Ce nouveau vélo de Chiru Bikes répond au concept “d’enduroad” pour qui veut voyager loin et déplacer les montagnes. Les montagnes sont celles de la cordillère du Kunlun en Chine. Elles ont inspiré le nom donné à ce vélo, imaginé par le cerveau fertile de Pierre-Arnaud Le Magnan, concepteur et essayeur de ses propres machines. Il sera le vélo anniversaire de la marque Chiru qui fête cette année ses 10 ans d’existence. Ce vélo sera sur la 7ème édition de la Transcontinental Race qui part ce samedi 27 juillet de Burgas, en Bulgarie des bords de la mer noire pour arriver sur l’Atlantique à Brest.
“Whaou … : il est beau ce vélo”
Lorsque j’ai rejoint, avec ce Kunlun, le groupe de mon club de cyclosport à Aix-en-Provence pour partir faire une virée dans le Luberon, les avis ont été unanimes : “Whaou … : il est beau ce vélo”. C’est vrai qu’il a de la gueule, avec ses roues hyper graphiques et sa robe en titane brossé … La catégorie des vélos d’endurance route (enduroad) est en pleine évolution et les technologies actuelles viennent aider les concepteurs qui proposent toujours plus d’améliorations. Ce sont les “randonneuses” des temps modernes, légères, robustes et confortables. Le confort, on le sait maintenant, se traduit par une performance accrue. Il permet de rouler plus longtemps et plus loin en limitant les impacts musculaires et en diminuant les souffrances. Le cycliste engagé sur une épreuve de longue distance récupérera mieux pour pouvoir enchaîner les étapes et avaler toujours plus de kilomètres.
Ce vélo Kunlun a été pensé pour ça. Lorsque je demande à Pierre-Arnaud quel a été le point de départ du projet, il me parle de la cordillère du Kunlun, cette région de Chine qu’il aime beaucoup. “C’est un plateau désertique encadré par les sommets montagneux où il y a de nombreux marécages, très peu de chemins et par contre des routes bitumées reliant les quelques villes là-bas et qui nous permettent de traverser cet immense territoire. C’est en pensant à cet endroit que je vais traverser cet été que j’ai conçu ce vélo.”
La légende de ce vélo est déjà en route. Le Kunlun sera au départ de la TCR (Transcontinental Race) piloté par Cédric Amand, cycliste sur longues distances et organisateur des événements “La Baroudeuse”. Ce sera le vrai baptême du feu pour cette machine pensée pour avaler les kilomètres. Pour ma part le test sera plus modeste au niveau du kilométrage et mes sorties ne vont pas dépasser les 200 km.
La séduction du titane
Considéré comme le matériau le plus “noble” en matière de construction de cadre, le titane confère par nature au vélo un niveau haut de gamme incontestable. La fabrication de ces cadres est complexe et ne peut pas être industrielle. Les artisans capables de les produire doivent être équipés d’un matériel adapté et posséder un “tour de main” qui dépasse le niveau de la soudure classique. Nous avons quelques très bons soudeurs en France, mais ce Kunlun est soudé en Asie où énormément de marques font fabriquer leurs cadres de vélo. Pierre-Arnaud, basé à Hong Kong est proche des sources de sa production qu’il peut suivre régulièrement. Personnellement j’adore le côté intemporel et éternel de ce métal qui est réputé pour offrir les cadres les plus confortables qui soient.
Le design du Kunlun révèle son usage « enduroad ». La forme des haubans et leur fixation avancée sur le tube horizontal amènera un confort vertical et une bonne rigidité latérale. Un empattement de 1017 mm et un ratio (Reach to Stack) de 1,49 en taille M, révèlent néanmoins un vélo performant dans sa géométrie. L’idée de Chiru étant d’en faire une machine confortable par le choix du titane, des roues et de pneus de 32, mais néanmoins performante pour obtenir un bon rendement. C’est d’ailleurs l’ADN de la marque Chiru qui l’on retrouve dans ce Kunlun. Cette vision du vélo a fait ses preuves sur les modèles Vagus et Kegeti imaginés, conçus et testés dans les pires conditions par Pierre-Arnaud lui-même.
Des choix assumés
On pourrait regretter le passage de gaines à l’extérieur du cadre. C’est un choix de rusticité qui accompagne celui des freins semi-hydrauliques. Il est vrai que sur un parcours aventureux, il ne faut pas dépendre d’un problème de rupture de durite. Le bon câble acier est encore la solution la plus facile à gérer en cas de problème.
Ce choix contraste avec la haute technicité des roues qui utilisent un maillage de fibres de carbone et des fibres Innegra™ HMPP (polypropylène de haut poids moléculaire). Cette fibre, présente l’avantage d’une faible densité (de 0,84 g/cc). Elle offre une bonne résistance au vieillissement, et une réduction des ruptures catastrophiques, ce qui sera intéressant sur des périples un peu longs et éprouvants pour le matériel. Elle réduit également les vibrations, ce qui peut apporter un plus à la filtration des impacts ressentis sur des routes en mauvais état. De plus, ce tissage donne un look qui a séduit immédiatement les nombreux cyclistes que j’ai pu rencontrer.
Le comportement du vélo
Sébastien Morin (Boost Cycles), qui revend Chiru en France, me dépose ce vélo d’essai à Aix-en-Provence. Mes premiers tours de roues pour le réglage m’emmènent invariablement sur un parcours de 45 km, où je trouve en résumé tous les profils et nature de route possibles. Petite surprise pour moi au moment d’aborder un enchaînement de virages la direction ne réagit pas comme d’habitude. La chasse de ce vélo proto est un peu extrême avec un angle de direction relativement fermé : 70.5, qui reviendra sans doute à 72° sur les vélos de série. Le vélo est sur les rails en ligne droite, mais moins manoeuvrant. Pour de grands trajets, appuyés sur les prolongateurs ça doit être super, mais sur mes petites routes variées comme ici, ça l’est un peu moins. Pour le reste, le vélo avance bien et dans le petit col de Coudoux il me donne l’impression d’avaler facilement la pente.
Deuxième sortie le Lubéron donc en sortie club aux côtés de cyclistes “de référence” avec qui je pourrais comparer mon vécu d’une sortie longue sur 135 km. Les réglages sont faits, j’ai apprécié la fameuse selle Gebiomized (une marque choisie par Chris Froome). Elle est ferme et confortable assez courte et ce modèle Area est plutôt destiné aux cyclistes qui se positionnent en appui sur les ischions. Elle devrait majoritairement convenir aux cyclistes pratiquant la longue distance. Les pneus Panaracer Gravelking slick 32, gonflés à 4 bars rendent bien et les roues assez hautes me renvoient le doux bruit du carbone qui siffle sur le bitume. Le hic viendra pour moi des freins semi-hydroliques Juin Tech sur lesquels il faut avoir de la poigne pour obtenir un bon freinage. Il faudra doublement se méfier en descente à cause de la chasse et du freinage. Ceci dit, on s’habitue très bien et ces légers désagréments, qui sont surtout dûs à mon ressenti lié à mes changements permanents de vélos. Ils ont très vite disparus le temps de s’adapter et je n’y pense même plus. L’angle de chasse m’est devenu familier, le vélo reste parfaitement en ligne et à la fin de la sortie, j’aurais même plaisir à mettre les avant-bras sur le cintre pour avaler les lignes droites.
Depuis les sorties se sont enchaînées avec le même plaisir offrant même une récupération musculaire plus rapide après des sorties avec beaucoup de dénivelé.
Le confort c’est de la performance
C’est incontestablement dans le domaine du confort que le Kunlun va progressivement me séduire. Plus on avale les kilomètres avec ce vélo plus cela devient addictif et on a encore plus envie de rouler. C’est en roulant en groupe que j’ai constaté les bienfaits du confort et de son incidence sur la performance. Dans ces sorties vous savez comment ça se passe, les « gros bras » placent des petits démarrages dans les « coups de culs », ils relancent dans les montées en disant « on s’attend en haut » … On les laisse bien volontiers rouler devant dans le vent. Lors de ma première longue sortie, ne connaissant pas le vélo, mon attitude dans un premier temps a été très sage. Progressivement par comparaison avec mes compagnons j’ai constaté que je « m’effritais » moins, escaladant les dernières difficultés dans la roue et aux côtés des bons grimpeurs.
Dans le vent j’ai même fait de longs relais avec cette sensation d’en avoir toujours sous le pied. Le Kunlun m’offrait progressivement ce qu’il m’avait permis d’économiser grâce à son confort. Comme par ailleurs ce vélo est également performant dans sa conception, il permet d’exploiter cette économie musculaire au profit d’un rendement supérieur à des vélos plus classiques. Cette constatation résume l’intérêt de ce vélo. Les choix qui ont été faits par Chiru bouleversent les vieux poncifs qui vantaient la rigidité, la haute pression de gonflage de pneus étroits, la légèreté impérative du vélo, … C’est fini tout ça. Des pneus de 32 en tubeless, offrent un meilleur rendement sur les routes granuleuses que des boyaux gonflés à blocs, qui ne cessent de faire sauter le vélo. La filtration obtenue, grâce à des matériaux qui gomment l’effet des impacts, va préserver les muscles des cyclistes qui pourront gagner de l’efficacité en endurance.
Un vélo pour naviguer au long cours
La navigation au long cours a débuté au milieu du 19ème siècle entraînant les navigateurs de l’époque dans des mers inconnues. Ce Kunlun vous emmènera loin et longtemps il est équipé pour cela d’emports permettant de fixer 3 porte-bidons, de mettre des garde-boue à l’avant comme à l’arrière. Une fixation sur le tube horizontal permet de fixer plus solidement une sacoche. Comme j’ai pu l’apprécier lors de cet essai, ce vélo est néanmoins performant il concilie confort et rendement il pourra donc faire un excellent compagnon pour vos sorties à vélo, même si vous n’ambitionnez pas (enfin pas encore) de faire la Transcontinental Race.
J’ai apprécié particulièrement les roues CEC qui équipent ce vélo : elles sont à la fois performantes et confortables. La selle Gebiomized a été également une belle découverte, je crois que je vais craquer et m’en acheter une. Tout cela pour vous dire en conclusion que l’ensemble de ce vélo est cohérent et qu’il donnera satisfaction aux cyclistes les plus exigeants. Les prix se situent dans la norme de ce type de produits : 2290 € cadre seul avec fourche si vous voulez faire le montage, 4990 à 6300 € selon le montage des équipements que vous choisirez. Il sera commercialisé en France par Boost Cycles.
Caractéristiques
- Modèle : Kunlun
- Cadre : Titane Grade 9 Axe 12 mm poids : 1,65 kg pneus jusqu’à 34
- Roues : Carbone CEC W2238S tubeless ready 1,3 kg la paire
- Transmission : Shimano Ultegra R8000 Disc 11v
- Pédalier : Shimano Ultegra 50/34 ou 46/36
- Cassette : R8000 11-32
- Fourche : Carbone CEC axe 12 mm
- Pneus : Panaracer Gravelking slick 32
- Freins : Shimano R8070 Flamount – Disque 160 mm AV/AR
- Potence : Ritchey 90 ou 100 mm
- Guidon : Ritchey WCS : 42 ou 44
- Tige de selle : Titane #400 en 27.2
- Selle : Gebiomized Area 145 ou 155
- Poids : 7,95 kg
- Tailles : XS, S, M, L, XL :