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Le Gravel pour sortir du “prêt-à-penser” …

Ci-dessus la calade infernale – Photo Dan de Rosilles

On vit une époque qui nous entraîne de plus en plus sur les chemins balisés du « prêt-à-penser ». Dormez braves gens, nous allons réfléchir à ce qui serait le mieux pour vous. Au niveau professionnel, institutionnel … et aussi dans le domaine du sport on nous assène en permanence des vérités qui, au fil du temps et de l’évolution du savoir, sont remplacées par d’autres vérités parfois totalement contradictoires. Nous en connaissons tous un certain nombre. Il faut bien faire vivre les experts, ainsi que ceux qui exploitent leurs brillantes déductions. Le jeu étant sans cesse de persuader les foules de suivre un panurgisme commun.

Les forts en thèmes ou en gueule, les gens bourrés de certitude aiment imposer leurs dictats. Pour ma part, tout en ayant une attitude positive face aux nouveautés, je me méfie des certitudes. Je trouve que le contre-pied est souvent la bonne méthode pour aller à l’essai. Le gravel bike serait-il, après la traversée des lignes de défense, ce contre-pied ultime qui nous permet de plaquer entre les poteaux les points qui nous conduiront au bonheur cycliste.

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Si vous aimez la polyvalence bienvenue sur un gravel

Depuis que je pratique le gravel, je constate que ce vélo m’éloigne de plus en plus des « référentiels » et des « standards » qui constituent l’ordre du prêt-à-penser ou l’ordre établi. Certains Vtistes sont bigrement étonnés de nous voir secoués (mais heureux) sur quelques pistes caillouteuses.

Gardon Gravel
Gardon Gravel, on passe au milieu de ruines romaines – photo Dan de Rosilles

D’autres routiers seront surpris de nous voir rouler à leurs côtés dans des cols avec des pneus de 35, et les doubler dans les descentes avec nos freins à disque. Le gravel est un vélo anti conformiste, qui s’épanouit dans un monde où on en a marre des castes, des partis, des fédés, des frontières, … C’est un joyeux luron dans un nouvel univers où la transgression est permise et presque recommandée. Il y en a bien qui essaient d’être les “gourous” de ce paradigme naissant, les uns en prônant le mono plateau, d’autres la taille des pneus, ou encore les incomparables qualités de l’acier ou du titane, … Mais ça ne prend pas, nous on a décidé d’en faire qu’à notre tête et surtout de nous amuser en trouvant ce qui convient le mieux à notre terrain de jeu, nos capacité et nos envies.

Bien sûr certains verront dans le gravel ce “méchant marketing” venu des USA. La pratique connaîtra une normale commercialisation en proposant des épreuves avec des dossards, des plaques de cadre, une sono au départ, des prize money, des inscriptions payantes, … Il restera toujours des pratiquants libertaires qui se tourneront vers les “petites” organisations gratuites en mode open qui sont, je pense, plus proches de l’ADN de ce vélo. Notre choix sera large cette année. Il y aura des organisations “pros”, car certains aiment les joutes sportives et c’est tout à fait respectable.

Gardon Gravel
Gardon Gravel – – photo Dan de Rosilles

L’avenir nous le dira

Mais il y aura aussi surtout, pour ce mouvement qui pousse à partir de la base, des sorties en groupes informels : clubs Strava, Meetup, … pour ceux qui rejettent l’ordre établi et les règlements absurdes : guidon dropbar obligatoire ;-). On n’est pas dans le “dark web” mais ce côté pirate insoumis me plaît bien. Bien qu’il existe quelques “codes” identitaires, il n’y  pas d’uniforme vestimentaire … Il suffit de regarder la photo ci-dessus pour voir la disparité des équipages : quelques sacs à dos, des bikepacks, des sacoches cyclo, … Personne s’est moqué de l’autre au départ car personne n’est sûr d’avoir bon dans une discipline naissante et aventureuse.

Gardon Gravel
Et rien de mieux que la tranche de pâté à l’arrivée de la Gardon Gravel – buffet gratuit et partagé – photo Dan de Rosilles

Je ne sais pas si il y aura un jour un championnat du monde de gravel, et cela ne me préoccupe pas. Le développement du gravel suit une logique que j’ai bien connue dans le monde du trail running où progressivement nous avons vu l’émergence des “teams”, des champions, des icônes, … Aujourd’hui, sur le terrain du trail, il reste beaucoup de sorties en “off”, et qui sait qu’il existe un mondial de ce sport qui se déroule en pleine nature ? Il y en a beaucoup qui ne suivront pas les troupeaux et qui resteront des chevaux sauvages, gambadant en liberté sur les territoires qu’ils auront choisis. J’ai fait mon choix je serai au milieu d’eux pour profiter de nouvelles aventures authentiques  ..

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

5 COMMENTAIRES

  1. Je suis à 99% d’accord avec toi.
    Le 1% qui nous sépare, c’est que le gravel n’est pas selon moi pas une discipline, c’est juste le vélo comme il a été et comme il aurait toujours du rester et comme il est susceptible de répondre aux attentes du plus grand nombre (qui n’est pas attiré par une pratique sportive sur routes encombrées de voitures, plus dangereuses, plus monotones, etc.).
    Tu n’imagines pas la condescendance dont j’ai été l’objet en me pointant dans un magasin de vélo il y a 5-6 ans avec ma randonneuse des années 80 que j’avais choisie pour pouvoir faire du vélo là où je voulais dans l’arrière-pays par chez moi (Cévennes, Haut Languedoc) avec des routes mal goudronnées ou en graviers.
    Je suis heureux d’être désormais rejoint par des gens sympas qui découvrent ça en ayant l’impression d’être des pionniers. Ma randonneuse n’est pas parfaite, mais elle me suffit. Quand elle n’est pas assez à l’aise, je la troque pour mon VTT rigide de 28 ans. Je changerai de vélo pour un plus moderne quand ceux que j’ai ne pourront plus faire ce qu’il ont toujours fait et qui me convient. Je changerai mes pneus “classiques” par des pneus plus souples quand les miens seront usés. Je n’ai que faire des “transgressions”. J’ai déjà donné, sans la rechercher, en acceptant qu’on me traite de “passéiste”, y compris par ceux qui aujourd’hui revendiquent une transgression par rapport aux codes “route” et “VTT” accompagnant leur pratique et leur vision du gravel. La transgression n’est pas toujours là où on l’attend.
    Donc merci pour ton post. Je roulerai avec plaisir avec la cohorte si je peux aussi le faire sans être catalogué en raison de mes choix assumés anti modes et anti-surconsommation (ce qui ne signifie pas anti toute nouveauté).

    • Angtrom,

      Comme toi, nous sommes très nombreux à avoir roulés il y a plus de vingt ans sur les routes cévenoles avec nos randonneuses. J’ai pourtant un tempérament aventureux, je n’ai jamais osé m’engager dans une draille avec la mienne. Le vélo de Gravel permet de rouler efficacement presque partout, c’est un vélo extrêmement polyvalent qui n’est pas comparable à une randonneuse ou un VTT.

      Tu devrais en essayer un quelques temps.

      • Pour être spécifique, si tu connais les Cévennes, j’ai roulé avec ma randonneuse entre la Bessede (en bas du Col de Salidès) et Aire de côte, ou entre le col de l’Homme mort (Lingas) et le col de la barrière au dessus d’Alzon. Ce ne sont pas des drailles mais plutôt des routes forestières. Ca passait (sûrement moins vite qu’avec un gravel).
        Mon VTT rigide en R531 est parfait pour des drailles comme la traversée du Mt Lozère par la cabane de l’Aigle, le col de Finiels etc. J’ai même fait la descente vers les hameaux de Cros/salarial/l’Hopital. Ma randonneuse aurait été hors de son champ d’action, c’est certain, et mon VTT/gravel était à sa place. La route en terre une fois en haut est assez roulante, et je ne doute pas que sur un vélo gravel moderne à moins de 10 kg et plus de 2000€, j’irai plus vite. Mais les sensations que je recherche sont avant tout celles de la découverte, pas forcément celles sur le vélo, même si je suis très heureux sur mes vélos.
        Encore une fois, mon propos n’est pas de contredire ceux qui perçoivent la différence au point de dépenser leur argent dans un nouveau vélo. Je dis juste que , avec mes moyens et mes choix, je n’en vois pas la nécessité et surtout que je ressens la même chose que ce que décrit Patrick, avec mes vélos actuels. Lorsqu’ils ne fonctionneront plus, il sera temps de passer à qq chose de nouveau. Je ne chercherai pas à les remplacer à l’identique, c’est certain. Et je suis aussi convaincu qu’avec ces vélos gravel, je pourrais très probablement ne posséder qu’un vélo là où j’en ai actuellement 2 (en fait 3 car j’ai aussi un course Look qui n’est pas mal pour la route mais ne tolère pas d’en sortir ; je l’avais acheté moins de 200€ avant ma randonneuse car il n’était pas assez polyvalent).

        Je suis très heureux de l’apparition de ces vélos. Ce créneau avait été abandonné par les constructeurs et les vélocistes. Je n’avais pas le choix que de me rabattre sur des vélos anciens. Désormais, on a le choix et je m’en félicite.

        Ayant dit cela, je reconnais que si l’occasion se présentait, j’aimerais bien tester un beau vélo gravel pour pouvoir effectivement comparer. Tu roules dasn le coin?? 😉

        Pour en savoir plus sur ma pratique et mon vélo, tu peux aller aller voir mon site web.

        • Bonjour Vince,
          J’étais du même avis que toi avant d’acheter mon Gravel (un Votec à moins de 1500€). Je possède comme toi, un vélo de route et un VTT. Avec mon Gravel je décide à n’importe quel moment sur quel type de terrain je vais rouler et cela fait pour moi toute la différence. Quand je planifie une sortie je ne me pose plus la question : “est-ce que je vais pouvoir passer”.

          • Salut Roch,

            Je pense qu’on EST du même avis (tu écris “étais”).
            La différence c’est juste que tu as franchi le pas et que j’attends car pour le moment, ce que j’ai me convient et mon bonheur ne passe pas par la case changement mais par celle de me satisfaire de ce que j’ai en le faisant durer.
            Je conseille à tous ceux qui me demandent quel vélo de route choisir pour se lancer dans la pratique du vélo de route d’examiner les options gravel avant de faire un choix (et certainement pas de faire les mêmes que moi, réalisés il y a bien longtemps). D’autant plus que désormais, grâce à DKT, les options existent pour faire ce choix avec le même budget qu’en route.
            C’est fou ce qu’il y a comme gens qui veulent me faire prendre conscience que je passe à côté du plaisir voire du bonheur …

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