L’an dernier, nous faisions figure de “pionniers” lors de la première Gravel Roc. Nous étions une petite centaine à nous regarder, étonnés d’être là, montés sur des vélos façon course, parfois bizarres avec de gros pneus et des cassettes équipées de grandes dentures. L’ambiance de cette “première” rappelait celle du Roc “canal historique” de 1984, avec ces 7 mecs curieux équipés de vélos improbables qui s’apprêtaient, sans le savoir, à créer cet événement dont on connait maintenant l’ampleur.
Pour cette édition 2017 la “compet” s’est invitée sur la Gravel Roc avec près de 200 dossards : le double de l’an dernier. Pour ceux qui ne souhaitaient pas s’arracher, il y avait, sur le même parcours une “rando Gravel”. Le speaker qui faisait l’ambiance sur la ligne de départ précisait, en parlant du Gravel, “Apparemment ce n’est pas du VTT, ni du vélo de route … c’est entre les deux ! …“. À cet instant on ne savait pas encore que ce sera par moment plus du VTT que du Gravel …
Un troupeau de buffles …
Pour notre deuxième participation nous avons choisi la version “Rando” ce qui nous a permis d’assister en spectateurs au départ du troupeau de buffles de la compet qui s’est mis en route à 8 h pétantes. Les narines fumantes, juchés sur leurs montures équipées de guidons aux cornes prononcées, les guerriers du Gravel se sont élancés à la conquêtes d’un parcours durci par rapport à la première édition. La poussière qu’ils ont soulevée était à peine retombée que c’était à nous d’entrer en piste 1/4 d’heure plus tard en nous glissant dans le sas de départ. Nous étions nettement moins nombreux que les costauds et nous sommes partis sur leurs traces, sans espoir de les rattraper.
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À vous de jouer !
Vous voulez du déniv … et bien vous en aurez ! …
Après la première édition, les organisateurs ont écouté les costauds qui, l’an dernier, avaient trouvé que 880 m de D+ pour 50 km c’était “petit bras”. Pour ma part ça m’allait très bien, mais personne ne m’a demandé mon avis … sinon j’aurais dit que c’était bien. J’aurais juste demandé à supprimer la descente un peu space qui se trouvait après la montée sur Valdingarde qui m’avait un peu impressionnée.
Manque de chance, ils ont écouté les “musclés”, les rois du toujours plus, et du coup notre rando, a pris d’emblée une allure de grand prix de la montagne en commençant par la traversée plutôt pentue d’un camping vers le 6ème kilomètre. Les résidents des lieux, après avoir admiré la vigueur des buffles qui nous avaient précédé, regardaient avec compassion les escargots que nous étions. On s’est pourtant arraché pour ne pas mettre pied à terre et rester dignes devant ces spectateurs étonnés de nous voir passer devant leurs bungalows. La récompense est venue ensuite sur une superbe piste qui nous offrait une vue mer avec au loin le cap du Dramont. On s’est arrêté pour débâcher car la température, après ces premières rampes, était bien montée.
Les chemins qui ont suivi étaient superbes. Belles pistes, avec des raidards pas faciles … J’ai eu un peu de mal … je crois que je vais mettre un plateau de 38 à la place de mon 42 … On retrouve Aurélie de Vojo, courbée sur son vélo de Gravel de prêt “Pijot” … Elle découvre à la fois le vélo de la marque du Lion et le Roc version Gravel comme pas mal de participants à cette rando.
Une première crevaison de la roue avant de mon Caminade nous stoppe dans notre progression contemplative et néanmoins active. Je n’ai pas écouté les conseils avisés de Brice Epailly qui préconise le montage tubeless, tant pis pour moi. Du coup on se retrouve en queue de la rando, comme l’an dernier.
On arrive en haut du col du Bougnon que l’on va prendre en descente … C’est plus sympa que dans l’autre sens. La portion de route qui va suivre nous fait renouer avec la vitesse …
Le Roc festival … de crevaisons
Vers le 20ème kilomètre … re crevaison … Cette fois c’est Pierre qui crève de la roue arrière du vélo de cyclocross Canyon Inflite que nous testons en ce moment. On répare … on repart et au moment de repartir Pierre s’aperçoit qu’il est crevé aussi à l’avant … L’atelier réparation se remet à nouveau en place … Brice ne rigole pas … Heureusement, compte tenu de notre expérience de l’an dernier on avait prévu deux chambres par vélo.
Du coup c’est la honte nous sommes les derniers de cette rando et la moto qui ferme l’épreuve nous rattrape … “Vous n’avez pas de dossards je ne vous attends pas …” nous dit le motard, peu sensible aux plaques “Presse” sur nos 3 vélos … Pas de soucis on est des “grands garçons” on trouvera bien notre chemin.
Tout se complique lorsque avenue Jean Giono à Roquebrune le parcours nous envoie dans un single qui ressemble plus à une trace pour Enduro. On rattrape une route qui nous redescend au ravito de Roquebrune. On nous dit alors que l’on est “hors course” … on traduit : “hors rando” … On s’en fout un peu car nous on ne fait pas la course 😉
On contourne Roquebrune pour arriver dans un coin super où on n’avait pas roulé l’an dernier. Une petite route vers la Mourette nous conduit à une superbe piste vers Saint Blaise … là OK : c’est Gravel …
On passe par les Campons nous voilà réconciliés avec le parcours. On croise des enduristes sympas qui font leurs jonctions. Tout va bien on a rattrapé le motard qui chaperonne le dernier de la rando. Malheureusement notre bonheur est de courte durée car la flèche marron “Gravel Roc” nous amène sur un chemin pourri au-dessus du ravin de Ste Candie. La moto passe … nous on met une nouvelle fois pied à terre.
En bas de ce single, qui était la première partie d’une spéciale d’enduro, nous arrivons aux Vingt-cinq ponts. Le motard essaie de dissuader la “lanterne rouge” de poursuivre. Pour nous la décision de rentrer par la route sera vite prise. Pierre doit prendre son TGV pour un retour sur Paris et il faut être raisonnable. On a quand même presque 900 m de D+ enregistrés sur nos compteurs.
On rentre donc par la route jusqu’à Saint Aygulf pour passer quand même par la ligne d’arrivée. On rattrape le final au niveau de la plage de la Galiote, on prend la piste cyclable pour une arrivée groupée des 3 P : Patrick, Pierre et Philippe.
Échange avec d’autres participants à l’arrivée, casse-croûte, et retour au camping à vélo pour une petite douche : des vélos et des mecs … On boucle les sacs et retour vers la gare TGV pour déposer Pierre qui va retourner dans la grisaille parisienne.
Et ça … est-ce que c’est Gravel ?
Bike Café ne pouvait manquer cette seconde édition, par contre nous en ressortons déçus car, pour nous, ce n’était pas une rando Gravel. Sur le groupe facebook Gravel Bike France, il y a une expression qui revient souvent et qui agace un peu : “Et ça est-ce que c’est Gravel ?” … c’est un “poil à gratter” qui légende généralement la photo d’un vélo bizarre posté par les petits rigolos du groupe en quête d’humour facile. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette formule lorsqu’il a fallu escalader le petit chemin passant derrière le lotissement Ste Anne à Roquebrune.
Compet et Gravel : une antinomie …
L’un des soucis des organisateurs consiste à mutualiser les parcours de nombreuses courses proposées sur le Roc. Ces questions techniques les ont détourné sans doute de “l’esprit” Gravel. Les deux secteurs genre “tranchées pour enduro” ont gâché la fête. La recherche de difficultés sur des pentes et descentes “techniques” n’était pas nécessaire. Il y a pourtant de belles pistes dans le coin et les jonctions route sont toujours possibles. Le format “course” proposé cette année et qui a consacré un vainqueur : Steve Chainel est peut-être pertinent … ce sera aux compétiteurs de le dire, même si de mon point de vue j’ai un doute car ça ressemblait plus à un cyclo cross géant qu’à une épreuve de Gravel. Le problème c’est que la rando était sur le même parcours … bonjour la rando. On peut se poser la question est-ce que la compet et le Gravel ne sont pas antinomiques ? Comme le trail running on risque de voir fleurir les dossards … Tant mieux pour les marques qui pourront créer des “teams”. La FFC fera peut-être naître un cadre réglementé … De notre côté on continuera à pratiquer le Gravel libre sans avoir à transformer nos vélos en VTT.
Pour la petite histoire, dans l’un de ces passages type “enduro” nous menant vers les “25 ponts” nous étions en train de pester sur ces marches infranchissables le cul sur la selle. C’est alors que des randonneurs qui nous regardaient nous débattre dans ce foutoir nous ont dit : “Ils ont tous râlé en passant là …” … nous voilà rassurés, nous ne sommes pas les seuls à trouver ce parcours trop technique par endroits.
Steve Chainel qui a quand même à son palmarès une 4ème place au championnat du monde de cyclo-cross 2006 était plus à l’aise que nous. Il résume assez bien la situation en décrivant sa course à nos amis de vélo 101 “Samedi, le parcours était assez cassant avec des descentes très sinueuses et des montées caillouteuses. Et puis aussi quelques petites marches à pied. Donc, finalement, il faut avoir la technique du crossman, celle du VTTiste et la puissance et l’endurance du routier donc c’est un mix des trois qui fait qu’aujourd’hui, ….“ Il poursuit “Comparativement aux Etats-Unis, je le trouve beaucoup plus cassant, avec des pierres … c’était un vrai régal de le faire avec mon vélo de Gravel. Il y a certains endroits où cela aurait été plus sympa avec un VTT.”
Le Gravel c’est un esprit différent du VTT et du CX … on doit privilégier le côté plaisir et découverte qui sont offerts à nos vélos polyvalents. C’est la vision que nous avons de cette pratique et nous choisirons nos participations à des épreuves ou randos plus ciblées Gravel qui privilégient ces aspects là … Nous allons le 28 octobre à la Gravel 66 (une sortie Gravel conviviale et déjà historique) organisée par Caminade et le 12 novembre nous vous invitons à la Gravelxinoise que nous parrainons aux côtés de 2.11 Cycles et des Cycles Leon.
Le film …