dénivelé, des singles en forêt, des secteurs pavés légendaires, des lisières de champs, des petites routes oubliées, … une Gravel pour costauds. “Au début on a hésité devant une telle distance mais Clément qui est habitué à de longs parcours nous a dit : ça va le faire … On tablait sur des arrivées en 11 h ou 11 h 30 mais les premiers sont arrivés en moins de 10 h.” précise Alex. Certains participants, qui avaient déjà fait le Paris – Roubaix Challenge, ont trouvé cette Gravel bien plus dure … “On est content, c’est ce qu’on voulait … On ne voulait pas un truc trop accessible il faut que cela reste quelque chose qui se mérite …” déclare Alex.

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Tous en Gravel

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Un Cannondale Slate personnalisé – photo Mathieu Poussou

Tous les concurrents étaient en vélo de Gravel : c’était précisé dans le règlement. Il n’y avait qu’un seul vélo avec un guidon plat et les pneus de plus de 40 de section étaient interdits. C’était intéressant au niveau vélo de voir les montures des participants : il y avait vraiment du beau matos et de beaux montages. Une sorte de “salon du cycle Gravel” dans le parc départ de l’épreuve.

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Bike Café dans la course

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Emmanuel Hus portait le maillot Bike Café sur la course. Il fera cette année la French Divide et pour s’y préparer il avait inscrit la Gravel Malteni à son calendrier – photo Manu

Vendredi 7 avril : Briefing …

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Alex et William lors du brieffing – photo Manu

C’est à la brasserie où l’on fabrique la fameuse bière Malteni, que se tient le retrait des dossards qui sont en fait des brassards. Avec ce morceau de tissu noir, marqué d’un numéro, les concurrents ne se rendent pas à un enterrement mais à la première Gravel Malteni Bootleggers de la jeune histoire du Gravel Bike à la française. Avec ce bout de tissu, ils reçoivent également une carte de pointage à présenter à chaque CP et une bouteille de bière étiquetée au nom de la course, une série limitée et numérotée de 1 à 100.

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Dans la salle je peux reconnaître quelques visages déjà vus ça et là sur les différents sites internet relatant les exploits de participants à des épreuves prestigieuses de Gravel Bike comme la French Divide par exemple … Le briefing en anglais, nous détaille les différentes difficultés, des flèches bleues seront disposées afin de nous faciliter la tâche sur les parties les plus délicates en terme de navigation. Le GPS a ses limites …

Après avoir passé en revue le  road-book page par page on rend un hommage à Mike Hall disparu tragiquement une semaine auparavant et les organisateurs insistent sur les règles de sécurité à suivre sur ce type d’épreuve.

Puisque l’on est dans une brasserie, c’est l’occasion de partager un apéritif avec des bières pression, des jus de fruits et quelques biscuits à grignoter. Tout cela dans un esprit convivial favorisant le partage entre les coureurs.

Samedi 8 avril … c’est parti

J’arrive au départ avec mon brassard N° 4 à 5 h 30 dans le brouillard. Un petit déjeuner est proposé sur place, viennoiseries, café, etc … et les plus sérieux s’enfilent un Tupperware de pâtes ou de riz : ça y est, on est bien dans la course. Ça me rappelle l’UTMB que j’ai couru il y a quelques années. La question du matin est : comment se vêtir ? … Et là, ce n’est pas une question de look, c’est plutôt une question de météo. Les prévisions annoncent grand beau mais à cette heure précise ça caille ! … J’opte pour les manchettes et un coupe-vent léger, un buff pour la gorge et le cuissard court. Je n’aurais pas d’assistance pour me délester et ne veux pas être surchargé pour la suite.

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Départ échelonné des 75 concurrents – photo Mathieu Poussou

Dernière vérif du matos, j’entends que le départ va être donné, pas de bol je suis le premier à partir derrière les féminines qui ne sont que 2 et je suis à la bourre. Samuel Becuwe est déjà parti je m’élance donc derrière lui me guidant à la lueur de sa lampe arrière car je n’ai pas encore allumé mon GPS. Je suis surpris par le rythme qu’il a déjà pris et suis obligé de me faire violence pour ne pas le perdre de vue dans la nuit.

Premier chemin de terre : ma roue arrière tape sur une grosse pierre et c’est la crevaison… dans le noir … Je reviens en courant avec le vélo en direction de la route afin de réparer sous la lumière d’un lampadaire … ça caille, et c’est humide. Les coureurs défilent, certains ont un mot d’encouragement en passant. Je change la chambre et je repars. Après plusieurs centaines de mètres je me rends compte que j’ai oublié ma pompe sous mon lampadaire. Demi-tour : je la retrouve mais dans la précipitation je m’aperçois que j’ai roulé dessus et elle est pliée, je la redresse sur le pylône et m’assure qu’elle fonctionne toujours c’est bon ! …

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Manu en descendant du Mont Saint Aubert – photo Mathieu Poussou

Le moral en a pris un sacré coup, il y a 245 bornes à faire : ça va être long. Je double d’autres coureurs qui eux aussi connaissent des problèmes. Je galère avec mon GPS que je viens d’acquérir pour l’occasion. Un conseil : ne jamais partir avec du matériel neuf lors d’une course. J’attends le lever du jour pour me servir de mon GPS de poignet que je maîtrise mais qui n’est pas rétro-éclairé. 

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photo Mathieu Poussou

La première partie du parcours est roulante avec une succession de portions de routes, de chemins de halages, de pavés, rien de bien méchant. On passe la ville de Tournai assez rapidement, pour arriver sur la première vraie difficulté le Mont Saint-Aubert. Nous le grimpons en enchaînant chemins de terre, gros cailloux, … pour suivre ensuite une mono trace avec un premier portage dû à un abattage d’arbres sur le parcours. Au bout du chemin dans le brouillard on aperçoit la camionnette Malteni avec ses occupants qui nous prennent en photo en nous encourageant.

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Samuel Becuwe, le co-organisateur de la French Divide, très à l’aise au franchissement d’arbres abattus – photo Gravel Malteni

On enchaîne sur de grosses portions de route avec des faux-plats et des lacets à travers la campagne Belge. Il fait toujours très frais et j’ai un peu de mal à me réchauffer, la brume est là et colle au sol. On arrive sur le mont de l’Enclus (Kluisberg) c’est là que les choses sérieuses commencent.

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Koppenberg au dessus de la brume – photo Mathieu Poussou

On attaque la montée par des chemins tantôt sablonneux, tantôt caillouteux, qui alternent avec des chemins à travers bois biens larges et roulants sans difficulté. Au sommet, nous sommes au soleil mais en bas les maisons sont cachées par la brume. Dans la descente un peu engagée, je crève à nouveau … Réparation faite j’enchaîne les différentes parties pavées montantes qui font le bonheur du Tour des Flandres. Les routes portent encore les traces du passage de la classique qui s’est déroulée une semaine plus tôt. 

Premier CP : un peu avant le kilomètre 65 …

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Photo Francesco Cerchio‎

Superbe accueil de William qui se charge de regonfler mon pneu pendant que je me restaure. Je décide de repartir avec 2 compagnons qui ont fait la French Divide l’an dernier, le rythme est plutôt cool on avale tranquillement les mono-traces qui sont majoritaires sur cette portion du parcours. Sur les routes des vagues de cyclistes défilent : en Belgique le vélo est une véritable religion.

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Photo Francesco Cerchio‎

On attaque alors une alternance de sous-bois et de routes de campagne sans trop de mal. Il y aura juste à franchir une interminable côte avant de rejoindre le deuxième CP. J’aurais quand même dû regonfler sur cette portion mon pneu (petite fuite).

CP2 annonciateur du retour en France

Pointage restauration pause un peu plus longue qu’au CP1. J’ai apprécié les barres diététiques que je teste sur l’épreuve … mais je sature un peu en sucre et me jette sur les “TUC” et les cacahuètes. L’organisation met à disposition des chambres à air : j’en prends une car il ne m’en reste plus qu’une pour finir la course et au rythme où je crève il vaut mieux être prudent. On repart à 7 : le gruppetto s’est agrandi. On passe en ville à côté du tramway pour rejoindre des anciennes voies ferrées transformées en chemins de randonnées. La météo est clémente et il y a du monde.

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Nous voici à Raismes et son terril pour entamer une succession de mono-traces sur ce revêtement noir si particulier. On fait un petit parcours autour du terril pour se retrouver à son sommet et profiter du panorama. Attention à cet endroit il faut faire gaffe car l’endroit est fréquenté par quelques loulous motorisés par toujours très responsables de leurs actes.

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photo Mathieu Poussou

Je me retrouve seul et je décide d’avancer. Je me sens bien et il y a encore du chemin : routes, chemins pavés, passages en forêt pour arriver sur la tranchée d’Arenberg. Nous sommes la veille du Paris-Roubaix et les barrières sont installées et il y a déjà des spectateurs venus “réserver” leurs places. 

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photo Mathieu Poussou

La partie bitumée est empruntée par les nombreux piétons, je suis donc dans l’obligation de prendre le haut du pavé et je me rends compte qu’ils sont vraiment pourris et que la tranchée est longue, très longue … À la sortie une belle portion de route nous attend : elle est la bienvenue.

Portions de routes et secteurs pavés se succèdent. On est bien sur le parcours que les pros emprunteront demain : le fléchage et les arches avant chaque secteur pavé en témoignent. Les camping-cars et les promeneurs sont nombreux, la météo clémente y est sûrement pour quelque chose

Arrivée au CP3 … 

Après la traversée de la ville d’Orchies, j’arrive enfin au CP3, il n’y a pas grand monde. On m’explique dans les grandes lignes ce qu’il me reste à faire. À ce stade, il est clair que j’irais au bout. La suite du parcours emprunte toujours le tracé du Paris-Roubaix : on prend juste ça et là des petits chemins pour éviter la route. Les camping-cars et les barbecues sont de plus en plus nombreux : les odeurs nous chatouillent les narines. Heureusement j’ai embarqué des  sandwichs (jambon fromage), car les barres ne passent plus.

CP4 et dernier avant l’arrivée

Il est planté au milieu de nulle part, nous devons faire une boucle avec un passage obligé par le carrefour de l’arbre. Lorsque l’on repasse devant le CP il ne restera plus que 26 km. La tête dans le guidon, je m’accroche pour suivre 2 gars qui roulent pas mal, un léger vent a fait son apparition et comme on roule à découvert rouler à 3 est un vrai plus. Mais à 15 kilomètres de l’arrivée c’est à nouveau la crevaison : la poisse … Réparation sans perdre de temps : je commence à être rodé … Un duo m’a doublé, je vais tenter de les reprendre. Chose faite : je prends le large et là c’est mon GPS qui me lâche à 5 km du but. J’allume mon nouveau GPS et j’arrive tant bien que mal à me diriger grâce à lui vers l’arrivée … 

Je franchis la ligne en 14 h10 mn. Le premier a terminé en 9 h 44, mais la satisfaction est là car je n’ai pas pu préparer cette épreuve comme je l’aurais voulu et arriver en bon état était mon seul objectif. Nous avons bénéficié de conditions météo vraiment exceptionnelles pour cette première édition. Je n’ose imaginer, à la vue du parcours ce que cela aurait été sous la pluie ou juste avec un sol détrempé. Ce parcours est superbe : varié et jamais monotone même si le dénivelé et les principales difficultés se situent en début de parcours. La Gravel Malteni reste une course très exigeante. 

Chapeau pour l’organisation sans faille et le tracé superbe : tous les ingrédients sont réunis pour renouveler l’expérience : je vous la recommande.

Pour conclure une belle médaille autour du cou avec de la bière à volonté autour d’un buffet varié où chacun y va de sa petite anecdote. Remise de prix plus solennelle pour le podium hommes, photos, le tout dans une très bonne ambiance.

Emmanuel Hus

Tous heureux …

Les participants, malgré la rudesse du parcours ont tous dit : ne changez rien … Il faisait 0°C au départ mais avec l’effort et le soleil ça s’est vite réchauffé. “A l’arrivée tout le monde était emballé, c’était positif, surtout changez rien : gardez la formule. Les participants ont aimé le tracé et même des gars qui connaissaient bien la région ont été surpris que l’on puisse passer dans autant d’endroits différents. Et ceux qui ne connaissaient pas, comme les participants étrangers, ont été surpris et ils n’en revenaient pas que l’on puisse faire tout cela dans le coin. On est content … on était bien crevé samedi soir … On peut dire un grand merci aux copains qui sont venus nous aider pour tenir les différents CP et le ravito.” conclut Alex Voisine qui pense déjà à l’édition 2018 …

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Le podium de cette première édition avec les deux premiers en moins de 10 heures … crédit photo Mathieu Poussou

Parcours sur Openrunner : http://www.openrunner.com/?id=7106516

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Rédaction Bike Café
Rédaction Bike Caféhttps://bike-cafe.fr
La rédaction de Bike Café vous propose de nombreux articles issus de communiqués qui nous parviennent via les agences de presse des marques, de organisateurs, des clubs, ... et de tests réalisés par nos rédacteurs. Nous en faisons une sélection pour vous informer régulièrement de l'actualité.

1 COMMENTAIRE

  1. Ravi d’avoir fait ta connaissance Manu et d’avoir partagé un bout de chemin avec toi sur le début du parcours.
    Bonne route , Max

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